a éprouvé dans tous les environs, de fréquentes & violentes fecouffes de tremblement de terre; que le 24, il y en eut une fi forte à Clanfayes, que les habitans effrayés abandonnerent précipitamment leurs maifons pour fe refugier à SaintPaul- Trois-Châteaux. On attend de nouveaux détails fur cet événement, qui ne paroit pas avoir eu de fuites fâcheuses.

On écrit de Saint-Savin, en Poitou, qu'on y reffentit auffi, le 28 du mois dernier, quelques fecouffes de tremblement de terre; elles furent fuivies d'un orage fi violent, qu'il renverfa des maisons à la campagne,& déracina ou brifa des arbres dans une étendue de 3 lieues. Le 2 de ce mois, on en reffentit à Saint-Jean- pied-de-port, en Navarre, ǎ 4 heures & demie du matin, deux fecouffes affez fortes, qui ont duré plus de deux minutes, & n'ont caufé aucun dommage.

on enten

Le même jour à une h. après-midi dit, à Romorantin, en Sologne, plufieurs coups de tonnerre auffi forts que dans les plus grands orages d'été. La foudre tomba en plufieurs endroits, renverfa le clocher de l'églife de Langon, & endommagea la nef.

Le même jour encore, vers les to h, du matin, une femme du village de Champ, éloigné de Grenoble de deux fieues, portant imprudemment une poignée de chenevotte enflammée, & paffant fous un toit de paille, dans le moment que le vent fouffloit avec violence, le feu fe communiqua au toit avec tant de rapidité, qu'il brûla, dans un heure & demie, 15 maifons voifines avec tout ce qu elles renfermoient. Heureufement perfonne n'a péri.

Le 8 de ce mois, à 9 heures du matin, le feu prit au faubourg de Saint-Pierre d'Amiens, dan la maifon d'un berger, d'où il fe répandit au environs,& confuma, en moins de deux heures

6 maifons, 8 granges & 21 étables; les habitans n'ont prefque rien fauvé de leurs meubles, & ils ont perdu une quantité confidérable de grains, de fourrages & de tourbes. Le même accident étoit arrivé la veille, à deux heures & demię après-midi, au village de Longpré, éloigné d'une demi lieue d'Amiens, & l'incendie avoit brûlé deux maisons, deux étables & une grange.

Le navire le Comte d'Eflaing, de Marseille, avoit pris fur la côte de Guinée, 40 Negres; le capitaine (Olivier) étoit mort dans la traversée. Ce bâtiment fe trouvant à l'attérage de la Martinique, le 4 Novembre dernier, quelques Negres tromperent la vigilance de ceux qui les gardoient, & trouverent le moyen de monter fur le tillac dont ils faciliterent l'accès à leurs compagnons. Dans le tems que le fecond capitaine prenoit un fufil pour en impofer aux révoltés, un negre, qui s'étoit procuré un piftolet, le tira contre cet officier, qui tomba mort fur la place. Le refte de l'équipage ne fe croyant pas affez fort pour réduire les rebelles, fe fauva fur les manoeuvres hautes. Les negres fe jetterent en foule dans la chambre pour fe faifir des armes. Alors les matelots les fuivirent, & fermerent fur eux la trape par laquelle on y defcendoit. Un navire bordefois, paffant peu de tems après dans ce parage, approcha de ce bâtiment, n'ofa forcer les negres & recueillit dans fon bord l'équipage avec lequel il arriva à la Martinique. Le gouverneur fit armer deux bateaux pour aller, par deux routes différentes, à la pourfuite de ces negres, qui font partis avec le bâtiment dont ils fe font rendus maitres. Au départ du navire qui a apporté ces nouvelles à Marseille, un des bateaux étoit de retour, fans les avoir rencontrés; mais on avoit reçu avis d'Antigoa, qu'un fenaut anglois avoit trouvé le bâtiment fur fa route, & que croyant, à fa mau

vaife manœuvre, qu'il avoit été abandonné, il avoit envoyé fa chaloupe pour s'en emparer; mais que des coups de fufil tirés fur les matelots, avoient forcés de revenir.

les

Le navire du capitaine Rouftan, parti de Marfeille, richement chargé pour Salonique, a échoué à l'entrée du golfe de ce nom. L'équipage s'eft fauvé; mais une grande partie de la cargaison a été perdue par cet accident.

GRANDE-BRETAGNE.

LONDRES (le 17 Février. ) Le 26 du mois dernier, le Sr. Sawbridge ouvrit, pour la troisieme fois, dans la chambre des communes, l'avis d'abréger la durée des parlemens. il rappella tous les motifs preffans qui devoient déterminer la chambre; &, après avoir dit qu'il s'attendoit bien que cette propofition ne plairoit pas au parlement actuel, il déclara qu'il la renouvelleroit dans chaque feffion de la chambre. Le Sr. Townshend, lord-maire de Londres, le Sr. Oliver, alderman & l'un des shérifs actuels, appuyerent le fentiment du r. Sawbridge; mais le Sr. Dunze le combattit vivement, & prouva que, fi les parlemens redevenoient annuels, fuivant l'avis du Sr. Sawbridge, les élections cauferoient, dans la nation, des tumultes perpétuels. La propofition fut rejettée à la pluralité de 153 voix contre 45.

Le Sr. Buller propofa de lever, pour le furplus de l'ordinaire de la marine, une fomme de 421, 615 liv. fterl., dans laquelle on comprendroit celle de 40, 000 liv. pour le bois qui fera préparé, mais non employé, dans l'année 1773. Cet avis fut reçu fans aucune oppofition.

Le 29, les communes en comité sur le subfide, réfolurent d'accorder 424,019. liv. fter!., 9 fous pour l'ordinaire de la marine, y compris la demi

paie de marine pour 1773, 4215541. fterl. pour la conftruction, la reconftruction & le radoub des vaiffeaux de la flotte royale pendant la même année. Ces réfolutions furent approuvées le Ir.de ce mois. Le Sr. Pownall fit enfuite le rapport du comité, chargé de remédier à la cherté du pain. Il repréfenta en même tems, le peu de poffibilité qu'il y avoit de former un plan général pour diminuer le prix des denrées; parceque, pour en venir à bout, il faudroit remonter à l'accroiffement de l'argent en Europe depuis quelques années, à l'augmentation de la valeur de la main d'œuvre, & au produit des biens de la terre;& qu'en matieres d'une incertitude fi marquée ce feroit s'embarraffer en des difficultés & fe plonger dans de plus grands maux que ceux auxquels on voudroit à-préfent remédier. D'après ce rapport & les confidérations dont il étoit accompagné, on approuva les réfolutions prifes touchant la qualité & le prix du pain.

Le 2 un comité de la chambre des pairs examina le bill tendant à naturali fer les proteftans étrangers, enfans des fujets de la Grande - Bretagne. Après quelques difcuffions à ce fujet, la décifion fut renvoyée à l'affemblée du 4, où tous les pairs furent fommés de fe trouver.

Le même jour, on discuta dans la chambre des communes le bill pour encourager les étrangers à prêter de l'argent fur les biens que nos fujets poffedent aux Indes occidentales. Ceux qui parlerent contre ce bill, foutinrent qu'il ouvriroit aux étrangers, & particulierement aux Hollandois, le commerce de nos ifles; ce qui cauferoit un grand préjudice aux propriétaires, & qu'une des fuites de ce bill feroit la perte totale du trafic de nos toiles peintes; que la fomme d'un million & demi-fterl. qu'on fe propofoit de lever, nuiroit à nos fonds publics; que l'envie d'amaffer de grands biens, ne devoit pas l'emporter fur l'évi

dence d'inconvéniens & même de maux prefque certains; que l'efprit d'amélioration doit toujours être dirigé par la prudence, la modération & une application foutenue; que ces qualités pratiquées pendant un fiecle entier, avoient produit l'opulence qui regne dans nos autres ifles, &c. On répondit à ces raifons, qu'il avoit été démontré que l'emprunt en question ne préjudicieroit pas à nos fonds, & qu'on le trouveroit par un autre canal; mais que quand il feroit mêine tiré de nos fonds, les inconvéniens fuppofés ne pourroient contrebalancer les avantages certains; que la nature de l'emprunt n'étoit pas le point en difcuffion; mais qu'il falloit fçavoir fi le bill feroit avantageux ou non à la nation; que quant à l'objection, qu'il encourageroit la contrebande, ou l'avoit déjà réfutée, & que celle des toiles peintes n'étoit pas mieux fondée. Enfin, on réfolut que ce bill feroit exa miné en grand comité le 4 de ce mois.

Le 3, les communes réfolurent d'accorder pour le fubfide 5146 liv. fterl. pour l'établiffement civil de la colonie de la Nouvelle-Ecoffe; 3086 liv. fterl. pour celui de la Géorgie; 1950 liv. fterl. pour celui de la Floride orientale; 7275 liv. fterl. pour celui de la Floride occidentale; 1885 liv. fterl, pour continuer les arpentages en Amérique; 6336 liv. fterl. pour l'établiffement civil de Senégambie en Afrique.

Le Sr. Whitworth propofa de porter un bill pour changer certaines ftipulations aux actes tendans à la confervation du gibier & des chiens de chaffe, en adouciffant les peines portées contre les délinquans. Il avoit déjà préparé ce changement par le difcours fuivant, qu'il avoit prononcé dans une des féances précédentes.

Je fupplie la chambre de fufpendre un moment les occupations qui la partagent, & de fixer fon attention fur un objet qui la demande toute entie