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la ville de Dantzig. Elle peut le faire par les fuites du pouvoir éminent que le droit naturel donne à chaque fouverain, de régler & de diriger l'ufage que fes fujets doivent faire de leurs biens, & de rompre les conventions qu'ils ont faites contre le bien de l'état. Si les rois de Pologne ont permis que l'abbaye d'Oliva difpofát de fon bien, comme elle l'a fait, le roi de Pruffe n'eft pasobligé d'en faire autant, puifque les intérêts de la Pologne font différens, & que l'abbaye d'Oliva & la ville de Dantzig ne font plus membres d'un même état.

Le roi pourroit auffi, comme fouverain & patron de l'abbaye, annuller & révoquer ce contrat que le couvent d'Oliva a fait d'une maniere contraire aux loix canoniques, lefquelles défendent d'aliéner, ou même d'affermer pour longtems, c'est-à-dire, pour plus de 10 ans dans le fens des loix, des biens eccléfiaftiques qu'il n'étoit pas d'ufage d'affermer, tel qu'eft le fond en queftion, & qui mettent la peine de nullité fur ces fortes de louages qui fe font fans les folemnités prefcrites; fçavoir, la connoiffance de caufe, décret, fubhaftation, approbation de l'ordre & du pape, dont aucune n'a été obfervée dans ce

cas,

Enfin, quand on examine de bien près le contrat mentionné, il ne regarde pas même proprement le fond fur lequel eft placé le port actuel de la Viftule, mais feulement un fond qui y eft contigu & voifin,

La ville de Dantzig, par ce contrat emphyteotique, n'a donc acquis, ni pu acquérir aucun droit territorial, foit fur le port actuel de la Viftule même, foit fur le terrein qui y eft contigu; auffi l'auteur des réflexions s'efforcet'il d'établir cette acquifition fur d'autres titres plus forts dans les §. §. 2 & 3, lefquels, quoique partagés, ne font, en effet, qu'un feul raifonnement, & peuvent par conféquent, être réunis & concentrés pour éviter une prolixité inutile..

(La fuite à l'ordinaire prochain.)

MUNICH (le 2 Février.) La mortalité des chevaux s'eft manifeftée dans cet électorat; c'est une espece d'inflammation au poumon, qui les fait périr. Il fe paffe peu de femaines qu'on n'en perde un grand nombre. Le feul remede qu'on y ait trouvé jufqu'à-préfent, eft de les faigner de bonne heure; il y en a un autre, qui feroit peut

être plus efficace; ce feroit un meilleur fourage & on en manque partout.

Il s'eft auffi manifefté dans les environs de Seifenfels, une espece d'épidémie qui enlève beaucoup de monde; c'eft une fievre chaude trèsdangereuse; on a vu plus d'une fois, des familles entieres en être attaquées & périr. Les médecins du pays, après avoir épuifé toutes les reffources de leur art, ont conseillé une neuvaine à St. Sebaftien.

MANHEIM (le 11 Février.) Le 2 de ce mois, jour de la Purification de la Ste. vierge, l'électeur, comme "grand-maitre de l'ordre palatin de St. Hubert, a reçu chevalier de cet ordre, le Landgrave Fréderic de Heffe-Darmstadt; le prince Chriftian-Louis d'Ifenbourg - Budingen; le prince Louis de Waldeck; le prince Antoine de Radziwil; le prince de Sapieha; le prince George de Lubomirski, le prince hér. de Salm-Kirbourg; le prince Hercolani ; le prince Dominique de Radziwil; le prince Xavier de Sapieha; le comte Ferdinand de Schall, chambellan & confeiller-intime de S. A.-S., préfident du tribunal pour les affaires eccléfiaftiques. &c.; ainfi que le comte Fréderic-Ferd. de Papenheim, fuccédant au ma réchal héréditaire de l'empire, lieutenant-géné→ sal au fervice de S. A.. E. & capitaine en chef de fa garde à cheval. La place de grand-commandeur de l'ordre de St. Hubert, vacante par la mort du comte regnant de Manderfcheid-Blankenheim a été donnée au baron François-Charles de Hack, confeiller-intime actuel de la cour & de régen ce, grand-veneur & grand-bailli à Heidelberg, lequel conferve encore, jufqu'à ce qu'il en fois autrement difpofé, le pofte de chancelier de cer ordre, dont il a fait jufqu'ici les fonctions.

RATISBONNE (le 6 Février. ) En conféquence de la convention qui a été faite dernierement par les colleges fupérieurs, au fujet de Taffiire du Sr. Falck, on a mis en propofition dans l'aflemblée comitiale, les deux queftions fuivantes. 1. Si les opérations de la vifitation, in- terrompues à l'occation des brouilleries furvenues à la fuite des déclarations du fubdélégué de rême. doivent être reprifes & continuées; 2°. fi le Sr. Falck doit être exclus des délibérations de la vifitation, jufqu'à ce que les différends en queftion foient terminés? On répondit généralement à la Ire. qu'on le defiroit. Quant à la 2e., aucun des miniftres ne voulut en entendre parler, & tous refuferent de s'expliquer à cet égard; on avoit compté fur le fuffrage du miniftre électoral de Saxe; on croyoit qu'il ne pouvoit le refufer, après la déclaration dont nous avons parlé, & que fa cour a fait communiquer au minifire de Hanovre; mais il ne s'eft pas joint au parti qui s'eft décidé contre le Sr. Falck; il ne s'en eft pas féparé non plus; il a évité de fe trouver à cette délibération. Il eft aifé de prévoir qu'on ne parviendra point à une réfolution unanime pour l'exclufion du Sr. Falck; le but de cette démarche étoit de rendre le parti oppofé refponfable de la rupture de la visitation, fi elle venoit à avoir lieu. On vient cependant, de recevoir de Wetzlar, des nouvelles qui autorifent à penfer qu'on ne laiffera pas venir les chofes a la derniere extrémité. On fe flatte que l'intérêt particulier des fubdélégués, qui doit leur faire defirer la continuation de leurs commiffions, & la crainte qu'ils ont de voir la diete décider cette queftion, contribueront à rendre le calme à cette affemblée, qui, par un incident impré yu, & malheureufement trop négligé dans fon o rigine, s'eft trouvée dans une inaction dont il auroit été à fouhaiter qu'on eût pu dérober l'éclat

à la connoiffance du public; on l'a mis dans le cas de porter un jugement peu avantageux de cette allemblée; on devoit lui cacher l'efprit de parti qui y domine, & à la faveur duquel toutes les brouilleries ont été nourries & foutenues, malgré les négociations qu'on a employées pour les terminer & les étouffer.

On a appris ici que l'affaire de l'électeur Palatin, comme duc de Juliers & de Bergues, avec la ville d'Aix-la-Chapelle, a été terminée, au mois d'Octobre dernier, par un conclufum du confeil aulique. Elle avoit pour objet principal l'exercice de la haute jurifdiction.

Les chefs des confédérés de Pologne, qui font encore à Landshut, en Baviere, au nombre de 18 ou 20, ne paroiffent pas encore abattus de la crife où fe trouve leur patrie; ils font difpofés à verfer même jufqu'à la derniere goutte de leur fang pour la liberté de la république, & ne font point du tout d'intention de fe joindre au roi pour fai re cause commune avec lui. Le prince de Radzivil, qui n'eft plus avec eux, fe trouve actuellement à Manheim, & n'ira point au Senatûs-Confilium prochain. Ses biens font confifqués au profit des Ruffes. Ses revenus montent à deux millions de florins polonois, & il peut entretenir 20000 hommes en campagne. Les Ruffes lui ont propofé de lui rendre fes biens, à l'exception de la bibliotheque & de l'argenterie, s'il vouloit revenir & fe reconnoitre vaffal; mais il a répondu : Je fuis né libre; mes ancêtres l'ont été, & je veux mourir tel. Ses ancêtres paroiffent avoir prévu les malheurs actuels. Ils ont fait faire les ftatues de douze apôtres en or, chacune d'un pied & demi de haut, & les ont fait placer dans l'églife à Dieviech, une de leurs feigneuries. Le doyen du chapitre devoit les reproduire tous les ans au prince regnant. Lorfque le prince actuel vit com

mencer les troubles & la guerre, & que les Ruffes étoient les plus forts, il eut recours à cette reffource, & fit emporter fecrétement les douze apôtres à Munich. Quatre font fondus, & il y a apparence que les autres suivront bientôt. Environ 50 nobles polonois, qui ont abandonné leur patrie, trouvent en ce feigneur un ami généreux & bienfaifant, qui les foulage de fes confeils & de fa bourfe.

Les dernieres lettres de Pologne portent qu'on ainsiħué aux sénateurs, qui doivent aflister au Senatús-Confilium, que les puiffances intéreffées ont facrifié des fommes confidérables pour rétablir la paix en Pologne, & qu'on fe flatte, en conféquence, que l'affemblée souscrira au traité de partage. On ajoute qu'on leur a fait entendre encore que l'Autriche en particulier a fait, pour cet objet, des dépenfes fi confidérables, qu'il n'y a rien de plus juste que de lui accorder de plus grands dédommagemens qu'aux deux autres puiffances; que, d'ailleurs, fes prétentions, qui font mieux fondées & plus étendues, lui donnent droit à une meilleure part. On ne dit point fi l'on a répondu à ces infinuations; mais on en infere que l'exécution du traité de partage, qui menace aujourd'hui la république d'une ruine entiere, pourroit, un jour, faire fon falut.

FRANCFORT ( le 14 Février. ) Au moment qu'en défefpéroit de voir accommoder la bruyante affaire de Wetzlar, & que les équipages des commiffaires impériaux étoient prêts à partir, ces diffenfions ont été heureufement terminées, & la visitation a repris fes féances. Cette nouvelle a caufé beaucoup de fatisfaction à tous ceux qui s'intéreffent au bien-être de l'empire, & au rétabliffement de l'ordre.

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