pofera pas à notre préfente réfolution, fondée fur le droit naturel & les anciennes immunités des peuples Tartares; mais encore que dès que la préfente guerre entr' elle & l'empire de toutes les Ruffies sera terminée, conformement à nos vœux, par la paix & l'union, elle voudra bien reconnoitre formellement la prefqu'isle de la Crimée, ainfi que les hordes des Nogais, libres & indépendantes & leur fouveraineté comme leur appartenant en propre, & ne relevant de qui que ce foit. Nous, de notre côté, nous conferverôns une gratitude éternelle d'une pareille condefcendance de la fublime Porte, & promettons d'entretenir avec fes sujets toute communication amiable pour le commerce & autres affaires refpectives, obfervant fcru puleufement les regles d'un bon voifinage. Nous espérons pareillement que les autres puiffances auront pour agréable notre préfente déclaration, & ajouteront foi entiere aux affurances que, du confentement de toute la communauté Tartare,nous donnons ici de fa reconnoiffance éternelle pour tout appui & faveur qu'elle recevra de leur part. Aurefte, afin que le préfent acte, rendu public dans les pays & états qui nous environnent, puiffe nous procurer de tous les potentats, la justice d'être reconnus par eux; pour cet effet, voulant lui donner une autenticité parfaite, nous l'avons figné & fcellé de nos cachets. Donné dans la ville de Karous, l'an 186, le 22 du mois de Chaban. (Signé) Khan SAGHIB GHIREI &c. SUEDE. STOCKHOLM (le 31 Janvier.) Zelis HadgiIbrahim-Aga, envoyé du bey de Tripoli, fut admis, le 15 de ce mois, en grand cortege, à l'audience du roi. Il fut reçu au pied de l'escalier par deux officiers de la chancellerie royale, & conduit par le maitre des cérémonies dans la falle d'audience, où fe trouvoient tous les fénateurs revêtus des habits de leur dignité. Il remit au roi fes lettres de créance, & lui adreffa un difcours que le conful Bagge rendit à S. M. en langue fuédoife. On lui fervit enfuite quelques rafraîchiffemens, & entr'autres du forbet; après quoi, il fut reconduit à fon hôtel par quelques gentilshom mes de S. M. L'envoyé tripolitain eft un homme d'environ 60 ans, portant une longue barbe & un habit à la turque d'une étoffe très riche. Le 17, le duc d'Oftrogothie revint ici de fon château de Tullgarn, où il étoit depuis le 13. Comme cette terre, que la derniere diete avoit deftinée à ce prince, & qui fut enfuite achetée par le roi, appartenoit à l'ordre équeftre, & que, fuivant les conftitutions du royaume, les biens de cet ordre ne peuvent être ni vendus ni aliénés; la chambre des finances a publié, par ordre de S. M., que l'ordre équestre pouvoit, s'il le defiroit, acheter en échange un bien de la couron ne. Le roi ayant permis, il y a quelque tems, qu'il fe formât ici une lotterie femblable à celle qui existe à Genes, S. M. alla, le 23, au bureau de cet établiffement, pour en prendre connoiffance & fe faire rendre compte de tout ce qui y a rap port. Le 24, jour anniversaire de la naiffance du roi, qui entroit alors dans la 28e. année de fon âge, S. M. reçut les complimens d'une cour nombreuse. A une heure après midi, le roi, accompagné du duc d'Oftrogothie, fe rendit à l'hôtel-de-ville, où étoient raffemblés tous les magiftrats, les 50 anciens de la bourgeoifie, & un grand nombre d'autres perfonnes. S. M. fut reçue au bas de l'efcalier ave; les cérémonies accoutumées, par le Duc de Sudermanie. Les Officiers de la bourgeoifie formoient une double haie fur les dégrés de l'efcalier. S. M. étant entrée dans la grande falle, fe plaça au milieu d'une table, ayant à fes côtés les ducs, fes frères, & le bourguemaitre Falk eut l'honneur de lui adreffer un difcours analogue à la circonstance. Enfuite, le roi ordonna au Sr. de Heland, fecrétai re d'état & commandeur, de lire le privilege que] S, M, accorde à la bourgeoifie de cette capitale, comme une mar que honorable de la fidélité & de l'amour qu'elle a témoignés à notre monarque, lors de la grande révolution arrivée le 12 Septembre dernier. Par ce privilege, daté du 24 Janvier 1773, il eft accordé aux officiers de a bourgeoifie de portet des aiguillettes d'or, des écharpes & des cocardes jaunes, foit avec leurs habits particuliers, ou avec leur uniforme, en ajoutant feulement, dans le dernier cas, une écharpe blanche autour du bras. Le roi remit ce privilege au bourguemaitre Falk, pour être dépofé dans les archives de cette capitale. Enfuite, le roi diftribua des médaillons à ceux qui s'étoient le plus diftingués, le 12 Septembre; ceux qui étoient d'or, pour être portés à un cordon de la même couleur que celui de l'ordre royal de l'Epée, & ceux d'argent à un cordon blanc. Les officiers de la bourgeoifie, dont S. M. avoit elle-même marqué les noms furent appellés l'un après l'autre par le vice-gouverneur, & reçurent chacun le médaillon des mains du roi, qui leur permit de lui baiser la main. Après cette cérémonie, le roi, accompa gné du duc d'Oftrogothie, fut reconduit à fon caroffe par le duc de Sudermanie, fuivi du vice-gouverneur, du magiftrat en corps, & des 50 anciens de la bourgeoifie. Vers les 3 heures aprèsmidi, tous les bas-officiers des gardes-du-corps du roi, qui étoient de garde le 12 Septembre dernier, eurent l'honneur de lui être préfentés. S. M. les remercia, dans les termes les plus flatteurs, de la fidélité qu'ils lui avoient alors témoignée, & leur fit remettre à chacun un médaillon avec un cordon bleu, pour être porté à la boutonniere de leur habit, en y joignant des lettres qui leur affignent à chacun une penfion annuelle de 300 thalers, monnoie de cuivre, leur vie du rant, Leroi a élevé, le même jour, au grade de feldtmaréchal de fes armées, le prince de Heffenstein, général d'infanterie, chevalier commandeur des ordres de S. M., & le baron de Stierneld, général de cavalerie & grand'croix de l'ordre de l'Epée; le fénateur de Falkenberg a été créé baron. S. Maj. a nommé en même tems, préfident du comptoir d'état le baron de Boyé, gouverneu: de la Province de Nyland. Le général comte de Dohna, capitaine-lieutenant du corps des trabans, a obtenu le régiment des dragons de la garde, vacant par la mort du maréchal d'Ehrenfwerd, & la place de colonel du régiment des dragons de Nyland a été accordée au Sr. Schvartzer, lieutenant-colonel du régiment de la Scanie Septentrionale. Le 27, le roi affifta à la féance de l'académie des fciences, dans laquelle le comte de Liewen, fénateur & maréchal du royaume, chevalier & commandeur des ordres royaux, fe démit de la place de préfident de ce corps, laquelle fut conférée au Sr. d'Arbin, quartier-maître-général & chevalier de l'ordre de l'Epée. Enfuite, l'académie déclara les nouveaux membres qu'elle avoit choifis. Le roi a repris l'ufage de donner 3 fois par femaine audience à fes fujets, qui ont des fuppliques à lui préfenter, ou des plaintes à lui porter & c'eft conformément au plan que S. M. s'eft preferit, qu'elle a chargé le baron de Lilienstrahl chancelier de juftice, de faire le tour des provinces de fon royaume avec un habile jurifconfulte, pour examiner la façon dont la juftice y eft adminiftrée, les vices qui ont pu s'y gliffer, & les moyens d'y remédier. On fe rappelle qu'au millieu des orages de la derniere diete, plufieurs fénateurs ont été dépofés, & entr'autres, le baron de Kaling: l'intention de S. M. eft de dédommager ceux qui ont & le plus fouffert, & de les récompenfer. Elle vient d'élever ce baron à la dignité de comte, & elle a déjà figné le diplôme qui lui doit être expédié. Tous les autres fénateurs, qui n'ont fubi le même fort, que parce qu'ils étoient animés de vues patriotiques, auront part aux bontés du roi, qui ac cordera à chacun d'eux ce qu'il croira être le plus néceflaire au bien de leurs maisons. S. M. a nonfeulement accordé la liberté au général-major baron de Pecklin; mais elle lui a laitlé fon régiment. La douceur & la clémence de ce prince lui gag hent tous les cœurs. Ceux-même qui n'approuvent point la révolution (car il s'en trouve encore) font obligés d'avouer qu'il n'y a que peu ou point d'exemples qu'on ait opéré de fi grands change mens dins un état déchiré par les divifions, fans répandre une goutte de fang. Il n'y a que le doc teur Rudstrom qu'on puiffe foupçonner de n'avoir pas péri dans fa prifon d'une mort naturelle; mais s'il a été emporté par une maladie, il n'y a abfolu ment perfonne qui ait perdu la vie à l'occafion de la révolution. Il avoit été ordonné, l'année derniere, aux gou verneurs de province, de tirer des grains & de la farine des magasins royaux, pour les distribuer aux pauvres habitans de leurs gouvernemens : com+ me on a lieu de croire qu'il s'eft commis des abus dans cette diftribution, le roi vient d'envoyer à ees gouverneurs des lettres circulaires par lefquel les il leur eft enjoint de rendre compte à S. M. de la maniere dont ils fe font acquittés de cette com→ miffion. La fociété établie en cette capitale, fous le nom de Pro-Patria, pour foulager les indigens dans ce tems de difette, a les plus heureux fuccès. Le comité, qui veille à la foufcription, a été encore affemblé le 13 de ce mois. Il a trouvé qu'il avoit été fourni récemment à la fociété un billet de ban |