vint que le roi de Pologne refteroit paisiblement en poffeffion de la Ruffie & de la Podolie. Ce traité devoit être fidelement obfervé du vivant de ces rois, & même encore 5 ans après la mort de l'un ou de l'autre d'entr'eux; mais pendant ces 5 ans, la décision de leurs droits & de leurs prétentions réciproques devoit fe faire conformement à deux conventions précédentes, que nous rapporterons dans le Journal prochain. Ce traité fut figné & fcellé par le roi de Pologne & par 50 magnats du royaume, tant eccléfiaftiques que laïques.

ITALI E..

ROME (le 26 Janvier.) Les jéfuites expulfés du royaume des Deux-Siciles, fe trouvent dans l'embarras par un décret émané de la cour de Naples, qui leur enjoint de s'éloigner des frontieres du royaume au moins de 40 milles, fous peine d'être privés de la penfion que le roi leur a accordée. Cette difpofition les obligera, nonfeulement à quitter les lieux où ils s'étoient établis commodement; mais elle les empêchera même de réfider en cette capitale, qui, du côté de Tivoli, eft confidérée comme comprise dans la diftance fpécifiée.

Il y a longtems qu'on parle du mémoire du Sr. Smurraglia fur l'adminiftration du féminaire romain par les jéfuites: cette piece volumineufe & peu fufceptible d'extrait, a piqué la curiofité générale; l'auteur en a fait un précis qui contient les détails principaux, dont nous préfenterons quelques-uns à nos lecteurs. Le Sr. Smurraglia remonte au tems où le féminaire fut confié aux jéfuites; il paroit furpris que ces peres n'aient point confervé une copie de l'acte par lequel le cardinal de Savello leur en donna l'adminiftration, & leur affigna pour l'entretien des éleves, la taxe fur le

alergé; le défaut de cet acte, qui contenoit füre ment quelques conditions, quelques réglemens à obferver de la part des peres, empêche de juger s'ils les ont remplis. On fait voir que les comptes de recette & de dépenfe ont toujours été tenus d'une maniere peu exacte par la fociété; qu'elle n'a jamais fait de liftes des penfionnaires qu'elle élevoit, de leur entrée, & de leur fortie; ce qui auroit été cependant néceffaire pour juftifier les dépenses; les regiftres font un cahos difficile à débrouiller; l'auteur a renoncé à faire une balance jufte d'après eux, & il n'y eft enfin parvenu que par la voie d'approximation: «<en parcourant les livres, ajoute-t'il, & m'arrêtant aux principaux objets, j'ai trouvé heureusement un efpace de 25 ans d'adminiftration tenue avec plus d'ordre que les tems précédens & fubféquens; il en résulte que depuis 1708 jufqu'à 1732 les jéfuites ont épargné & gagné 49559 écus, 98 bajodes. Depuis 1732 jufqu'en 1770, les gains ceffent; les pertes commencent à augmenter fucceffivement, de maniere que le féminaire doit 50 mille écus. J'ai pensé que cet espace de 25 ans devoit me fervir de guide & de bafe; les jéfuites. devoient naturellement gagner dans les tems antérieurs & poftérieurs, 374009 écus, fans y comprendre les intérêts de ces épargnes, qu'on auroit pu & dû faire valoir. D'après ce calcul, j'ai revu les anciens comptes; j'ai trouvé que depuis 1576, jufqu'en 1708, les peres n'ont gagné que 56 mille écus, fomme bien modique pour 132 ans, tandis qu'ils en avoient gagné 50 mille en 25 ans dans la feconde époque: dans la 3e., qui eft de 38 ans, ils ont perdu les gains antérieurs & beaucoup au-delà». Le Sr. Smurraglia cite des traits finguliers de la négligence des peres dans leurs regiftres; ils n'y firent point mention dans le tems, de différentes créances qu'ils avoient fur plufieurs

maifons; on n'y voit point, par exemple, celle de 6020 écus fur la maifon Monadelchi; ils n'y ont pas paffé en recette une partie de la taxe du clergé, qu'ils ont cependant exigée. Ces détails font fondés fur des faits inconteftables; auffi les réponses des jéfuites font-elles bien vagues, & il eft vraisemblable qu'ils n'en feront pas de meilleures à l'avenir.

Les cardinaux, vifiteurs du féminaire romain voulant terminer les différends qui concernent la visite de cette maison, ont fait affembler l'avocat des jéfuites & celui du clergé romain, & ont encore donné trois mois de tems pour déduire fes raifons contre le mémoire du fieur Smurraglia.

L'éthifie eft regardée ici, ainfi qu'à Venise, comme une maladie dangereufe qui fe communique par l'ufage des meubles & hardes des perfonnes qui en ont été attaquées. On croit également qu'il n'eft pas fain de vivre dans les appartemens que ces malades ont habités, & furtout d'occuper les chambres où ils font morts. La facrée confulte, dont les fonctions principales font de veiller à la fanté des fujets de l'état eccléfiaftique, fe propofe de publier un réglement femblable à celui de Venife, & de lui donner même plus d'étendue: elle a chargé plufieurs médecins de vérifier fi les craintes qu'on conçoit à cet égard, font bien fondées, de chercher les précautions néceffaires; quel est le parfum dont il convient de fe fervir de préférence, pour purifier les habits & les appartemens, & s'il eft abfolument indifpenfable, comme c'est l'ufage dans quelques endroits, de repiquer les murs des chambres, pour les recouvrir d'une nouvelle couche de mortier, de refaire les parquets & les plafonds.

On apprend de St. Daniel dans le Frioul, que le 24 Décembre, beaucoup de monde étant defcendu de la montagne voifine pour passer, dans

une barque, le torrent de Tagliamento, & porter les provisions ordinaires pour la foire qui fe tient ce jour-là, la barque étoit à peine éloignée du rivage de quelques pas, qu'elle coula à fond, & qu'il a péri plus de cinquante perfonnes.

Suivant les derniers avis de Malte, le grand maitre de la religion y eft à toute extrémité.

NAPLES (le 15 Janvier. ) Le roi voulant diminuer dans fes états le nombre des eccléfiaftiques, en conféquence des repréfentations qui lui ont été faites à ce fujet par la junte fuprême des abus, vient de ftatuer que les évêques ne pourront déformais admettre aux ordres facrés les fils uniques, ni ceux qui ont déjà des prêtres dans leur maison, ni ceux, qui recevant les ordres à titre de patrimoine, enlevent de la maison paternelle une portion plus confidérable que celle qui refte à chacun de leurs freres & fœurs. S. M. veut auffi que les évêques reglent le nombre des ordinans fur les befoins de leurs diocefes; de forte qu'un feul eccléfiaftique foit destiné pour diriger une centaine d'ames; excepté ceux qui ont déjà été confacrés avant la publication de ce reglement.

Le roi a permis à la cour de France de tirer de la Sicile 14000 mefures de grain. Un négociant françois eft parti pour Palerme, afin de les faire embarquer. S. M. n'a point donné d'autre permiffion d'en tirer de ce pays-là.

Le marquis A**** condamné pour crime de viol, étoit revenu ici, croyant profiter du pardon accordé par le roi au fujet de l'accouchement de la reine; mais fon crime n'a pas été graciable; il a été mis en prison ; &, en faveur de fa bonne foi, on lui a permis de retourner au lieu de fon azile.

GENES ( le 16 Janvier. ) Le grand confeil s'affembla, le 4 de ce mois, pour l'élection d'un nouveau doge. Toutes les voix fe réunirent en faveur de Ferdinand Spinola, qui a fupplié le gouvernement de permettre qu'il n'acceptât pas cette dignité, à caufe de fon grand âge & de fes infirmités. On n'a point encore procédé à une nouvelle élection.

Le magiftrat de l'abondance s'eft affemblé extraordinairement, ces jours derniers, avec les colleges, pour délibérer fur les moyens de diminuer le prix des denrées, & furtout du bled, & d'empêcher les manoeuvres que les marchands mettent en ufage pour faire hauffer le prix des grains. Cette affaire fera portée au petit confeil.

PARME ( le 25 Janvier.) S. A. R. ayant égard à la cherté des bleds, a daigné examiner quels feroient les moyens les plus faciles & les plus capables de foulager le peuple dans cette trifte conjoncture; & pour cet effet, elle a jugé à propos d'ordonner que, pendant les 6 premiers mois de cette année, on fufpende le paiement des nouveaux droits fur la nourriture, établis par édit-du 22 Mai 1767, & en remet la compenfation au fémeftre qui fuivra la 10e. année de l'établissement de cette nouvelle impofition.

On a annoncé à la cour la groffeffe de S. A. R. l'archiducheffe infante. A cette occafion, il y a eu diverfes promotions dans les emplois de la cour. On travaille actuellement à un plan permanent pour la cour, le militaire & les finances.

LIVOURNE (le 18 Janvier.) Huit officiers ruffes qui étoient à bord de deux vaiffeaux de guerre qui mouilloient dans ce port, font partis, le 6 de ce mois, pour aller à Pétersbourg. On en attend de l'Archipel 32 autres, qui doivent également re