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Majeftés (la reine de la Grande-Bretagne & le Roi Très-Chrétien) ont bien voulu comprendre dans ce traité les villes anféatiques & la ville de Dant zig, de maniere qu'elles puiffent jouir à jamais des anciens avantages dont elles ont joui jufqu'à-préfent, foit par les anciens traités, foit par l'ufage. Mais n'eft-il pas évident que le Roi de Pruffe a dépouillé la ville de Dantzig de ces avantages ? & la Grande-Bretagne eft-elle réduite au point de ne pas ofer remplir fes engagemens, ni protéger un allié opprimé par un Prince dont la fouveraineté ne date que d'hier, qui doit fon existence actuelle aux fecours que nous lui avons prêtés, & qui ne nous montre aujourd'hui fi peu d'égards, que parce que nous ne fommes point fes voifins? >> Lettre d'un négociant anglois à M. Filzpatrick député à la chambre baffe, qui a fait la propofition de l'adreffe de remerciment au Roi.

Lorfque le difcours du Roi a été pris en confidération dans le parlement, vous avez félicité votre patrie fur les efpérances qu'elle a de jouir long-tems de la paix dont elle eft redevable aux foins généreux & aux rares talens du feu Duc de Bedford, votre oncle: vous avez auffi obfervé, comme une chofe qui ne peut que tourner à notre gloire & à notre avantage, que guéris enfin de la folie des guerres fur le continent, nous pouvons regarder avec indifférence les changemens arrivés depuis peu en Europe. C'eft fur cette derniere remarque feulement que je vous prie de me permettre quelques réflexions. En effet, M., croyez-vous que ce fut époufer les intérêts du continent, que de prendre des moyens efficaces pour empêcher un Prince ambitieux & defpotique de s'emparer d'une des premieres villes de commerce de l'Europe, & de mettre en monopole une branche de négoce, qui jufqu'à préfent, a entretenu des milliers de manufacturiers établis dans ce royaume avec leurs familles ?

Il ne tenoit qu'à vous d'apprendre à Norwich, qu'un nombre prodigieux de familles dans cette ville feulement, feront réduites à la plus affreuse mifere, fi Dantzig : tombe entre les mains du Roi de Pruffe; qu'on y fabrique, tous les ans, une infinité de marchandifes pour cetre

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ville; que Dantzig donne encore plus d'occupation à Manchefter, Lecds, Halyfax, Wakeuld, Salisbury, Scheffield, Exeter & Birmingham: on vous auroit dit combien de tonnes de fel font envoyées de Norvich & de fes environs; combien de tonnes de fucre & de tabac font envoyées de Londres & de Briftol; combien de bâtimens, combien de matelots font employés à ce commerce, & par conféquent tout ce que per droient Bristol, Liverpool, &c. s'il venoit à être arrêté,

Peut-être auriez-vous alors foupçonné que les changemens qui font arrivés, ne nous font pas fi indifférens, 'mais qu'ils affe&tent le commerce & la navigation de ces royaumes en général, & les intérêts particuliers d'un grand nombre des fujets de L. M.

Qu'entendez-vous, M., par les intérêts du continent? Paris n'eft pas plus fur le continent que Berlin: feroitce pour nous une raifon de fouffrir lâchement que la France nous dépouillåt d'une importante & lucrative branche de commerce ? Ce n'eft point par antipathie pour les mefures relatives au continent que la G. B. n'a point fait en cette occafion ce que les obligations des traités lui prescrivoient; c'eft au contraire, à un trop grande affection pour les liaifons du continent que cette branche de commerce a été facrifiée.

Pour moi, M., je n'ai jamais regardé comme une chose indifférente, que la Grande-Bretagne obfervât religieufement les ftipulations des traités. C'eft fur la foi de ces traités, que moi, ainfi que beaucoup d'autres perfonnes, nous avons rifqué notre fortune. En votre qualité de membre du parlement, je penfe qu'il n'eft pas befoin de vous apprendre que la Grande-Bretagne, par deux traités folemnels, a garanti le commerce & la franchise de la ville de Dantzig; qu'au mépris de ces traités, le Roi de Pruffe a mis des droits nouveaux & exorbitans fur nos vaiffeaux qui entrent dans le port de cette ville; qu'il a renvoyé la cargaifon entiere de quelques-uns, & arrêté le refte jufqu'à ce que les droits fuffent acquittés, & qu'il a refufé indignement le dépôt offert par notre Conful comme une fûreté pour le futur payement, en cas que notre cour confentît à recevoir les loix d'un Prince qui étoit, il a quelques années, à la veille de fa ruine, & qui ne doit fon falut qu'à notre affiftance.

Si vous ignoriez toutes ces chofes, il falloit au moins, garder le filence fur un pareil fujet, puifque vous ne pouvez nous apprendre jufqu'à quel point nous pouvions reffentir les contre-coups de ces révolutions. Si aul cum.

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traire, vous en étiez inftruit, vous avez trahi votre devoir comme gardien des droits & propriétés du peuple & de T'honneur du royaume, en propofant une adreffe qui tend à confirmer votre fouverain dans une erreur auffi préjudiciable aux intérêts de fon peuple, qu'à la gloire de fa couronne.

I a cour ayant réfolu de réduire les trois régimens des Gardes à pied à 38 hommes par compagnie, aulieu de 50, cette réforme s'eft faite le 8 de ce mois. On dit qu'on fera fubir une pareille réduction à tous les régimens, excepté à ceux qui font employés dans nos colonies. Le 14e. régiment eft malheureusement à l'abri de cette opération; car on apprend que plus de la moitié de ce corps a péri dans l'ifle de St. Vincent, par l'intempérie du climat, & avant que d'avoir vu l'en

nemi.

En attendant que le parlement ait paffé quelque réglement relatif à l'adminiftration des affaires de la compagnie dans l'inde, on embarque beaucoup de recrues fur les navires de la compagnie, qui mouillent actuellement dans la Tamife, & qui ne mettront à la voile que dans quel2 ques femaines.

La cour attend avec impatience des nouvelles du fuccès de fes troupes contre les Caraïbes de rifle de St. Vincent. Tous les avis qu'on en a reçus, font vagues, indirects & incertains; mais tous conviennent que les maladies nous ont enlevé plufieurs Officiers, & nombre de foldats dans cette ifle.

On parle toujours ici d'alliances qui fe forment entre certaines Puiffances pour contrebalancer la confédération entre les cours de Vienne, de Pétersbourg & de Berlin, & pour maintenir l'indépendance de la Pologne. Cependant tout ce que l'on débite à ce fujet, eft très-hazardé; du moins, il eft certain que notre cour n'a, jufqu'à-préfent, donné les mains à aucune alliance de cette nature.

La nouvelle du défaut de payement par les Srs: Clyffort à Amfterdam, a jetté une confternation générale à la bourfe; elle a déjà entrainé plufieurs maifons de cette ville dans la même catastrophe & on craint pour quelques autres. Cette circonftance a engagé la banque à prendre de nouveaux arrangemens par rapport à l'efcompte du papier.

Cette immenfe faillite a excité la plus vive fermentation dans le commerce. Les négocians qui font intéreflés dans cette difgrace, fe concertent avec leurs créanciers. La banque d'Angleter re s'eft offerte pour prêter des fecours. Enfin, on à déjà envoyé des fommes confidérables à Amfterdam pour prévenir les fuites de cet événement malheureux. On dit qu'il a été en partie occafionné par les relations de cetre maifon avec les négocians intéreffés dans le commerce de Ruffie, de Dantzick & de Hambourg, & ruinés par les troubles du Nord.

que

Le nommé William Dodd ayant été mis en prifon à Cantorbery, pour avoir abandonné fa famille, & l'avoir laiffée a la charge de la paroiffe, a été condamné à travailler, pendant un mois, à la maifon de force, & à être fuftigé jufqu'au fing une fois la femaine, pendant le tems de fa détention. Ce jugement a été blâmé par les uns, & approuvé par les autres. Les premiers ont été étonnés. dans un pays où la premiere cour de justice a déclaré que le maître d'un negre n'a pas le pouvoir de forcer fon efclave de retourner en Amérique, on ait infligé une pareille punition à un malheu reux, pour avoir laiffé fa femme & fes enfans à la charge de la paroiffe, ou plutôt pour n'avoir pas voulu attendre avec eux les horreurs de la famine ou de la prifon. Les autres jugent que le travail ne manquant jamais à l'homme, on doit punir févérement, pour l'exemple, celui qui a la lâcheté de s'y fouftraire & la cruauté de rompre les liens

qu'il a contractés, & d'abandonner fa famille aux foins d'autrui, plutôt que de fouffrir & de périr même avec elle.

Les dernieres nouvelles reçues du détroit d'Hudfon portent qu'un Chirurgien anglois, qui y eft établi, a découvert une mine de cuivre, & qu'il a perfectionné la culture de l'avoine, des raves, des navets, & d'autres denrées dans ce terrein ftérile & pierreux. Cette derniere découverte, plus importante que celle des métaux les plus précieux, fera de la plus grande utilité à nos colons de la factorerie de Churchill & à celle des environs.

On écrit de Bofton que les ordres donnés de démolir le Fort-Pitt, connu ci-devant fous le nom de Fort Du-Quefne, expofcnt toute la frontiere aux incurfions des fauvages, & que les habitans ont réfolu, pour leur propre sûreté, de préfenter une adreffe au gouvernement pour demander des troupes capables de les protéger, & de défendre les frontieres.

HOLLAND E.

AMSTERDAM (le 22 Janvier.) Le principal contre-coup de la faillite arrivée dans cette place porte fur l'Angleterre. Auffi la banque de ce roy aume, auffitôt qu'on en a été inftruit à Londres a-t'elle réfolu de remettre en efpeces les fom, mes qu'elle avoit à l'étranger. Il en a paffé ici une très grande partie. Rotterdam, Fleffingue, U, trecht &c., &c. ont, à l'envi, avancé de l'argent pour concourir au prompt arrangement de cette affaire. On a cru mal à-propos que Hambourg & quelques autres places en reffentiroient vivement les fuites; cependant, on affure (fans parler des négocians de Londres) que deux maifons d'une des pricipales villes manufacturieres de l'Europe ont été obligées de fufpendre en conféquence leurs

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