fer partir jufqu'à nouvel ordre. On ignore jufqu'ici les motifs de ce changement. En attendant, l'Envoyé a fait les plus fortes inftances pour lever ce refus. Il a représenté, entre autres chofes, «que, quoiqu'en effet le Sr. Panajerodoro fût né fujet du Grand-Seigneur, il ne pouvoit néanmoins plus être regardé que comme fujet pruffien, mitre de fa perfonne, de fa famille, & de fes biens, en vertu du Barath, ou des lettres-patentes que S. H. elle-même lui avoit accordées pour l'affran chir de fes obligations comme né fujet de la Porte. » Le Sr. de Zegelin ne s'eft pas contenté de cette démarche il s'eft encore adreffé aux Miniftres étrangers réfidans ici, les invitant à se joindre à lui dans la défenfe de droits qu'ils ne voudroient certainement pas perdre, & qu'on pourroit également leur contefter à l'avenir.

Il arriva dernierement du camp du Grand-Vifir un Aga chargé de dix paquets de dépêches, qui ont occafionné un divan extraordinaire; mais il n'a rien tranfpiré de ce qu'on y a délibéré. Le même jour, le Caïmacan a eu une longue conférence avec les Ambaffadeurs de France, de Suede & des Provinces-Unies. Le lendemain, on dépêcha au Grand-Vifir un Chiaoux-Pacha, chargé de nouvelles dépêches, & le bruit courut auffitôt dans la ville, qu'il avoit été résolu de rompre les négociations de paix. Il est conftant que dans tout l'empire ottoman, on fait des recrues immenfes, comme fi l'on étoit à la veille d'entrer en campagne. Comment concilier tout cela avec ce qui a été dit ci-deffus ?

Nos canonniers continuent leurs exercices fous la direction du Chevalier Tott; ils ont fi bien profité de fes leçons, qu'ils ont tiré 15 coups dans une minute, avec la même piece de canon.

Le Sr. Guys, Vice-Conful de France aux Dar-danelles, a jugé à propos, on ne fçait pas pour

quelle raifon, d'embraffer la religion mahométa ne. Auffitôt que le Chevalier de St. Prieft, Ambaffadeur de France, fut informé de cette étrange nouvelle, il envoya aux Dardanelles le Sr. Ruffin, Interprête de l'ambaffade, pour s'affurer de tous les papiers relatifs au confulat, & y prendre foin des affaires de la nation.

Extrais d'une lettre écrite de Tyr, en Phénicie, le 15 Octobre."

La garnison de Jaffa affiégée depuis le 18 Juillet, a offert enfin de capituler; mais le Cheik Daher & Ali-Bey n'ont voulu répondre à cette propofition qu'après la tenue d'un confeil. Ali-Daher, fils du Cheïk de ce nom, & qui s'est déjà beaucoup fignalé dans cette guerre, avoit fait une incurfion dans les provinces arabes du gouvernement de Damas. Il est revenu à Saphet, emportant avec lui un butin immenfe. Le Cheik Ottoman, fon frere, qui s'étoit retiré à Naploufe par mécontentement, vient de s'évader de cette derniere ville, & il eft rentré en grace auprès de fon pere &d Ali-Bey. C'est le même qui avoit été envoyé en exil au Caire,& ceux qui connoiffent la politique du vieux Daher fint perfuadés qu'Ottoman, dirigé par fon pere, feint d'être dans fa difgrace pour avoir un prétexte d'aller auprès de fes ennemis, & de gagner leur confiance, afin de pouvoir inftruire Daher de leur véritable fituation. Il étoit dangereux cependant, qu'il reftât plus longtems auprès de Moustapha Bey, Gouverneur de Naploufe, dont le frere Achmet comman de à Jaffa, & qui avoit juré de faire fubir, par repréfailles, à Ottoman le même traitement qu'Achmet éprouveroit de la part du Cheik Daher & d'Ali-Bey. 'eft peut-être même la raison pour laquelle les deux Généraux ont différé de recevoir la capitulation de Jaffa.

Un corps de Drufes s'eft avancé vers Seyde, pour

en faire le fiege, & il doit être fuivi des troupes os tomanes qui arrivent de Damas.

MALTE (le 2 Décembre.) Une petite galiote qui étoit partie pour aller croifer en Barbarie, fous le pavillon du Roi des Deux-Siciles, rentra dans ce port, le 24 du mois dernier, avec 3 fandales chargées de bled & d'orge, dont elle s'eft emparée à la hauteur d'Ifouata. Trois Maures ont été faits efclaves; 3 autres avoient été tués dans le combat, & le refte de leur équipage s'étoit fauvé à la nage.

Les deux frégates du Roi de France la Chimere & la Mignone font ici depuis le 30 du mois dernier.On radoube quelques agrêts, & elles mettront enfuite à la voile pour aller remplir leur miffion.

BARBARIE.

LARACHE (le 18 Novembre.) Muley - Ali, Prince-Héréditaire de Maroc, étant de retour de fon voyage à la Mecque, fe rendra de Salé à Maroc par ordre de l'Empereur. Le Conful anglois s'eft retiré fort mécontent de la cour de ce dernier Prince, qui ne lui a pas voulu permettre de fixer fa demeure à Tétuan; le feul fruit qu'il a retiré de fon voyage a été d'obtenir la liberté de 10 Anglois qui, ayant fait naufrage à quelques lieues de Ste. Croix, étoient dans les fers depuis 3 ans. Le Conful de Danemarck s'eft rendu à Maroc, il y a quelques jours, pour prendre congé de l'Empereur, & lui préfenter le nouveau Conful Danois; ils préfenteront en même tems 50 mille piaftres & les préfens ordinaires qui ont lieu à l'arrivée d'un nouveau Conful. Le Conful de Suede eft attendu ici à tout moment. Il fe rendra auffi à Maroc, où il préfentera à l'Empereur, de la part de fa cour, 6 mortiers de bronze,

avec leurs affuts de même métal; 3 mille bombes, 20 mille piaftres, une caffetiere d'or, une balle de toiles de Hollande, 15 pieces de drap de diverses couleurs, outre d'autres préfens definés pour les Princes & les Princeffes. MuleyJarid, un des fils de l'Empereur, ayant fait préfent au Prince des Afturies d'un beau cheval, & la Reine ayant envoyé à la Princeffe des Afturies une caffette d'ambre jaune, ornée de pierreries; le Conful d'Efpagne a reçu ordre de remettre à ce Prince un fufil & une paire de pistolets montés en or, & deux pieces de brocard, très-riches & à la Reine une taffe & une foucoupe avec 6 cuillers d'argent dorés, d'un ouvrage exquis. Tous les corfaires font actuellement rentrés, excepté une frégate que l'on affure être à Breft.

RUSSIE.

PÉTERSBOURG (le 22 Décembre.) On célébra, le 11 de ce mois, avec beaucoup de magnificence, la fête de St. André; mais il n'y eut point de nomination de Chevaliers de cet ordre.

Le 13, le Comte de Solems, Miniftre-Plénipotentiaire de la cour de Berlin, eut une audience particuliere de la cour de l'impératrice, à qui il notifia, de la part du Roi fon maitre la naiffance du Prince, dont la Princeffe époufe du Prince Ferdinand de Pruffe eft accouchée. Le même jour, le Comte de Rechteren, EnvoyéExtraordinaire des Provinces-Unies, eut fon audience de congé du Grand-Duc; quelques jours auparavant, il avoit été admis à celle de S. M. I.

L'Impératrice a nommé le Baron de Saldern fon Ambaffadeur à la cour de Copenhague. Il ne tardera pas à partir pour fa deftination; fes inftructions concernent la partie du duché de Holstein, réclamée par le Grand-Duc.

SUEDE.

STOKHOLM (le 2 Janvier.) Le Roi, accompagné du Duc d'Oftrogothie, arriva, le 23 du mois dernier, en bonne fanté, au château d'Eckolmfund. La Reine s'y rendit le même jour, ainfi que le Duc de Sudermanie. Il devoit y avoir ici des arcs de triomphe & des illuminations à l'occafion du retour du Roi; mais S. M. ayant témoigné qu'elle verroit, avec plaifir, employer, au foulagement des pauvres, l'argent qui étoit deftiné à ces fêtes, le Magiftrat s'eft empreffé de fuivre des intentions auffi lovables. S. M. a aboli, en même tems, les réjouiffances inutiles qui fe faifoient le premier jour de l'an; elles confiftoient en plufieurs décharges d'artillerie, après lefquelles toute la garnifon faifoit quelques falves de moufqueterie.

Le 26, le Duc d'Oftrogothie parut en cette capitale, & retourna le foir à Eckolmfund. On s'attendoit auffi à voir arriver le Roi le 29; mais une indifpofition furvenue à S. M., nous a privés de ce bonheur; on ne croit pas que nous en jouiffions avant le 11 Janvier.

Le 28, l'Envoyé de Tripoli fit notifier fon arrivée au Sénateur Comte de Scheffer, Préfident de la chancellerie. Le Sr. de Llano, Envoyé-Extraordinaire du Roi d'Efpagne en cette cour rempli les mêmes formalités.

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Il paffe pour certain que le Général-Major de Pecklin a fait l'aveu de fa faute, & s'eft foumis au Roi. On croit que S. M. lui accordera fon pardon; mais ce ne fera qu'après que le confeil de guerre aura prononcé le jugement.

On exécute, avec la plus grande rigueur, l'ordonnance qui défend la diftillation de l'eau-devie. Pendant le voyage du Roi, un payfan con

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