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Zboinski, & plufieurs autres de moindre qualité. Tous ces Grands affemblés prétendent toujours représenter la république de Pologne, quoiqu'on les ait forcés de chercher un azile en pays étranger. Le fort des armes ne leur ayant pas été favorable, ils expofent leurs droits par écrit. Leur dernier manifefte eft écrit avec beaucoup de châleur; il eft adreffé aux Polonois; on les exhorte à refter fideles à la république, & à attendredans le filence, le moment de la vengeance, qui ne peut manquer d'arriver: ils continuent d'y réclamer l'affiftance des puiffances étrangeres, gacantes des traités qui affurent à la Pologne la conLervation entiere de fes poffeffions.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 12 Janvier. ) Les préparatifs be guerre fe continuent dans les états du Roi de Pruffe. On leve actuellement à Berlin deux bataillons de garnifon, dont on augmentera les régimens de garnifon d'Alleman & d'Arnfted; on y forme auffi deux nouveaux régimens de campagne, destinés à garder les places de la Nouvelle-Pruffe. On affure auffi que les trois Princes d'Anhalt-Deffau, d'Anhalt-Bernbourg & d'Anhalt-Zerbft levent, chacun dans leur fouveraineté, 500 hommes de recrue pour le fervice de S. M. Pruffienne.

On mande de Dantzig qu'immédiatement après que le Magiftrat de cette ville eut rejetté les propofitions du Sr. Reichard, concernant le port & le commerce, on fit mettre en batterie la groffe artillerie fur les remparts & dans les ouvrages extérieurs de cette place. On ajoute que le bruit s'y répandoit que le Magiftrat avoit fait demander à une Puiflance étrangere un corps de troupes pour renforcer fa garnifon. Si ces difpofitione Janvier. 1773. ae, quinz. B

fe confirment, elles annoncent, de la part des Dantzikois, une résolution formée de défendre par la force des armes, les privileges qu'on veut leur arracher par la même voie.

Toutes les lettres reçues de la Turquie confirment la nouvelle de la révolte de la Crimée. On -a remarqué que le Khan actuel l'exécutoit dans le tems même que le Kalga Sultan, retiré à Péterfbourg, y négocioit le traité concernant la ceffion de Kargs & de Genikalé à la Ruffie, & l'indépendance abfolue de cette presqu'ifle relativement à la Porte.

Cette révolution & la défaite de la flotille ottomane à Patras, pourroient bien rendre les négociations de paix plus difficiles. On les traite à Bucharest avec tant de fecret, que rien ne tranf pire; on fçait feulement que les négociations n'ont point été interrompues. Quoiqu'il en foit, bien des perfonnes font perfuadées que la Porte ne perdroit pas beaucoup en cédant Azoff à la Ruf fie, & que cette derniere Puiffance ne gagneroit rien en obtenant la libre navigation dans la MerNoire. Ces réflexions font fondées, d'une part, fur ce que la quantité énorme de fable & de limon que le Don & le Doniecz ont déposée à leur embouchure dans la mer de Zabache, rend le port d'Azoff impraticable aux plus petits bâtimens. Ces fables embarraffent tellement cette mer, qu'on ne peut y naviguer. On prétend même, d'après des obfervations faites depuis l'année 1709 feulement, que cette mer pourroit bien reffembler inceffamment aux lagunes de Venife. Quant à la Mer-Noire, les eaux que le Danube, le Niefter & le Nieper y amenent continuellement, & celles qui defcendent de la mer de Zabache par le - détroit de Genikalé, y entretiennent, à la véri¬ té, une profondeur confidérable, furtout dans les parties où l'impulfion de ces fleuves se fait en

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sore fentir; mais les rades en font très-mauvaifes, & l'on n'y trouve pas un feul endroit propre à y conftruire un port, depuis Kilia-Nova, en faifant le tour de fes bords de l'Orient à l'Oc cident, jufqu'au port de Genikalé. D'ailleurs, la navigation y eft très-dangereufe, à caufe de la hauteur énorme des vagues brifées que le moindre vent y éleve. On infere de ces obfervations, que ni l'article d'Azoff ni celui de la navigation de la Mer-Noire ne porteront aucun obstacle à la conclufion de la paix.

Une lettre de Warfovie du 5 de ce mois, contient ce qui fuit: «Quoique tous les avis de Buchareft affurent unanimement que les conférences s'y continuent avec fuccès, & que, felon toutes les apparences, elles fe termineront heureusement; cependant l'efpérance de cette paix fi defirable n'adoucit point aujourd'hui notre trifte fort. Les circonftances où fe trouve actuellement le royaume, femblent devenir de jour en jour plus critiques & plus embarraffantes. Plufieurs chefs des Confédérés font arrivés ici, dans la vue de fe réconcilier avec le Roi; mais ils prétendent tous, d'un commun accord, s'oppofer à la tenue d'un Senatûs-Confilium forcé, & déclarent en même tems qu'ils aiment mieux courir les plus grands dangers, que d'y donner leur confentement. De pareilles prétentions, auxquelles il eft impoffible de fe prêter, dans le momenc préfent, où la partie n'eft pas égale, ne peuvent qu'augmenter les maux de la république, & empirer le fort malheureux des Confédérés.

BERLIN (le 22 Janvier.) Le 25 du mois dernier, le Roi remit les marques de l'Aigle-Noir au Landgrave de Heffe-Caffel, au Lieutenant-Général de Bulow, Infpecteur de la cavalerie en

Pruffe, & au Général Gablens, Commandant de Schwednitz.

Le 27, le Prince Krafinski, Evêque d'Erme"land, ou de Warmie, & le Comte fon frere eurent l'honneur d'être préfentés à S. M.

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Le I de ce mois, le Roi reçut les complimens des Miniftres d'état, des Miniftres étrangers, des Officiers-Généraux & de la principale nobleffe. S. M. fit préfent au Landgrave de Heffe, d'un fuperbe luftre de porcelaine, travaillé dans la manufacture de cette ville; elle a envoyé, le même jour, fuivant fa coutume aux Pasteurs de cette ville, une groffe fomme d'argent, destinée à foulager les pauvres.

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Le même jour, le fieur Struenfée, ci-devant Confeiller de Justice du Roi de Danemarck eft arrivé ici de Lignitz. Il a eu l'honneur de faluer la Reine Caroline-Mathilde, à fon paffage à Zell.

La cérémonie du 24 du mois dernier, don't on a parlé précédemment, n'étoit point celle du ma riage du Landgrave de Heffe-Caffel avec la Princeffe de Brandebourg-Schwedt, mais feulement celle des fiançailles. Ce fut le Roi qui fit luimême l'échange des anneaux de ces deux futurs époux. Comme le Landgrave de Heffe-Caffel profeffe la religion catholique-romaine, le Prince Evêque de Warmie, fit, le 10 de ce mois, la cérémonie de ce mariage dans le palais du Prince Ferdinand, fuivant le rit de l'églife romaine. L'après-midi, le fieur Sack, premier ConfeilJer-Confiftorial & Prédicateur de la cour, donna, dans les appartemens du palais du Roi, aux il Juftres époux la bénédiction nuptiale avec les folemnités ufitées dans la religion réformée. Il n'y eut que le Prince Ferdinand & la Princeffe fon époufe, les deux Miniftres d'état Finckenftein & Hertzberg, ainfi que le Baron de Wittorf, Grand-Chambellan du Landgrave, qui fe trou

verent à la premiere cérémonie du mariage; mais toute la cour affifta à la feconde.

RATISBONNE ( le 7 Janvier.) On croit que, l'affaire de la vifitation ne fe terminera pas à l'amiable, ainfi qu'on l'avoit efpéré. Le fecond Commiffaire de S. M. I. a reçu un refcrit de fa cour, par lequel il eft chargé de déclarer que la cour électorale de Hanovre refufant d'adopter l'expédient propofé par plufieurs états, & approuvé par l'Empereur pour rétablir la bonne intelligence entre les Subdélégués occupés de la vifitation; S. M. I. avoit donné ordre à fes Commiffaires de ne refter à Wetzlar que jufqu'au 1er. Février, & que à cette époque, le miniftere de Hanovre n'entroit pas dans les mefures propofées, elle défendroit faffemblée des Vifiteurs, & prendroit les moyens fondés fur la conftitution & fur les loix de l'empire, pour rétablir le bon ordre dans l'adminiftration de la justice.

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En conféquence de cette délibération, les Miniftres de la diete dont les cours s'intéreffent à prévenir la rupture de cette affemblée, ont fait des repréfentations à celui d'Hanovre pour l'engager à porter fa cour à fe prêter aux propofitions d'ac commodement, Il a promis fes bons offices; mais il a infinué, en même tems, qu'il ne pouvoit ré pondre des effets qu'ils produiroient; parcequ'on avoit ftipulé en dernier lieu à Wetzlar, une condition qui avoit déplu à S. M. B., en exigeant que la cour de Hanovre promît de rappeller, fur le champ, le Sr. Falck, dans le cas où il donneroit lieu à la moindre plainte contre lui. On fçait aujourd'hui que ce Subdélégué n'avoit accepté que malgré lui la corréférence dans l'inftruction du procès appellé die Walmer Sache; que lorsqu'il s'y vit forcé, il affura qu'il s'en acquitteroit en

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