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inhabile à remplir fa charge, lui faifant inhibition d'en toucher les revenus, & l'obligeant à remettre les regiftres de la starostie au Sr. Blazewski, Vice-Starofte, qui, moins fcrupuleux fur les moyens de parvenir, a été inftallé dans la dignité de Starofte, après avoir prêté le ferment requis.

Le S. Kicki ayant informé le Roi de la conduite qu'il avoit tenue, S. M. lui a fait la réponfe fuivante.

Je n'ai pu lire, fans émotion, vore lettre du 21 de ce mois, par laquelle vous me marquez qu'une puiffance étrangere vous avoit ordonné de lui prêter le ferment de fidélité ; que vous vous êtes refufé à cette demande ; & qu'en conféquence de ce refus, vous avez été démis de votre charge de Starofte de Léopol, dont les revenus vous ont été ôtés en même tems.

Mon cœur reffent la plus forte douleur de l'horreur de notre fort, qui permet qu'un citoyen polonois, revêtu d'une dignité confidérable, en foit dépouillé par une puissance étrangere, & cela par la feule raifon qu'il veut être fidele au ferment qu'il a prété au Roi & à la patrie, fous l'invocation du nom du TousPuiffant.

Mais cette douleur eft du moins accompagnée de la fatisfaction, que celui auquel je fuis depuis longtems particulierement affectionné, ait donné un exemple auffi louable d'une vertu ferme, courageufe, & bien au deffus du fentiment d'intérêt particulier; de façon que les Polonois actuellement vivans, ni leurs defcendans, en prenant cet exemple pour la regle de leurs actions, n'auront pas befoin de chercher un modele de çette vertu dans les annales des anciennes républiques.

La conduite que vous avez tenue, mérite d'autant plus mon eftime, qu'elle n'a été précédée d'aucun ordre de ma part mais qu'elle eft due uniquement à votre propre réfolution & à vos fentimens.

La gloire que vous vous êtes acquife en cette occafion, fera, dès aujourd'hui, votre premiere récompenfe.

La feconde fera celle que vous préparent ma reconnoif fance & l'eftime que je vous dois.

Les Autrichiens font obferver avec la plus rigoureuse exactitude, les ordonnances qui ont été rendues dans les provinces qu'ils fe font appropriées. Ils ont prorogé, jufqu'au 1er. Mai prochain, la preftation d'hommage de leurs nouveaux fujets. Au refte, les difpofitions de ces nouveaux dominateurs y paroiffent toutes réglées fur les principes de l'équité, mais ils en exigent autant de tous ceux qui font dans le cas de donner une déclaration de leurs biens, & plufieurs particuliers les ont déjà perdus pour avoir manqué d'exactitude & de bonne foi, en préfentant un état de leurs poffeffions. Leur intention eft d'affermer l'écono mie de Sambor pour cent mille ducats, & l'on dit que le Comte Potocki s'eft offert d'en être l'acquéreur à ce prix.

Les lettres de Przemysl portent qu'une quantité innombrable de fouris y font les plus grands dégâts. On a été obligé d'enfemencer les terres pour la troisieme fois, parcequ'elles ont dévoré toutes les femences de feigle & de froment; elles mangent également tous les fruits de la terre, & gâtent le foin & la paille dans les greniers. A ce fléau s'eft joint la mortalité parmi le bétail, qui manque, en plusieurs endroits, de nourriture. Les Autrichiens, prévoyant la difette dans ces quartiers, y font tranfporter leurs provifions für de grands chariots attelés de bœufs, que les habitans ruinés font obligés de nourrir du peu de foin & de paille qui leur reste.

DANTZIG (le 4 Janvier. ) Le Sr. Reichard, que le Roi de Pruffe a accrédité auprès du Magiftrat de cette ville pour convenir des arrangemens relatifs au port & au commerce, a reclamé, au nom de S. M. Pruffienne, la fouveraineté du port,

ainfi que le droit d'ancrage des anciens Ducs de Pomeranie, auquel la vente faite par les Abbés d'Oliva, leurs fujets, n'avoit pu préjudicier. Le Magiftrat de cette ville ayant affemblé les trois ordres pour délibérer fur ces propofitions, il a été réfolu de répondre au Sr. Reichard, que le port ayant été conftruit dans le fond même de la mer, aux dépens de la ville, le Magiftrat, comme fim ple dépofitaire des droits de cette république, ne pouvoit en céder la fouveraineté à une puiffance étrangere, ni renoncer à la perception du droit d'ancrage parce que ce droit tenoit à celui de la propriété, & que la moitié en appartenoit au Roi de Pologne. Le Sr. Reichard a paru étonné de cette réponse, qu'on lui a remife par écrit. It a déclaré qu'il ne la feroit point encore parvenir au Roi fon maître, qui ne s'attendoit pas à un pareil retour des témoignages d'amitié que S. M. avoit fait donner à la ville; mais qu'il la prendroit pour bafe de fes négociations ultérieures.

Tandis que le Sr. Reichard eft occupé à faire valoir ici les prétentions du Roi de Pruffe, un autre commiffaire vient de remettre au Magiftrat de Thorn une déclaration par laquelle ce Prince annonce qu'il va fe mettre en poffeffion de 38 villages qui compofent le territoire de cette ville, dont il veut bien cependant lui laiffer préliminai #ement la feigneurie fonciere.

Comme la nation angloife faifoit un commerce immenfe avec notre ville & toute la Pologne, le conful de la Grande-Bretagne a requis le Magiftrat de lui donner communication des propofitions du Commiffaire de S. M. Pruffienne. Les Marchands de la même nation, établis ici, fe plaignent auffi vivement de ce que les Officiers Pruf hens exigent des vaiffeaux anglois, comme un droit appartenant à Dantzig & au Roi de Pologne, une taxe que ces marchands n'ont établie que

par convention, pour le foulagement de leurs pauvres compatriotes, & pour l'entretien d'un hô pital anglois.

Le projet dont on a déjà parlé de creufer un canal pour joindre la Warthe & la Netz à l'Oder, s'exécute actuellement. On affure également que l'on eft occupé à bâtir à Braunsbourg, ainfi qu'à Fordan, des maifons & des magafins; tous ces arrangemens semblent prédire la chûte prochaine de notre commerce. Toutes les ave→ nues de cette ville font garnies de comptoirs, où l'on eft obligé de payer des droits impofés fur les moindres marchandises, entr'autres fur le lard & les herbages; ce qui eft fort à charge aux pauvres familles. Tous les habitans des dépens dances du territoire d'Oliva font taxés tête par tête, y compris les enfans de trois ans, à pren dre annuellement cinq mefures de fel à un prix exorbitant, dont ils ne peuvent point confommer la moitié. Une vache & un bœuf font dė même taxés à 5 mefures.

I

Le Roi de Pruffe s'étant emparé de tous les dos maines de l'évêché de Warmie, l'Evêque & les Chanoines de la cathédrale fe font adreffés à S. MI pour obtenir un réglement concernant leurs revenus: il n'y a encore rien de ftatué à cet égard; mais on dit que le Roi de Pruffe a fait payer à Evêque un à-compte de 6000 écus, & un de 50 ducats à chaque Chanoine,

On n'eft pas encore inftruit des arrangemens que ce Prince a jugé à propos de prendre rela tivement aux ftarofties de la Nouvelle- Pruffes On croit que les poffeffeurs actuels en jouiront jufqu'à leur mort, en payant 50 pour 100 de leurs revenus, & qu'elles feront réunies aux domaines de S. M. Les Staroftes établis dans les provinces occupées par la maifon d'Autriche, les confer veront de même pendant leur vie, en payant une

double quarte exactement calculée. La quarte eft une espece de contribution que les Staroftes & les autres Tenanciers des biens royaux en Pologne font obligés de payer annuellement au tréfor de la république, & qui eft employée à l'entretien d'un régiment d'infanterie. De la maniere dont elle eft perçue, elle n'emporte pas la trentieme partie du revenu dont elle devroit être le quart; mais dans l'arrangement actuel les deux quartes des ftarofties formeront exactement la moitié, comme dans les états foumis au Roi de Pruffe.

Les troupes réparties dans la Nouvelle-Pruffe vont être renforcées par deux régimens d'infanterie, deux de dragons & un de Houffards tirés de la Marche Electorale. Celles de la divifion de

la Pomeranie font prêtes à entrer en campage, & vont paffer en revue devant le Prince de Bevern Général & Infpecteur de cette divifion.

On parle beaucoup ici des principaux chefs des Confédérés qui font actuellement affemblés à Landshut en Baviere, & dont le but eft, dit-on, de délibérer fur les moyens de fe réunir au Roi. 'Après que le Comte Wielhorski y fut arrivé de Paris, on expédia des lettres-circulaires aux Maréchaux ou Confeillers de la confédération abfens, & plufieurs d'entre eux s'y font rendus fur cette invitation. Outre les Comtes Oginski & Wielhörski & le Prince de Radzivil, on compte dans ce nombre les Comtes Krafinski & Pac, MaréchauxGénéraux de la confédération de la couronne & de Lithuanie, & les Maréchaux particuliers de Sendomir, de Belcz, de la Ruffie-Rouge, de Liw (diftri&t de la Mafovie), de Podlachie, de Pomérélie, & de Samogitie, le Sr. Czarnecki, Confeiller de Bunion de Pomérélie, les Confeillers des confédérations de Chelide Czernichovie; le Sr. Bohus, Secrétaire de la généralité, le Caf sellan Brzoftowski, le Lieutenant Général

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