pas à nous juftifier. Elevés près du trône, dévoués à la perJonne de V. M., comblés dans tous les tems de fes bontés, nous vous avons donné les marques les plus finceres de notre amour, de notre fidélité, de notre refpect, de notre reconnoissance. Non, Sire, nous ne vous avons point désobéi. Daignez nous écouter; nous vous expoferons nos fentimens avec la loyauté & la franchife dignes des Princes de "votre fang. Nous avons reclamé, Sire, contre l'exécution d'un prejet qui nous a paru dangereux dans fon principe,nuifible dans fes effets, mal conçu même dans les vues qu'il annonçoit pour le maintien de votre autorité, & ne nous préfentant dans fon ensemble que de grands changemens qui ne remédient à rien. Nous pouvons être dans l'erreur ; mais il n'eft pas en noire pouvoir de changer d'opinion; notre fa çon de penfer n'eft pas incompatible avec l'obéiffance due à votre autorité, dont nous ferons toujours les zélés défenseurs: nous vous devons la foumiffion la plus entiere, non de nos 'opinions, nous ne pouvons en difpofer, mais de nos dé marches, & c'est en quoi confifte la véritable obéissance & yotre puiffance fouveraine, après celle que nous devons à Dieu. Comme Princes de votre fang, nous devons plus que perfonne vous dire la vérité, comme vos premiers fujets nous devons l'exemple de la soumission. Nous avons toujours cherché à remplir le premier de ces devoirs, & now. nous écarterons jamais du fecond. -ne Voilà, Sire, nos vrais fentimens ; nous les dépofons evec fincérité dans le fein de notre pere & de notre Roi ; pe fer-les, Sire, dans votre équité; fuivez les mouvemens de votre cœur, & nous espérons que V. M. , en nous rens dant fes anciennes bontés, voudra bien nous permettre der lui préfenter personnellement les hommages que nous lui dévvons à tant de titres. Le Roi a reçu cette lettre avec beaucoup de bonté, &, après en avoir fait la lecture, S. M. a témoigné au Comte de Pons St. Maurice qu'el-le reverroit avec plaifir M. le Duc d'Orléans & M. le Duc de Chartres. En conféquence, ces Prin ces fe font rendus à Verfailles le 29 du mois. dernier. Les religieufes de l'abbaye de Montivilliers em Normandie, avoient préfenté, il y a quelques an nées, un mémoire à l'Archevêque de Rouen contre leur. Abbeffe, qu'elles accufent d'avoir ima troduit du dérangement dans le couvent & dans fes revenus. On en a enlevé quelques-unes par lettres de cachet; ce qui a déterminé les autres à s'adreffer à l'ancien parlement de Rouen, lorfque le changement de la magiftrature a détruit leurs efpérances de ce côté-là, & depuis ce tems-là, quelques-unes ont été exilées. Les parens de ces réligieufes interviennent pour prendre leur défense, & publient un mémoire à confulter, où ils détaillent les griefs des réligieufes contre l'Abbeffe, & demandent à s'adreffer au Roi & à fon confeil. afin d'obtenir que ces religieufes foient nourries & vêtues comme elles le doivent être, d'autant que l'abbaye a environ 70000 liv. de revenu & qu'on n'en dépenfe pas la moitié. Un Seigneur a plaidé au parlement de Grenoble pour faire annuler une donation de 50000 liv. qu'il a faite par contrat à la Demoiselle le Brun ci-devant danseuse à l'Opera, & il a perdu fon procès. M. l'Avocat-général Servan, qui avoit donné fes conclufions en faveur du Seigneur, à fait imprimer fon plaidoyer, qui eft lu avec beaucoup d'interet. Le parlement de Paris a jugé, il y a quelque tems, comme le parlement de Grenoble, & cette jurifprudence paroit applaudie, parcequ'un homme majeur, libre de fes actions, en doit fçavoir les conféquences. Une jeune perfonne délaiffée par un perfide amant, qui l'avoit féduite & abufée, n'ayant på le rappeller aux fentimens d'honneur, au défespoir d'avoir facrifié le fien, & ne pouvant furvivre à la honte de la foibleffe dont elle redoutoit les triftes fuites, a cherché les moyens de s'enfevelir dans l'éternelle nuit, en prenant un breuvage qui devoit feconder fes vœux ; infortunée juf ques dans cette affreufe reffource, ayant furve cu au poifon, & ne pouvant mourir de fon ef fet, elle a eu le barbare courage de le coupes la gorge. Au moment que l'on procédoit dans la chambre de cette jeune perfonne, il est arrivé une lettre à fon adreffe, de la part de fon amant; il lui écrivoit pour la détourner de fon coupable deflein, l'affurant qu'il diffiperoit fes -craintes, & qu'il la rejoindroit inceffamment, lui demandant avec inftance & dans les termes les plus touchans, de le raffurer par une prompte réponse que le porteur étoit chargé de lui rapporter en un lieu défigné. On a fuivi le commiffionnaire; & l'on s'eft affuré de la perfonne qui attendoit effectivement, avec beaucoup d'inquiétude, des nouvelles de fa maitreffe. If eft en prifon; mais il ne paroit pas qu'il foit auffi coupable qu'on le croyoit d'abord. Cette fille infortunée s'étant trop livrée à fon défefpoir, avoir perdu la tête. Un Peintre-Doreur, de l'académie de St. Luc s'eft permis d'accufer fa femme d'adultere: après s'être livré à toute la violence d'un caractere brutalement jaloux, fur des dépofitions de témoins, il a fait décréter fon époufe de prife de corps. Du fond de fa prifon, elle cherche à infirmer l'accufation formée contre elle, attaque les témoins en fubornation, & préfente un mémoire au public, auquel eft joint un plan figuré des lieux où l'on prétend qu'elle a confommé le crime, & démontre phyfiquement l'imposture des témoins d'après leurs dépofitions. Pour parvenir à ce point de juftification, le défenfeur a été obligé d'entrer dans des détails qui rendent fa dé-fenfe très plaifante, & qui font rechercher ce mémoire. Le 26 du mois dernier, on fit, au château des tuilleries, dans la galerie de la Reine, la diftribution folemnelle des maitrifes, apprentiffages, grand prix & prix de quartier aux élèves des écoLes gratuites, fçavoir, au Sr. Marchand de la mai trife de menuifier; au Sr. Chabrun de celle de -Peintre en bâtimens; au Sr. Démare de celle de Serrurier; au Sr. Audry du brevet d'apprentif Graveur en or; aux Sr. de Lannoi, Beauchamp & Bonte des brevets d'apprentifs, pour la maçonnerie. Les éleves couronnés, au nombre de 250, re-curent les prix des mains du Sr. de Sartine, Confeiller d'Etat & Lieutenant-Général de police. Le Comte de Brancas & les Srs. de Montullé, de Meulan, l'Empereur, Poultier & de Montaran, Administrateurs & beaucoup d'autres perfonnes de diftinction affifterent à cette affemblée. Le Sr. Bachelier, Directeur des écoles, ouvrit la féance par un difcours relatif aux circonstances. Le 30 du mois dernier, entre une heure & deux du matin, le feu prit à l'hôtel-dieu dans la piece où l'on fabrique les fuifs. La flamme fe communiqua avec tant de rapidité, qu'il fut impoffible d'en prévenir l'explofion. La partie des bâtimens qui Tegnent au Nord, depuis le pont St. Charles jufqu'à la rue du petit-pont, eft entierement confumée. Malgré le trouble inévitable, dans de pareils événemens, on ne perdit point de vue les malades; quelques uns fe réfugierent dans les maifons voifines, & le plus grand nombre fut tranfporté dans l'églife de Notre-Dame, où on leur a donné tous les fecours néceffaires : une falle entiere de malades, qui étoit audeffus de la fonderie, s'eft écroulée, & prefque tous ceux qui y étoient, ont été enfevelis fous les ruines, ou dans les flam mes. Des perfonnes charitables de tout rang & detoute condition, ont porté des fecours aux malheureux qui en avoient befoin. Il n'eft pas possible de donner, dans ce moment, de plus grands détails; on eft cependant en état d'affurer qu'il y a, péri moins de perfonnes qu'on ne le croit. L'Archevêque de cette ville, après avoir don ་ né aux malades de l'hôtel-dieu, pendant cette En conféquence de la réquifition de M. le Pro- La fameufe fociété, qui a fait tant de bruit ici autrefois, n'occupe gueres les efprits que par intervalles; elle eft parfaitement oubliée; des anecdotes. particulieres, tantôt vraies, tantôt débitées par des plaifants, la rappellent quelquefois au fouvenir: on dit aujourd'hui qu'elle eft fort allarmée fur fa diffolution, qui lui paroit prochaine, & qu'elle fonge à trouver des afyles & des protecteurs: on -cite à ce fujet une lettre du Roi de Pruffe à M.. d'Alembert, dans laquelle on prétend que fe trouve cet article.... Pendant ces diverfes agitations. j'apprends que le Papé fe difpofe à détruire les Jěfuites; mais ce qui vous étonnera, c'eft que le Géné-ral des Ignaciéns m'a député un Ambassadeur pour me demander ma protection en faveur de fa fociété. Je lui ai répondu que lorsque Louis XV a reformé • le regiment de Fur-Tanies, je n'ai point intercédé |