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fe forme un nouvel orage, qui éclatera au printems prochain. Leurs armemens prodigieux ne peuvent être deftinés contre les Polonois, qui n'ont ni armées, ni places de guerre, ni finances... Quelque nombreufes que foient les troupes de la cour de Berlin, elles lui paroiffent, fans doute, infuffifantes pour remplir fes vues. On affure qu'elle a fait avec le Landgrave de Heffe, une convention par laquelle ce Prince s'eft engagé de faire paffer un corps de fes troupes à la folde de S. M. Pruffienne. On parle d'une pareille convention avec la cour de Brunfwic. Les Ruf fes, de leur côté, font de nouvelles levées dans. toutes les provinces de l'empire & dans celles qu'ils ont acquifes en Pologne ; & la cour de Vienne va, dit-on, mettre fur pied 12 nouveaux régimens.

Il vient de paroitre ici une médaille d'un goût bien fingulier pour le tems; elle eft confacrée aux réfugiés françois de tous les pays, & en particulier à ceux que le fanatifme & les dragonades ont forcés de venir s'établir dans celui-ci, où ils ont apporté les arts & l'induftrie de leur patrie fans, ceffer d'être bons François. On voit, d'un côté de cette médaille, un globe terreftre, fur lequel font diftinguées les quatre parties du monde, où il y a des réfugiés françois. L'infcription qui explique cet emblême, qui n'avoit gueres befoin d'être expliqué, eft celle-ci: Afylus émigrantium Gallorum. De l'autre côté, est une colonne modélée fur la fameuse colonne de Trajan, à Rome, au-deffus de laquelle on voit la Charité tenant un enfant fur le bras, & en conduifant un autre par la main, avec ces mots : Protectoribus. On lit au bas: Pietas emigran- ', tium Gallorum. Cette médaille, qui eft d'un argent très-fin, pese une once. Il eft certain que toute F'Europe, & en particulier l'Allemagne & le Nord,

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& plus particulierement encore, le Danemarck la Suede, la Ruffie, la Grande-Bretagne, la Hollande, le Holstein, le pays de Lubeck, le territoire de Dantzick, la principauté de Pinneberg dont Al ona eft la capitale, Hambourg, l'Electorat d'Hanovre, le duché de Brunswick, le Land- ! graviat de Heffe-Caffel, la Pruffe, l'Electorat de Brandebourg, & tous les pays foumis à cette Puiffance; le Comté d'Yfembourg-Budingen, le Landgraviat de Heffe - Hombourg, Francfort fur le Mein, l'Electorat de Saxe, le Comté de NaffauSaarbrück, le Margraviat de Bareith, le Palatinat, le Margraviat d'Anfpach, le Duché de Würtemberg, la Suiffe, &c.,fourmillent d'artistes, qu'ils n'auroient eu que bien tard, fans la révocation de l'édit de Nantes. On fent ici tout ce qu'on doit à cette émigration; c'eft la reconnoiffauce, fans doute, qui en perpétue. le fouvenir.

Le Sr. Bruns, qui voyage aux frais de quelques Sçavans anglois, pour examiner les différens manufcrits hébreux de la bible, vient de faire une découverte bien précieuse & très-intéreffante pour les Gens de lettres. Il écrit de Rome, qu'il a trouvé, dans la bibliotheque du Vatican, un vieux manufcrit de la bible latine, qui renfermoit, à la fin, le ge. livre de l'hiftoire de Tite-Live, dont il a pris copie. On sçait que Louis XIV, Roi de France, n'épargna rien pour tâcher de découvrir les livres perdus de ce grand Hiftorien. Ce Prince fit voyager, à grands frais, des Sçavans qui fouillerent tous les cabinets d'Italie, du Levant & de la Grece, pour voir s'il n'étoit pas poffible de fe les procurer, & toutes ces dépenfes & ces recherches furent fans fuccès. Le-hazard vient d'en découvrir un; il faut efpérer qu'un autre hazard fera retrouver les autres.

Extrait d'une lettre de Stockolm, du 16 Décembre.

Lorfque le Roi paffa en revue près de Wanersbourg, le régiment de Weftro-Gothie & de Dahlie, & lui fit faire l'exercice il arriva un accident dont on n'eft pas encore bien informé, & de la nature de ceux qui fouvent ne s'éclairciffent jamais, La cour a fait feulement publier que. ce qui fe débitoi! au fujet d'une méprise d'un détachement du régiment de Weftro. Gothie & de Dahlie, accident fur lequel il s'étoit répandu différens bruits, comme fi la précicufe perfonne du Roi y avoit été en danger, étoic deftitué de tout fondement; que la vérité étoit fimplement, qu'une › garde revenant des frontieres, avoit d'abord donné à connoitre que fes armes étoient chargées à balle; fur quoi on lui avoit donné ordre de les décharger, ce qui avoit été exécuté en partie; mais que, comme quelques fufils avoient raté, les foldats qui les portoient, avoient été obligés de fortir de leurs rangs, pour les décharger en plein air, ce qui s'étoit fait fans que personne en eût été blessé, ou même Jans poffibilité qu'il arrivât quelque malheur. Mais des lettres particulieres repréfentent cet accident comme nullement fortuit. Si l'on peut s'en rapporter à cet avis, le Roi, foit qu'il eût été averti de quelque deffein, foit par hazard, ordonna, avant que le régiment commençat à faire fes décharges, que l'on vifitat les armes, qu'à l'examen qui en fut fait, l'on trouva plufieurs fufils chargés à balle, qu'ap paremment les foldats avoient oublié de décharger que S. M. ne fe contentant pas de cette premiere recherche ordonna une feconde plus exacte, & qu'en effet l'on trouva encore plufieurs fufils charges. Il y a beaucoup de contradictions & d'invraisemblances dans ces rapports.

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en

BERLIN le 26 Décembre.) Le Landgrave de Heffe-Caffel, qui s'étoit rendu, il y a quelques jours, à Potzdam, arriva ici, le 22 de ce mois, à 9 heures du matin. Deux heures après, le Roi, accompagné du Prince & de la Princeffe de Pruffe, arriva au Palais de cette capitale; S. M. y trouva un cercle nombreux d'OfficiersGénéraux, de Miniftres étrangers & de la principale nobleffe.

Le 24, le Landgrave époufa la Princeffe Philippi

ne de Brandebourg-Schwedt. Cette cérémonie, qui eut tout l'éclat poffible, fe fit en préfence de LL. MM., ainfi que de la famille royale, & fut fuivie d'un grand fouper & d'un bal paré.

Le régiment de Kofchbahr & celui de Renzel, qui étoient en garnison ici, font partis pour la Weftphalie; les autres régimens de notre nombreufe garnifon font avertis de fe tenir prêts à marcher au premier ordre. Le régiment de Tha-' den eft entré à Konigsberg, pour en renforcer la garnifon. Le Confeiller-Privé Sletter, qui eft chargé de la direction des fubfiftances de l'armée," s'occupe, fans relâche, de toutes les parties que cé détail embraffe; on fait d'ailleurs, dans toutes. les provinces, de grands préparatifs de guerre, fans qu'on puiffe pénétrer les vues du gouvernement. Les équipages de campagne occupent un grand nombre d'ouvriers, & l'on conftruit beaucoup de caiffons à poudre.

If fe trouve ici plufieurs Seigneurs Polonois; l'Evêque d'Emerland eft de ce nombre.

MANHEIM (le 20 Décembre.) Dans l'efpace de cinq jours, le feu a pris, tant dans cette ville que dans celles de Grunftadt, Worms & Franckenthal. Les dommages que ces différens incendies y ont caufés, font fi confidérables, que plufieurs particuliers en font ruinés.

RATISBONNE (le 22 Décembre. ) Il paroît que l'affemblée de la vifitation à Wetzlar n'eft pas contente des projets de la diete, qui fe propofe de faire de nouveaux réglemens pour la conduite qu'elle doit tenir. Les Subdélégués prétendent que les loix qui exiftent déjà, fuffifent pour leur fervir de regle, & que l'on n'a pas le droit de les augmenter pour les rendre comptables à la diete de toutes leurs actions.

Ces principes ont donné de l'ombrage ici ; plufieurs Miniftres ont avancé qu'il convenoit de prendre des mefurés pour empêcher les Subdélégués de parvenir à l'indépendance à laquelle ils afpirent. Le pouvoir légiflatif & celui d'interprê ter les loix réfident dans l'affemblée générale des états de l'empire; on ne doit peut-être pas, en effet, laiffer prendre aux Subdélégués plus d'autorité que ne le permettent les conftitutions que l'empire même leur a données. On publia en 1767 un écrit intitulé: Réflexions fur l'affaire de la vifitation de la chambre impériale, à l'occafion de ce qui s'eft paffé à cet égard à la diere de l'empire, tirées des loix de l'empire & de la conflitution germanique. C'est d'après ces principes que l'auteur avance dans cet écrit, que les Subdélégués tentent aujourd'hui d'établir leur fyftême d'indépendance. La diete ne manque pas de raifons à leur objecter; elle leur reproche auffi trop de lenteur dans leurs opérations; elle les accufe de faire durer leurs commiffions, pour jouir plus long-tems des gros appointemens qui y font attachés. Ces inculpations font graves, & l'on croit que l'affemblée de la vifitation fera forcée de fe conformer aux nouveaux réglémens projettés.

Dans une conférence tenue dernierement chez le Miniftre directorial de Mayence, il a été quef-: tion de la parité en fait de cérémonial, à laquelle le college des Princes afpire avec le college électoral. On a arrêté de folliciter de l'Empereur une réponse au mémoire qui lui a été présenté à ce fujet.

On a dit précédemment que le Miniftré directorial d'Autriche avoit remis au college des Princes le manifeste de l'Empereur, relativement à la prife de poffeffion de certaines provinces de Pologne, On s'attendoit que le Ministre Electoral de Brandebourg fuivroit le même exemple, en

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