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me d'adminiftration que la Ruffie fe propofe d'introduire dans les diftricts de Pologne, dont elle s'eft emparée. Alors, tous les tribunaux & les différens ordres de citoyens feront obligés de s'y foumettre. En attendant que cette nouvelle loi foit promul guée, nous jouiffons encore de nos anciens privileges. Nos nouveaux maitres ne forcent perfonne de prêter l'hommage; il fuffit même qu'un feul individu d'une famille prête le ferment de fidélité, pour qu'il refte maitre de la totalité des biens de fa maifon. Ils n'empêchent point les mécontens de fortir du pays, & de renoncer à tout ce qu'ils y poffedent; mais il ne s'en trouve guere qui profitent de cette liberté, par la raison qu'il eft plus aifé de prononcer un nouveau ferment,que de faire le facrifice de fa fortune. Comme il est d'ufage de payer une forte taxe fur la vente des boiffons dans tout l'empire de Ruffie, nous comptions y être également affujettis; mais une ordonnance du Comte de Czernichew, Gouverneur de ces provinces, vient de nous conferver la liberté dont nous avons toujours joui à cet égard.

On vient d'apprendre que les Ruffes ont prononcé la confifcation des biens du Prince Radziwill, fitués dans l'étendue de leurs nouvelles acquifitions, ainfi que ceux des autres chefs de confédération, par la raifon qu'ils ont laiffé paffer le terme prefcrit pour se foumettre à S. M. I. On ajoute qu'on a fignifié aux Sénateurs de ce GrandDuché, dont le titre eft attaché aux provinces reftées à la république, mais qui ont des poffeffions dans le pays échu à la Ruffie, de comparoitre à Warfovie, fur l'invitation qui leur en feroit faite par le Roi, fous peine d'être traités comme rebelles.

Quoique le Général d'Elmt ait emmené de Lithuanje en Finlande deux régimens de Cuiraffiers, trois d'infanterie, un de Huffars & un de Cofa

qués, on fait monter les troupes ruffes qui fe trouvent encore en Pologne & en Lithuanie, à 32 mille hommes. Le Général Comte de Tottleben, qui commande dans ce Grand-Duché, y a fous fes ordres dix régimens; fçavoir, deux de Cuiraffiers, deux de Carabiniers, deux d'infanterie, un de Cofaques, & trois compofés de Tartares Baskires & autres.

LEOPOL (le 9 Décembre.) Le Sr. Kicki, Starofte de cette ville, avoit refufé jufqu'ici de prêter ferment à l'impératrice-Reine, & l'on n'avoit ufé contre lui d'aucuns moyens de contrainte: mais, comme on l'a preffé de nouveau de faire cette démarche, il s'eft vu forcé à donner fa démiffion. Ainfi la ftaroftie eft tombé à la chambre des finances de la régence autrichienne. Le Sr. Deyma, Maitre des poftes, a été auffi obligé de fe démettre pour la même raison; & on lui a donné un fucceffeur: cependant notre Magiftrat, qui perfifte de même dans fon refus, refte encore en fonction; & l'on n'apprend point qu'il foit menacé de nouvelles inftances de la part des Autrichiens.

Les fréquentes émigrations, d'oùréfulte l'abandon de la culture des terres, ont engagé le Comte de Pergen à rendre deux ordonnances. La premiere, datée du 26 Novembre, renouvelle celle du 13 Octobre précédent, portant défense, fous les peines les plus grieves, de fortir des états réoccupés par les troupes de fa Souveraine, fans une permiffion expreffe. La feconde, du 18, oblige les payfans de travailler & d'enfemencer leurs terres, & enjoint aux propriétaires de fournir, à cet effet, des grains aux faboureurs qui n'en auroient pas, fous peine de répondre du dommage qui en réfulteroit, fi les terres reftoient en friche, & ne donnoient pas le produit ordinaire: B

Les Autrichiens ont enfin pris poffeffion du faubourg de Cafimir, & les raifons qu'ils alleguent pour faire valoir cette prétention, font que l'on découvre encore les traces d'un ancien lit de la Viftule, qui féparoit, il y a quelques fiecles, ce faubourg d'avec la ville. En conféquence de ce nouveau droit de propriété, ils ont fommé le Magiflrat de Cracovie de leur donner un état exact; des revenus & dépendances de ce faubourg. Les Ruffes, qui tiennent encore garnifon dans la ville, ont de bonnes raifons pour être fpectateurs béné voles de ce changement.

DANTZIG. (le 22 Décembre.) Le Sr. Reichard, Confeiller des finances de S. M. Pruffienne, vient d'arriver en cette ville. Il a présenté fes lettres de créance au Magiftrat, & a une députation pour concerter avec elle un projet de réglement relativement au port & au commerce de Dantzig. On n'a pas encore connoiffance de fes propofitions; mais on préfume que la ceffion du droit de Pfalgelt, appartenant au Roi de Pologne, & la libre entrée des marchandifes fabriquées dans les faubourgs de Stolzenberg & Schottland, en feront partie.

On parle beaucoup du projet de conftruire un port militaire à Puczko, dont la rade est couverte par la prefqu'ifle de Hela, & qui communiquercit par cette rade au port de Dantzig.

L'ordonnance par laquelle le Roi de Pruffe a défendu aux Sénateurs de la Pruffe royale de fe rendre à Warfovie, pour y affifter à l'affemblée générale du fénat, porte qu'étant devenus fujets & vaffaux de S. M.,& ayant perdu la qualité de Sénateurs de Pologne, ils devoient s'abftenir d'affifter au confeil du fénat, fous peine d'encourir la difgrace de S. M., & la confifcation de leurs biens. L'édit que le Roi de Pruffe a rendu touchant

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le commerce du fel dans la Pruffe-Polonoife, avoit
fait regarder cette branche de commerce comme
entierement anéantie; & les vaiffeaux hollandois,
qui avoient coutume de l'apporter ici en quantité,
pour être enfuite vendu, foit en Pruffe, foit dans
la Pomeranie, ne vouloient point s'expofer aux
pertes & aux procédés arbitraires, dont cet édit
paroiffcit les menacer. Mais le Sr. de Lattre, Con-
feiller de finance de S. M. Pruffienne, & Direc-
teur de la nouvelle compagnie de commerce ma-
ritime, vient d'écrire à plufieurs Confuls de cette.
nation dans la Baltique, des lettres, portant que,
quoiqu'en conféquence du privilege, accordé par S.
M. à lui & à fa compagnie, aucun vaisseau étran-
ger, chargé de fel, ne pût vendre fa cargaison à
Memel, à Pillau, à Konigsberg, Weichfelmun
de, Scolpe, Colberg, ou à Swinemunde, il étoit
néanmoins autorifé à prendre les précautions né-
ceffaires pour prévenir le manque du fel; & qu'en
conféquence, les bâtimens qui fe trouvent dans la
Baltique, & ne peuvent vendre leurs charges, ni
dans la Pruffe, à caufe dudit édit, ni dans d'autres,
ports de cette mer, pouvoient venir en sûreté à Me-
mel & à Konigsberg, où ils feroient affures de ven-
dre leur fel, à raifon de 75 florins polonois, ou 25
rixdales, argent de Brandebourg, par laft, fans
aucuns frais; ce qui leur feroit un grand avanta-
ge, puifque ces frais alloient à 27 ou 30 florins
polonois par laft. Le Sr. Lattre ajoute qu'il avoit
déjà donné des ordres pour acheter en France 8
ou 10 mille lafts de cette denrée.

ALLEMAGNE.

HAMBOURG (le 25 Décembre.) toutes les nouvelles qu'on reçoit ici de Berlin & de l'électorat de Brandebourg annoncent des préparatifs qui mettront l'armée Pruffienne en état d'entrer

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en campagne dans les premiers jours de Février. Tous les régimens ont reçu ordre de fe tenir prêts à marcher. On prépare à Magdebourg un train confidérable d'artillerie, & les états-majors fe pourvoient de chevaux de bât, que S. M. Pruffrenne a réfolu de fubftituer aux charriots de bagage. Dans la Pruffe, on raffemble 1500 chevaux d'artillerie, & l'on y fait, ainfi que du côté de la Pofnanie, des mouvemens qui donneroient lieu de préfumer que ces préparatifs, combinés avec ceux qu'on voit faire dans les provinces héréditaires de la maifon d'Autriche, auroient rapport au Senatus-confilium fixé au 8 Février prochain. Les Seigneurs Polonois qui fe trouvent en Siléfie, en Moravie & autres états voifins, ont déjà reçu une lettre du Roi de Pologne, qui les invite à cette affemblée. Tous les Sénateurs, au nombre de 134, y compris ceux qui ont leurs biens ou leur réfidence dans les provinces démembrées de la république ont ordre de s'y rendre. Ce grand confeil fera fuivi d'une diete nationale, que les trois puiffances co-partageantes exigent pour le 8 Mai fuivant.

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On ne fçait où en font les négociations de Buchareft, dont on reçoit rarement des nouvelles. L'indépendance de la Crimée ne doit plus arrêter les Plénipotentiaires, s'il eft vrai, comme on Paffure à Pétersbourg, que les Tartares afent fait un traité avec la Ruffie. Mais on prétend que les Turcs font naître de nouvelles difficultés, à l'occafion du partage de la Pologne, & que le Grand-Seigneur a déclaré qu'il ne pouvoit confentir à ce démembrement, puifqu'il n'avoit pris les armes que pour protéger la république, & conferver fa liberté. Si cette nouvelle fe confirme, les efpérances d'une paix prochaine feront bientôt évanouies. Les préparatifs des trois puiffances font bien de nature à perfuader qu'il

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