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a caufés, & malgré l'animofité, prefque natu relle entre les deux peuples, & qui s'eft encore accrue par les derniers événemens, plufieurs Officiers ruffes ont profité de leur féjour pour y époufer de riches héritieres des principales maifons du pays.

On parle beaucoup d'un manifefte remarquable, d'environ 40 feuilles, qu'on prétend avoir été publié par la confédération générale. Il vient de paroître un mémoire de deux feuilles, qui a pour titre : Remontrances refpe&ueufes d'un Gentilhomme polonois à S. M. l'Impér. Reine.

On a reçu ici un écrit affez remarquable, que l'on foupçonne venir de France: il eft intitulé: Manifefte de M. Cafimir Pulawski. Ce Maréchal des Confédérés s'y juftifie de l'horrible attentat dont fés ennemis l'avoient accufé, appuyant fa juftification & fon innocence fur un grand nombre d'alibi, qui doivent confondre fes calomniateurs.

La nouvelle lettre-circulaire expédiée pour la convocation dn Senatus-Confilium, vient de paroître elle eft conçue en ces termes.

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Stanislas Augufte &c. L'amour du bien public, qui nous a toujours animés, & qu'aucunes vues particulieres n'ont jamais pu altérer en nous, joint aux foins infatigables que nous nous fommes donnés pour la profpérité de cette république,nous avoient fait efpérer que nous pourrions regner tranquillement fur une nation qui nous étoit chere, & dont la couronne nous avoit été confiée par une élection libre & conforme aux loix. Nous fçavions d'ailleurs, qu'un pays ne fçauroit être heureux, qu'autant que fon gouvernement fçait joindre l'adivité à la vigilance, & la fagelle des confeils à l'autorité des loix. Ayant trouvé toutes ces qualités réunies dans l'augufte Sénat de notre république, nous avions réfolu, à l'exemple de nos plus illuftres prédéceffeurs, de l'affembler régulierement toutes les fe

maines: mais le deftin, jaloux de nos profpérités, développa bientôt le germe des diffentions que l'avidité avoit commencé de répandre, & rendit inutiles l'activité de notre confeil & tous nos foins. Il feroit fuperflu de répéter ici par quels dégrés ce malheureux royaume eft parvenu enfin au comble de l'infortune où nous le voyons à préfent: il fuffira de dire, qu'après les déclarations unanimes des trois cours refpectives, & par lesquelles ces cours nous ont fait fçavoir qu'elles ont fait prendre poffeffion des provinces qu'elles prétendent s'attribuer; nous fimes convoquer, le 6 Octobre, tous les Sénateurs qui fe trouverent auprès de notre perfonne; & ce fut par leur avis que nous avons protefté folemnellement contre toutes les démarches de ces trois puissances, contraires aux loix & aux interêts de cette république. Ces mêmes Sénateurs nous ayant requis auffi d'affembler le fénat entier nous avons cru devoir déférer à un avis fi falutaire dans les circonstances préfentes, & avons fixé le jour de l'affemblée du Senatus-Confilium au 8 Fé vrier 1773; notre volonté étant que, ce jour-là, vous vous rendiez, fans faute, auprès de notre perfonne. Votre préfence aura pour objet de délibérer fur les affaires publiques, unanimement avec votre Roi, que la providence divine a placé fur le trône, & qui l'y a maintenu fi vifiblement, en le fauvant, comme par un miracle, des mains de fes affains au moment même que tout fecours humain fembloit infuffifant pour l'en arracher.

Vous verrez alors que nous n'avons rien négli gé pour détourner les malheurs, fous lefquels la nation n'a commencé à gémir, que lorfque la perverfité & la calomnie oferent noircir fon Roi, & qu'on pouffa la fureur jufqu'à publier un interregne, & à ordonner fon affaffinat. Tous les gens vertueux tremblerent, & tous les citoyens verferent des larmes, quand ils virent la nation fe teindre du fang

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efon maitre, & leur patrie fe couvrir de cet op probre éternel. Cependant les maux que nous fouffrons, auroient été adoucis au moins en quelque forte, fi plufieurs de nos Sénateurs ne s'étoient fermé l'accès auprès de notre perfonne par des ligues contraires aux loix de l'état, & tendantes diredement au préjudice de leur Roi. Mais comme nous nous fommes propofé de guérir les maux de la pa-. trie, & non pas de les aggraver, nous déclarons à tous ceux qui ont pris part à ces confédérations qu'aucun d'entr'eux ne pourra obtenir fon parden ni trouver aucune fûreté en Pologne ni ailleurs, s'il ne renonce à ces confédérations par un recès authentique, & s'il ne nous voue fincerement la fidété qui nous eft due; nous efpérons que tous ceux qui fe font écartés, de leur devoir, y rentreront à la voix de leur Souverain & de leur pere. Il ne les regardera plus comme coupables dès qu'ils commenceront à fe repentir de leurs fautes; & il les recevra tous avec bonté, étant perfuadé qu'ils reconnoitront eux mêmes que les haines particulieres ont été la fource de tous nos malheurs, & qu'ils ne fongeront plus qu'à fauver la religion, la liberté, la patrie &leur Roi, à qui tous ces objets font auffi chers que précieux. Voila le but que nous nous fommes propofé en convoquant le fénat, auquel vous affifleKez pour remplir vos devoirs, & mériter nos graces. Je prie Dieu, de vous prendre fous fa Ste. garde &c. Donné à Varfovie le 3 Décembre 1772.

Proteftation de M. Krajewski, Fifcal de la couronne, publiée contre le partage du royaume. de Pologne, & inférée aux archives de la république.

Une funefte experience nous apprend que malgré tous les traités & es convent ons qu exifient entre Je république & ses voifins, fous la garantie & l'im¬·

muable validité defquels elle croyoit fes frontieres réglées, le pouvoir du fouverain fixé, la poffeffion de toutes fes provinces & de leurs dépendances tant du Royaume de Pologne, que du grand-duché de Lithuanie, affurée; que, malgré tous ces traités dis-je, ce royaume vient d'être divifé par des puiffances voifines, lefquelles en y envoyant des troupes, ne fe font pas contentées feulement de s'emparer de plufieurs provinces & waywodies, de leurs dépendances & de leurs revenus, mais ont obligé même Jes fujets, tant par la force des armes que par la confifcation de leurs biens, à reconnoitre la fouveraineté injuftement ufurpée de ces puiffances, & à leur préter le ferment de fidélité. Ces actes ne pouvant être regardés que comme des ades d'une violence inouïe, & contraires aux droits de la républi que, des provinces, villes &c., en poffeffion def quelles ces puiffances viennent de fe mettre (droits que ces puiffances ont cependant garanti ellesmêmes par les traités les plus folemnels); le fouffgné donne cette proteftation, au nom de la république, contre toutes les violences exercées jufqu'à ce Jour; proteftant contre icelles de la maniere la plus folemnelle, & en vertu du résultat du Senatûs-Confilium tenu le 25 Octobre 1772, déclarant nul tout ce qu'on a fait contre la république, &c.

il vient de paroitre ici un mémoire, qui fait beaucoup de bruit on voit qu'il a été écrit par quelque Polonois, trop profondement pénétré des malheurs de fa patrie. Le voici.

Les déclarations fimultanées & féparées, que les cours de Vienne, de Pétersbourg & de Berlin ont répandues à Warfovie, pour colorer le démembrement de la Pologne, ne peuvent fervir, qu'à démontrer l'injustice que ces cours commettent contre cette république, & les dangers dont elles menacent le refte de l'Europe. Pour s'en convaincre, il fuffit d'examiner les motifs que ces trois Puiffances expofent; les principes d'où Janvier. 1773. ie. quinz. B

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elles partent,

démarches.

& les conféquences qui réfultent de leurs

Il feroit difficile de pénétrer les motifs qui ont déterminé l'invafion fubite de plufieurs provinces de Pologue, fi les Puiffances voifines, qui s'en font emparées, ne prenoient foin elles-mêmes d'en inftruire le public.

On n'auroit jamais pu fe perfuader que les raifons qui ont porté une Puiffance infidelle (la Porte Ottomane) à fecourir la Pologne, ferviroient de prétexte à des Puiffances chrétiennes pour la déchirer.

Les cours de Vienne & de Berlin commencent par faire l'éloge des mouvemens que la Ruffie s'eft donnés pour empêcher les troubles que les interregnes & les élections des Rois produifent en Pologne.

Elles n'ont pas fait attention que c'étoit louer l'injuftice la plus manifefte, & que l'injuftice eft la base la plus ruineufe de la conduite des Souverains.

Toute l'Europe fçait que l'Impératrice de Ruffie, guidée par des confeils pernicieux, s'eft rendue la maitref fe abfolue en Pologne; qu'elle y a fait le Roi; qu'elle y a dicté, à main armée, les loix qu'elle a voulu; qu'elle en a changé le gouvernement intérieur : toute l'Europe éclairée fçait également qu'une pareille entreprise viole le droit de la nature & des gens, renverse l'indépendance des états, fape le fondement des corps politiques.

Que diroient l'Impératrice-Reine & le Roi de Pruffe, fi quelque puiffance étrangere s'immifçoit dans l'adminiftration de leurs provinces ? Pourquoi feroit-il permis de faire en Pologne ce qui eft défendu chez eux ? Les Souverains font par-tout les mêmes, & jouiffent d'une indépendance égale. On ne perfuadera jamais que ce qui feroit un crime à Vienne & à Berlin, foit une vertu à Warfovie. Eft-il furprenant que les attentats de la Ruffie contre la Pologne n'aient eu qu'un fuccès momentané? Devoit-on s'attendre qu'une nation libre, fiere & belliqueufe, porteroit longtems les fers dont on la chargeoit ? Peut-on aujourd'hui traiter de factieux, les citoyens qui ont prodigué leur fortune & leur vie, pour délivrer leur patrie d'un joug humiliant & tyrannique? Peut-on, furtout, fe faire un titre pour les fubjuguer, des efforts légitimes qu'ils ont faits pour reCouvrer leur liberté ?

Les cours unies pourront les accabler; mais elles ne réuiront pas à faire croire qu'ils aient excité une guerre

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