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tannique, & qu'il en eût eu une réponse. L'Envoyé a déjà fait des préparatifs pour fon voyage, & il paroit qu'on le fera partir pour l'Angleterre, fans avoir égard à la demande du Conful.

ALGER (le 3 Novembre. ) Il est arrivé deux frégates falétines, dont une de 20 pieces de canon, & l'autre de 16. On avoit d'abord préfumé qu'elles venoient traiter d'un échange des Turcs & des Maures qui font en Efpagne, avec les Espagnols qui fe trouvent à Alger; mais, felon. les apparences, elles n'avoient d'autre objet que de fe montrer, & d'étaler une magnificence extraordinaire, Leur Commandant, âgé d'environ 90 ans, avoit à fa fuite une nombreuse & bruyante mufique. Il voulut un jour venir à terre, avec tout ce cortege le Dey lui fit dire qu'il feroit le maitre d'y defcendre, lui & fes gens, toutes les fois qu'il lui plairoit; mais qu'il ne devoit pas fe faire accompagner par fa mufique, cette pompe n'étant faite que pour des Pachas. Ces deux frégates appareillerent, le 17 de ce mois, fans avoir indiqué quelle pouvoit être leur deftination.

Le Dey du Ponent, qui fait fa réfidence à Mafcara, arriva en cette ville, le 19, avec le tribut de fa province, & un cortege des plus magnifiques. Il fut très-bien accueilli, confirmé dans fa place, & fêté par tous les Grands de la régence. Il a amené 114 efclaves de différentes nations, tous déferteurs d'Oran, parmi lesquels fe trouvent un jeune homme d'environ 20 ans, fils du Capitaine des Grenadiers de la place, un ExJéfuite efpagnol & II François. Il repartit, le 26, pour fa province.

Le Calife, ou Lieutenant du Bey du Levant, qui a pareillement apporté le tribut de cette province, s'eft trouvé tellement éclipfé par le Dey

du Ponent, qu'à-peine s'eft-on apperçu qu'il für arrivé le 17, & qu'il fût reparti le 24.

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La frégate angloife le Winchelfey, commandée par le Capitaine Wilkinton, qui étoit partie de cette rade le 26 Septembre, y revint, le 27 de ce mois. (Voyez la ae. quinz. de Nov., p. 1 & 22.) Les Anglois ayant auffitôt répandu le bruit qu'elle venoit de Marseille où elle n'étoit allée que pour faire mettre à la pofte des dépêches pour la cour de Londres fur fes différends avec cette régence, les Algériens affecterent de n'en rien croire, & n'en témoignerent aucune inquiétude. Après tes faluts d'ufage, le Dey fit dire au Commandant qu'il lui feroit libre de fe rendre à fon audience quand & auffi fouvent que bon lui fembleroit, pourvu qu'il n'y amenât pas le Conful, qu'il ne vouloit plus revoir, par les raifons qu'il en avoit données à S. M. Britannique. Le Commandant lui fit répondre que le Conful étant l'homme du Roi il ne pouvoit fe difpenfer de l'y conduire, & qu'il aimeroit mieux ne point prendre d'audience que d'y paroitre fans lui. Le Dey fut inflexible dans ff pretention: le Commandant perfifta dans la fienne, & partit fans avoir eu audience. Dès l'arrivée de cette frégate, tous les efclaves chrétiens furent mis à la chaîne, pour éluder la franchife du pavillon anglois..

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Les fentimens de la régence pour la nation françoife & fon Conful, font bien différens de ceux qu'elle a fait paroitre pour celui d'Angleterre. Le Dey achete du Conful de France toutes les marchandifes d'Europe dont il a befoin & lui a accordé le privilege d'affranchir annuellement fix efclaves. Les marchands de cette nation, établis ici, ont obtenu la permiffion de bâtir, dans le faubourg oriental de cette ville, une églife, un hôpital & un couvent, outre plufieurs

prérogatives pour le commerce. Les François, de feur côté, n'oublient rien pour mériter la continuation de ces faveurs. Ils fourniffent au Dey tout ce qui eft néceffaire pour mettre fes fortifications & fa marine dans un état refpectable, à meilleur marché que les Hollandois, les Suédois, les Anglois & les autres nations.

RUSSIE.

PETERSBOURG ( le 8 Décembre. ) Le 5 de ce mois (vieux file), jour de Ste. Catherine, dont l'Impératrice porte le nom, S. M. reçut, à cette occafion, les complimens des Miniftres d'état, des Miniftres étrangers, de l'Archevêque de Pétersbourg, du clergé & de la principale nobleffe. Il y eut à diner une table de 32 couverts, où les fantés de S. M. I. & du Grand-Duc furent portées au bruit du canon. Ce jour-là, l'Impératrice nomma fon Aide-de-camp Général le Feldt-Maréchal Prince de Gallitzin.

Le 6, on chant dans toutes les églifes un TeDeum en action de graces de la ceflation entiere de la contagion dans cet empire; toutes les quarantaines qui avoient été établies entre Moscow & cette réfidence, ont été levées. On n'a laiffé fubfifter que celle qui fe trouve entre la premiere de ces villes & Kiow, à caufe du paffage fréquent, par cette route, des provinces conquifes fur la Porte jufques dans l'intérieur de la Ruffie.

Suivant les liftes que le Sénat a reçues des différens gouvernemens, il paroit que le nombre des perfonnes qui font mortes de la pefte dans toute l'étendue de cet Empire, ne monte qu'à 63, 000; ce qui eft peu confidérable, vu la rapidité avec laquelle ce fléau s'étoit répandu dans divers endroits

On a inféré dans la gazette de cette ville, les

difcours que le Sr. Durand, Envoyé de la cour de France, a prononcés, lorfqu'il fut admis à l'audience de l'Impératrice & à celle du Grands Duc. Le traducteur de cet article y fait parler ce Miniftre en style oriental, & conformement à la haute idée qu'il a conçue de la puiffance de cette Souveraine. Nous les rapportons tels qu'ils paroiffent.

Difcours adreffé par le Sr. Durand, Envoyé de France, à l'Impératrice de Russie.

La lettre de créance que j'ai l'honneur de remettre à V. M. I., fera connoitre le defir extrême qu'a le Roi mon maitre, de cultiver l'amitié de V. M. Eh! qui ne defireroit de poffeder l'amitié d'une Puiffance qui regle le fort de tant d'états? Une Souveraine dont le génie & le courage font trembler 'Europe & l'Afie; une puissance qui apprend aux Rois ce que la volonté & la force d'efprit peuvent dans l'exécution des entreprises, lorsqu'elles fe trouvent réunies dans le rang le plus élevé.

Qu'il me foit permis de me recommander dans la haute bienveillance de V. M. I.; & puiffe-t'elle être fenfible à mon admiration & à mon profond respect.

A S. A. I. le Grand-Duc de Ruffie.

la naifance

Je vois dans ce moment tout ce que & la grandeur peuvent offrir de plus glorieux, réuni dans une feule perfonne. Je confidere en même tems, ce que la nature & l'éducation ont pu produire de plus heureux. Une fi grande fplendeur ataire à foi les yeux de toute l'Europe, qui fait de V. A. I. l'objet de fon attention. Le foin du Roi mon maitre ne sçauroit être plus grand, & fon defir feroit accompli, s'il pouvoit donner à V. 4. I. des preu ves de fa fincere amitié

Le Sénat vient de juger définitivement les fa→ bricateurs de faux billets de banque, & leur fentence a déjà été exécutée. Les deux Bufkins ont été dégradés de Nobleffe & envoyés aux mines de Sibérie, ainfi qu'un étranger, qu'on dit être Italien, & un autre eft banni à perpétuité de la Ruffie. Sakin, Chef du college du commerce à Mofcow, a été condamné à fervir à Orenbourg, en qualité de foldat, pour toute fa vie.

Le Major Ifleniew a remis à l'académie impériale des fciences la détermination fuivante de la latitude & de la longitude des principaux endroits de la Beffarabie, de la Moldavie, & de la Walachie, en prenant pour bale la longitude de Paris, fixée à 20 dégrés; fçavoir, Bender, 46 dégrés, 50 minutes, 20 fecondes de latitude, 47 d. 22 m. 15 f. de longitude; Charkow, lat. 49 d. 59 m. 50 f. Ackerman ou Bialogrod, lat. 46 d. 12 m, long. 47 d. 46 m. Kilia-Nova, lat. 45 d. 26 m. 25 f. Ismail, lat. 45 d. 21 m. long. 46 d. 27 m. 45 f. Bucharest, lat. 45 d. 27 m. long. 43.d. 31 m. 30 f. Brahilow, lat. 45 d. 15 m. 6 f. Fockzany, lat. 45 d. 38 m. 50 f. long. 44 d. 48 m. Jaffy, lát. 47 d. 8 ́m. 25 f. long. 45 d. 15 m.

SU E D E.

STOCKHOLM (le 16 Décembre.) Le Roi & le Duc de Gothie continuent leur voyage, fans que la fatigue & la rigueur de la faifon. caufent la moin dre altération à leur fanté. Les mauvais. chemins forcent fouvent S. M. à quitter fa voiture pour voyager à cheval, & elle a quelquefois fait, de cette maniere, 50 milles de fuite. Tantôt elle loge dans la maifon d'un Gentilhomme, tantôt dans une métairie, ou dans la cabane d'un payfan, partout ce Monarque vit avec la plus grande fru galité, dédaignant les commodités qu'il auroit pu

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