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par un accroissement progressif de conformités, et finir par se confondre comme en une source commune dans l'idiome particulier de cette nombreuse et puissante légion qui choisit, pour son établissement, l'Insubrie d'Italie. Le motif de cette préférence fut, selon TiteLive, que le nom de cette contrée était celui-là même du territoire qu'elle habitait précédemment en deçà des Alpes, et où elle avait certainement laissé des femmes, des enfans et des vieillards. Quoique Tite-Live n'ait pas nommé explicitement cette légion, et qu'il l'ait laissée sous le nom générique d'Eduens, parce que son territoire était dans le canton des Eduens, il a cependant fait connaitre qu'avant de franchir les monts, elle avait le surnom d'Insubrique : Quàm, in quo conscenderant, agrum Insubrium appellari audissent, cognomine Insubribus, pago Æduorum, ibi, omen sequentes loci, condidere urbem, Mediolanum appellarunt (1). Polybe dit formellement que la peuplade gauloise qui occupa l'Insubrie d'Italie, était celle des Insubres: Insubres tenuere, nation particulière et la plus grande parmi celles de la Gaule celtique: gens Celtarum maxima (2). Strabon la vit conserver la même prépondérance en Italie n'y ayant pour rivale que la peuplade des Boïens : Quorum maxima gentes Boii et Insubri (3).

(1) Decad. I, l. v, n.o 34.

(2) L. II.

(3) L. V. Voy. en outre, pour cet auteur et le précédent, pag. 147 et suiv. de Jo. Danielis Schoepflini, consil. Reg. et Franciæ historiograph. Vindiciæ celticæ. (Argentorati, 1754, in-4.o)

MÉLANGES.

Parmi les péchés de ma jeunesse, je dois compter la publication de la petite pièce suivante qui fut insérée dans un recueil périodique, en 1803, sous le nom supposé d'Isidore Forlis, de Lyon. Je faisais parler un buve¤r.

LA CERTITUDE.

Si mes yeux pourront voir l'aurore
Du jour qui doit luire demain,
C'est là, ma foi, ce que j'ignore;
Mais si demain je vis encore,

Je boirai, c'est un fait certain.

Il est bien possible que la pensée ne fût pas nouvelle; mais, si elle était d'emprunt, j'ignore qui me l'avait fournie: ce qu'il y a de sûr, c'est qu'elle a paru assez heureuse à un jeune et aimable humaniste (M. Edouard Servan ), pour qu'en 1817, il se soit amusé à mettre mon français en latin. Il a, en effet, donné ce distique dans l'Hermes romanus, tom. II, pag. 561:

LE CERTAIN ET L'INCERTAIN.

An maneat me crastina lux, ego nescio plane;
Hoc scio si vivam, cras ego vina bibam.

L'anecdote que nous avons insérée dans le tome VI des Archives du Rhône, page 461-463, a été reproduite dans un journal (1), par un de nos jeunes avocats, M. D.

(1) Le Journal du commerce du 27 mai 1827.

Voici la tournure spirituelle et piquante qu'il a donnée à son récit :

« HISTOIRE DE L'AN 1495.

» Or, il arriva en cette année-là, disent les Archives, de singuliers malheurs à Lyon.

>> Voilà qu'une inexplicable frénésie saisit tout-à-coup les jeunes filles, les unes se précipitaient dans les puits, les autres s'étranglaient ou se poignardaient, et la ville était menacée de la dépopulation.

» Et les jeunes gens criaient: Où trouverons-nous des épouses? et un effrayant silence répondait seul à leurs plaintes.

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Cependant chacun cherchait remède à cette fureur épidémique. Les auteurs véridiques qui rapportent ce fait (Bayle et Jean Brodeau), ne disent point quel fut celui qu'on employa.

» Aucuns pensent qu'on fit comme on avait fait à Milet en pareille occurrence: or, à Milet, le magistrat ordonna que les filles qui se tueraient, seraient exposées nues aux regards du peuple. Alors les places publiques offrirent un spectacle pitoyable quand la faux meurtrière a passé sur le gazon émaillé, les fleurs fanées et mourantes jonchent la terre. Ainsi les vierges milésiennes, moissonnées par leur propre fureur, couvraient le pavé de leurs corps flétris et sanglans, et exposaient sans voile (ô douleur!) à l'odieuse avidité du regard, des appas qui n'avaient encore souffert ni l'œil, ni la bouche d'un amant, et que la mort venait de glacer; et ce spectacle épouvanta celles qui restaient, et la pudeur fit ce que nul autre moyen n'avait pu faire.

>> Ainsi, pour revenir à l'événement tout pareil arrivé

à Lyon, un homme appelé Jacques Ferrand, Agénois, a publié un ouvrage intitulé: De la maladie d'amour ou melancholie erotique, discours curieux qui enseigne à cognoistre l'essence, les causes, les signes et les remedes de ce mal fantastique.

» Or, dans ce discours, l'auteur avance que la maladie des Milésiennes n'était autre chose que celle qui sert de sujet à son livre; et il ajoute, pag. 78: « J'ose >> encores faire le mesme jugement des femmes de Lyon, » qui se précipitoient dans les puits, croyans trouver re» mede à leur feu; comme durant la grande peste d'A

thenes, les malades, pour trouver soulagement à leur » fievre ardente, se precipitoient avec desespoir dans >> les fleuves ou cloaques, au rapport de Thucydide et » de Lucrece. »

>> Et voilà la conclusion à tirer de ces faits:

» Les lumières se sont avancées avec le siècle, et elles ont couvert le monde, et l'ignorance a disparu; et les jeunes filles ont appris comment on guérissait du mal d'amour.

>> Et depuis ce temps-là, le mal d'amour n'a plus tué personne, ni à Milet, ni à Lyon, ni ailleurs. Et nos jeunes Lyonnaises ne se sont plus étranglées, ne se sont plus poignardées; et ce n'est plus dans les puits qu'elles sont allées éteindre le feu d'amour.

>> Honneur aux progrès des lumières ! il a appris à nos jeunes Lyonnaises comment on guérit du mal d'amour. >>

ADDITION A LA NOTICE SUR JULIENNE MORELLE OU MORELLA, tom. V, pag. 353, et tom. VII, pag. 186 et suiv.

Le P. Ménestrier, dans des notes manuscrites contenant des extraits historiques et chronologiques sur Lyon, cite un passage tiré du § 1x de l'ouvrage du docteur Gutierre, marquis de Careaga, intitulé, la Poesia defendida y definida, y Montalvan alabado, où il est question de Julienne Morelle. Il paraîtrait, d'après ce passage, que ce ne fut point à Lyon, comme le dit le docteur Calvet, mais en Espagne et en présence de la reine Marguerite d'Autriche, qu'elle soutint, à l'âge de douze ans, des thèses publiques de philosophie, à moins qu'elle n'ait renouvelé ce spectacle en faveur des Lyonnais. Le docteur Gutierre ajoute que, peu de temps après ces éxercices, elle vint à Lyon où elle fréquentait les écoles en habit de capucine, et qu'elle y cultivait les sciences, les arts et particulièrement la musique. Un autre auteur qui a écrit en latin et que le P. Ménestrier ne nomme pas, donne à-peu-près les mêmes détails et nous apprend de plus que Julienne dédia à la reine d'Espagne et fit imprimer les thèses dont nous venons de parler.

ADDITION À LAa notice sur L'ABBÉ DE FARAMANT, insérée dans ce volume, page 34 et suiv.

L'abbé de Faramant, à une époque où la bulle Unigenitus et les divisions théologiques et même politiques auxquelles elle donnait lieu, agitaient tous les esprits, sut conserver une grande modération. Cette vertu faisait le fonds de son caractère. Il en donna une

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