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NOMINATION D'UN DÉLÉGUÉ DU MINISTÈRE DES TRAVAUX PUBLICS A LA COMMISSION CENTRALE.

LÉOPOLD, ROI DES BELGES,

A TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT.

Sur la proposition de Notre Ministre de l'intérieur,

NOUS AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS :

M. C.-F.-J. BAREEL, secrétaire général du Ministère des travaux publics, est nommé membre de la Commission centrale de statistique pour le terme de six ans, à partir du 1er janvier dernier. Notre Ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté.

Donné à Bruxelles, le 18 août 1849.

Par le Roi :

Le Ministre de l'intérieur,

CH. ROGIER.

LÉOPOLD.

REMPLACEMENT D'UN MEMBRE DANS LA COMMISSION PROVINCIALE DE STATISTIQUE
DE LA FLANDRE OCCIDENTALe.

LÉOPOLD, ROI DES BELGES,

À TOUS PRÉSENTS ET A VENIR, SALUT.

Sur la proposition de Notre Ministre de l'intérieur,

NOUS AVONS ARRÊTÉ ET ARRÊTONS :

M. VANDEN BULCKE, commissaire des arrondissements de Bruges et d'Ostende, est nommé membre

de la commission provinciale de statistique de la Flandre occidentale en remplacement de M. VANDAMME, qui a changé de résidence.

Notre Ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent arrêté.

Donné à Bruxelles, le 14 mars 1850.

Par le Roi:

Le Ministre de l'intérieur,

CH. ROGIER.

LÉOPOLD.

BIBLIOGRAPHIE.

BIBLIOGRAPHIE HISTORIQUE DE LA STATISTIQUE EN FRANCE;

Par M. Xavier HEUSCHLING, MEMBRE-SECRÉTaire de la commiSSION CENTRALE 1.

Les commencements de la statistique en France furent modestes, et ne remontent guère au delà de la fin du XVIe siècle. Les Recherches de la France, d'Étienne Pasquier, parurent en 1596 en un volume in-folio; nouvelles éditions en 1611, 1617 et 1665. Après Etienne Pasquier sont venus Pierre d'Avity, gentilhomme de la chambre de Louis XIII, et Scévole de Sainte-Marthe, qui publièrent, l'un Les estats, empires et principautez du monde; l'autre, l'État de la cour des rois de l'Europe. Comme écrivains contemporains, nous trouvons San-Sovino en Italie, les deux Blaeus et de Laet avec les Elseviers dans les Pays-Bas la France est également comprise dans les ouvrages qu'ils publièrent sur les ressources et les forces des principaux États de l'Europe, et auxquels ils donnèrent différentes dénominations, le mot de statistique n'ayant été mis en usage que beaucoup plus tard, vers le milieu du XVIIIe siècle.

Ces premiers jalons une fois posés, la statistique continua à se former, à progresser, quoique lentement, sous les auspices les plus favorables. La liste des hommes qui ont su l'apprécier à sa juste valeur, comprend des célébrités dans la science, dans l'administration, dans la politique, et jusque sur le trône: témoin Louis XIV et Napoléon; Sully, Colbert, Vauban, Necker.

En nous attachant autant que possible à suivre l'ordre chronologique, nous adoptons deux grandes divisions: l'une pour les travaux et les institutions de gouvernement; l'autre, pour ceux qui sont dus aux efforts privés; une troisième division sera consacrée aux annuaires statistiques, aux statistiques départementales et aux sociétés de statistique.

1 Ce travail fait suite à celui que le même auteur a publié sous le titre de Bibliographie historique de la statistique en Allemagne, avec une introduction générale ; Bruxelles, 1845, grand in-8°.

TOME IV.

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§ Ier.TRAVAUX OFFICIELS.

1

Sully, le célèbre Ministre des finances sous Henri IV, fut le créateur de la statistique officielle en France; son Cabinet complet de politique et de finance était un véritable bureau de statistique générale, puisqu'il embrassait tout ce qui pouvait avoir « un rapport pro» chain ou éloigné à la finance, à la guerre, à l'artillerie, à la marine, au commerce, à » la police, aux monnaies, aux mines, enfin à toutes les parties du gouvernement in> térieur et extérieur, ecclésiastique et civil, politique et domestique 1. » Les fruits de toutes ces recherches sont consignés dans les mémoires de Sully, qui portent le titre d'OEconomies royales d'État, domestiques, politiques et militaires de Henri le Grand, et ont été publiés, les deux premiers volumes en 1654 au château de Sully-sur-Loire, le troisième et le quatrième en 1662 à Paris. Les mémoires de Sully ont été souvent réimprimés et rendus en français moderne.

Le cardinal de Richelieu, comme Sully avant, comme Colbert après, avait ordonné des recensements, des revues, des inspections de certaines parties de l'administration, ou de quelques localités; ils restaient dans les archives du gouvernement.

Colbert fut, comme on le sait, la personnification vivante du système mercantile en France; de lui datent les tableaux détaillés du commerce d'après les états de douane: il jugeait ainsi de la marche du commerce extérieur, de même qu'aujourd'hui encore ces documents statistiques, malgré les causes d'imperfection qui leur sont inhérentes (la contrebande entre autres), sont l'unique thermomètre de l'industrie et du commerce, dont ils font connaître la prospérité ou la décadence. La taille ou l'impôt foncier qui, avant l'entrée de Colbert au ministère, s'élevait à 55 millions, n'était plus, quelques années avant sa mort, que de 55 millions, et il projetait de l'abaisser par la suite à 25 millions seulement.

En même temps que Colbert créait la statistique du commerce, Louvois, Ministre de la guerre de Louis XIV, fondait le dépôt de la guerre, qui devait produire un jour cette fameuse carte topographique de la France, à laquelle se rattachent les noms de Cassini, de Delambre, du général Pelet.

Une entreprise capitale, comme il n'en avait encore été tenté nulle part, fut la rédaction des mémoires que, par ordre de Louis XIV, les intendants eurent à dresser à la fin du XVIIe siècle, chacun pour sa province, et comprenant l'armée, la justice, les cultes, les finances, avec des détails circonstanciés sur chaque division. La collection de ces mémoires, où l'on trouve les premières tables de population qui aient été faites pour la France, a formé 42 volumes in-folio, qui n'auraient jamais pu être publiés à cause de l'imperfection de la plupart d'entre eux. Seulement le comte de Boulainvilliers en fit un abrégé qu'il publia sous le titre de État de la France, extrait des mémoires dressez par les intendans du royaume par ordre du roi Louis XIV, à la sollicitation de Monseigneur le duc de Bourgogne, père de Louis XV, avec des mémoires historiques sur l'ancien gou

1 Mémoires de Sully, édition de 1827, tome V, page 257.

vernement de cette monarchie jusqu'à Hugues Capet, 3 vol. in-fol., 1727. Le mémoire adressé au nom du Roi aux intendants, est placé à la tête de l'ouvrage du comte de Boulainvilliers.

Aujourd'hui que la statistique est devenue l'une des branches de l'administration publique, on remarque que partout où elle fonctionne bien, comme en Angleterre, en France, en Autriche, en Prusse, en Bavière, etc., elle a à sa tête un statisticien expérimenté, une spécialité douée d'un esprit organisateur et capable d'imprimer l'unité de direction à toutes les parties du service 1. C'est, quoi qu'on puisse faire d'ailleurs, cet homme spécial, cette force de centralisation, qui est la première condition d'existence de toute statistique administrative la tentative de Louis XIV a avorté, et il en sera de même toutes les fois qu'une direction intelligente fera défaut au centre, où les éléments recueillis doivent en définitive aboutir, pour y être vérifiés, contrôlés, mis en œuvre et livrés à la publicité.

C'est ce que semble avoir compris M. de Gournay, intendant du commerce, l'émule et l'ami de François Quesnay. Il proposa, en 1766, d'établir près du ministère des finances un bureau de renseignements, dont l'objet devait être d'extraire de la correspondance des intendants, des rapports des inspecteurs des manufactures, des mémoires envoyés par les consuls français à l'étranger, en un mot de tous les mémoires remis au gouvernement, ce qui pouvait être jugé utile au public, au commerce, aux administrateurs. On devait livrer à l'impression ces extraits, qui auraient ainsi formé un Recueil de Statistique et d'économie politique très-intéressant 2. Le plan de M. de Gournay demeura à l'état de projet; il fut repris et mis à exécution sous le ministère de Necker. Nous approchons de la révolution de 89, époque de rénovation pour la Statistique comme pour les autres institutions de l'État.

Necker fut le précurseur de cette période nouvelle, qu'une ligne profonde de démarcation sépare du passé.

Devenu Ministre des finances, il n'eut rien de plus pressé que d'établir le bureau de renseignements que de Gournay avait proposé sans avoir pu l'obtenir. Le célèbre Compte-rendu de son administration depuis cinq ans, qu'il publia en 1784, fit sensation, en ce qu'il rendait publique la situation financière de la France, reléguée, jusque-là dans les secrets d'État. C'étaient des tableaux généraux des recettes et des dépenses de l'État, dont Sully avait conçu l'idée longtemps auparavant : « Dès le premier jour de cette » année (1601), » écrivait-il dans ses Mémoires, « je présentai au roi cinq de ces états » généraux, dont chacun avait rapport à quelqu'un de mes emplois. » De là à la publicité des comptes-rendus, il n'y avait qu'un pas, surtout que Bodin, l'auteur de La République, publiée en 1576, venait de proclamer ce grand principe, inscrit aujourd'hui dans toutes les constitutions modernes, que le Prince n'a pas le droit de lever des impôts sans le consentement de ses sujets. Les résultats des recherches ultérieures de Necker

1 Ce sont, pour les cinq pays nommés, MM. Porter, Moreau de Jonnès, Czoernig, Dieterici (successeur d'Hoffmann), et Hermann.

2 Peuchet, Discours préliminaire de l'ouvrage d'Herbin sur la Statistique générale de la France.

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