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M. Ducpetiaux, dans la discussion qui vient d'avoir lieu, a cherché à démontrer l'utilité qu'il y aurait à former et à publier un manuel à l'usage des personnes qui changent de domicile, la plupart des habitants ignorant les dispositions sur la matière.

M. Quetelet présente ensuite le rapport de la sous-commission qui a examiné la proposition de modification du Bulletin, faite dans la dernière séance. Les différentes propositions de la souscommission reçoivent la solution suivante:

1o La publication par trimestre est adoptée à l'unanimité des voix, moins celle de M. Visschers, qui déclare s'abstenir.

2o A propos du format in-8°, que propose la sous-commission, M. Sauveur est d'avis de maintenir l'in-4° pour les mémoires, et de n'adopter l'autre format que pour les procès-verbaux et pièces

accessoires.

Une discussion s'établit sur ce point. L'assemblée se prononce, également à l'unanimité moins une abstention, pour le format que propose la sous-commission, en faisant toutefois une exception pour certains mémoires qui, à raison des tableaux qu'ils renfermeraient, devraient continuer à être imprimés dans l'ancien format.

3o Il y aura, comme actuellement, double pagination, l'une pour les mémoires, l'autre pour les procès-verbaux.

4° Les membres de la Commission centrale sont invités, chacun dans sa spécialité et d'après la nature de ses travaux, à concourir à la rédaction du Bulletin. Semblable appel sera fait aux membres des commissions provinciales.

5o Les articles, après avoir été déposés dans les séances ordinaires, seront transmis au comité de publication, qui jugera de l'opportunité de l'insertion.

6o Les articles porteront la signature ou les initiales des auteurs, qui auront droit, comme aujourd'hui, à 50 exemplaires particuliers de leurs mémoires ou notices, quand ils dépasseront une demi-feuille d'impression.

La résolution qui précède sera soumise à l'approbation de M. le Ministre de l'intérieur, et le comité de publication est chargé de débattre avec l'imprimeur, les conditions résultant du nouveau mode de publication.

M. Faider, rendant compte de la suite des travaux sur le rapport décennal, s'exprime en ces

termes:

<< ME SIEURS,

>> Votre sous-commission du Résumé décennal de la Statistique générale s'est de nouveau réunie les 28 novembre, 7 et 9 décembre, à l'effet de poursuivre le travail dont la direction lui est confiée. Nous avons d'abord pris la résolution de nous informer du degré d'avancement des travaux dont s'étaient chargés divers chefs de service avec lesquels nous avons eu précédemment des conférences ; il a été décidé en conséquence que M. le Président adresserait à ces honorables fonctionnaires une note écrite avec prière de lui faire connaître la situation des choses dans leurs bureaux; il ne nous est parvenu jusqu'à ce jour aucune réponse à cette note, mais le Secrétaire de votre Commission nous a fait savoir que rien ou presque rien n'a été fait jusqu'à ce jour, ce que Messieurs les chefs de division expliquent par le manque de temps et par la besogne absorbante dont ils sont chargés. Dans cette position, et pour imprimer au grand travail demandé par M. le Ministre une impulsion nou

velle et nécessaire, votre sous-commission a examiné les mesures qu'il conviendrait de prendre pour mettre à couvert la responsabilité de la Commission centrale. Quelques-uns d'entre nous proposèrent d'en référer immédiatement au Ministre, en lui exposant l'état des choses; d'autres pensèrent qu'il convenait de charger notre honorable Secrétaire, qui se déclare prêt à exécuter cette proposition, du travail centralisé dans sa division: après une discussion approfondie, l'une et Fautre de ces mesures ont paru trop absolues, et l'on s'est arrêté à cette pensée d'associer notre Secrétaire, par voie de coopération et d'assistance, aux travaux de Messieurs les chefs de division, qui seront invités à nous continuer leur concours. En conséquence, M. Bivort, récemment chargé comme chef de division des affaires communales, provinciales et électorales, a été appelé au sein de votre sous-commission, et notre conférence nous fait espérer que, dans un très-court délai, les éléments de la statistique électorale, communale et provinciale seront assemblés et fournis. M. Bivort a exprimé l'intention de dresser, en un tableau, la statistique des lois administratives dont quelques dispositions ont donné lieu à difficulté et à interprétation. Il a en outre déclaré qu'il vous soumettrait une sorte de résumé analytique des rapports annuels des conseils provinciaux et communaux de notre pays, et des procès-verbaux des conseils généraux de France, spécialement en ce qui concerne les vues et les propositions relatives à des améliorations à introduire dans la gestion des affaires publiques: nous avons accepté ces offres avec empressement, et vous jugerez, plus tard, s'il y a lieu de faire figurer ces documents, soit dans le Résumé général, soit dans votre Bulletin. » Dans ces réunions dont nous vous communiquons les résultats, M. Ducpetiaux a déclaré qu'il était possesseur de documents relatifs à la prostitution; quoique incomplets, ils seront mis en œuvre par ce laborieux collègue. Il a en outre fait connaître qu'il possède et qu'il mettra en œuvre les documents relatifs aux prisons; mais ceux qui sont relatifs aux établissements de bienfaisance étant très-incomplets, il sera nécessaire de réunir quelques nouveaux renseignements que M. Ducpetiaux fera rechercher; il demande qu'il soit écrit à M. le Ministre de la justice sur ce sujet : une lettre a été adressée à ce haut fonctionnaire.

» Telle est à ce jour la situation des travaux : votre sous-commission se propose d'imprimer une vive impulsion à l'achèvement du résumé décennal. »

No 188. Du 51 décembre 1850.

Par lettre du 3 décembre 1850, le Bureau de statistique du royaume de Saxe, remplaçant la société de statistique en vertu d'une ordonnance du 2 août précédent, qui l'a réunie au Ministère de l'intérieur, exprime le désir que les relations scientifiques avec la Commission centrale soient continuées comme par le passé. Après avoir fait connaître qu'un recensement général de la population a été exécuté au mois de décembre 1849, et dont les résultats sont en voie de publication, il ajoute que cette opération a été faite d'après les modèles suivis en Belgique en 1846. Les procédés scientifiques et administratifs qui ont été adoptés dans le triple recensement de la Belgique, font désirer au Bureau de statistique du royaume de Saxe d'obtenir également les publications relatives à l'agriculture et à l'industrie. De son côté, ce Bureau fera parvenir à la Commission centrale les publications qui le concerneront, et dont le premier volume est sous presse.

Cette offre est acceptée.

M. le baron de Reden, membre correspondant de la Commission centrale, offre la première livraison de sa Statistique générale et comparative des finances.

Il est donné communication des procès-verbaux des séances de la commission provinciale du

Brabant, des 9 janvier et 6 novembre 1847, 17 octobre et 2 décembre 1848, et de la Flandre occidentale, des 29 mai et 28 août 1850.

L'ordre du jour appelle le rapport de la sous-commission chargée de la présentation de candidats pour le quatrième renouvellement partiel des commissions provinciales de statistique. Ce rapport, présenté par M. le général Trumper, est basé sur les avis préalablement donnés par MM. les Gouverneurs, en réponse à une dépêche que M. le Ministre leur avait adressée le 9 décembre dernier. Bien que M. le Gouverneur de la province d'Anvers n'ait pas encore fait parvenir sa réponse, la Commission centrale croit ne pas devoir tarder davantage à soumettre ses propositions au Ministre. En conséquence, elle a arrêté la liste de présentation, qui sera adressée à M. le Ministre de l'intérieur. M. Faider continue à rendre compte de la marche des travaux en sous-commission concernant le rapport décennal:

« MESSIEURS,

« Votre sous-commission du résumé décennal de la statistique générale a continué de s'occuper du vaste travail qu'elle est chargée de diriger. Elle s'est réunie les 14, 21 et 30 de ce mois : dans ces trois conférences elle a reçu, de M. Thiery, directeur de l'instruction publique, communication de documents et de renseignements relatifs à l'enseignement; ces pièces ont été renises à M. Ducpetiaux, chargé de cette partie du résumé.

>> Votre sous-commission a également décidé que M. le professeur Morren, membre de l'Académie, serait invité à donner, pour le titre 1er de l'ouvrage, le résumé de la Flore belge; des propositions dans ce sens seront soumises à M. le Ministre.

» Nous avons reçu communication d'un excellent travail de M. le baron de Selis-Longchamps sur la faune belge; et le travail promis par M. Dumont sur la partie géologique du plan étant en retard, nous avons résulu de le rappeler à ce savant académicien.

» Nous nous sommes ensuite occupés des diverses parties du titre Ier, dont MM. Quetelet et Trumper sont particulièrement chargés; ces honorables collègues ont fait connaître l'état d'avancement de leurs travaux qui, bien que fort compliqués, seront bientôt terminés.

» M. Heuschling, chargé du titre relatif à la population, nous a soumis un grand nombre de cadres qui offrent, dans leurs diverses conibinaisons les plus utiles et les plus intéressantes, les tableaux de la population du royaume : ces tableaux, après quelques observations et modifications, sont adoptés, et seront immédiatement remplis au moyen des documents déjà élaborés par les soins de notre honorable Secrétaire.

» Quelques tableaux produits par M. Heuschling étant très-vastes, la question du format qui sera adopté pour l'impression du résumé a été de nouveau examinée et discutée par votre souscommission après avoir tenu compte de toutes les observations, nous avons pensé que le format in-8° serait trop petit; que le format in-4° oblong était également trop étroit et d'ailleurs peu élégant nous avons résolu de proposer à la Commission le format actuel des Annales parlementaires, qui offre, sous le rapport des proportions et de l'usage, tous les avantages qu'il faut chercher à obtenir pour une publication aussi importante et aussi volumineuse que celle qu'entreprend ici le Gouvernement.

» Votre sous-commission a eu une conférence avec M. Lentz, chef de la division de statistique

au Ministère de la Justice: on s'y occupera successivement, et à l'intervention de M. Ducpetiaux, des institutions de bienfaisance, des dépôts de mendicité, des cultes, des prisons, des tribunaux. M. Lentz a promis son concours actif et dévoué aux travaux de la Commission centrale; mais votre sous-commission a pu se convaincre que, dans l'état actuel des renseignements et des travaux statistiques relatifs à plusieurs des branches que nous venons de mentionner, cette partie de la statistique générale du royaume laissera d'importantes lacunes: il y aura, pour la prochaine. période décennale, des mesures à prendre à l'effet de compléter les recherches et d'assembler des documents trop négligés jusqu'ici. »

M. Faider présente ensuite un rapport sur les causes de la criminalité en Belgique; ce rapport offre le résumé de l'enquête qui a eu lieu d'après les propositions de la Commission centrale de statistique.

« MESSIEURS,

» La science ne serait qu'un vain mot si elle ne servait à l'étude de l'homme et de la société, et si elle n'avait précisément pour objet et pour résultat de favoriser les progrès de l'humanité. La science établit un commerce entre l'esprit et les choses, commerce auquel, suivant l'expression de Bacon, il n'est presque rien de comparable sur la terre; mais que de difficultés à vaincre pour en assurer le développement, pour réaliser, autant qu'il appartient à notre faiblesse de le faire, ce que ce grand philosophe appelle la philosophie seconde, où il s'agit surtout « de l'affaire du genre >> humain, de sa fortune, de toute cette puissance qu'il peut acquérir par la science active. » C'est dans l'alliance de la science, qui est la connaissance des causes, et de la puissance humaine, qui n'est en tout qu'une réalisation, que réside le progrès; et à quelque branche des connaissances que l'on s'attache, on trouvera la même loi, la même relation 1.

» Mais c'est surtout dans l'économie sociale que ce grand caractère se rencontre : on a récemment écrit l'histoire de cette science, et le lecteur a pu s'étonner à la fois de son importance ct de l'oubli où on l'avait laissée; il a pu apprendre aussi que, depuis un demi-siècle, la prodigieuse impulsion donnée à l'étude de l'économie sociale avait produit à la fois des doctrines fécondes parce qu'elles sont prudentes, et des doctrines désastreuses parce qu'elles sont inspirées par des théories enthousiastes ou par un emportement irréfléchi 2.

» Ici, comme en toutes choses, le mal est à côté du bien; le mal naît, soit de l'abus du bien, soit de la haine même, de la haine exagérée du mal; et précisément, les hommes sages ont pour mission, pour devoir, d'établir fermement le juste rapport entre la science, la connaissance d'une part, et d'autre part la puissance, la réalisation: c'est lorsque l'équilibre de ces deux termes est rompu, que l'esprit s'égare, qu'il abuse de la science sans avoir la puissance d'en user utilement. Appliquons ces réflexions à l'économie sociale: ce qui est au fond de cette science, c'est le bien-être des hommes. Son histoire démontre que, dans tous les temps et partout, ce bien-être a reçu de graves atteintes; sa théorie indique la réalisation de ce bien-être comme résultat final : dès lors, on s'empresse de courir au but sans trop savoir si l'on est en état d'y atteindre, ct l'on avance en vertu de principes que l'on n'est pas certain de pouvoir appliquer. — C'est ce qui a

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1 De dignit. scient. princ.

2 Hist. de l'Écon. polit., par Blanqui et par Villeneuve Bargemont.—Hist. des doctrines socialistes, par Reybaud Sudre, Thonissen.

fait dire que la statistique est l'ennemie du socialisme, parce qu'elle éclaire les questions d'économie politique et qu'elle donne raison aux sectateurs patients de cette science, contre ceux qui en veulent abuser en la reniant.

» La statistique se trouve donc placée à côté de l'économie sociale, comme le fait à côté du principe, comme l'analyse à côté de la synthèse. L'histoire a été appelée l'institutrice des peuples et des rois, parce qu'elle enseigne l'art d'organiser les sociétés; la statistique peut être appelée la lumière des nations, parce qu'elle est la base d'une administration juste, féconde et généreuse 1. Un grand écrivain de nos jours a hautement apprécié l'histoire et la statistique, lorsqu'il a dit : « qu'elles seraient des études indignes de la raison humaine, si elles n'étaient » une source féconde de leçons et comme une expérience instituée sur les uns au profit des >> autres dans l'économie du perfectionnement général 2. » La statistique est véritablement une science sociale, science qui mérite d'autant plus d'occuper l'attention publique, qui mérite d'autant plus d'être enseignée et répandue, que c'est à l'ignorance des sciences sociales en général que nous sommes redevables des redoutables sophismes qui, de nos jours, séduisent et entraînent tant d'esprits.

» Mais ces sophismes mêmes et les nombreuses utopies qu'ils inspirent ont leur utilité : ils attirent l'attention sur les problèmes sociaux, ils excitent l'étude des principes organiques des sociétés, ils amènent les hommes réfléchis à vérifier, à constater les faits; ils favorisent ainsi la création des moyens propres à détruire ces sophismes mêmes, tout en laissant dans les esprits des procédés pratiques d'amélioration et de bien-être pour les diverses classes de la société. » C'est ainsi que l'étude de la statistique a, surtout depuis un quart de siècle, pris une importance qu'on n'aurait point osé espérer, sans les excitations des théories qui ont surgi de toutes parts, ou plutôt que l'on a récemment réveillées autour de nous. On a compris que ce que Napoléon appelait le budget des choses pouvait être constitué comme « une science qui détrônera >> l'aveugle empire du hasard pour y substituer l'œuvre régulière de la Providence, en découvrant » les lois qui dominent la vie de l'humanité 5. »

» Considérée à ce point de vue, la statistique occupe aujourd'hui son rang dans la classification générale des connaissances humaines; suivant l'illustre Ampère, la statistique est la première des sciences noologiques qui sont relatives aux moyens par lesquels les nations se conservent et s'améliorent, et dans la pensée de ce savant universel: « cette science, à la prendre dans toute l'éten» due dont elle est susceptible, doit embrasser tous les lieux et tous les temps; mais on n'a pas » même essayé encore de faire une statistique complète; et les ouvrages publiés sur ce sujet sont » bornés à certains lieux, à certaines époques. On doit les considérer comme des espèces de » monographies, des matériaux de la science, plutôt que la science elle-même.» Ces lignes indiquent à la fois les larges limites de cette science et la nécessité d'en répandre l'étude, d'en. perfectionner les procédés, d'en multiplier les éléments : c'est à quoi beaucoup d'esprits et la plupart des Gouvernements s'appliquent depuis un certain nombre d'années; l'histoire de la statistique qu'a publiée M. Heuschling offre à cet égard des renseignements curieux, et donne la certitude que la statistique s'établit et s'affermit chaque jour sur une base plus large et plus solide.

1 Droz a dit que l'économie politique est l'auxiliaire inséparable de la morale; on peut en dire autant de la statistique.

2 Cousin, Instruction secondaire en Prusse, 5e partie.

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3 Wolowski, Études d'écon. polit. et de statist., 6o partie.

▲ A.-M. Ampère, Essai sur la philosophie des sciences, part. 2, chap. IV, § 1.

TOME IV.

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