jeu des Actions. bouche le plus loin qu'ils n'avoient fait, voulut fent fe borner fi-tôt, ou pûffent man quer de confiance pour un Syftême d crédit, qui, malgré des oppofitions con tinuelles & auffi marquées de la part de ses adverfaires, n'avoit pas laiffé do porter fes Actions fi haut: ajoutant qu'il avoit peine à fe perfuader qu'il pût fe trouver des perfonnes affez peu raifonnables, pour penfer que les acquifitions de tant de Terres & de Maifons fe fiffent dans la vûë de fe procurer un azile & du pain, en cas de naufrage & feignant de croire, que toute la manœuvre des Réalifeurs n'étoit que pour avoir dès-à-préfent la fatisfaction de jouir des premiers fruits de leurs travaux. Mais malgré ce qu'il affectoit d'en témoigner en public, & quoiqu'il tâchât de faire bonne contenance, il ne put s'empêcher de regarder comme le plus grand obftacle à la réuffite de fon Systême, le difcrédit des Billets de Banque, fur lefquels il prévoyoit que les Miffiffipiens,qui avoient réalifé, vouloient faire prévaloir l'efpece. Cherchant à y remedier, & jugeant les plaintes qu'il en auroit pu faire, plus préjudiciables qu'utiles au deffein qu'il méditoit, il ré folut folut d'embaraffer fes ennemis & ceux de fon Systême, par la conduite uniforme qu'il fe propofoit de tenir. Pour cet effet, il s'attacha à rendre la place plus floriffante que jamais, par la circulation de l'efpece. Les Billets étoient exactement payés à la Banque. Sa nouvelle dignité de Controlleur général, à laquelle le Duc Régent l'avoit élevé, lui en confirmoit la direction; & le travail qui s'y faifoit, n'en pouvoit être que mieux en regle, quoique plus étendu. Le 9. Janvier 1720. les Directeurs de la Compagnie des Indes furent obligés de lui repréfenter, que n'ayant pas affez de Commis pour figner les Certificats des Soufcriptions qui devoient être fignés par Vernezobre, & ceux qui avoient été nommés pour les vifer, n'en ayant pas le tems, il paroiffoit néceffaire de nommer huit autres Commis, qui pûffent, concurremment avec les anciens, figner pour Vernezobre, des Hayes, &c. & vifer auffi pour les Directeurs les Reconnoiffances, Certificats & autres expéditions concernant la Compagnie des Indes: Enforte que le Roi voulant y pourvoir: ouï le rapport du Sieur Law, Confeiller du Roi en tous fes Confeils, Controlleur général des A 3 Finan Finances, Sa Majesté étant en fon Corfeil, de l'avis de Mr. le Duc d'Orleans Régent, ordonna, que les Certificats, Reconnoiffances, Soufcriptions & autres expéditions concernant les Actions & Primes de la Compagnie des Indes, feroient fignés pour les Sieurs des Hayes & Vernezobre, & vifés pour les Directeurs de la Compagnie, par les Srs. Sigonneau, Marins, Guyard, Rouvelin, Mabiz, Duport, des Rochers, & Conterat: voulant S. M. que lefdits Commis fignâffent & vifaffent, concurremment & indistinctement, ainfi que ceux nommés par les Arrêts du Confeil du 12. Octobre & 7. Décembre dernier. Cet Arrêt, qui fut publié au commencement de Janvier, où nous reprenons les mouvemens du Syftême, fut le premier Acte que le Sr. Law rapporta au Confeil Royal des Finances à titre de Controlleur général; & à cette occafion la rue Quinquempoix & fes bureaux retentirent de mille & mille acclamations que la joye de cette nouvelle y caufoit. La plus éclatante marque que l'Auteur du Systême voulut donner au zèle que les Négocians de cette place lui témoignoient, fut d'y paroître en perfonne, pour applaudir à l'émula tion publique, & affurer les Actionaires, que file Syftême avoit porté les Actions de cinq-cens livres jufqu'à dixhuit mille, malgré la crainte & rincertitude de ceux même qui les avoient pouffées à ce dégré, ce feroit bien autre chofe encore quand les principes, fur lefquels ils n'avoient fondé que de fimples opinions, feroient manifeftés, non 'par des écrits, mais par des effets. On doit remarquer ici, que Law ne pouvoit gueres fe difpenfer de parler ainfi dans cette occafion, quoique dans le fond il fût très-fâché que les Actions euffent excedé fix-à fept-mille Livres. La préfence du Controlleur dans la rue Quinquempoix contribua beaucoup à remettre les Actionaires de bonne foi d'un certain étourdiffement, qui les avoit faifis depuis que les Miffiffipiens qui faifoient leur retraite, avoient vendu & fait reprendre un prodigieux nombre d'Actions. Law donc, qui parut dans cette place accompagné de plufieurs grands Seigneurs, qui ne tendoient tous qu'au foutien d'un Syftême où ils avoient un intérêt confiderable, infpira au public certaine venération mêlée de joye, qui anima tellement la multitude, qu'elle fit retentir l'air Il fait occafion de fes cris redoublés de Vive le Roi & Monfeigneur Law! Quelle fatif faction pour ce Miniftre, s'il avoit pû prendre le deffus fur les ennemis de fon Syftême! Ces applaudiffemens, qui ne partoient que des Actionaires & des Négocians de bonne-foi, justifioient affez le choix que le Prince Régent avoit fait de l'homme du monde le plus capable d'une nouvelle administration des Finances, qui rétabliffoit le crédit & le commerce, de façon à pouvoir acquitter les dettes de l'Etat, & procurer l'abondance à fes peuples. La fatisfaction que le nouveau Condans cette trolleur reffentit du zèle que les bons un trait Commerçans lui marquerent, le porta à de géne fe montrer à un balcon, d'où il répanrofité re- dit un grand nombre de piéces d'or. blc. Dans la confufion & les mouvemens marqua populaires que caufa cette pluye de Danaé, il arriva qu'un porte-feuille plein d'effets fut enlevé. Le bruit de ce vol étant parvenu jufqu'aux oreilles du Sr. Law, il crut ne pouvoir mieux reparer le tort que fa magnificence avoit caufé, qu'en faifant appeller la Dame qui fe défefpéroit après le vol qu'on venoit de lui faire. Après l'avoir écoutée avec une extrême atten |