Page images
PDF
EPUB

les Srs. Commiffaires nommés par lefdits Arrêts, il feroit procedé à l'examen des Comptes des Traitans généraux d'affaires extraordinaires, & à la liquidation des Billets folidaires des compagnies, pour, fur le vû de leurs ordonnances, les comptes être arrêtés au Confeil, être pourvû en payement de leurs Billets folidaires, & au Rembourfement de leurs avances, comme auffi les états des Billets des Compagnies retirés des mains des Porteurs d'iceux par le Garde du Tréfor Royal, en exécution des ordres donnés à cet effet par Sa Majefté. Il expofa après cela, qu'il ne reftoit plus, pour l'entiere exécution de ces Arrêts, qu'à procurer aux Gens d'affaires par le Remboursement du furplus de leurs avances, les moyens de fatisfaire aux engagemens particuliers qu'ils avoient contractés dans le public., Sur de fi juftes motifs il fut donné un Arrêt le 22. Janvier 1720. portant qu'il feroit délivré à chaque Compagnie de Traitans généraux, une Ordonnance de Remboursement, de la fomme à laquelle leurs avances auroient été liquidées pour l'état final de leurs comptes. Le refte du difpofitif de cet Arrêt étant fort étendu, & n'ayant rien d'intéref

.

fant,

fant, pourroit ennuyer le Lecteur; c'eft pourquoi je me contenterai de dire ici, qu'il mettoit les Traitans généraux d'affaires extraordinaires en état de fatis faire les Porteurs des Billets des Compagnies, par lesOrdonnances des Rembourfemens qu'ils eurent fur le Tréfor.

non plus

fembla

Cet Acte prouve encore le deffein Cela cequ'avoit ce Miniftre, de faire entrer pendant, tous les Ordres dans l'opération de fon que d'auSystême. En effet, après y avoir con- tres arrantraint les Rentiers. & les Officiers des gemens charges fupprimées, il paroît qu'il veut bles,n'emy comprendre les Financiers & les par-pêche ticuliers auxquels ils devoient par leurs qu'on ne Billets, qu'on les obligea d'acquitter; le revienne tout, afin d'augmenter le Commerce. preffement

avec em

des Actions & la Circulation des Bil-a recherlets de Banque. Cependant le Sr. Law cher les étoit dans la néceflité de donner aux préféra Efpeces, Miffifipiens qui avoient encore des Ac-blement tions, une espérance mêlée d'inquiétu-au Papier. de, pour entretenir la balance convenable aux mouvemens, fans lefquels ceux qui donnoient dans le fafte & les dépenfes, auroient décrédité le Papier plutôt qu'ils n'ont fait. Le Controlleur général leur faifant donc fentir la protection qu'auroit ce même Papier qui avoit operé leurs fortunes, ils ne fongerent Tome III.

B

qu'à

qu'à remplacer par les gains des opérations futures, les énormes dépenfes qu'ils avoient déja faites, & que ceux qui avoient déja pris le train de vivre en Seigneurs opulens, vouloient continuer. D'ailleurs, cette manutention pouvoit être aidée par des gens qui n'avoient pas encore gagné au Systême, & qui croyoient qu'il valoit mieux entrer tard que jamais dans fes opérations, en faifant circuler les Billets de Banque qu'ils recevoient. Mais nonobftant des attentions auffi fuivies, & les Arrêts que le Sr. Law obtenoit fur fon rapport en conformité de fes projets, l'or fut récherché avec plus d'avidité qu'auparavant. Les Millionaires, qui n'avoient rien tant à cœur que de découvrir les endroits où il y avoit de ce précieux métal, mirent toutes fortes de ftratagêmes en ufage pour y réüffir. De plus, quantité de particuliers qui l'avoient refufé dans les payemens qu'on avoit voulu leur faire, & dont les conteftations avoient occafionné même des Arrêts, commencerent auffi à le réchercher avec empreffement. Les Marchands, avant que de mettre le prix à leurs étoffes, commençoient par demander aux Acheteurs, fi on les payeroit en argent ou en Billets

L

de

de Banque; parce qu'en ce dernier cas ils vendoient leurs marchandifes le double de ce qu'ils en auroient pris en efpeces, quoiqu'un mois auparavant ils préféraffent abfolument les Billets de Banque. Un Marchand entre autres de la rue St. Honoré, ayant vendu quatre aunes d'étoffe d'or mille livres, parce qu'on le payoit en Billets de Banque, quoique ce tiffu ne fût au plus que de quatre-vingt-dix livres l'aune; le Sr. Law voulut être informé des raisons qui avoient fait tripler en Papier le prix de cette étoffe; mais il n'en put avoir d'autre réponse que celle-ci : ,, Brûlez ,, mon étoffe, dit le Marchand, vous y

trouverez de la reffource; mais qu'on », brûle un Billet de Banque de mille ,, livres, il n'en reftera même que très" peu de cendre.

augmente

les Réa

L'année avoit commencé par un luxe Le luxe qui ne pouvoit monter plus haut: lesa un point conditions étoient confondues, perfon- incroyane ne vouloit donner des bornés à fable, & vanité: tous ceux qui avoient gagné lifeurs fe au Systême, voulurent briller à l'imita- jettrent tion des premiers Millionaires. Ils appuyoient leur orgueil par certains motifs qui exigeoient du fafte, afin de fe foutenir du moins dans la confiance qu'ils

'

[ocr errors]

B 2

[ocr errors]

fur tout.

Ils

qu'ils avoient acquife. En effet, un Négociant qui auroit paru dans la ruë Quinquempoix dans une figure mince, fe feroit fait regarder comme un profcrit de la fortune, & comme un Homme d'une conduite fufpecte. Des gens de rien, parvenus dans l'efpace de trois mois à la poffeffion d'un million, confideroient ce changement de fituation comme une médiocrité infupportable, quoiqu'avant ce tems-là ils fe fûffent vûs dans une extrême indigence. difoient, que quatre-ou cinq - censmille livres pouvoient être gagnées du matin au foir, & que l'on ne devoit pas fe croire au-deffus d'un petit Courtier de la rue Quinquempoix, fi l'on ne poffedoit au moins huit à dix millions. De telles idées les empêchant de fonger à l'avenir, leur Papier fondoit, & s'en alloit en fumée par leurs folles dépenfes, foit en donnant à faux dans toutes les variations des Actions, y étant pouffés par l'avidité de gagner, ainfi qu'ils avoient eu la folie de fe le promettre, quatre-ou cinq-cens-mille livres en un jour; foit pour maintenir des débauches qu'ils porterent à l'excès en plufieurs manières. Croiroit-on qu'il y a eu de ces Agioteurs, qui jouoient

fa

« PreviousContinue »