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tion, illa confola, en lui faifant délivrer des Actions, en échange des Recepiffés, jufqu'à concurrence de cent mille Livres, qu'elle affirmoit avoir eu dans fon porte-feuille. Ce trait ne prouvoit pas moins fa probité que fa libéralité. Par le récit du fait, pendant lequel il regardoit attentivement la plaignante, il fçut démêler parfaitement la vérité de ce qu'elle avançoit. C'est ainfi que fon penchant à faire du bien, lui concilia pour un tems l'amitié des Négocians, qui étoient perfuadés que fes intentions étoient bonnes & droites: mais la cabale de certains génies artificieux, les fit changer de fentiment dans la fuite.

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Plus la place marquoit de confiance cela pour les opérations qui commencerent rêta pourau mois de Janvier 1720. plus les en-ni les réas tant point, nemis du Systême s'efforçoient d'en al-lifations terer le crédit. En confequence des ni les inArrêts dont on a parlé, l'on continuoit quiétudes, à rembourfer toutes les rentes conftituées, auffi-bien que les charges de l'Etat. Tout le monde étoit dans une extrême inquiétude: les uns penfoient que fi les Actions (ainsi que les Réalifeurs le publioient) étoient à un dégré qu'on ne peut foutenir, les rembourfe→ A 5

mens

mens qu'ils employeroient à ce Papier au moment de fa chûte, les rendroient d'autant plus malheureux, qu'ils n'avoient rien gagné au Syftême: d'autres, voyant les immeubles paffer le quadruple de leur valeur, ne pouvoient se réfoudre à y employer leurs fonds, pour n'avoir qu'un pour cent de revenu. Ces refléxions caufoient chez les uns & chez les autres une perplexité qui les empêchoit de prendre un parti pour placer leurs rembourfemens. Il y avoit beaucoup de Rentiers qui ne fe préfentoient pas pour les recevoir. Leur méfiance à l'égard des Actions étoit fomentée par l'orgueil & la malice des. Miffiffipiens, qui, après avoir fait leur coup, s'aviferent de décrier le commerce du Papier, en infinuant que ce n'étoit point de-là que provenoit leur fortune. Cependant le Sr. Law, défirant accélerer une opération qui devoit néceffairement préceder quelques autres qu'il avoit dans l'idée, rappor ta au Confeil de Finances un Arrêt du 12. Janvier 1720. où l'on expofoit, que le Roi ayant donné les ordres néceffaires pour faire remettre inceffamment aux Payeurs tout le fonds dont ils avoient befoin, tant pour le payement des an

ciens arrérages qui étoient dûs par rapport aux rentes fur l'Hôtel de Ville, que pour ouvrir le payement des fix derniers mois de l'année 1719. touchant les Rentes viageres, Tontines & autres, affignées fur les Tailles & Recettes gé-nérales des Finances; il étoit néceffaire que S. M. fixât un terme aux Rentiers pour retirer lesdits fonds des mains des Payeurs, attendu le remboursement qui avoit été ordonné des trois quarts de la finance principale de leurs offi ces. Sur ce motif il fut ordonné, que les Rentiers feroient tenus de recevoir, avant le premier Avril fuivant, les fonds remis ou à remettre aux Payeurs; faute de quoi, ceux qui leur refteroient en main, feroient portés au Tréfor Royal, pour être enfuite delivrés aux Rentiers, ainfi qu'il feroit ordonné par Sa Majefté. Cet Acte n'eut pas l'effet qu'on en avoit attendu. L'obstination de ceux qui étoient prévenus que le Systême alloit tomber, étoit trop enracinée, pour la pouvoir vaincre par des Arrêts comme celui-ci. Dans une telle conjoncture le Controlleur général, qui travailloit autrement que dans l'an-cienne Finance, jugea qu'il étoit trèsimportant de raffurer les efprits, en déA 6

trui

Law fait

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truifant, s'il étoit poffible, les fophif mes des adverfaires de fon Systême, & les préjugés de ceux qui les avoient é

coutés.

Il les confondit par un raisonnement imprimer en forme de Lettre, qu'il addreffoit, & répantant à ceux qui pouvoient être dans le Lettre cas des Rembourfemens, qu'aux Cabapour arrê-liftes & Réalifeurs Miffiffipiens. Cette Piéce convient trop à notre Histoire pour n'y être pas rapportée: elle ne peut que juftifier le mérite & les bonnes intentions de fon Auteur.

ter le tor

Tent.

LETTRE

DE Mr. LAW AU PUBLIC,

Sur le nouveau Systême des Finances, & particulierement fur le Rembourfentent des Rentes conftituées.

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MONSIEUR,

Vu

Ous me faites fans doute beaucoup d'honneur en vous addreffant à moi pour me communiquer 29 vos inquiétudes fur le nouvel arran»gement des affaires publiques; & j'ofe efpérer que la préférence que

» Vous

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» vous me donnez, tournera à votre
» avantage. Vous auriez pû vous ad-
dreffer à des gens mal inftruits ou
mal intentionnés, qui, au lieu d'a-
doucir vos plaintes & diffiper vos
» frayeurs, fe feroient crus fort fen-.
»fés & fort éloquens en achevant de
» vous défoler. Je veux tâcher au
contraire de vous réconcilier avec un
Syftême qui acquiert chaque jour
» un nouveau dégré de stabilité; qui
envelope déja toutes les parties de
,, l'Etat ; & auquel par confequent il
eft de votre intérêt d'accoûtumer vo-
» tre efprit, & d'y conformer vos
,, idées. Je remarque avec plaifir que
,, vous lui donnez vous-même le nom
,, de Systême, qu'aucun Etat n'a peut-
,, être encore donné à l'Administration
des Finances. En effet, au lieu
», que cette Administration, portée mê-
,, me à un très-haut point par de grands
,, Miniftres, n'a été qu'un ordre mieux
,, entendu de recette & de dépense:
,, on voit ici une fuite d'idées, qui fe
foutiennent les unes les autres, &
» qui font appercevoir de plus en plus
le principe d'où elles partent.
,, L'ancienne Adminiftration, bien
loin de fournir par elle-même aucu-
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