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fils, sa fille, sa sœur, sa mère, s'il en a une: c'est un lion furieux, qu'on lache avec sa lionne et ses líonceaux sur des brebis destinées à sa pâture.

On défend d'attaquer la personne du dauphin: mais que peut-on dire de lui, sinon qu'il est destiné à être roi? Le malheureux enfant! il deviendroit u homme, si la France devenoit libre; et lorsque le germe ryal se développera dans on cœur, lorsqu'il fera ses premiers grincemens de. dents, l'écrivain patriote n'osera dire: Prenez garde, c'est un fils de roi.

Os défend d'attaquer sa fille; c'est donc pour l'autoriser par un décret constitutionnel à l'exercice ordurier de toute la débauche des cours:

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Sa soeur pour jeter un voile sur le passé, afin de la mettre dans les bras d'un autre Léopold: ce seroit un tyran de plus dans la ligue.

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Sa femme seroit-ce par respect pour la jeu

nesse et les mœurs?

Quoi qu'ilen soit, ces dernières ne sont rien dans l'état; faire une loi expresse pour elles, c'est renverser même la constitution monarchique. Déjà nos tribunaux ont déclaré que si la femme du roi avoit à se plaindre, les voies de la justice lui étoient ouvertes on voit donc que cet-infame décret n'a été présenté que par rapport aux circonstances actuelles; on se rit de la vaise précaution d'y faire figurer le nom d'une mère et d'un régent, la désignation de filles et de sœurs; le silence sur les frères l'on n'a ou en vue que l'éprouve assez que vasion du 21 Juin. L'assemblée nationale a tenté de fermer la bouche aux citoyens sur l'arrestation et le jugement de Louis le traitre; mais elle a beau faire, elle a beau vouloir déifier un monstre, nous ne sommes plus au temps des apethéoses; nous sommes au temps où les rations jugent tout, et où elles exécutent elles mêmes leurs arrêts souverains contre les traîtres qui veulent pour le peuple, quand ils veulent autrement que le peuple.

Projet

Projet de déshonorer la France.

La constitution étoit pre que ache ée, nous touchions a moment d'une seconde législature, ella devoit corriger les vices, réparer les crines de la première assemblée nationale; l'acier pur alloit enlever les taches d'un métal qu'on dit plus précieux; le roi s'éloigne avec sa jami le. La ville de Paris (et elle doit être comptée pour quelque chose dans les anaales de la révolutión, la ville de Paris demande qu'il soit jugé, puni; eile demande l'abolition de la royauté; presque toutes les sections de l'empire émettent simultanément le mêne vœu (1), et l'assemblée natio: ale discute enfin la question de savoir quel parti elle doit prendre sur l'évasion du traitre. Un certain sieur Muguet fait, au nom de sept co nités réunis, le. rapport de cette affaire, et présente un projet de décret..

Un chef audacieux, dit-il, dissimulant ses intentions perfides, ARRACHE le roi de la ca itale, pour le placer au milieu d'un camp, à l'extrémité des frontières; depuis long-temps le sieur Bouillé. pressoit le roi de quitter Paris, long-temps le roi résista ; les sieurs Maldat et Valori, gardes-ducorps, ont reçu d'un inconnu des ordres de préparer la fuite enfin, la famille royale est partie. it des endit, le roi, plusieurs fois de voiture à différentes postes, conversoit avec les personnes qu'il rencontroit, et montroit beaucoup de sécurité et de confiance; il est arrêté à Varennes; leurs majestes exhibent un faux passe port; on les re

(1) On ne connoît que le département des deux Sèvres qui ait souilé le caractère nationalar one adresse dégoûtante, qui devroit à jamais le faire rejeter du sein d'un peupe qui veut être ubre.

No. 105.

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connoît à leurs augustes traits. Je suis votre roi, dit le fuyard; placé dans la capitale, au milieu des poignards et des baïonnette, je viens chercher en province, au milieu de mes fidèles sujets, la liberté et la paix dont vous jouissez; je ne puis plus rester à Paris, sans y mourir, ma famille en méme temps; et il embrasse ceux qui l'entourent. Le bon coeur ! Arrivent deux courriers de Paris dont l'un étoit un aide-de-camp de M. de la Fayette (le hasard le conduisoit droit à Varennes); lo courtois aide de camp représente à son roi la profonde consternation de la ville de Paris, qui ne, pouvoit se passer de la présence de sa majesté ;, le roi insiste, et dit que son intention n'a jamais été de quitter la France, mais seulement la capitale, et qu'il veut partir pour Montmedi. Le roi, sur toute sa route, éprouve par tout des égards tels qu'on doit à la dignité royale; il est ramené en triomphe: or, avant de citer les conséquences qui sortent de ces faits, une grande question se présente. Le roi peut-il être mis en cause pour lo fait de son évasion? Non, l'intérêt de la nation même a fait décréter que le roi étoit inviolable; le roi n'est pas un citoyen, il est un pouvoir; lo roi ne peut être séparé de la royauté; et s'il se portoit à des excès répréhensibles, il n'y auroit qu'un moyen; celui de le déclarer en état de démence, et de lui décerner un régent. Mais son évasion avec sa famille est elle un délit? Non,sans doute. Si, trompé par des fausses alarmes; Louis XVI s'est retiré à plus de 20 lieues du corps, législatif, il n'a pas fui en pays étranger; et dans. cette dernière hypothèse même, il auroit dû préalablement être invité à rentrer par une proclamation de l'assemblée nationale. La constitution n'a pas décrété la déchéance pour le cas présent; donc on ne peut exiger l'exécution d'une loi qui n'existe point. Le roi n'a pas faussé la constitution, il n'a pas commis un délit. Quant à sa déclaration, ou

tre qu'elle n'étoit point coatresignée, qu'elle n'a point été remise officiellement, il ne faut que la lire pour se convaincre que le roi ne renonce pas aux fonctions que la constitution lui destine; la constitution n'étoit pas encore achevée, et le roi pouvoit il la juger? Il résulte de ces principes que le roi n'est pas coupable aux yeux de la loi, et que lors même qu'il le seroit, l'inviolabilité de sa personne ne permettro't pas qu'il fût mis en cause. Le projet des comités termine par ne rien proposer à l'égard du roi, et se borne à faire déclarer qu'il y a lieu à accusation contre ses complices. Jeudi 14, le sage Desmeuniers a ajouté que l'intention des comités étoit de laisser subsister la suppression des pouvoirs du roi, ordonnée par le décret du 25 juin, jusques après l'achèvement de la constitution; qu'alors on lui présentera la chartre, et que s'il ne l'accepte pas indéfiniment, il ne sera pas roi. C'est dans cet état de choses qu'a commencé la discussion.

La première question est de savoir s'il y a un délit personnel à Louis dans les faits du 21 juin, et la seconde, ce que l'on entend par l'inviolabilité du roi.

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Qu'il y ait un délit dans l'affaire du 21 juin, c'est ce que l'assemblée nationale a préjugé ellemême, en déclarant qu'il y avoit lieu à accusation contre les complices de Louis XVI; et s'il a existé un délit, si Louis XVI a eu des complices, il est impossible qu'il n'en soit pas le premier auteur, qu'il n'ait la plus grande part au crime l'inflexible Roberspierre avoit raison de dire qu'il se porteroit défenseur de Bouillé, si l'on déclaroit. Louis XVI innocent. Bouillé n'a fait qu'exécuter des ordres, et Bouillé a pu obéir, si l'on a pu lui commander.

:

Un auguste législateur, M. de Liancourt, grand maitre de la garde-robe du roi, a plaidé la cause de son prince, il vante la conduite de son maitre :

Ca

c'est lui, c'est Louis XVI qui a proposé la révolution'; et si dans la suite il en a redouté le dan. ger, ce n'est qu'une erreur. M. le grand maître de la garde robe n'y voit pas de torts: d'ailleurs, le décret qui défend au roi de dépasser les frontières n'est point applicable au cas présent; ik est prouvé que Louis XVI ne vouloit aller qu'à Moximédia or, comme il n'y a point de loi qui défende le voyages de Montmédi, il n'y a pas de crime à y aller, parce qu'il n'existe pas de crime, à moins qu'il ne soit prévu par un décret de l'assemblée nationa'e.

Vil esclave! valet infâme! c'est Louis XVI qui préparé la révolution....... Oui, par son despotisme de fer, par son ambition démesurée, par ses dépenses énormes, par le luxe, par la dé bauche qu'il autorisoit à sa cour, par le siége de Paris, , par la séance royale du 23 juin. Sa fuite n'est qu'une erreur; tu n'y vois pas de torts. Quoi! c'est une erreur que de di cuter avec fiel tous les points cardin ux de la constitution; c'est une eri reur que de protester solennellement contre tout ce qu'il a fait; c'est une erreur que d'être parjure, de tromper une nation confiante, de fuir de nuit, d'appeler la guerre, de rassembler une armée ! C'est une erreur, et il n'a pas de torts!...

Les loix qui déterininent sa résidence n'ont pas prévu le cas présent; donc il n'y a pas de dé it. Non, les lox qui fixent a résidence n'ont pas prévu le cas; mais le code y a pourvu. Le code pénal décerne la mort à quic-nque sera convaincu d'avoir machiné contre la liberté de son pays; et ton Louis XVI a ourdi, tenté sous nos yeux la plus abominable des conspirations. Conclus:

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Mais, quand la loi n'auroit pas statué ser ce genre de délit, s'ea uit il que le délit n'existe pas ? Long-temps Rome n'eut pas de loi sur le parricido; et le premier assassin de son père a-t-il mérité l'honneur d'être chef de la république? Là où

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