Adresse: A Monsieur Bourget, moine Bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur à l'Abbaye royalle du Bec, près Rouen en Normandie, à Brionne (France). J'envoirai à M. votre frère, dans le cours de la semaine prochaine, l'abbrégé dont il est question plus haut et y joindrai le Prospectus de l'Histoire de Normandie à laquelle nous travaillons, afin qu'il vous fasse tenir le tout par une voie moins dispendieuse que celle de la Poste. A Monsieur, Monsieur le Docteur André Coltée du Carel, à Doctors Commons, Londres (Angleterre). XXIII LETTRE DE D. JEAN BOURGET A ANDRÉ DUCAREL Collection de l'auteur. Monsieur, Votre obligeante lettre en date du 30 de l'autre mois vient de m'être remise dans le moment. Elle m'apprend, Monsieur, que non content de m'avoir mérité le glorieux avantage de prendre place parmi les respectables membres de votre scavante Société des Antiquaires, vous accompagnés ce bienfait de circonstances si obligeantes qu'il seroit impossible de n'en pas conserver une reconnaissance éternelle. Je vous en remercie doublement, et je vous supplie d'être bien persuadé que rien ne demeurera si avant dans mon cœur et dans mon esprit que la mémoire de l'inestimable bienfait dont je vous suis redevable et à Monsieur votre frère. Si je suis connu d'un autre siècle que le nôtre et que mon nom aille jusqu'à la postérité, elle scaura que je vous eus à l'un et à l'autre des obligations infinies, et que mon esprit et mon cour furent à vous constamment. J'accepte avec la plus vive reconnaissance la Correspondance littéraire que vous me faites l'honneur de me proposer, ainsi que l'offre que vous me faites de m'aider de vos lumières dont je prévois avoir très grand besoin dans tous les tems. De mon côté, Monsieur, j'ai l'honneur de vous répéter que je serai toujours à vos ordres et toujours préparé à entreprendre tout ce dont vous me jugerés capable pour le bien de votre service. Les recherches de M. de Bréquigny envoyé en Angleterre par la cour de France n'ont d'autre objet, je crois, que l'Histoire générale de la Normandie à laquelle travaille Dom Le Noir, mon confrère. J'ai fait passer le Prospectus de cette ouvrage à Monsieur votre frère qui s'est chargé de le joindre au petit abbrégé de l'Histoire de l'Abbaïe du Bec dont j'ai eu l'honneur de vous parler dans ma lettre du 20° d'août dernier. Ce Prospectus embrasse beaucoup d'objets et présente une Histoire complète et d'une exécution très longue et tout à la fois assez difficile, comme vous en jugerez vous-même. Vous verrez que ce n'est pas uniquement une Histoire ecclésiastique de la Province comme vous l'a annoncé Monsieur de Bréquigny, mais une Histoire générale. L'auteur est véritablement scavant, ami du travail, et tout à fait propre à l'exécution de ce dessein. Mais je crois que l'entreprise est trop considérable pour qu'un homme seul puisse se flater de la mener à sa fin dans le trop court espace de sa vie. Il falloit lui donner certain nombre de coadjuteurs qui répandus dans les différens endroits de la Province, etc., se seroient occupés à faire les dépouillements nécessaires et à ramasser ainsi des matériaux, tandis qu'il auroit tenu la plume. Dès qu'il en paroîtra un volume, j'aurai l'honneur de vous le faire passer et les autres successivement; mais je crois que ce n'est pas besogne prête encore. Vous recevrez avant ce tems-là un abbrégé assez étendu de l'Abbaïe de Jumièges dans lequel je fais entrer ce qui s'est passé de plus remarquable dans les royaumes de France et d'Angleterre, la Normandie, etc., depuis la fin du cinquième siècle jusqu'à nos jours. La date de la présente m'avertit que l'année 1764 va finir. Je ne crois pas pouvoir commencer la suivante sous de plus heureux auspices qu'en vous la souhaitant à vous-même des plus heureuses. Tel est, Monsieur, l'objet de mes vœux pour vous, étant plus que je ne le puis dire, très respectueusement, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur Dom BOURGET. Au Bec ce 17 Xbre 1764. A Monsieur, Monsieur le Docteur Coltée du Carrel à Doctors Commons à Londres, Angleterre. XXIV LETTRE DE D. BOURGET A ANDRÉ DUCAREL Collection de l'auteur. A quoi tient-il donc, Monsieur, que je reçoive de vos chères nouvelles et réponses aux lettres que j'ai eu l'honneur de vous écrire? La première en datte du 8 mars dernier, ensemble mon compliment d'actions de grâce pour le bienfait inestimable de ma réception dans l'infiniment respectable Société des Antiquaires de Londres. La seconde en datte du 10 avril suivant avec mes réflexions sur quelques ouvrages nouveaux comme l'Éducation de Jean-Jacques Rousseau, etc., la Tolerance, par Voltaire, à l'occasion de l'infortuné père Calas que la barbare superstition a fait périr sur l'échafaud. La troisième dattée du 15 May ne contenoit, autant que je m'en souviens, qu'une légère description de ma nouvelle solitude et un court exposé des raisons qui m'ont porté à me rendre aux instances que l'on m'a faites pour m'engager à me mettre à la tête du gouvernement temporel de l'Abbaye de SaintEvroult où j'ai fait élection de domicile, il y a à peu près trois mois. Votre silence est inquiétant et m'a fait faire les plus sérieuses réflexions. L'air que je respire n'est pas exempt de cette espèce d'inquisition que nous reprochons avec beaucoup de justice à quelques nations voisines, et j'ai tout lieu de craindre que mes lettres interceptées, la furieuse superstition n'y trouve des prétextes suffisants pour me punir d'avoir osé dire vrai. Car dans notre bon païs, il est dangereux de penser tout haut et plus encore de l'écrire. Jusqu'à ce jour, je n'ai remarqué aucun changement dans les manières de ceux qui m'approchent, et c'est une raison de plus pour moi d'être tranquille. Je ne confierai la présente à qui que ce soit, et je monte à cheval à l'instant pour la porter à la poste moi-même, afin de scavoir à quoi je dois attribuer votre silence. Je m'étois flatté, Monsieur, qu'à Londres comme en France, etc., on donnoit à ceux qu'on décoroit du glorieux titre d'associé ou de membre honoraire des lettres d'aggrégation, etc., mais il paroit que non, et cela me surprend. S'il ne faut que de l'argent pour retirer ces sortes d'expéditions, elles me sont trop honorables, Monsieur, pour ne pas faire tout ce qui convient pour me les procurer. Faites-moi je vous prie, la grâce de me marquer la somme qu'il convient payer, et j'aurai l'honneur de vous la faire compter à bref jour. J'ai celui d'être en attendant votre réponse, dans les sentiments les plus distingués de respect et de considération, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur F. D. BOURGET. A l'Abbaïe de Saint-Evroult en Normandie, par Noyers-Ménard. A Noyers-Ménard ce 1er Juin 1765, France. A Monsieur, Monsieur le Docteur André Coltée du Carel, à Doctor Commons, Londres, Angleterre. XXV INSCRIPTION DU TOMBEAU D'HERLUIN D. Bourget, The History of the royal Abbey of Bec, p. 17; André Ducarel, Antiquités anglo-normandes, p. 168. HIC JACET PRIMUS HUJUSCE MONASTERII CONDITOR ET ABBAS VENERABILIS Herluinus, PRIMARIAE INTER NORMANNOS NOBILITATIS, PATRE ANSGOTO, MATRE HELOIDE. IN PAGO BRIONENSI NATUS; INTER AULAE ILLECEBRAS SUMMA CUM INTEGRITATE VERSATUS, CHRISTO DEINCEPS MILITATURUS, AB HEBERTO, LEXOVIENSI EPISCOPO, HABITU MONASTICO INDUITUR; ET UT CHRISTI HABERET HEREDITATEM BONORUM SUORUM CHRISTUM INSTITUIT HEREDEM. UT CIBUS FIERET PAUPERUM ET LABORANTIS SUDOR ET FAMES JEJUNANTIS; LANFRANCUM, ANSELMUM, PLURIMOSQUE ALIOS SUI SIMILES DISCIPULOS AD OMNE VIRTUTIS OFFICIUM SUIS INFORMABAT EXEMPLIS. QUI PLENUS OPERIBUS BONIS MORTEM OBIIT VII. CAL. SEPT. AN. D. M.LXXVIII. PATRI DE SE OPTIME MERITO AETERNUM HOC PIETATIS MONUMENTUM P.P. XXVI INSCRIPTION FUNÉRAIRE DE LA DUCHESSE DE BRANCAS ICI REPOSE LE COEUR DE TRES HAUTE ET TRÈS AU MILIEU D'UNE COUR L'EXEMPLE NE L'A PAS SES MOEURS ONT ÉTÉ RESPECTÉES DE LA VERTU. LE CHOIX QU'ELLE A FAIT POUR SON COEUR DE CHRESTIENS, PUISQU'ELLE A GLORIFIÉ DIEU AUX CETTE ILLUSTRE DAME EST MORTE A PARIS DE LXXVII ANS ET X1 MOIS. XXVII INSCRIPTION FUNÉRAIRE DU DUC DE BRANCAS Eglise de Saint-André du Bec-Hellouin. CY GIT LE COEUR DE TRÈS HAUT ET TRÈS ILLUSTRE MONSEIGNEUR LOUIS ANTOINE DUC DE BRANCAS ET DE VILLARS, PAIR DE FRANCE, CHEVALIER DES ORDRES DU ROI ET DU ROYAL ORDRE DE SAINT JANVIER. LE 29 FÉVRIER 1760, AGE DE 78 ANS. |