Page images
PDF
EPUB

office plénier avec messe solennelle. Le jeune roi et ses ancêtres étaient déclarés participants à toutes les bonnes œuvres de l'Ordre du Bec 1.

La Chronique fait remarquer que « l'abbé Ymer déploya une grande énergie dans le gouvernement de son abbaye, soutenant et défendant les droits, libertés, immunités et privilèges dont elle jouissait tant en France qu'en Angleterre et au pays de Galles ». C'est peut-être à cette exacte administration qu'il faut attribuer le grand nombre d'hommages faits par les vassaux de l'abbaye, entre les années 1282 et 1300.

La veille de l'Ascension 1282, Jean Miloel fit hommage à l'abbé pour son manoir du Coudray, franc-fief sis près de Saint-Ymer, qui devait à ce prieuré un cens annuel de 5 sols; Jean Miloel paya pour le relief 60 sols tournois 2. Le 11 août 1282, Jean d'Harcourt l'ancien, senior, seigneur du lieu, en présence de ses deux fils Jean et Guillaume, chevaliers, et d'un grand nombre de témoins, fit hommage à l'abbé, dans le chapitre du Bec, pour le manoir d'Obourville que l'impératrice Mathilde avait donné à l'abbaye. En cette même

'Bibl. nat., lat. 13905, fo 51.

Bibl. nat., lat. 12884, fo 413 v. A la mort du tenancier, le tènement ne passait pas à son héritier sans acquitter un droit qu'on appelait relief.

• Au mois d'avril 1203, Robert d'Harcourt, du consentement de ses fils Richard, Jean et Amaury, avait cédé à l'abbaye « tout le revenu qu'il avait dans la prévôté et vicomté du Bec en échange de la terre d'Obourville avec ses dépendances, bois, moulins, etc. ; pour lesquelles choses ledit seigneur sera obligé de rendre hommage à ladite abbaye sous la redevance d'un marc d'argent. Actum apud Beccum, anno gratiae 1203, mense aprili, praesente illustri rege Anglorum Johanne. » Bibl. nat., lat. 13905, f 94 et 20. En 1299, Jean d'llarcourt renouvela l'hommage pour le manoir d'Obourville dans la chapelle du château de Rouen, en présence de son frère, Raoul d'Harcourt, « legum professore », et de Renaud de la Houblonnière, chapelain de l'abbé Ymer. Cet hommage fut fait encore à l'abbé Gilbert de Saint-Etienne, au mois de novembre 1306, « in camera dicti abbatis apud Beccum, immediate ante prandium, pro manerio de Oubourvilla in Normannia sito. » Enfin, en décembre 1327, on voit l'hommage fait à Brionne par Jean d'Harcourt, en présence de Guy de Lisieux, oncle de Geoffroi et de Louis, frères dudit seigneur. (Bibl. nat., lat. 13905, fo 102 vo et 103; lat. 12884, fo 425 v°.)

année, Raoul de Beaumontel fit hommage pour son fief de Pierrelée, apud Petram latam, sis près de Beaumont-le-Roger 1. Aux assises tenues au Bec, le lundi « in festo Reliquiarum Becci » 1283, en présence de Guillaume de Fourques, chevalier, Robert le Mire fit hommage à Ymer pour son fief du Val-Reimbert et une portion de la foire de Beuzeville 2.

En 1287, Jean de la Haule fit hommage pour ses tènements de Colleville, et donna aux chambrier de l'abbé une cape « de rosseto3». La même année, Guillaume de Belleau ou Belleauné fait hommage pour un membre du fief de Tordouet*.

En 1290, Jean de Romois, écuyer, fait hommage pour son fief de la Vigne sis à Bonneville-sur-le-Bec".

Au mois de décembre 1292, dans le palais du roi à Paris, Eudes du Châtel, de Vernon, fait hommage, en présence de l'abbé Ymer, pour un fief situé à Vernon en face de la porte du manoir dudit abbé, et pour lequel il devait chaque année une paire d'éperons de fer et l'hommage. Guillaume du Bosc fit hommage, dans le chapitre du Bec, pour le fief du Bouquet sis à Bourg-Achard'.

'Bibl. nat., lat. 12884, fo 413 vo.

* Bibl. nat., lat. 12884, fo 414. En 1266, l'abbaye avait vendu à Raoul le Mire le manoir de Valreimbert et la moitié du moulin, bois, terres et revenus que ledit Raoul devait tenir à hommage de l'abbaye, sous la redevance de 100 sols de rente. (Inventaire des titres du Bec, p. 1855.)

3 Bibl. nat., lat. 12884, f° 418. Le manoir de Colleville, près Fécamp, avait été donné par Roger, en 1136. (Invent. des titres du Bec, p. 1239, et lat. 12884, f 191.)

Bibl. nat., lat. 12884, f 418. « Accord fait entre l'abbaïe du Bec et Jean de Tordoit, chevallier, par lequel les vassaux de ladite abbaye demeurant à la Jouerie et ès Tendres sont obligez d'aller mouldre au moulin de Tordoit au moïen de 40 sols de rente, en quoy led. seigneur de Tordoit s'oblige envers lad. abbaïe, et à condition que led. seigneur ne pourra faire faire aucune justice sur lesdits vassaux, si ce n'est par le serviteur de lad. abbaïe. 1248. » Inventaire des titres du Bec, p. 1679. Tordouet, canton d'Orbec (Calvados.)

5 Bibl. nat., lat. 12884, f° 421.

Bibi. nat., lat. 12884, f 422 vo. Dans l'Inventaire des titres du Bec, p. 949, on trouve à l'année 1303, « une vente faite à l'abbaye du Bec par Pierre du Chastel d'un muid de vin blanc qu'il avait à prendre annuellement sur la vigne de Nollent, scise à Vernon. >>

[ocr errors][merged small]

En 1297, Raoul, fils de Jean sénéchal, fit hommage pour un tènement qu'il occupait au Bec. La même année, Jean de Surcy, fils de Guillaume, fit hommage et paya 100 sols pour un tiers de fief de haubert, et donna caution pour le relief qu'il devait à la mort de son père 1. Roland de Fourquette, chevalier, renonça à toutes les revendications qu'il pouvait prétendre sur les ventes et transactions intervenues entre Pierre du Bosc Yves et les religieux ; ceux-ci, en reconnaissance, lui assignèrent cinq acres de terre sur le fief et paroisse de Saint-Philbert, près du château de Boissey, sous une redevance de 20 sols de rente perpétuelle. La même année, Roland de Fourquette fit hommage à l'abbé Ymer pour les cinq acres de terre 2.

En 1299, Enguerran de Marigny fit hommage à l'abbé du Bec pour son fief d'Apilly et de Rupierre, en présence de l'abbé de Cormeilles, de Hugues du Chesne, chevalier, et autres témoins, et paya 7 livres et demie. Richard du Bosc fit hommage pour le fief du Bosc qui est un demi-fief de haubert, donna caution pour le relief après la mort de son père, et paya 7 livres et demie. Robert de Livet, chevalier, donna caution du relief après la mort de Matthieu son père, en présence de Roger de Sarieta, justicier du Bec, et promit de faire hommage pour le tènement de Livet et pour toute sa terre ce qu'il fit dans l'année même. Enfin, Raoul Loti fit hommage pour son fief d'Abasles (?) sis à la Roussière 3.

Dans la dernière année du XIe siècle, il est fait mention de l'hommage de Thomas de Tessy pour un fief à Longueil; de Jean de Grandoit pour le fiel de Miloel près de Saint-Ymer; de Robert du Bosc, pour son fief de Rival à Bourneville, et de Guillaume Lenfant pour un fief qui n'est pas désigné.

Bibl. nat., lat. 12884, f. 425.

Bibl. nat., lat. 12884, f 425 et 425 vo. En 1297, l'abbé Ymer et les religieux remirent à Richard de Quetteville, écuyer, la garde des enfants de Jean de la Vigne, écuyer, et de son manoir sis dans la paroisse de Sainte-Mère-Eglise; ladite garde valait 20 livres de revenu annuel. (Id., f° 425 v°.)

a Bibl. nat., lat. 12884, f 426.

Bibl. nat., lat. 12884, fo 427.

A mesure que l'on approche du xive siècle, on constate que les donations se font plus rares; mais, par contre, les difficultés que l'on suscite aux religieux au sujet de leurs possessions terriennes deviennent plus fréquentes. Il est évident que les sentiments de religion et de générosité, grâce auxquels, au XIIe siècle, l'immense domaine du Bec avait été en grande partie créé, se sont affaiblis chez les grands seigneurs et les petits vassaux. Cette remarque ne s'applique pas uniquement au Bec; à partir du XIVe siècle, les cartulaires monastiques n'ont plus de donations importantes à enregistrer. « Les propriétés monastiques ne sont plus autant respectées. C'est même alors une bonne fortune pour un voisin intéressé et quelque peu mécréant, de ravir à une abbaye un petit coin de terre, un moulin, une portion de dime, le patronage d'une paroisse1. >>

Au Bec, les donations ne sont pas toujours désintéressées, ni les transactions bien avantageuses pour les religieux. En 1284, Nicolas Mesureur, Metiator, et Havoise, Haysia, sa femme, se donnent au service de l'abbaye, «< in servitutem Becci », aux conditions suivantes : ils donnent deux cents moutons ad lanam pour l'œuvre du grainetier de l'abbaye, avec le tiers de leurs immeubles consistant en quelques masures situées dans le bourg du Bec, et quelques rentes. En échange, ils recevront, leur vie durant, une miche du pain blanc des moines et une autre miche semblable à celle des maîtres grangiers; deux porcs à Noël ou vingt sols tournois; un tonneau, dolium, de vin blanc de France, chaque année à l'époque des vendanges; une mine de pois et un demi-millier de harengs au Carême; 40 sols tournois pour une robe à l'usage dudit Nicolas. Ce contrat fut passé, le 28 mars 1284, devant le prieur du Bec, et Nicolas Mesureur promit que sa femme servirait pendant toute sa vie dans l'emploi qui lui serait assigné par le grainetier du Bec.

Le 27 juin 1284, Guillaume de Surcy comparant devant le

'Le P. Godefroy Madeleine, Essai historique sur l'abbaye de Mondaye, p. 131.

Bibl. nat., lat. 12884, fo 414.

bailli de Gisors, céda aux religieux, du consentement d'Isabeau sa mère et d'Alice sa femme, 10 acres de terres sises à Surcy, moyennant la somme de 130 livres tournois 1.

Jean Ferant, de la paroisse de Vitot, abandonna tous ses biens aux religieux comme rachat de 46 livres qu'il leur devait pour la dime des Plains de la forêt. L'acte fut dressé devant le bailli de Rouen le lundi post Brandones, 12 février 1285, puis vidimé et scellé peu après par le vicomte de Rouen 2.

L'abbaye possédait certains droits et redevances sur le moulin de Chanteraine dans la paroisse de Notre-Dame de Livet; elle les échangea avec l'évêque de Lisieux pour les droits utiles dont celui-ci jouissait sur le moulin de Rislegate, dans la paroisse de Saint-Léger sur Bonneville, de Bona villeta. Les lettres de l'évêque de Lisieux sont du 28 octobre 1287. Le chapitre de Lisieux approuva et ratifia cet échange3.

Dès le premier tiers du XIIe siècle, l'abbaye possédait un domaine assez important au Bosc-Yves, paroisse de Grostheil. Pierre du Bosc-Yves s'employa à l'accroître. En 1288, il abandonna spontanément à l'abbé, ad cameram abbatis, ses droits et prétentions sur le fief Cabot, c'est-à-dire le cens de diverses terres qui en dépendaient. En 1292, du consentement d'Alice sa femme, il délaissa aux religieux 10 acres de terre à la Constantinière, appelées le champ Rasoir, campum Rasorem, avec quelques rentes qu'il possédait sur divers manoirs et terres de la paroisse de Grostheil; il y ajouta 3 acres de terre en 1295. Enfin, en 1296, il délaissa le manoir, le moulin avec leurs dépendances qu'il tenait de

Bibl. nat., lat. 12884, f 444 v. La même année, Guillaume de Surcy avait vendu à l'abbaye « 17 acres de terre scises à Surcy, avec la moitié des esperons dorez que ladite abbaye lui faisait de rente. » Inventaire des titres du Bec, p. 1117. Le même Inventaire mentionne à l'année 1303 les « lots et partages faits entre l'abbaye du Bec comme donataire de tous les biens et héritages de feu Guillaume de Surcy, et les frères et sœurs de Guillaume, de la succession de leur père et mère. » p. 1128.

Bibl. nat., lat. 12884, fo 414 vo.

Bibl. nat., lat. 12884, fo 418.

« PreviousContinue »