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Le missel plénier du Bec ne contient que la rubrique suivante << Conceptio beate Marie. Gaudeamus omnes, que cetera sicut in nativitate ejusdem1. »>

DEDICACE DE L'ÉGLISE. Prose, voir Analecta liturgica, 1888, p. 532.

OCTAVE DE LA DÉDICACE. Prose, voir à l'Appendice no 18.

Suivent dans le missel plénier les messes du commun des saints, et l'oraison pour la commémoration de la sainte Trinité, de l'Incarnation, de la Nativité, de la Passion, de la Résurrection, de l'Ascension et de l'Avènement du SaintEsprit ou Pentecôte 2.

Les oraisons « ad diversa », comme dit le missel romain, sont nombreuses. Nous citerons la suivante qui nous semble exhaler quelque chose de ce parfum de l'amitié dans le cloitre sur laquelle de Montalembert a écrit des pages si pénétrantes. « Pro tribulatione amici. Oratio. Deus qui contristatorum non despicis gemitum, que merentium non spernis affectum: intercedentibus sanctis tuis, adesto precibus nostris quas pietati tue pro tribulatione famuli tui N. offerimus, implorantes ut eum clementer respicias, que solito bonitatis tue intuitu tribuas ut quicquid diabolice contra eum atque humane moliuntur adversitates ad nichilum redigas et consilio misericordie tue allidas. Per Dom. Secreta. Deus qui tribulatos corde sanas et mestificatos actu letificas, ad hanc propitius hostiam dignanter attende qua totius mundi voluisti relaxare delicta, que pro tribulationem famuli tui N. illam clementer assume, ejusque cuncta crimina solve, tribulationem attende, miserias pelle. Per Dom. Postcom. Dimitte quesumus, Domine, peccata nostra, que tribue nobis misericordiam tuam, orisque nostri alloquio deprecatus, famuli tui N. humilitatem attende, vincula solve, delicta dele, tribulationem inspice, effectumque peti

'Bibl. nat., lat. 1103, f 188. Sur la célébration de cette fête au Bec, voir tome I, p. 506 de cette Histoire; et l'abbé Vacandard, Les origines de la fête de la Conception dans le diocèse de Rouen et en Angleterre, dans la Revue des Questions historiques (janvier 1877).

Bibl. nat., lat. 1105, fo 190 v° à 208 vo.

3 Bibl. nat., lat. 1105, fo 208 vo à 214 vo.

tionis nostre largiens, jugiter clementer exaudi. Per Dom 1. » Le missel plénier du Bec se termine par les messes de Requiem avec les oraisons diverses « pro defunctis. » On y trouve aussi la formule pour la bénédiction de l'eau 2.

Aux trop rares livres liturgiques du Bec3 'on pourrait ajouter un recueil manuscrit rédigé vers la fin du xvre siècle et renfermant, entre autres choses, un « Ordo anniversariorum tum obituum, tum processionum cum suis vesperis, ac missarum que per annum in hoc Beccensi monasterio dicende sunt . » Nous l'avons plusieurs fois cité au cours de cette histoire; il n'y a donc pas lieu d'y insister".

1 Bibl. nat. lat. 1105, fo 213.

Bibl. nat., lat. 1105, fo 214 vo à 220.

3 « La récitation quotidienne de l'office divin exigeait que les clercs qui y étaient individuellement astreints en possédassent le texte ; et ce texte constituait une immense écriture. La psalmodie proprement dite requérait un psautier et un antiphonaire; les répons, un responsoral ou liber responsoralis; les leçons, une bible ou « bibliothèque », un homiliaire ou sermologus, un passionnaire; ajoutons-y un recueil des oraisons ou « collectaire », un hymnaire, un « martyrologe. » L'abbé Battifol, Histoire du bréviaire romain, p. 193. De tous ces livres qui existaient au Bec depuis le xr et le x1° siècle, aucun, à notre connaissance, n'existe aujourd'hui.

Bibl. d'Evreux, L. 58, fo 21 vo à 43.

Voir au chapitre suivant quelques extraits curieux du ms. L. 58.

CHAPITRE XIV

Les commendes. Jean Ribault, 34° abbé. Adrien Gouffier, cardinal, 35° abbé. Singulière prise de possession. Un prieur indigne. Jean de Dunois, cardinal, 36° abbé. Levée de décimes en 1523. L'aumône du Bec. Jean Le Veneur, cardinal, 37° abbé. Séjours de François Ier au Bec. Procès avec le baron du Neubourg. Jacques d'Annebaut, cardinal, 38 abbé. Le bois du Bec dévasté. Hamon de Coursery, vicaire et procureur de l'abbé; sa rapacité. Le grand-prieur Jacques du Tot. Un Coutumier du Bec du XVIe siècle.

L'innovation la plus considérable amenée par le concordat conclu en 1516 entre Léon X et François Ier fut la suppression des élections canoniques. Voici en quels termes débutait l'acte qui substituait le régime du concordat aux usages de l'Église de France. « Des élections, auxquelles depuis longtemps on a recours dans le royaume de France, concernant les évêchés, les abbayes, les prieurés, résultent les plus grands dangers pour les âmes. En général, les nomina tions ainsi faites sont abusivement influencées par l'immixtion et la prépondérance des pouvoirs séculiers; plusieurs sont précédées de pactes illicites et simoniaques; les liens du sang et de l'amitié décident d'un plus grand nombre encore. De là, souvent, de honteuses compétitions, des serments violés, des scènes scandaleuses. On n'en saurait douter le désordre est de notoriété publique. Nous pouvons d'ailleurs en mesurer l'étendue par le nombre des absolutions et des réhabilitations continuellement demandées à ce siège apostolique. Touché de nos paternels avertissements et donnant

l'exemple d'une obéissance filiale, le roi François Ier renonce désormais à la Pragmatique-Sanction si malheureusement établie dans son royaume. D'un mutuel consentement, nous y substituons les constitutions suivantes, délibérées avec le plus grand soin, et pleinement approuvées par nos vénérables frères les cardinaux de l'Église romaine1. >>

Agissant donc en vertu de sa suprême autorité, le pape ordonne que les chapitres et les monastères seront dépossédés à l'avenir du droit d'élection; il statue que le roi de France aura, pour toujours, le droit de désigner ou de nommer les évêques, les métropolitains et les hauts dignitaires ecclésiastiques dans un délai de six mois; il appartiendra au pape de ratifier ces nominations et de pourvoir à l'institution canonique en donnant les pouvoirs spirituels. Le sujet désigné pour un évèché devra être muni du grade. de docteur ou de licencié en théologie; les mêmes titres dans l'un et l'autre droit, ou même dans un seul, pourront à la rigueur servir de garantie suffisante. Il ne pourra être investi d'une telle dignité, quelque soit d'ailleurs son mérite, s'il n'a au moins vingt-six ans révolus. Si le monarque ne pourvoyait pas à la vacance dans le délai prescrit, ou si la nomination n'obtenait pas l'adhésion pontificale, trois mois seraient encore donnés au roi pour exercer ses droits; dans le cas où ce terme serait atteint sans promotion, le pape rentrerait dans la plénitude des siens et pourvoirait directement à la vacance.

Les anciennes élections avaient amené des abus; le système des nominations royales ne pouvait manquer d'avoir les siens. Disposer souverainement de la feuille des bénéfices, c'était avoir en main un puissant moyen d'action politique dont l'usage pouvait devenir aisément dangereux.

L'un des résultats les plus regrettables de ce système de nomination fut la mise en commende des abbayes, puisqu'il aboutit immédiatement à mettre à la tête des communautés des prélats qui ne pouvaient résider, et, par là-même, demeuraient le plus souvent étrangers aux vrais intérêts de leurs

Acta conc. Later., Sessio XI.

religieux. Dans des temps troublés, ou sous des rois peu scrupuleux, on verra des enfants de dix ans, des soudards 1, des Huguenots même, nommés abbés commendataires. Le pouvoir royal, qui trop souvent ne voyait dans l'exercice de sa prérogative que des faveurs à répandre, accordait une abbaye, ou plutôt le revenu qu'elle comportait, à des ministres ambitieux, à des ecclésiastiques sans vocation, à des lettrés sans honneur. Et c'est ainsi que de grands et illustres monastères, qu'une auréole de charité et de pénitence environnait depuis des siècles, devenaient la proie d'un bâtard royal ou d'un courtisan perdu de dettes. De Montalembert a flétri cette anomalie en termes indignés : « Ce magnifique patrimoine de la foi et de la charité, créé et grossi par les siècles, expressément consacré par ses créateurs au maintien de la vie régulière et commune et au soulagement des pauvres, se trouva transformé en caisse fiscale, en dépendance du trésor royal, où la main des souverains puisait à volonté pour rassasier la rapacité de leurs courtisans, et, comme on l'a dit, pour assouvir et asservir leur noblesse 3. »

L'abbé commendataire touchait la part principale des revenus; il en gardait ordinairement les deux tiers. Mais par suite de l'affermage qu'il faisait de ses revenus, il intervenait avec la communauté divers arrangements qui se renouvelaient à l'arrivée d'un nouvel abbé, et étaient la source d'interminables procès.

On peut voir à quel état de misère l'abbaye de Saint-Savin fut réduite au commencement du XVIIIe siècle, par un aventurier, le baron des Francs, qui avait fait donner cette commende à l'une de ses créatures, du nom de Vautron. (P. Mérimée, Etudes sur les arts au moyen âge, L'église de Saint-Savin, p. 114-126.) Voir les exemples non moins fâcheux cités par de Montalembert, Les Moines d'Occident, édition in-12, I. Introd., p. 162.

Henri de Bourbon, duc de Verneuil, eut la commende de l'abbaye de Fécamp et de l'évêché de Metz qu'il abandonna, en 1658, pour épouser la duchesse de Sully. Qui ne sait que Mazarin fut un insatiable commendataire? Le cardinal Dubois était titulaire de sept abbayes dont les revenus réunis montaient à 204 000 livres. L'abbé Terray n'en avait que deux, Molesmes et Troarn, mais elles valaient plus de 100 000 livres. Nous verrons plus tard l'étrange personnage qu'était le comte de Clermont, abbé du Bec.

'Les Moines d'Occident, Introduction.

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