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l'abbaye en fief et hommage, et six portions de terres avec les redevances auxquelles les tenanciers étaient obligés. La même année, Pierre du Bosc-Yves et Olive sa sœur donnèrent une charte dans laquelle étaient énumérées toutes les ventes et donations faites par eux à l'abbé et aux moines du. Bec1.

A l'année 1289 se rapporte la curieuse charte suivante, par laquelle le bailli de Gisors reconnaît le droit de francpassage dont les bateaux du Bec jouissaient en Seine. « A touz ceux qui ces lettres verront, le bailli de Gysorz salut. Cum lan eust arreste a Andeli la nef a labbe et au convent du Bec Helluin, et vouloit an que il paiassent de la nef et des biens qui estoient enz la fausse coustume qui est establie pour amender et pour refaire les quoiz dAndeli; et li dit abbé et convent deissent que il nen devoient riens, et que il estoient franc et quite par point de chartre : scachent tuit que les chartres veues diligeaument, nous trouvames et veismes que ledit abbé et convent sont franc et quite de ce que lon leur demandoit, et pour ce et par le conseil que nous eumes, nous leur feimes délivrer leur nef et leurs biens touz quites. En tesmoing de la quel chose nous avons seelees ces lettres du seel de la baillie de Gysorz, sauf tout autruy droit. Donné lan de grace mil cc x et neuf, le jeudi après la seint Lucas leuvangéliste, en leschequier a Roan 2.»

Par lettres données à Paris au mois de février 1291, Phi

lippe le Bel approuva et ratifia l'acte par lequel Gautier Bordin, bailli de Rouen, agissant comme son procureur, avait baillé à ferme perpétuelle aux religieux du Bec: 1° dans la terre de Mailloc 91 acres, 28 perches de terre tant en labour qu'en pâturages, et 30 acres, 60 perches de bois exemptes de tiers et danger; 2° à Ecaquelon, 42 acres de terre relevant de la seigneurie de Mailloc, avec les hommages, les plaids

'Bibl. nat., lat. 12884, f° 419 v°, 423, 423 vo et 425; Invent. des tit. de l'abb. du Bec, p. 317.

* Bibl. nat., lat. 12884, f 419 vo.

* Le fief de Mailloc s'étendait sur Thierville et Ecaquelon, canton de Montfort-sur-Risle (Eure). A propos d'Ecaquelon, mentionnons une charte du 11 juin 1303 par laquelle l'abbé Ymer et les religieux, « con

des paysans et la basse-justice, simplicem justitiam, avec les rentes en blé, avoine, argent, œufs, poules, oies, le tout pour le prix de 84 livres, 11 sols, 12 deniers par an 1.

En se faisant admettre dans la fraternité de l'église du Bec, Jean Laubein avait donné au monastère sa personne et ses biens. Son fils Jean, mécontent de cette générosité, intenta un procès aux religieux. Toutefois, sur l'avis de gens sages. et prudents, il renonça à son entreprise et abandonna même en pure et perpétuelle aumône quatre portions de vignes. sises aux Mureaux; et ayant comparu par devant l'official du révérend seigneur Benoit, cardinal-diacre du titre de Saint Nicolas in Carcere 2, archidiacre de Poissy dans l'église de Chartres, il s'engagea par serment, et sous peine d'un dédit de 100 livres, à ne jamais réclamer lesdits quartiers de vignes. L'acte fut scellé par l'official le 6 juillet 1291 3.

L'abbaye possédait à Elbeuf une maison sise sur la paroisse Saint-Etienne, et dès longtemps elle jouissait de l'exemption du droit de tonlieu, et de toute redevance sur

sidérant l'utilité et la paix de l'abbaye du Bec et du prieuré de SaintPhilbert-sur-Risle », donnaient à ferme, moyennant 40 sols tournois, à Simon du Buisson, toute la dime que le prieuré de Saint-Philbert avait coutume de percevoir dans ladite paroisse d'Ecaquelon « in territorio vulgo dicto les Crottes »; cette dime devait demeurer affermée tant que ledit Simon serait curé d'Ecaquelon. (Bibl. nat., lat. 12884, fo 431.)

Bibl. nat., lat. 12884, f 420 vo; Invent. des titres du Bec, p. 442. Dans une charte donnée à Paris, le vendredi de Pâques 1294, Philippe le Bel confirma l'autorisation accordée par saint Louis aux personnes ecclésiastiques de posséder des dimes féodales, et enjoignit à tous ses justiciers, notamment aux baillis de Rouen et de Caen, de ne mettre aucun obstacle à cette concession. (Bibl. nat., lat. 12884, fo 423.)

* Benoît Cajetan, qui fut plus tard pape sous le nom de Boniface VIII, avait été créé cardinal-diacre du titre de Saint-Nicolas in Carcere, puis cardinal prêtre du titre de Saint-Silvestre et de Saint-Martin-auxMonts.

a Bibl. nat., lat. 12884, fo 421 vo.

Inventaire des titres du Bec, p. 999. En 1221, Henri du Neubourg, du consentement de sa femme Elisabeth, confirme aux religieux la donation qui leur avait été faite, en pure et perpétuelle aumône, d'un verger virgultum sis à Elbeuf, par son frère Gilles, dans une très grave maladie, «dum laboraret in extremis ». Bibl. nat., lat. 12884, f• 302.

les vivres, vêtements et chaussures destinés à ses religieux1. Ce fut sans doute en reconnaissance de ces avantages que l'abbaye donna à Guillaume d'Harcourt, en 1291, de sa bonne volonté et sans y être obligée, la somme de 40 livres tournois pour le pavage de la ville d'Elbeuf 2.

On trouve dans le Chronicon auct. de D. Thibault, à l'année 1292, l'instrument du bail à vie consenti par l'abbaye à Jean de la Vallée, chanoine de Lisieux et official de Rouen, d'une maison ou manoir sise à Beuzeval, avec jardins, terres, dimes et revenus, pour les 30 livres que les religieux lui payaient annuellement, à titre de pension; le chanoine leur faisait également remise d'une robe fourrée, veslem pelliculatam, qu'ils lui devaient chaque année. La propriété du manoir demeurait à l'abbaye, et si l'abbé voulait y descendre avec sa suite, Jean de la Vallée était tenu de le recevoir honorablement et de l'héberger, au moins une fois dans l'année 3.

'La charte de Robert de Meulan se trouve dans le Neustria pia, p. 490. << Ce fut probablement à la fin de l'année 1201 que le comte Robert IV de Meulan, qui était rentré par la mort de Galeran, son fils ainé, en possession du domaine d'Elbeuf, fit don de ce domaine à Richard d'Harcourt son petit-fils, issu du mariage de Jeanne de Meulan avec Robert II d'Harcourt. » A. Guilmeth, Histoire de la ville et des environs d'Elbeuf, 1842, p. 453. Cf. L. Delisle, Cartul. normand, no 371, p. 58.

A tous ceux qui ces lettres verront et orront, Guilleaume de Harecourt, chevalier, seigneur d'Eullebeuf, saluz. Scachent touz que je he eu et receu de religious homes et honestes l'abbe et le convent du Bec hellouyn XL livres de Tournois, les quiex il ont donne de leur bone volente, sans force et sans contraignement, et sans que il i fussent de riens tenuz, fors de pure grace, que il ont fete pour aidier a faire le pavement de ma ville d'Eulle beuf. Et est à savoir que gie ne mes heyrs ne leur en poon desoremès riens demander. En tesmoing de la quele chose gie leur he donne ces presentes lettres seelees de mon seel, qui furent fetes lan de grace mil et deux cenz quatrevinz et onze le lundi apres la Trinité. » Bibl. nat., lat. 12884, fo 422 v°; et lat. 13905, p. 86 vo. Cr. H. Saint-Denis, Histoire d'Elbeuf, t. 1, p. 295 et 309.

Bibl. nat., lat. 12884, fo 422; Invent. des titres du Bec, p. 1699. En 1146, Galeran de Meulan avait confirmé la donation faite à l'abbaye par Robert de Beaufou d'une terre sise à Beuzeval. (Id., p. 1700.) En l'année 1300, intervint une convention entre les religieux et Guillaume de Beaufou, seigneur de la Chapelle Baivel, par laquelle les hommes du Bec et de Beuzeval n'étaient pas tenus à l'aide de l'ost, sinon quand le roi convoquait tous ses vassaux à la guerre (Lat. 12884, fo 427 v°).

Le droit de présentation à la cure de Mauny appartenait aux Crespin, mais ils n'y présentaient que conjointement avec l'abbé du Bec, ainsi que nous l'apprend une lettre d'Ymer à l'archevêque de Rouen, en 1291, dans laquelle il le prie de conférer la cure de Saint-Jean de Mauny à Nicolas Gautier, prêtre, qui lui a été présenté par Guillaume Crespin, chevalier, seigneur de Dangu et de Blangy, connétable de Normandie 1.

Richard, doyen d'Evreux, avait donné à l'abbaye l'église de Rougemontiers, et le pape Lucius III lui en avait confirmé la possession en 11842. Guillaume de Danestal, pourvu, sans compétiteur, de la cure de Saint-Martin de Rougemontiers du temps de l'abbé Robert de Clairbec, déclara, en présence de l'official de Rouen que l'abbé et le couvent du Bec étaient patrons présentateurs de cette église; que les religieux percevaient les deux tiers des dimes paroissiales, et le curé l'autre tiers; que lui-même tenait à ferme les deux portions de dimes des religieux moyennant une rente annuelle de 76 livres tournois payables en quatre termes. Il reconnut en outre que la grange située près du cimetière de l'église se trouvait dans le fief des religieux, et qu'ils en gardaient la clef. Cet aveu est du 21 novembre 1287 3. Le 11 juillet 1304, Pierre d'Aumale, curé de Rougemontiers, faisait une décla

«Reverendo in Christo Patri ac Domino carissimo Domino G., Dei gratia Rothomagensi archiepiscopo, Ymerius, permissione divina humilis abbas monasterii B. Mariae de Becco Helluini, salutem in Filio Virginis gloriosae et obedientiam patri debitam ac devotam, cum omni reverentia paterna et honore. Ad ecclesiam sancti Johannis de Malo-nido vestrae diaecesis liberam et vacantem quo ad praesens ex cessione et resignatione Simonis de Getemanvilla quondam rectoris ejusdem, cujus jus praesentationis vobis faciendae ad nos dignoscitur pertinere, dilectum nostrum in Christo Nicholaum Galterium, presbyterum, latorem praesentium, nobis ad eandem ecclesiam a nobili viro domino G. Crispino, domino de Blangei et constabulario Normaniae praesentatum, vobis praesentamus, reverende pater, paternitati vestrae humiliter supplicantes quatenus praedictum Nicholaum ad ecclesiam praedictam ad hanc nostram praesentationem caritatis intuitu admittatis. Valeat vestra reverenda paternitas bene et diu in Domino J. C. Anno Domini 1291. » Bibl. nat., lat. 12884, fo 422. Mauny, canton de Duclair (Seine-Inférieure).

Du Plessis, Descript. de la Haute-Normandie, t. II, p. 770.
Bibl. nat., lat. 12884, fo 419.

ration semblable, en ajoutant toutefois qu'il lui était dû 4 livres tournois pour l'autelage, à titre de pension annuelle, el quatre setiers de blé pour la dime des closages appartenant aux religieux 1.

L'abbaye possédait à la Huanière une vavassorie que Jean de Gaillon, seigneur de Grosley, tenait « par foi et hommage». Ce chevalier prétendait y avoir les droits de simple justice, de cour et d'usage et de treizièmes pour les ventes de terres; les religieux soutenaient le contraire, et réclamaient en plus une redevance de « diez troites de la value de diez sous de rente par la raison de ladite vavassorie ». Les deux parties, ne pouvant s'entendre, s'en remirent à l'arbitrage de Hue du Quesne, chevalier. Le dimanche 5 mai 1297, l'abbé du Bec et Roger de la Jariée, justicier et procureur des religieux, et Jean de Gaillon se réunirent au Plessis-Mahiel en présence de Hue du Quesne, lequel décida, après information, que le seigneur de Grosley aurait le droit de simple justice pour les ventes et pour toutes les choses. appartenant de droit ou par coutume au ban du moulin de Grosley dont il aura « la moute seque et mollie », et les hommes de la vavassorie seront banniers de son dit moulin. D'autre part, les religieux auront les droits de cour et d'usage, les ventes et danger des terres ou des rentes qui seront vendues en ladite vavassorie; enfin, le seigneur de Grosley leur paiera chaque année, au terme de saint Jean-Baptiste, dans leur manoir du Plessis-Mahiel, dix truites de la valeur de 10 sols de rente, qui « seront paies et receues sans aucun barat ne dune part ne dune autre. » L'acte fut donné et

'Bibl. nat., lat. 12884, f 431.

Vers le milieu du xe siècle, Simon de Grosley avait donné au prieuré de Beaumont-le-Roger l'église de la luanière, avec le droit de pêcher dans son eau de Grosley, « in aqua mea de Groleio », avec toute sorte d'engins, la veille de la célébration de son anniversaire, depuis la neuvième heure jusqu'au surlendemain à pareille heure. (Le Prévost, Mémoires et notes, t. II, p. 273.) La Huanière a été réunie à SainteOpportune-la-Campagne, canton de Beaumont-le-Roger (Eure).

On voit que dès le x siècle, les belles truites de la Risle étaient fort recherchées. Robert Cénal, évêque d'Avranches, ne manque pas de les mentionner dans son Gallica historia, p. 150 v°. Paris, Galiot du Pré, 1557, in-folio.

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