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Le 10 février 1264, « in crastino S. S. Vedasti et Amandi », Guillaume, abbé d'Ivry, vendit aux religieux de Beaumont trois arpents et demi de vignes, « in Francia sitas, inter villam de Vaus et villam que vocatur Triel », sur le territoire de Bagneux et de la Merville, moyennant la somme de 60 livres tournois1.

Eudes Rigaud visita pour la première fois le prieuré de Beaumont, « ordinis Beccensis », le 4 mai 1250; il y trouva douze moines; ils n'avaient pas les statuts de Grégoire IX; ils payaient les décimes d'un revenu de 1000 livres; leur dette était d'environ 60 livres, et ils devaient faire une pension de 60 sols à une certaine juive convertie2.

Lorsqu'il revient le 16 juin 1255, il n'y a que neuf moines, mais le nombre a été réduit « propter combustionem cujusdam domus ». Ils mangent en commun de la viande trois fois par semaine; l'archevêque leur prescrit de se conformer à leur règle sous peine de jeuner le vendredi suivant au pain et à l'eau ; leur revenu est de 1 000 livres, leur dette d'environ 200 livres. On parle dans le cloître avec les séculiers; le prieur est chargé de faire cesser ces conversations 3.

Le 24 avril 1258, nouvelle visite. On mange encore de la viande deux fois par semaine ; l'état des biens et revenus du prieuré n'est point consigné par écrit. Il n'y a que cinq religieux, mais cette réduction s'explique par la reconstruction. des édifices claustraux que l'on a entreprise'. Onze ans plus tard, le 12 mai 1269, Eudes Rigaud parle des « édifices somptueux que l'on était en train d'élever 3. On apprend à l'archevêque que l'abbé du Bec « a vendu » 40 marcs sterling

verunt per redditum supradictum; et ego pro me et haeredibus meis remisi et quitavi dictis religiosis in perpetuum quidquid reclamabam in fructibus vinae supradictae..... anno gratiae M°CC sexagesimo tercio, mense julii. » Le Prévost, Mém. et notes, 1, 214.

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Regestr. visit., p. 30.

« Edificia sumptuosa que construebant. » Il s'agit évidemment des bâtiments conventuels et de l'église gothique dont les ruines si pittoresques se voient sur le penchant de la colline.

qui devaient revenir au prieuré; il en conférera avec l'abbé. La dette de la maison est de 400 livres ; il lui en était dû 200; les provisions étaient suffisantes pour l'année, sauf en avoine 1.

En 1296, il était intervenu un accord entre Raoul le Page, prieur de Beaumont, et Simon de Dives, sacristain du Bec, en vertu duquel le prieur devait payer chaque année 30 setiers de blé et 30 d'avoine pour les dîmes de Barc, de Saint-Léger, de Grosley et de Conchez qui appartenaient au sacristain; cet échange fut ratifié et confirmé en l'année 13112.

Par lettres données à Paris au moi de mai 1314, Philippe IV prit sous sa protection et garde spéciale le prieuré de Beaumont, ses biens et ses hommes, les retenant immédiatement sous la haute-justice royale, et mandant au bailli de Rouen de donner en son nom un protecteur spécial, lorsqu'il en serait requis par les religieux 3. Cette charte fut confirmée par Louis X à Vincennes, au mois de janvier de l'année sui

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3 « Philippus, Dei gratia Francorum rex, notum facimus universis praesentibus et futuris quod nos ad priorem et conventum de Bellomonte Rogeri, ob suae devotionis exigentiam qua se nobis reddiderunt acceptos, pium gerentes affectum, et hujusmodi causa volentes eosdem sincero favore prosequi, specialique gratiae nostrae munere praevenire, ipsos priorem et conventum cum omnibus suis bonis mobilibus et immobilibus, ac hominibus et familiaribus quibuslibet eorumdem in nostra protectione suscipimus et gardia speciali; gardam hujusmodi, necnon superioritatem et ressortum ipsorum altamque justitiam et placitum spatae in suo prioratu ac ejus pertinentiis domaniisque omnibus et in familiaribus eorumdem nobis et successoribus nostris regibus Franciae reservantes et specialiter retinentes, ita ut ipsius gardam, superioritatem, ressortum, altam justitiam et placitum spatae extra manum nostram posteris temporibus ponere nequeamus, aut a nobis quavis ratione vel causa quomodolibet abdicare; volentes et praesentium tenore mandantes quod ballivus noster Rothomagensis qui fuerit pro tempore deinceps, eisdem, si et quotiens ipsum requisierint, specialem gardiatorem ex parte nostra deputet et assignet qui sibi in eis quae incumbunt gardiae speciali sollerter assistat, et ea diligentius exequatur. Quod ut perpetuo stabile permaneat, nostrum praesentibus litteris fecimus apponi sigillum. Actum Parisius anno Domini MCCC quarto decimo, mense maii. » Bibl. nat., lat. 13905, fo 66.

vante, et par Philippe V à Paris, au mois d'avril 13172. Dans une charte du mois de janvier 1315, Louis le Hutin donna en échange aux religieux de Beaumont, pour le moulin Osvein à Barc, pour les dimes de la forêt de Beaumont et pour d'autres revenus: 1° la ferme « firmam » de Drucourt 3 tenue en emphyteose par Guillaume Chanterelle, bourgeois de Pont-Audemer, moyennant 220 livres tournois de rente; 2o la ferme de Franqueville près de Brionne que tenait également en emphytéose Jean de la Fosse, moyennant 82 livres 4 sols tournois de rente annuelle*.

Par lettres données à Crespy-en-Valois, au mois d'août 1338, Philippe VI amortit 45 sols de rente acquise par les religieux de Beaumont sur les deniers donnés par Robert Le Sens pour l'entretien de deux lampes devant le crucifix de l'église.

On a vu qu'au XIIIe siècle, le prieuré de Beaumont payait les décimes d'un revenu de 1000 livres . « Le prieur de Beaumont n'ayant point payé les décimes dans le temps marqué et n'ayant point donné d'excuse et ayant encouru les censures, fut absous en 1366 par les vicaires généraux de l'évê

Bibl. nat., lat. 13903, fo 66; lat. 12884, fo 445 vo.

* Bibl. nat., lat. 13905, fo 66. Le 28 janvier 1359, le dauphin Charles, régent de France et duc de Normandie, prend sous sa protection et sauvegarde les biens du prieuré de Beaumont ainsi que ses religieux, « vel quasi ob aciei inimicorum regni impetum denudatos ac etiam depraedatos.» (Id., fo 66.)

En 1195, Roger de Mortemer, chevalier anglais au service de Jeansans-Terre, était devenu propriétaire du domaine de Drucourt en se substituant à Arnaud de Drucourt dont il avait payé les dettes s'élevant à 1000 livres. Jean-sans-Terre ayant été chassé de France en 1204, Roger de Mortemer abandonna Drucourt qui entra dans le domaine royal.

▲ Cartul. de Beaumont-le-Roger, fo 30, cité par Le Prévost, Mém. et notes, I, 214, et II, 17 et 134.

Bibl. nat., lat. 13905, fo 66. Le 5 octobre 1362, Guillaume, abbé du Bec, permet la fondation d'une chapelle dans l'église paroissiale de Saint-Nicolas de Beaumont. (Id., fo 78.)

Sur les décimes levées sur les églises de France depuis le xun siècle. voir Thomassin, Ancienne et nouvelle discipline de l'Eglise, t. VI, p. 270 à 291; Paul Viollet, Histoire des institutions politiques et administ. de la France, t. II, p. 404 et suiv.

En 1269, le prieur de Saint-Martin de la Garenne, de l'ordre du

que d'Evreux, « in remotis tunc agentis. » Le prieur ne fut absous qu'après avoir déclaré qu'il n'avait pas été en état de payer. Cette absolution qui est de l'an 1366, le 27 may, lui fut donnée quoiqu'absent 2. »

Le prieuré de Saint-Ymer, au diocèse de Lisieux, fut visité trois fois par Eudes Rigaud. Le 20 janvier 1250, l'archevêque s'y arrête en revenant de Beaumont-en-Auge : il y a onze moines dont neuf prètres; ils n'ont point les statuts de Grégoire IX et ne se confessent ni ne communient suivant la règle du Bec, « secundum statuta de Becco ». Les religieux en voyage n'observent point les jeûnes réguliers; le prieur ne rend pas de comptes à la communauté; l'archevêque ordonne que les comptes soient rendus aux moines deux fois par an et sur cédule écrite, dont un exemplaire demeurera par devers la communauté. Ils ont environ 400 livres de revenu, et il leur est bien dù autant qu'ils doivent euxmêmes. Eudes Rigaud ajoute : « Nous avons séjourné et couché aux frais du prieuré, ce qui a coûté 11 livres 15 sols; mais nous avons fait, par grâce, remise de 100 sols. Les moines de Saint Ymer doivent deux procurations, l'une pour leur prieuré, l'autre pour celui de Blangy où il n'y a plus de religieux; à cause de leur pauvreté, on les a réunis au prieuré de Saint Ymer3. »

Le 4 janvier 1258, il y a treize religieux; le revenu est de 400 livres, ils en devaient 100, et il leur fallait acheter du blé pour pareille somme. La dernière visite est du 5 janvier 1268. L'archevêque fait une prédication en chapitre; il trouve

Bec, avait encouru la suspense pour n'avoir point payé la dîme au roi, et cependant, cette époque, sa maison était grevée d'une dette énorme. (Voir : Eudes Rigaud, Regestrum visit., p. 345.)

Robert de Brucour, évêque d'Evreux, s'était retiré à Paris où il mourut, le 15 décembre 1368.

Bibl. nat., lat. 13905, f 99. Le 2 avril 1395, le grand-maître des Eaux et forêts adressa au verdier de la forêt de Beaumont une commission afin de délivrer aux religieux les bois qu'on devait leur fournir, et de les laisser jouir des droits et facultés qu'ils avaient dans ladite forêt (Id., fo 66.)

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tout en bon ordre, aussi bien au spirituel qu'au temporel 1. Par une charte donnée le 27 novembre 1291, Jean Crespin, chevalier, seigneur de Blangy; confirma la donation de 24 livres 12 sols de rente perpétuelle faite par ses ancêtres aux moines de Saint-Ymer; il consentit en outre à ce que ces derniers ne fussent jamais forcés d'envoyer un ou plusieurs religieux au prieuré de Blangy; enfin il abandonna tous les droits, coutumes et reprises qu'il avait précédemment revendiqués 2.

Le prieuré de Saint-Ymer possédait la dime de la prévoté et coutume de Pont-l'Evêque, comme le prouve la pièce suivante. « A tous ceulx qui ces lettres verront ou orront, Pierre Miry garde du seel des obligations de la viconté d'Auge, salut. Scavoir faisons que par devant Colin le Pelletier clerc tabellion juré en la dite viconté, soubz Loys Despassans tabellion au siège de Beaumont, fut présent Guille de Pavilly. relligieux du prieuré de Saint Ymier, membre de l'abbaye du Bec Helloin, procureur et receveur dudit prieuré, comme il est apparu par procuration sous les sceaulx de l'abbé et convent dud. Bec Helloin donnée le xx jour de juillet derrain passé, qui congnut, confessa avoir eu et receu de honnorable homme et saige Jehan Tardif, viconte d'Auge, la somme de 4 livres dix-huit soulz neuf deniers tournois qui deues estoient aud. prieuré sur la recepte de lad. viconté au terme de Pasques derrain passé. C'est assavoir mi l. 13 s. t. pour la diesme de la provosté du Pont l'Evesque, et 6 s. 6 d. pour les menues parties d'icelle. De laquelle somme de XVIII s. Ix d. led. relligieux ou nom que de nos se tient pour bien paié, en quicte le roy nostre sire, ledict viconte et tous autres. En tesmoing de ce, ces lettres sont seellées dudit seel. Ce fut fait le xxIx jour d'octobre l'an mil cccc et quatorze. » Signé : Le Peletier avec paraphe 3. Le 17 août 1451, << Damp Jacques Grentes, prieur du prieuray de Saint Ymer, »

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1.

Bibl. nat., lat. 13905, fo 68. Nous rencontrons dans le même Recueil, aux années 1373 et 1378, les noms de Guillaume d'Hébertot et de Vincent de Rouen, prieurs de Saint-Ymer. (Id., fo 68 et 82.)

3 Bibl. nat., Titres scellés de Gaignières, vol. II, Abbayes.

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