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sence dudit Crespin et de noble homme Thomas Escraphion, chevalier 1.

En 1321, Jean Crespin, chevalier, seigneur de Dangu, fait don à l'abbaye de 100 sols de rente à prendre sur la prévôté de Mauny. L'année précédente, il avait donné aux religieux le droit de patronage de l'église de Barneville 2. Le seigneur de Dangu descendait de cette illustre famille Crespin dont les membres s'étaient montrés, dès le temps du vénérable Herluin, les amis dévoués et les généreux bienfaiteurs des religieux du Bec.

Une autre famille, plus puissante encore, celle des Neubourg, ne cessa jamais de combler l'abbaye de ses libéralités; nous les avons mentionnées ailleurs. Robert du Neubourg, sénéchal de Normandie, qui avait fait construire à ses frais, en 1141, la salle capitulaire du Bec, fut inhumė dans la nef de l'église abbatiale. Plusieurs de ses descendants eurent leur sépulture dans le chapitre. Selon D. Jean Bourget, on voyait « dans un bout de la salle capitulaire des effigies en relief avec des chiens à leurs pieds, représentant Henri du Neubourg, Marguerite du Neubourg, femme d'Amauri de Meulan, un autre Henri du Neubourg, Jeanne de Livarot, femme de Robert du Neubourg, et Marguerite de Livarot». Du Buisson - Aubenay dit que trois tombeaux

Bibl. nat., lat. 12884, fo 430. Un Roger Escraphion donna en 1222 aux religieux 8 acres de terre sises dans la paroisse de Saint-Georges du Vièvre, « juxta Montem rosti. (Id. fo 304 v°.)

Bibl. nat., lat. 12884, fo 448 et 447 vo. Au mois d'avril 1293, Guillaume Crespin, chevalier, seigneur de Dangu, connétable de Normandie. confirme toutes les donations faites à l'abbaye, tant par ses ancêtres que par ses vassaux. (Id., f° 423.)

3 « In navi ecclesiae monumentum ejusdem Roberti in fornicato pariete cernebatur priusquam navis cum tota inferiori parte ecclesiae Beccensis corrueret. » Bibl. nat., lat. 12884, fo 220 vo. — « Dans la nef il y avoit les mausolées de Robert du Neufbourg et de plusieurs autres personnes considérables dont on a perdu la mémoire. » Bibl. nat., lat. 14194, fo 219 à 252, publié par M. Omont (Épitaphes de l'abbaye du Bee) dans les Archives historiques, artistiques et littéraires, no 17, 1er mars 1891, p. 219 à 226. Si Robert Ier du Neubourg fut inhumé dans l'église abbatiale, il parait néanmoins avoir eu un cénotophe dans le chapitre qu'il avait fait construire. Voir au tome I de cette Histoire.

Jean Bourget, The History of the royal abbey of Bec, London, 1779,

seulement étaient surmontés de statues couchées représentant deux hommes et une femme. La description qu'il en donne est assez curieuse. « Dans le chapitre du cloistre sont quantité de sépultures. Les plus avancées étant proche de l'entrée sont eslevées presque d'un pié sur terre et portent 3 statues de gisants de pierre dure. Ceux des deux costés sont d'hommes armés à l'antique; celle du milieu, d'une femme diadémée et portant un épais bourelet qui lui ceint la teste par le milieu du front, et a le devant du corps de sa robe écourtée, de sorte que toute sa gorge depuis le menton au gosier jusques à la région des mamelles est plein et couvert d'une pièce de lad. robe attachée et jointe par un fermaille ou boucle, où sont les armes des Graville; puis à l'endroit des tétons est l'ouverture de lad. robe par laquelle paroissent et sortent lesd. tétons du tiers, et puis au-dessous d'eux le reste du corps est couvert et fermé 1. »

Il peut sembler que deux de ces statues représentaient Henri du Neubourg, chevalier, qui mourut en 1329, et Jeanne Mauvoisin, dame de Livarot, femme de Robert du Neubourg, morte le 15 juin 1332 3.

p. 97. La baronnie de Livarot qui avait d'abord appartenu aux Crespin, châtelains de Tillières, sortit de cette famille par le mariage d'Isabelle ou Elisabeth, fille de Guillaume III Crespin et d'Eve de Harcourt, avec Robert du Neubourg, baron d'Asnebec. Les Neubourg conservèrent la baronnie de Livarot jusqu'à leur extinction qui eut lieu au commencement du XVIe siècle. (De Caumont, Statistique mon. du Calvados, V, 674.)

Du Buisson-Aubenay. Itinéraire de Normandie, Bibl. Mazarine 2694 b (nouvelle cote 4406), cité dans notre étude L'Eglise abbatiale du Bec d'après deux documents inédits du XVIIe siècle, Evreux, p. 19.

« Anno Domini 1329, Henricus, dominus de Novoburgo, vivendi finem fecit et sepultus est in capitulo Beccensi, sub tumba lapidea cujus effigies arma gentilitia gestans scapello incisa cernitur, cum hac circumscriptione: Ci gist monseigneur Henri de Neufbourg, chevalier, qui trépassa lan de grace MCCCXXIX, le joedi devant la feste sainct Martin. Priez Dieu quil ait merci de same. Amen. » Bibl. nat., lat. 12884, fo 451 vo. Cf. : L'Église abbatiale du Bec d'après, etc., p. 20, et les Epitaphes de l'abbaye du Bec publiées par M. Omont (p. 221) qui donnent la date de 1330.

3 Eodem anno (1332), vivis erepta est domina Johanna domina de Mauvoisin, de Livarot, et humatur in capitulo Becci cum epitaphia effigiem ejus in tumba lapidea incisam circumducente: Cigist madame Jehanne

La troisième statue figurait soit Henri du Neubourg, mort au mois de mai 1279, soit Robert du Neubourg, qui mourut en Gascogne, en 1288 2.

Les deux autres sépultures de la maison du Neubourg étaient des tombes plates, avec effigies et inscriptions gravées dans la pierre. La plus ancienne était celle de Marguerite du Neubourg, dame de Livarot, morte le 21 décembre 1223, et pour l'anniversaire de laquelle son père avait fondé une rente de 60 sols, en faveur des religieux du Bec3. La seconde recouvrait les restes de Marguerite du Neubourg, femme d'Amauri de Meulan, décédée au mois d'août 1277".

La salle du chapitre renfermait, comme on sait, le tombeau d'Herluin et ceux d'un certain nombre d'abbés et de

de Mauvoisin, dame de Livarrout, jadis fame de monseignor Robert de Noefbourg, chevalier, sire de Livarrout, laquelle trépassa en lan de grace mil CCCXXXII. Diex li fache pardon à lame, Amen. » Bibl. nat., lat. 12884, fo 453. Les Epitaphes de l'abbaye du Bec (p. 221) ajoutent qu'elle mourut « le quinsiesme jour de juin. » Cf. L'Eglise abbatiale du Bec d'après, etc., p. 21.

« Eodem anno (1279) vita functus est Henricus de Neubourg, eques et sepultus est in capitulo Becci cum hac epigraphe circa tumulum : Ci gist monsegnor de Nuefbourg, chevalier, qui trépassa lan de grace MCC seisante et dis nuef, le joedi apres l'Encenssion au mois de may. Diex ait pitié e merchi de lame de luy, Amen, amen. » Bibl. nat., lat. 12884, fo 408 vo. Cf. Les Epitaphes de l'abbaye du Bec, p. 221, et l'Église abbatiale du Bec d'après, etc., p. 20.

2 « Robertus de Novoburgo... jacet inhumatus in capitulo Becci cum hac epigraphe circum tumbam sepulchralem incisa Cy gist monseigneur Robert de Noefbourg qui trépassa en Gascoigne en l'an mil CC quatre vingt et septe, le merquedi avant la Chandelor. Diex ait pitié et merchi de lame de luy. Amen. » Bibl. nat., lat. 12884, fo 418 v°. Les Epitaphes de l'abbaye du Bec (p. 221) donnent la date de 1296.

3

«Sepulta jacet in capitulo Beccensi sub hac epigraphe : Cy gist madame Marguerite jadis dame de Livarou. Diex ait merci de lame delle Amen. » Bibl. nat., lat. 12884, f° 305. Cf. Epitaphes de l'abbaye du Bec, p. 221, et l'Église abbatiale du Bec d'après, etc., p. 21.

On lisait sur la dalle tumulaire Ci gist madame Marguerite de Noefbourg, qui fu jadis feme de monseignor Amauri de Meulent chevalier, qui fut trépassée lan de grace MCC seisante et dis et sept le joedi apres lasumption de Nostre Dame. Dieu ait en sa pitié son ame. Amen. » Bibl. nat., lat. 12884, f° 406 v°, et lat. 13905, fo 53. Cf. Epitaphes de l'abbaye du Bec, p. 221, et l'Eglise abbatiale du Bec d'après, etc,

prieurs; nous en avons parlé quand l'occasion s'en est présentée. Le ms. latin 12884 renferme un plan au trait, du XVIe siècle, intitulé: « Quorumdam abbatum Beccensium sepulchra », qui nous donne l'emplacement et l'aspect des tombeaux des quatorze abbés enterrés dans le chapitre. Ils consistaient en une pierre trapézoïdale, un peu élevée audessus du sol, sans inscription, et ornée seulement sur la face supérieure d'une crosse abbatiale que tenait une main émergeant d'un nuage, ou bien simplement d'une croix hastée. Dans le courant du XIIe siècle, sans doute pour mieux reconnaître les sépultures, on grava dessus le nom et le rang numérique des abbés.

La tombe de l'abbé Boson, mort en 1136, a été retrouvée en 1898 par M. A. Join-Lambert, chez un propriétaire de Saint-Pierre de Salerne. La pierre est incomplète de ses extrémités. C'est une sorte de marbre gris foncé, formé de cailloux roulés extrêmement fins (les plus gros sont comme des pois) et mélangés de fossiles; il est susceptible d'un certain poli. Une main sortant d'un nuage tient une crosse; le dessin en est rudimentaire; à droite de la hampe on lit ces mots en belles capitales de la fin du xur° siècle : BOSO ABBAS IIII 2.

'Sur ces diverses sépultures voir : Epitaphes de l'abbaye du Bec, publiées par M. Omont, et l'Eglise abbatiale du Bec d'après deux documents inédits du XVII° siècle.

Voir notre Note sur la pierre tumulaire de Boson, quatrième abbé du Bec, 1124-1136, Brionne, 1899, in-8°. Un fragment de la dalle tumulaire de Boson a été soumis à M. de Lapparent; d'après l'éminent membre de l'Institut, ce serait du marbre d'Hécourt, calcaire à lumachelles que l'on rencontre dans le pays de Bray, mais que l'on n'exploite plus depuis longtemps.

CHAPITRE V

Les prieurés normands et français au XIIIe et au XIVe siècle. Canchy, Conflans. Pontoise. Le Pré. Meulan. Saint-Philbert. Saint-Lambert de Nassandres. Beaumont-le-Roger. Saint-Ymer. Envermeu. Beausault. Le Lay. Saint-Martin de la Garenne. Tillières. Bures.

En relatant les faits qui se rattachent à l'histoire des prieurés de l'ordre du Bec, pendant le x et le xive siècle, nous suivrons l'ordre de leur fondation, ainsi que nous l'avons fait dans un chapitre précédent.

L'année 1203 vit finir un grave procès qui s'était élevé entre le prieur de Canchy, au diocèse d'Amiens, et le prieurchanoine de Saint-Wulfran d'Abbeville au sujet de la dîme de la Queste. Le prieur de Canchy établissait, à l'aide de nombreux témoignages, que cette dîme avait été donnée aux religieux du Bec, et particulièrement à ceux de Canchy, par le vicomte Eustache, et confirmée par son fils Geoffroy auquel le village de la Queste appartenait par droit héréditaire. Innocent III nomma les abbés du Lieu-Dieu, de Notre-Dame de Séry et du Tréport arbitres de la cause, avec mission de la terminer, nonobstant tout appel. Les trois délégués apostoliques se saisirent de l'affaire, que le prieur d'Abbeville avait portée devant d'autres juges, défendirent de procéder plus avant, et rendirent leur sentence. Mais comme les détenteurs de la dime ne voulaient point acquiescer à ce premier jugement, on chargea Guillaume Sangars et un autre chapelain de Saint-Wulfran d'excommunier tous et chacun des détenteurs des dimes en litige; puis P., abbé de Saint-Quentin, J., doyen et H., chantre de Beauvais, mandèrent, au

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