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NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. Les journaux de Rome portent que le prince Auguste Chigi étoit parti le 25 juillet, en qualité d'ablegat, pour apporter la barrette à M. l'archevêque de Besançon. Il est probable que le prince ne continuera pas sa route quand il apprendra les derniers évènemens de la capitale. Il ne trouveroit M. de Rohan ni à Paris, ni à Besançon. Le prélat étoit venu à Paris quand il apprit sa promotion; mais quand il vit les troubles de la capitale, il voulut en sortir. Sa voiture fut arrêtée à Vaugirard, comme nous l'avons raconté : on l'en fit descendre. On lui fit un crime d'emporter ce qu'il avoit de plus précieux. Sa voiture et ses effets furent saisis, et luimême fut heureux de pouvoir s'évader. Il resta caché plusieurs jours dans une maison particulière; quant aux objets trouvés dans sa voiture, on les a transportés à l'Hôtel-deVille à Paris, et nous n'avons pas ouï dire qu'on les lui ait encore rendus, quoique l'on n'eût aucun prétexte pour les retenir. Nous savons même que des gens de l'Hôtel-de-Ville s'amusoient à se couvrir des effets à l'usage du prélat. Depuis, M. le cardinal de Rohan s'est éloigné de Paris; on dit qu'il s'est rendu dans les Pays-Bas, non dans l'intention de quitter la France, mais avec le dessein de passer en Suisse, et de rentrer dans son diocèse par cette voie. Nous aimons à croire que Son Eminence, qui n'a pas mérité d'avoir des ennemis, n'éprouvera ni obstacle, ni désagrément dans son désir de se réunir à son troupeau. Un journal dit qu'on a écrit aux cardinaux, archevêques et évêques, qui avoient quitté leurs diocèses, qu'ils pouvoient reprendre leurs travaux, et qu'ils ne seroient point inquiétés par le gouvernement. Est-ce assez de de ne point inquiéter les évêques, et ne conviendroit-il pas de les protéger un peu contre une multitude aveugle et de les empêcher d'être insultés, arrêtés et pillés? Ne seroit-ce pas une dérision de les engager à revenir, sans prendre aucune précaution pour leur sûreté?

On a lu dimanche, au prône des églises, une circulaire de M. l'archevêque à MM. les curés pour les inviter à faire

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célébrer un service pour ceux qui ont péri dans les derniers jours de juillet, et à faire une quête générale pour le soulagement des familles pauvres de ceux qui sont morts ou qui ont été blessés dans ces journées. M. l'Archevêque dit dans cette circulaire que, dans l'asile que les pauvres, les malades et les infirmes lui ont offert pendant la tempête, il a pu calculer avec douleur le nombre des victimes. On sait en effet que le prélat, dans les premiers jours, a été retiré successivement dans deux hospices de la capitale. Un journal a donc été mal informé, quand il annonce que M. l'Archevêque est à Chambéri et qu'il ne sort que la nuit. Non-seulement ce prélat n'est pas sorti de France, mais il n'a pas quitté son diocese. Sa dernière circulaire est datée de Paris le 11 août.

- Il a couru des bruits divers sur des mauvais traitemens faits à des ecclésiastiques pendant les derniers troubles de la capitale. On avoit même dit qu'un prêtre avoit été tué; il paroît que cela ne s'est pas confirmé, et nous croyons le fait inexact. Mais plusieurs ecclésiastiques ont été insultés, menacés et maltraités. Deux prêtres du clergé de Saint-Sulpice, qui revenoient du cimetière du père Lachaise, ont été arrêtés sur la place du Châtelet; l'un a échappé à la faveur du cri de vive la Charte qu'on lui demandoit; l'autre, qui n'avoit pas obtempéré assez vite à la même demande, fut jeté à terre, reçut un coup de sabre et deux coups d'armes à feu. Un jeune médecin le recueillit, et calma la foule qui le pressoit en poussant des cris de mort. L'ecclésiastique qui avoit reçu plusieurs blessures est guéri. Nous connoissons un autre ecclésiastique qu'un jeune homme, qui lui est inconnu, avertit du danger où il s'exposoit, et recueillit dans sa chambre pour le soustraire aux fureurs d'une multitude égarée. Un autre fut poursuivi pendant deux jours hors la barrière, se cacha dans une carrière, vit la mort de près, et échappa deux ou trois fois comme par miracle aux bandes qui le poursuivoient. Il nous a raconté lui-même les détails de tout ce qu'il a souffert, mais nous a prié de ne point le nommer, ni lui, ni la commune où il a éprouvé ce traitement; tant les prêtres sont pleins de ressentiment et dévorés de la soif de la vengeance! Nous nous proposons de recueillir les traits qui, pendant ces jours de désordre, ont été relatifs à la religion et au clergé; ce travail seroit d'autant plus utile, que les journaux ont affecté de der un silence absolu sur ces faits, et que vraisemblablement

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M. Plougoulm n'en parlera pas dans la relation officielle qu'il est chargé de dresser.

NOUVELLES POLITIQUES.

-Louis-Philippe Ier a décidé que sa soeur et ses enfans continueront à porter le nom et les armes d'Orléans; le duc de Chartres prendra le titre de duc d'Orléans; ses frères puînés conserveront les titres qu'ils avoient; Mademoiselle d'Orléans et ses nièces ne porteront d'autre titre que celui de princesses d'Orléans, en se distinguant entr'elles par leurs prénoms.

Une ordonnance royale du 13 supprime les anciens sceaux de l'Etat, et porte que désormais le sceau de l'Etat représentera les armes de la maison d'Orléans, surmontées de la couronne fermée, avec le sceptre et la main de justice en sautoir, et des drapeaux tricolores derrière l'écusson.

- La décoration de la Légion-d'Honneur continuera de porter d'un côté l'effigie d'Henri IV, et de l'autre la devise honneur et patrie. La plaque des grands'croix sera distinguée aux pointes par des lances de drapeaux tricolores.

-Une ordonnance, du 11, dissout l'état-major et les corps qui composoient la garde royale. Les officiers-généraux demeureront en disponibilité. Les officiers rentreront dans leurs familles, sauf à être replacés par la suite. Les sous-officiers et soldats qui voudront reprendre du service seront répartis dans les différens corps de l'armée. Cette ordonnance est applicable aux officiers et sousofficiers qui formoient l'ancienne maison militaire de Charles X.

Une ordonnance royale du 13, crée trois places d'amiraux. Le grade d'amiral sera assimilé en tous points à celui de maréchal de France les honneurs et les traitemens seront les mêmes. Une autre ordonnance élève à cette dignité M. le vice-amiral Duperré.

-M. l'amiral Duperré et M. le maréchal Soult, duc de Dalmatie, sont nommés pairs de France par ordonnance du 13. Le premier avoit été fait pair il y a un mois, et l'autre faisoit partie des 76 créés en 1827; mais ils avoient perdu ces titres par l'effet de la déclaration du 7 de ce mois.

- M. Villemain, député et professeur à la faculté des lettres, est nommé membre du conseil royal d'instruction publique : il présidera le conseil en l'absence du ministre.

MM. Ch. Dunoyer, Dupuy et Chaper, sont nommés préfets de l'Allier, de la Haute-Loire et de Tarn- t-Garonne, en remplacement de MM. Leroy de Chavigny, Fresion et de Puységur.

Sont nommés préfets : du Finistère, M. Rouillé d'Orfeuil de la Vienne, M. Boullée; de l'Aveyron, M. de Guizard; de la Creuze, M. Deschamps; de la Corrèze, M. de Bondy fils; de Saône-et-Loire, M. Tendut.

- M. Dunoyer, qui est nommé préfet de l'Allier, est l'ancien rédacteur du Censeur européen.

-Sont nommés sous-préfets : à Limours (Aude), M. Barbaroux; à Saintes, M. Lochmeyer; à Sancerre (Cher), M. Meunier; à Châteaudun, M. Gauja; à Rouanne, M. Popule; à Ancenis, M. Edmond de St-Aignan; à Thionville, M. Husson; à Argentan, M. Villade; à Mortagne, M. Desrieux; à Boulogne, M. Gingoult; à Ambert, M. Pourrat; à Issoire, M. Baudet-Lafarge; à Riom, M. Mollin; à Commercy, M. Prieur de la Comble; à Gray, L. Darche de Leffond; à Louhans, M. Guillemault; à Pontoise, M. Bellon; à Saint-Yrieyx (Haute-Vienne), M. Gondinet.

MM. Soubzmain, Alluaud aîné, et Sazerac de Forge, sont nommés maires des villes de Nantes, Limoges et Angoulême, en remplacement de MM. de L. Lévêque, de la Bastide et de Chasteignier.

- Aux villes suivantes sont nommés maires: MM. BenoîtTersonnier, à Nevers; Charbonneau, à Clamecy; Barrois-Vernot, à Lille; Cavalier-Mimard, à Beziers; Fulcran-Faulquier, à Lodève; Martinet, à Château-Gontier, et Grandet à Rodez.

- Le général Pelet est nommé commandant de l'école d'étatmajor.

M. Daunou, député, est nommé garde général des archives du royaume.

M. Miller, substitut du parquet, est nommé avocat général à la Cour royale de Paris, en remplacement de M. Bérard-Desglajeux, démissionnaire.

Parmi les conseillers de la cour royale qui n'ont pas prêté serment le jeudi 12, nous avons omis MM. de La Huproye et Hardoin, qui n'ont pas paru. Au tribunal de première instance, M. Jarry, vice-président, étoit absent, ainsi que MM. Regnier, Lambert, Frayssinous, de Pineau et Gaillard. On dit que,

le nombre, il y en a de malades, ou absens par congé.

M. d'Andigné, premier président de la cour royale d'Angers; M. Prevost de la Chauvelière, président de chambre, et plusieurs conseillers en cette cour, se sont retirés, ainsi que le procureur-général M. Desmirail, les deux avocats-généraux, tout le parquet, et M. de Cheverus, conseiller-auditeur. Quatre magistrats, et le parquet du tribunal d'Angers, le tribunal entier de Laval, les procureurs du Roi de Château-Gontier et de Mayenne, ont pris aussi ce parti.

MM. Bademer, Daviel et Cheradame, sont nommés procureurs du Roi à Dieppe, Rouen et Alençon.

M. Naudin, juge au tribunal de première instance de la Seine, est nommé vice-président du tribunal, en remplacement de M. Jarry, démissionnaire.

M. Malherbe, conseiller à la cour royale de Rennes, y devient président de chambre. MM. Gaillard père, et Hardy fils, sont nommés conseillers en cette cour.

- M. Legorrec, avocat à Rennes, est nommé substitut du parquet de la cour royale de Paris.

-M. Victor Lanjuinais est nommé secrétaire général de la direction générale des postes.

- M. Chardel, député, est confirmé dans ses fonctions de commissaire provisoire à la direction générale des postes.

Une commission composée des généraux Decaen, Vichery, Saint-Cyr-Nugues, Bazon - Husson, du colonel Marbot et du sous-intendant Turcas, est chargée de recueillir les réclamations des officiers mis à la retraite ou à la réforme avant le gouvernement actuel.

Les membres des conseils généraux et d'arrondissement et des conseils municipaux, les maires et adjoints et les juges de paix qui avoient été destitués cet été, ont été tous réintégrés dans leurs fonctions.

M. Guillard, rédacteur de la Gazette des écoles, est réintégré dans ses fonctions de professeur agrégé de mathématiques au collège de Louis-le-Grand. Les poursuites dirigées contre lui sont suspendues, et on lui tiendra compte de son traitement pendant sa suspension.

Désormais les ministres n'auront plus le titre de Monseigneur, et on ne leur dira plus Votre Excellence; on se bornera à les appeler M. le ministre. C'est M. Dupont (de l'Eure) qui a fait adopter cette innovation, plus conforme au goût actuel.

- M. le vicomte Sosthènes de La Rochefoucault a donné sa démission de directeur-général des beaux-arts.

- MM. les intendans militaires, barons de Clarac, Rostaing et Perseval, sont mis à la retraite.

-Il est faux que M. de Bourmont soit revenu en France, et qu'étant arrivé lors des troubles de la fin de juillet, il se soit retiré en Italie.

- M. le marquis de Rosambo, pair de France et petit-fils de Malesherbes, défenseur de Louis XVI, qui se trouve en province, a écrit au président de la chambre des pairs que, n'ayant pu se trouver à la séance du 7, il le prie de faire connoître que sa voix se seroit élevée en faveur de la légitimité et par conséquent de M. le duc de Bordeaux. M. de Rosambo ajoute qu'il n'a fait que deux sermens, l'un à Louis XVIII et l'autre à Charles X, et qu'il y sera fidèle.

M. le maréchal de la Tour-Maubourg a écrit au chancelier

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