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— M. d'Hauterive, conseiller d'Etat, directeur des archives aux affaires étrangères, est mort à Paris le 27 juillet. AlexandreMaurice-Blanc d'Hauterive étoit né dans le Dauphiné en 1754. II entra fort jeune dans la congrégation de l'Oratoire, mais sans prendre les ordres et comme simple confrère. Il étoit professeur au collège de Tours en 1783, lorsqu'il sortit de la congrégation. Il suivit M. de Choiseul-Gouffier à Constantinople, et fut chargé d'une mission à Yassy. En 1787, il revint en France et se maria. En 1792, il obtint une place de consul aux Etats-Unis; mais il fut destitué en 1793. Rentré en France après la terreur, il fut attaché, sous M. de Talleyrand, au ministère des relations extérieures. En 1800, il publia De l'Etat de la France à la fin de l'an 8. Il fut fait depuis garde des archives et conseiller d'Etat, et conserva ces titres sous la restauration. On a de lui des rapports et mémoires sur divers objets d'administration et de politique. Barberi cite de lui des Elémens d'économie politique, 1817, et d'autres ouvrages de ce genre. Comme il est mort au milieu des désordres des derniers jours de juillet, ses obsèques n'ont pu avoir lieu publiquement; on dit qu'on l'a déposé provisoirement dans le jardin de son hôtel.

-On a fait la semaine dernière une perquisition dans les souterrains des Catacombes, où l'on disoit qu'il y avoit des armes et de la poudre rien n'a été trouvé.

-

Les naufragés des bricks le Sylène et l'Amaranthe sont sortis de quarantaine le 6, et sont entrés dans la ville de Toulon, où ils ont été reçus avec attendrissement.

-Le roi de Wurtemberg est de retour à Stuttgard de son voyage à Boulogne et à Londres.

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L'empereur d'Autriche a nommé le prince royal feld-maréchal de l'empire.

CHAMBRE DES PAIRS.

Le 11, MM. le prince de Poix, le maréchal Jourdan, et les comtes d'Arjuzon et Destutt de Tracy, qui n'étoient pas à la séance de la veille, prêtent le nouveau serment de fidélité.

M. le duc de Mouchy s'y soumet également, mais en exprimant, comme M. de Fitz-James et autres, que c'est dans l'espoir d'assurer la tranquillité de la France.

L'ordre du jour est la discussion du projet d'adresse.

Cette délibération devoit être secrète; mais comme deux membics seuls réclament à ce sujet, la séance reste publique.

M. de Barante fait lecture de l'adresse proposée par la com

mission.

M. de Montalivet demande que l'on fasse ressortir les services que la chambre des pairs a rendus à la cause libérale, et il rappelle qu'elle avoit lutté en 1815 contre la chambre introuvable et contre les ministres royalistes; qu'elle avoit repoussé le droit d'aînesse et la réduction des rentes, appelé la proscription des jésuites, etc.

L'adresse a été adoptée, avec des modifications dans ce sens, à la majorité de 81 sur 83.

On a ensuite tiré au sort la députation qui doit la présenter. M. le comte Florian de Kergorlay a écrit au président de la chambre qu'il étoit revenu promptement de Bruxelles, lorsqu'il a appris que l'on devoit délibérer sur la question de savoir si le trône étoit vacant, et à qui il seroit alors conféré; et que comme il n'a pu arriver assez tôt, il croit devoir émettre son opinion. Il pense que le premier des droits publics des Français est celui de conserver la dynastie légitime en ligne directe; que le trône n'est point vacant, puisque, par la double abdication de Charles X et de son auguste fils, il appartient à M. le dục de Bordeaux, et que la chambre des pairs, qui doit son existence au roi d'une monarchie héréditaire, n'a aucun droit de rompre cette hérédité.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS..

Le 11, on renvoie à la commission des pétitions des adresses de félicitations de différentes villes.

MM. d'Arbalestier, d'Escayrac, de Bellissen, Auran de Pierrefeu et Alcock, dont l'admission avoit été ajournée, sont proclamés députés.

M. Favard de Langlade, retenu par maladie, exprime le regret de ne pouvoir encore se rendre à la chambre.

M. Laffitte, vice-président, lit les lettres de MM. Syrieys de Mairynhac, député du Lot; Hyde de Neuville, de la Nièvre; de Vandeuil, de la Haute-Marne; Pas de Beaulieu, Lemesre-duBrusle, de Lépine et Potteau d'Hancarderie, du Nord, qui donnent leur démission par suite de la déclaration du 7.

M. Nau de Champlouis, qui vient d'être réintégré préfet des Vosges, demande un congé d'un mois pour se rendre à son poste. L'ordre du jour appelle la prestation de serment. La formule porte « Je jure d'être fidèle au Roi, et d'obéir à la Charte et aux lois. » M. Mercier demande que l'on dise au Roi des Français.

M. le président et M. Berryer représentent que l'on doit suivre la formule établie, qu'une loi seule pourroit la changer, et que cette formule a été suivie par la chambre des pairs.

L'amendement de M. Mercier est rejeté.

M. Pavée de Vandœuvre, secrétaire, fait l'appel nominal en lisant la formule, et chaque député présent répond: Je le jure. Deux cent neuf ont prêté le serment sans aucune explication.

M. d'Abancourt, quoique navré de douleur des malheurs d'une famille qu'il a toujours fidèlement servie, croit devoir néanmoins prêter le serment. MM. Becquey, de Berbis, Béranger, Berryer, Bizien du Lézard, Bourdeau, de Caux, Fr. Durand, d'Hautpoul, Jacquinot, de la Briffe, Lafont, de Martignac, Mestadier, de Montozon, Raudot, de Sassenay, Thomassin de Bienville. font entendre presque tous que, malgré leur attachement à la légitimité, ils croient devoir au repos de leur pays de prêter le serment. M. de Brigode voudroit qu'on lui expliquât là difference entre fidélité et obéissance, cependant il fait le serment. M. de Corcelles met une restriction au sien, et croit que l'approbation de la nation est indispensable. Il s'élève une discussion à ce sujet, on demande que ce député prête son serment purement et simplement. Il s'y détermine, mais il ajoute toujours que le consentement de la nation est indispensable, et il fait des voeux pour qu'il soit manifesté dans le plus bref délai.

M. Demarçay dépose une proposition relative à la division du budget.

M. Delessert développe la sienne, qui a pour objet de donner des récompenses nationales aux personnes qui se sont distinguées les 28 et 29 juillet. Elle est appuyée, et renvoyée dans les bureaux. M. de Sade présente des observations sur la reconstruction de la salle.

M. Ch. Dupin réplique par des détails minutieux. La proposition est renvoyée dans les bureaux.

On nomme une commission pour la révision du réglement de la chambre.

M. Mercier revient sur sa proposition, tendant à astreindre tous les fonctionnaires à prêter le serment de fidélité au nouveau Roi, sous peine d'être considérés comme démissionnaires. Elle est renvoyée aux bureaux, et sera examinée avant toute autre.

Le 11, l'admission des députés de la Gironde est prononcée. Quatre membres absens la veille prêtent serment.

MM. d'Augier et Fleury ne le prêtent que parce qu'ils croient accomplir un devoir commandé par l'intérêt du pays.

M. de Lardemelle dit que ce n'est qu'après avoir consulté un certain nombre de ses commettans qu'il s'y soumet.

Par suite d'une protestation, M. Crignon de Montigny propose l'annullation de l'élection de M. Dudon dans l'Ain. Ces conclu

sions, appuyées par MM. Girod (de l'Ain), Chevrier de Corcelles et Rodet, sont adoptées.

M. Gaëtan de La Rochefoucault veut soumettre un projet de loi pour remédier à la stagnation qu'éprouvent depuis les évènemens le commerce et les manufactures. Plusieurs membres représentent que le règlement encore en vigueur s'oppose à ce que la discussion ait lieu immédiatement. M. Aug. Perrier répond qu'il y a urgence. M. Louis, ministre des finances, fait observer que le gouvernement ne peut ouvrir aucun crédit par des escomptes sans qu'il y soit autorisé. Sur la proposition de M. Dupin aîné, on se retire dans les bureaux pour conférer à ce sujet.

A la reprise de la séance, M. Laffite cède le fauteuil à M. B. Delessert.

M. G. de La Rochefoucault retire sa proposition', d'après l'assurance qu'on vient de recevoir qu'il seroit pris des mesures pour avancer des fonds aux négocians et aux manufacturiers qui éprouvoient des refus d'escompte à la Banque et chez les banquiers.

M. Laffite pense qu'une plus longue discussion à ce sujet auroit jeté l'alarme. Il annonce qu'il doit y avoir demain une réunion de banquiers pour faciliter la négociation des effets de commerce. M. Laffite reprend ensuite le fauteuil.

M. de Curzay écrit que, victime de l'émeute populaire de Bordeaux, et blessé de sept contusions et d'un coup de poignard, il ne peut se rendre encore à la chambre.

MM. Hygonet, député du Cantal; Ruimard de Brimont, de la Marne; Dumaisniel, de la Somme; de Châteaufort et de Lamandé, de la Sarthe; de Villemorge, de Maine-et-Loire; Béraud, de l'Allier, donnent leur démission, en déclarant que leur conscience leur en fait un devoir, et que leur mandat, d'après les derniers évènemens, n'existe plus.

M. de Cormenin écrit qu'il n'a pas reçu du peuple un pouvoir constituant; qu'il se croit absolument sans pouvoir pour faire un roi, une charte et un serment, et qu'en conséquence il donne sa démission.

Etudes philosophiques, par M. de Commequiers (1).

L'auteur regrette de voir la philosophie se perdre en spéculations plus curieuses qu'utiles, et voudroit la ramener à des méditations qui eussent une influence plus directe pour nous éclairer

(1) In-8°, prix, 3 fr. et 3 fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez Blaise, rue Férou, et au bureau de ce journal.

et nous guider. Il montre ce que la saine philosophie gagne en s'unissant au christianisme, qui lui donne une force et une sanction qu'elle n'auroit jamais par elle-même. La religion a dévoilé ce que la philosophie avoit à peine entrevu; elle offre à l'homme une autorité pour résoudre ses doutes: elle est la seule qui puisse mettre fin aux incertiudes de notre esprit.

On voit par là que les Etudes de M. de Commequiers ont un caractère tout-à-fait moral et religieux. Il traite, dans une suite de chapitres, de la conscience, de la foi, de la vérité, de la vertu, de la prière, etc. Ses considérations sur ces divers points sont graves et solides. Nous aurions voulu pouvoir citer quelque chose du chapitre de la foi, où l'auteur en montre les avantages et les bienfaits. Dans le chapitre de la vertu, il rappelle que la religion a inspiré des traits de dévouement et d'héroïsme, et qu'elle a rendu en quelque sorte commun et vulgaire ce qui n'appartenoit qu'à quelques ames élevées.

Dans les derniers chapitres, l'auteur s'occupe de l'accord de la religion avec la philosophie, et de l'état actuel de la littérature. Là, il a quelques idées que nous ne partagerions pas entièrement : il suppose que nous devons à l'Allemagne et au nord de l'Europe une plus noble et plus sage direction donnée à la philosophie et à la littérature: il fait un grand éloge du Génie du christianisme et des autres ouvrages de M. de Châteaubriand. En louant ce qu'il y a de beau dans ces ouvrages, il seroit juste de remarquer que le Génie du christianisme n'est pas toujours d'un goût bien pur pour le style, et qu'il offre en religion bien des choses inexactes, fausses, exagérées et même erronées.

Du reste, nous nous empressons de reconnoître que l'auteur montre partout un profond respect et même un vif attachement pour la religion. Il désavoue tout ce qui, dans son ouvrage, seroit opposé à la foi catholique. La vérité toute entière, dit-il, est comprise dans la religion; et toute philosophie contraire à nos dogmes, loin de conduire à la sagesse, ne peut qu'égarer l'esprit et le cœur. Tel est l'esprit des méditations de M. de Commequiers; et nous ajouterons qu'il y règne un ton de raison et un goût de vertu qui donnent la plus heureuse idée de ses principes et de ses sentimens.

A la fin est un épisode intitulé la Vierge de l'île de Saine; il se rattache à l'époque de l'établissement du christianisme dans l'Armorique. L'auteur y met en opposition le paganisme expirant avec la religion nouvelle. Sa fiction n'a rien que de religieux et de moral.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

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