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la piété de celle dont toute la vie étoit une censure éclatante de leur conduite. Il forma le vœu que cet hommage ne fût pas stérile, et que le souvenir des vertus de la Soeur produisît sur les esprits un effet salutaire et durable. Nous ne pouvons mieux terminer cet article que par l'honorable témoignage qu'un des plus respectables curés du diocèse a rendu à la sœur Saint-Charles:

« Il ne me paroît pas étonnant que la Sœur Saint-Charles ait vécu en sainte pendant les quatorze à quinze ans qu'elle passa dans le monastère des Clarisses d'Amiens, et qu'elle y soit morte en odeur de sainteté. Pendant toute sa jeunesse, et jusqu'à son entrée en religion, elle étoit regardée, par tous ceux qui la connoissoient, comme une de ces ames choisies que Dieu prévient de bonne heure de ses plus précieuses bénédictions, une de ces ames simples et d'une conscience délicate, qui, par leur fidélité aux premières grâces, méritent d'en obtenir sans cesse de nouvelles. Elle fut toujours un modèle de sainteté et dans le monde et dans le cloître. Et pour rendre hommage à la vérité, j'ajoute que ce fut bien plus l'Esprit saint que ma direction qui la conduisit dans un monastère, et lui inspira le courage de vaincre tous les obstacles qui s'opposoient à sa vocation.

» CHEVALIER,`curé-doyen de Rosières,
chanoine honoraire d'Amiens. >>

-On est occupé actuellement, dans les colonies anglaises, de la question de savoir si le bill d'émancipation des catholiques leur est applicable. Les catholiques de l'île de TerreNeuve ont été alarmés d'une décision des juges et jurisconsultes du pays, qui portoit que l'acte du parlement ne s'appliquoit point aux catholiques des colonies, non plus que les lois pénales que cet acte révoquoit. Les catholiques se sont assemblés en grand nombre à Saint-Jean, en décembre dernier. Un d'eux a été chargé d'écrire au gouverneur, pour lui demander si ce bruit étoit fondé. Le gouverneur, dans sa réponse du 22 décembre, s'est efforcé de calmer leurs alarmes. Il est vrai que les jurisconsultes ont donné l'avis ci-dessus; ils croient que le bill d'émancipation ne regarde que la GrandeBretagne et l'Irlande, et que l'état des catholiques, dans les colonies, dépend entièrement du roi. Le gouverneur rappelle aux catholiques, que, depuis qu'il est en place, on n'a point traité les catholiques autrement que les autres, et qu'on n'a eu aucun égard à la différence de religion. Il craint que

la

réunion des catholiques ne trouble l'harmonie qui régnoit dans l'île, et ne fasse croire à des hommes simples que le gouvernement songe à les priver des avantages dont ils jouissent. Cette réponse n'a point paru entièrement rassurante aux catholiques; et, dans une nouvelle réunion tenue quelques jours après, ils ont résolu de présenter une pétition au parlement, pour demander que l'émancipation fût appliquée à l'île de Terre-Neuve. Lord Lansdowne et M. O'Connell seront chargés de présenter la pétition. On ouvrira une souscription parmi les catholiques, pour fournir aux frais de la poursuite de cette affaire. Les catholiques, dans leurs résolutions, rendent d'ailleurs hommage à la courtoisie du gouverneur à leur égard, et témoignent leurs remercîmens à leur évêque, le docteur Scallan, qui leur a permis de se servir de sa chapelle pour leurs réunions. Le même journal qui nous fournit ces détails contient textuellement l'avis des juges de la cour de Terre-Neuve sur l'émancipation. Cet avis, qui nous paroît plutôt favorable que contraire aux catholiques, repose sur l'opinion que les anciennes lois pénales n'étoient point applicables à la colonie, et n'y avoient point été en effet mises à exécution. Si les catholiques y ont été exclus des emplois civils, c'est plutôt par suite des ordres particuliers du gouvernement, ordres dont on peut, dans l'état présent des choses, espérer la révocation, d'après les dispositions bienveillantes du roi et du ministère. Au surplus, le gouverneur a écrit à ce sujet en Angleterre, et on attend la réponse pour savoir comment le gouvernement envisagera la chose.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Les quais et les boulevards sont tapissés de carricatures odieuses et ignobles, dont l'objet est d'exposer à la risée publique les augustes infortunes de la famille royale. On ne se figure point une pareille dégradation de caractère et de mœurs, chez un peuple qui prétend se donner aux autres pour le modèle de la générosité. Est-ce que nous serions destinés à retomber dans l'état de grossièreté sauvage où l'autre révolution nous avoit mis? Dans ce cas, ce ne seroit pas la peine d'avoir étudié toutes les belles leçons de civilisation qui nous ont été données depuis quinze ans.

Un peuple qui est capable de s'arrêter pour rire devant le tableau des plus grandes adversités humaines que le monde connoisse, ne se fait pas moins tort sous le rapport de l'esprit et du cœur. Il y a d'ailleurs ici deux graves' manquemens pour un : on oublie que la famille nouvellement appelée au trône tient par tous les liens du sang à la famille détrônée, et que ce qui est un bas outrage pour l'une, est nécessairement une blessure pour l'autre. Espérons que les spéculateurs en carricatures y réfléchiront, et que d'eux-mêmes ils épargneront à notre nation les honteuses gentillesses par lesquelles ou dégrade ses sentimens et son caractère,

Quelques feuilles anglaises ont pris chaudement parti pour nos trois journées, et nous envoient là-dessus force complimens. Vous ne sauriez imaginer le plaisir qu'elles font à nos bonnes gens de Paris. Voyez, disent-ils, comme tout le monde est pour nous! Il n'y a pas jusqu'aux Anglais qui n'approuvent notre conduite, et qui ne soient enchantés de ce que nous avons fait... A la bonne heure; mais les félicitations des Anglais ne sont peut-être pas ce qu'il y a de mieux pour nous. En général, ils ne nous ont pas accoutumés à les voir se réjouir de ce qui nous est bon, et il pourroit se faire que, dans cette circonstance, ils eussent encore une fois évalué leur part de bonheur avant la nôtre. Toujours est-il que nous aimerions mieux voir la France se réjouir que l'Angleterre, et que nous n'avons pas grande foi aux complimens que cette dernière veut bien nous faire adresser par ses journaux. Ce n'est pas là-dessus que nous jugerons; ou, pour mieux dire, si nous avions quelque conséquence à tirer de là, nous ferions comme cet orateur, qui, en s'entendant applaudir des par gens dont il n'estimoit guère les suffrages, s'interrompit pour demander à ses amis s'il ne venoit pas de dire quelque sottise.

A en juger par le ton de voix de nos victorieux journalistes, il n'est pas probable que la dernière révolution tourne au profit de la vieillesse. Avec quelle pitié nos jeunes penseurs se mettent à parler d'elle! On diroit qu'ils ne lui laissent que le choix de la retraite ou de la mort, et qu'elle n'a d'autre parti à prendre que de se faire enterrer bien vite. Ils lui reprochent d'être caduque, décrépite, indigne de partager la gloire et les travaux de la belle génération qui demande à s'emparer de toute la place. En un mot, ils lui signifient doucement congé, en disant qu'elle n'est propre à rien, qu'elle ne comprend rien à la marche du siècle, et que c'est à eux seuls qu'il appartient de tout régler dans ce basmonde. Ainsi mettez-vous en quatre, comme certains d'entre nous, pour conduire à bien les affaires de notre jeunesse pensante, voilà le gré qu'elle vous en saura! C'est en vain que M. de Pradt et M. de Montlosier auront sué pour elle une quarantaine de volumes, elle oubliera tout pour ne regarder qu'à leur âge :

de même en sera-t-il de M. de Lafayette, de M. le baron Louis, de M. Labbey de Pompières, qui ne sont pas non plus de la preuière jeunesse. En vain ils allégueront les traits de vigueur par lesquels ils se sont rajeunis pour la servir; elle leur répondra par

son solve senescentem.

La famille royale, après avoir quitté Rambouillet, a passé successivement par Dreux, Verneuil et Laigle. Elle a couché le 8 à Argentan; elle étoit le 10 à Condé-sur-Noireau; elle n'avoit avec elle que les gardes-du-corps. On dit que le général Rémond et M. de La Pomeraye, députés du Calvados, sont partis de Paris ces jours derniers avec une mission relative au voyage et à l'embarquement du roi et de sa famille.

- MM. de Preissac, député; de Théis, de Lacoste, Godfroy et Choppin-d'Arnouville, sont nommés préfets de la Gironde, de la la Haute-Vienne, du Gard, des Côtes-du-Nord et du Doubs, en remplacement de MM. de Curzay, Coster, Herman, FadatteSaint-George, et de Calvières.

MM. Taillefer, Mancel, Romieu et Néel, sont nommés souspréfets à Bergerac, Lorient, Quimperlé et Dinan.

M. Faret est nommé secrétaire général de la préfecture d'Indre-et-Loire.

-M. Lescure, adjoint du maire; Lecarpentier, négociant; Chamblain, notaire; et Villemain, ancien député, sont nommés maires à Bergerac, Honfleur, Melun et Lorient.

- Sur la proposition de M. Chardel, les administrateurs des postes ont été réformés; ils sont remplacés par un conseil formé des chefs de division de cette administration.

M. Mérilhou remplit au ministère de la justice les fonctions de secrétaire général.

MM. Bois-le-Comte, Flavigny, Vieil-Castel et Tamisier, chefs de division au ministère des affaires étrangères, ont donné leur démission.

M. le général de Balathier est mort à Paris le 30 juillet.

Un journal annonce que M. d'Haussez a été arrêté à Beaujeu. On dit que M. Guernon de Ranville a été aussi arrêté à Tours.

M. Mangin, ancien préfet de police, est arrivé à Bruxelles; il avoit quitté la préfecture dans la nuit du 28 au 29 juillet.

M. Franchet et quelques autres personnages sont également

arrivés à Bruxelles.

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La commission municipale de Paris a rapporté son arrêté du 51 juillet, qui créoit une garde nationale mobile de 20 régimens, attendu que ce corps ne paroît plus nécessaire. Les individus qui en faisoient partie recevront encore pendant 15 jours la solde de 50 sous par jour, qui leur étoit allouée.

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- D'après un arrêté de M. le duc d'Orléans, les drapeaux et les

boutons d'habits de la garde nationale porteront pour inscription les mots Liberté, ordre public; et le cimier des drapeaux sera le coq gaulois.

M. le marquis Aymar de Dampierre s'est également retiré samedi dernier de la chambre des pairs, lorsqu'il a vu qu'on alloit voter sur la déclaration de vacance au trône.

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MM. Gaillard et Thomassin, juges d'instruction à Paris, que des journaux avoient accusés d'avoir lancé des mandats d'arrêt contre des pairs et des députés, ont démenti cette assertion. - La Bourse a r'ouvert le 5 août. Ce jour, les 5 pour 100 ont été cotés à 102 fr. 50 c., et les 3 pour 100 de 75 à 77 fr.

-M. le commissaire au département de l'instruction publique a décidé que les compositions du concours général continueront à partir du 9, qu'elles seront terminées le 25, et que la distribution solennelle des prix aura lieu le 30.

Les avocats du barreau de Paris ont tenu vendredi une conférence extraordinaire pour savoir s'ils devoient s'abstenir de plaider dans les circonstances actuelles. M. Gairal présidoit, assisté de MM. Hennequin et Parquin. Ces deux derniers ont combattu l'idée de cesser les plaidoiries; le motif que la magistrature a cessé d'exister, par suite de la dernière révolution, n'est plus fondé. La magistrature ne doit pas subir les oscillations de la politique. MM. Méchin fils et Conflans ont soutenu le mème sentiment. MM. Berville, Foy et autres, ont été de l'avis contraire. On est allé aux voix : vingt-sept avocats seulement ont été d'avis de continuer à plaider, plus de trois cents se sont levés pour l'avis opposé. La chambre des députés n'a pas résolu la question dans le sens de ces messieurs, qui appeloient le renversement entier de la magistrature. Les avoués ont pris une résolution plus sage; ils continuent leurs fonctions.

L'école normale, destinée à former des professeurs, est rétablie. Il sera pourvu prochainement à son organisation.

Des ordres ont été transmis le 4, par le général Gerard, à l'armée d'Afrique, pour faire arborer les couleurs tricolores. Des instructions particulières ont été expédiées d'abord à l'amiral Duperré, pour faire reconnoître ce signe à bord de ses vaisseaux. On lui a envoyé aussi des pouvoirs pour transmettre, au besoin, le commandement provisoire de l'armée de terre au général Berthezène. On dit aujourd'hui que le général Clausel aura ce comman

dement.

Le Nestor, parti d'Alger le 30 juillet, est arrivé à Toulon lé 6 août, avec 10,240,000 fr. en piastres d'Espagne, et des dépêches de l'armée d'Afrique.

- Un journal avoit dit que M. le marquis de La Roche-Jaquelein étoit allé dans la Vendée pour la soulever. Le noble pair a démenti cette assertion.

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