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Tandis que beaucoup d'honnêtes gens quittent la France, on nous promet en dédommagement que nous allons voir rentrer ceux que la restauration en avoit fait sortir. La plupart de ces illustres proscrits étoient dans les Pays-Bas. A leur tête est l'abbé Sieyes, ancien conventionnel ayant voté la mort, et ancien directeur; il a quatre-vingt-deux ans. Les autres conventionnels qui ont aussi voté la mort sont Merlin de Douai, ancien procureur-général à la cour de cassation, qui est dans sa quatre-vingtième année; Berlier, conseiller d'Etat sous Buonaparte; Barrère, ancien membre du comité de salut public, si fameux par ses beaux rapports et par la part qu'il prit au régime de la terreur; Mailhe, qui étoit en dernier lieu avocat à la cour de cassation; Ingrand, ancien membre du comité de sûreté générale, puis inspecteur des forêts; Thibaudeau, conseiller d'Etat, qui fut pendant les cent jours un des plus opposés aux Bourbons; Gauthier des Orcières ou de l'Ain, vice-président au tribunal de Paris; Levasseur de la Sarthe, auteur des Mémoires déférés dernièrément aux tribunaux; Chazal, tribun, puis préfet sous Buonaparte; Pocholle, sous-préfet de Neuchâtel à la même époque. On dit que Thibaudeau est déjà arrivé à Paris.

Depuis, on a encore publié une nouvelle liste de conventionnels. Elle comprend Choudieu, d'Angers, fameux par ses missions dans la Vendée; André Dumont, non moins fameux par ses missions en Picardie, et qui chercha ensuite à faire oublier ses torts; il étoit en dernier lieu sous-préfet à Abbeville, puis préfet du Pasde-Calais pendant les cent jours; Baudot, de Saône-et-Loire, connu aussi par ses missions; Boussion, du Lot; Martel, de StPourçain; Calès, de Toulouse, député des cent jours; Oudot, de Beaune, conseiller de cassation; Piorry, de la Vienne, juge à Liége; Ribereau, de la Charente, et Lefiot, de la Nièvre. La même liste porte Ysabeau; mais celui-ci est mort à Paris en 1823. Tous les précédens sont conventionnels comme les premiers, et ont voté la mort de Louis XVI. Nous ne croyions pas qu'il restât un si grand nombre de ces héros de la Convention, et nous ne doutons pas que leur retour n'excite une grande joie parmi tous les héritiers de leurs principes et de leur amour pour les révolu

tions.

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JEUDI 49 AOUT 1830.

(N° 4673.)

Panegyrique de saint Vincent de Paul, par M. P.-M. Cottret, évêque de Caryste et chanoine de St-Denis (1).

Ce discours devoit être prononcé devant les évêques invités à la cérémonie de la translation des reliques de saint Vincent de Paul, le 25 avril dernier; mais la longueur de la cérémonie n'ayant pas permis qu'il y eût de discours, M. l'évêque de Caryste a voulu du moins livres son travail à l'impression. Sans chercher, dit-il modestement, à rivaliser avec les orateurs célèbres qui nous ont laissé des panégyriques de saint Vincent de Paul, il n'a eu d'autre but que de faire connoître un saint prêtre si digne d'être le modèle de tous les ministres de la religion. Son texte est pris du livre de l'Ecclésiastique: Dilectio et viæ bonorum apud ipsum; la charité et les bonnes œuvres ont leur source en Dieu. Le prélat remarque que les enfans du siècle admirent plus dans saint Vincent de Paul les succès de son zèle et les monumens de sa charité que les vertus mêmes à qui on doit ces monumens et ces succès. Quant à lui, il ne veut point séparer les unes des autres, et, en louant ce que le monde admire, il se propose d'exalter surtout des vertus simples et modestes que lę monde dédaigne de célébrer. Le discours est donc partagé en deux points; dans le premier, l'orateur montre le pouvoir de la charité pour développer dans l'ame du juste les plus belles vertus, et dans le second, il fait voir que les bienfaits de saint Vincent de Paul ont fait éclater au milieu des hommes la gloire de la charité:

Le prélat parcourt donc dans le premier point les (1) Un vol. in-8°, prix, 1 fr. 50 c. et 1 fr. 80 c. franc de port. A Paris, chez Ad. Le Clere et compagnie, au bureau du journal.

Tome LXV. L'Ami de la Religion.

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principales vertus dont Vincent de Paul nous a donné l'exemple, la foi, la piété, l'humilité, la douceur, le détachement, la mortification, etc. Loin d'être un homme. médiocre, comme l'ont prétendu quelques sectaires, le saint prêtre joignoit le discernement et les lumières à toutes ses vertus, et il savoit au besoin montrer cette force et ce courage qui s'allient chez les saints avec l'humilité.

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Ne croyez pas cependant, dit l'orateur, qu'avec ces vertus éclatantes, il parût en sa personne rien d'extraordinaire, et qu'il laissât jamais apercevoir combien le Tout-Puissant avoit fait en lui de grandes choses. Aussi nous ne voyons pas qu'il ait jamais parlé de révélations, de ravissemens; et, si l'Eternel lui a accordé ces faveurs qui sont le partage des saints, le secret en est pour jamais dérobé aux regards de la postérité. Ce que nous savons, c'est que Vincent n'aimoit pas moins la simplicité que l'humilité et la douceur. On le vit plusieurs fois conjurer à genoux un de ses plus jeunes missionnaires d'être simple et sans apprêt dans ses instructions. Pour lui, il fuyoit tout ce qui pouvoit briller au dehors; et, si sa touchante éloquence remporta quelquefois de beaux triomphes, il n'avoit point préparé ses succès; car il parloit toujours, à l'exemple des apôtres, d'après la seule inspiration de l'Esprit saint. Cette simplicité, nous aimons à la retrouver dans les détails que nous pouvons connoître de sa vie privée.

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Dans la seconde partie, M. l'évêque de Caryste retrace les grandes œuvres et les établissemens de saint Vincent de Paul. Il le montre prêchant dans les campagnes, évangélisant les galériens, formant la congrégation de St-Lazare, envoyant des missionnaires au dedans et au dehors du royaume, établissant des retraites pour les ordinands, des conférences ecclésiastiques, des assemblées de charité; concevant et exécutant le plan de la congrégation des Filles de la Charité, leur inspirant son esprit, ouvrant des asiles aux orphelins, formant des hôpitaux pour la vieillesse et les maladies, distribuant des secours immenses à des provinces ravagées, enfin ranimant la piété dans le sacerdoce et se faisant écouter et respecter des grands, en même

temps qu'il se fait chérir des pauvres et des infirmes qu'il soulage:

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Ainsi s'est éteint, dans les saintes pratiques de la charité, ce grand homme qui en a été un aussi beau modèle. Un admirable concert, et d'éloges et de regrets, a répondu partout à la nouvelle de sa mort; on s'est écrié, avec un prélat jadis son ami: Lucerna extincta est in Israël, un flambeau s'est éteint dans Israël. Cet hommage rendu au fondateur de tant d'institutions utiles, étoit devenu le domaine de l'illustre nation française, lorsque la révolution, armée de crimes et de fureurs, est venue lui disputer ses plus précieux héritages. Elle a ouvert la carrière de ses attentats par la profanation la plus criminelle envers l'illustre Vincent de Paul. On eût dit que le génie du mal vouloit nous donner d'avance la mesure de ses excès, en outrageant, dès son début, la mémoire de celui qui avoit possédé à un si haut degré le génie du bien..

Nous nous bornerons à ces citations d'un discours où Vincent de Paul est peint avec fidélité et d'après les témoignages les plus authentiques. L'orateur n'a oublié aucun des traits importans qui font connoitre son modèle, et il inspire une profonde vénération pour ce héros de la charité. Il a joint à son discours des notes rédigées dans le même esprit, et qui éclaircissent ou confirment ce qui est dit dans le corps de l'ouvrage. Les admirateurs du saint prêtre sauront gré à M. l'évêque de Caryste de son zèle pour la gloire d'un si illustre bienfaiteur de l'humanité; un tel sujet étoit digne à la fois de son talent et de sa piété.

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ROME. Un cardinal vient de succomber à de longues infirmités; c'est M. François Cesarei-Leoni, né à Perouse le 1er janvier 1757, auditeur de Rote en 1784, régent du tribunal de la pénitencerie en 1804, devenu doyen de la Rote, créé cardinal par Pie VII, mais réservé in petto dans le con

sistoire du 8 mars 1816, et déclaré seulement dans celui du 28 juillet 1817. Il reçut le titre presbytéral de Sainte-Marie del Popolo, et fut fait en même temps évêque d'Iési. Affligé d'une longue maladie, il sentit son mal s'agraver le 23 juillet dernier, et expira le 25, après avoir reçu les sacremens de l'Eglise.

Le dimanche 1er août, M. le cardinal Zurla, vicaire de Sa Sainteté, administra le baptême, dans sa chapelle privée, au juif Aaron Benadam, de Maroc, âgé de 25 ans, qui fut tenu sur les fonts de baptême par M. Marucchi, vice-recteur des catéchumènes. Son Em. donna ensuite la confirmation au nouveau baptisé.

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La portion nombreuse et respectable de la nation catholique arménienne, répandue dans l'empire ottoman et dans les diverses missions sujettes au vicaire apostolique patriarchal latin de Constantinople, portion distincte de celle qui obéit au patriarche de Cilicie résidant au Mont-Liban, vient d'ob tenir de grands avantages par la médiation et le vif intérêt des ambassadeurs des principales cours catholiques près la Porte. Un concours de révolutions politiques et religieuses avoit depuis long-temps réduit ce peuple à un état d'abaissement, où il étoit privé de ses magistrats et de ses pasteurs, et obligé de se courber sous les ordres du patriarche schismatique, et de pratiquer son culte dans le secret de ses maisons. De nouvelles dispositions, émanées du Grand-Seigneur, viennent de soustraire ces pauvres Arméniens à la dépendance du patriarche schismatique; ils formeront une nation séparée, auront un état civil et un chef spirituel catholique sous lequel ils exerceront librement leur culte. Le saint Siége, qui avoit si souvent sollicité leur émancipation, n'a pu qu'accueillir et favoriser avec empressement les nombreux arrangemens. Le pape vient d'ériger à Constantinople un siége archiepiscopal arménien, qui aura le titre et les priviléges de métropole primatiale. Ce siége remplacera l'ancien patriarchat catholique de cette nation, lequel tomba avec l'empire d'Orient. D. Antoine Nourigian, ecclésiastique arménien distingué, a été choisi par le saint Père pour premier archevêque, et a reçu l'onction épiscopale à Rome, le dimanche 11 février, dans l'église de la Propagande. La cérémonie a été faite par M. le cardinal Zurla, vicairegénéral de Sa Sainteté, assisté de M. Soglia, archevêque

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