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L'on n'a jamais dans toutes les justices du pays fondé aucun jugement sur le nouveau coutumier, mais sur l'ancienne coutume à forme des serments que l'on prête tant avant que de juger des causes aux Etats qu'aux justices inférieures (*).

Le 19 octobre:

1666 Nouveau cou

tumier nul.

Plusieurs enfants en la succession des biens de leur oncle ou tante ne peu- Plusieurs envent représenter que la personne de leur père ou mère, et par ainsi ils ne peu-sentent que le fants ne reprévent retirer et percevoir entre tous qu'une portion des dits biens, et rien plus père à la sucoutre qu'un autre neveu (**) qui serait seul.

Le 30 novembre:

cession d'un oncle ou tante.

Lorsqu'il n'y a aucune révision demandée sur une modération de frais, comme La révision non aussi sur un passement obtenu en justice et sur une prononciation, on n'est demandée, on obligé que de notifier la taxe, sans aucuns autres usages précédents, comme peut procéder à

levation et vendition.

Cette année fut très abondante en vin et en grain. La vente du vin se fit à Neuchâtel 35 livres le muid, et l'abri du grain fut fait, savoir le froment, 81/2 batz, l'orge, 4 batz, et l'avoine, 81/2 gros.

la taxe.

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comte de St

Pol, fait sa pre

mière cam

pagne en Flandres.

Sa valeur.

Charles-Paris d'Orléans, frère puîné de Jean-Louis-Charles, sou- Charles-Paris, verain de Neuchâtel, qu'on nommait pour lors le comte de St-Pol et qui était duc de Longueville, suivit, l'an 1667, le roi Louis XIV à la campagne de Flandres, où il se trouva à la prise de Tournay, de Lille et de Douai. Quoiqu'il n'eût que dix-huit ans, il donna des preuves d'une grande valeur, et l'on aurait cru qu'il avait déjà une longue expérience, quoique ce fût sa première campagne. On le vit souvent à la tranchée. Devant Tournay il désarma un officier espagnol qui s'avançait pour le tuer, lui arracha la pique de la main et la tourna contre lui. Au siège de Lille il repoussa les ennemis jusques dans leurs tranchées; et il fit plusieurs autres actions qui le firent admirer. Il était également intrépide soit en attaquant l'ennemi, soit en se défendant et en le repoussant.

Par arrêt de Louis XIV du 29 novembre 1667, signé Le Tellier, la noblesse de Jacques Audenger dit Guy, de Guillaume Guy, son neveu, et de Pierre, frère de Jacques, fut confirmée dans tout le royaume de France. Le premier est intitulé écuyer, seigneur de Sorey et autres lieux, maréchal des camps des armées de S. M., ci-devant colonel d'un régiment suisse pour son service, et depuis capitaine au régiment des Gardes-Suisses. Guillaume était seigneur de Ville, écuyer, capitaine et major, etc.

Noblesse des

Guy d'Auden

ger confirmée.

Les points de coutume qui suivent furent donnés par le conseil Points de coude ville de Neuchâtel:

(*) On entendait par ce nouveau coutumier celui qui avait été dressé l'année 1623 (Voy. la dite année).

(**) Il s'agit de savoir si ce point de coutume doit s'entendre lorsqu'il n'y a que des neveux ou si cela s'entend quand il y a des frètes du défunt ou seulement un frère.

tume donnés par le conseil de ville.

ANNALES DE BOYVE. TOME IV.

10

1667

Il n'y a qu'an

et jours pour

Le 14 août :

Quand une personne est en possession d'une taxe sur un bien-fond, celui qui faire déchoir un la veut faire déchoir de telle taxe, lui doit former demande dans l'an et jours, qui est un an et six semaines, autrement il est forclos d'un tel bénéfice. Le 26 novembre :

créancier de sa taxe.

Cinquième de

gré requis pour

Quand il s'agit de juger d'une cause d'injure, non seulement les juges, mais juger une cause aussi les témoins doivent être au cinquième degré de parentage de tous côtés. Le 4 décembre:

d'injure.

Pour une dette

non confessée, on doit recher

Quand on veut poursuivre quelqu'un pour le payement d'une dette non concher son débi- fessée, on le doit rechercher rière son juge où il est domicilié.

teur rière son domicile.

Quarantaine

La peste fut fort échauffée à Bâle et elle subsista jusqu'à l'année Peste à Bâle. suivante. Plusieurs jeunes gens de Neuchâtel qui y faisaient leur imposée à des demeure, étant revenus à Neuchâtel pour éviter la contagion, furent obligés de faire la quarantaine dans une maisonnette qui est dans une vigne auprès de St-Claude.

Neuchâtelois

qui en revenaient.

Abondance de vin.

On fit encore beaucoup de vin cette année. La vente se fit à Vente et abri. Neuchâtel 54 livres le muid, et l'abri du grain fut fait, le froment à 8 batz l'émine, l'orge à 12, gros, l'avoine 9 gros.

1668

Louis XIV dans la Franchecomté.

Le 25 janvier 1668, le roi Louis XIV arriva en personne avec une armée de 20,000 hommes dans la Franche-Comté de Bourgogne, et la subjugua dans très peu de temps; mais il la rendit la même année. Le comte de St-Pol y accompagna le roi et y fit toujours paraître sa valeur et sa générosité. L'approche de l'armée du roi Gardes sur les fit qu'on fut obligé de faire des gardes sur les frontières.

frontières.

Les Suisses mé

ditant pour

prendre le

comté de Neuchâtel, le

engage les

Les Suisses voyant que le roi s'était saisi de la Franche-Comté leur sûreté de de Bourgogne, et craignant qu'il ne voulût aussi s'emparer du comté de Neuchâtel, étaient dans le dessein, pour leur sûreté, de le prévenir et de s'en saisir eux-mêmes; ce que le prince de Condé prince de Condé ayant appris à Paris, il conseilla à ses deux neveux, le duc de deux princes à Longueville et le comte de St-Pol, de faire promptement le voyage s'y rendre. de Neuchâtel pour s'assurer de la fidélité des peuples, et pour s'en mettre eux-mêmes en possession. Comme le duc de Longueville s'était proposé depuis quelque temps de remettre les comtés à son frère, le comte de St-Pol, il voulut bien le faire dans cette occasion et lui en passer un acte authentique; et ce fut là le sujet qui les obligea à faire le voyage et à se rendre dans les comtés.

Rencontre des

Gallandre, in

timents; qui en

Les princes partirent de Paris en poste le 2 mars et ils arrivèrent princes avec à Dijon le 5. Le sieur Jonas Gallandre, intendant des bâtiments et tendant des bâ- des forêts de S. A., s'étant rencontré à Dôle dans le même temps voie un courrier qu'ils y arrivèrent, prit la liberté de les aborder, et les pria de lui à Neuchâtel. permettre d'envoyer un courrier à Neuchâtel pour y donner avis de leur arrivée, ce qu'ils lui accordèrent, quoique leur dessein fût d'y arriver sans faire avertir personne. Ce courrier arriva à Neu

châtel le dimanche matin 8/18 mars, à une heure après minuit; il 1668 avait été envoyé depuis Salins.

de Lully fait

conseil d'Etat.

Le gouverneur de Lully ayant appris cette nouvelle, assembla Le gouverneur promptement et avant le jour le conseil d'Etat pour aviser ce qu'il y assembler le avait à faire. Le conseil de ville fut de même assemblé. La seigneurie ordonna alors à tous les officiers de milice de se trouver avec leurs troupes à trois heures du soir à la petite plaine de Peseux, et ils firent tant de diligence qu'il s'y rencontra environ 4000 hommes Quatre mille de Valangin, de la Côte, de Boudry et Colombier, commandés par les capitaines Sigismond Tribolet et Jean-Jacques Tribolet, procureur de Valangin.

hoinines de mi

lice se trouvent Peseux pour re

à la plaine de

cevoir les princes.

Quelques moments après l'arrivée de ces troupes dans ce lieu-là, les princes y passèrent. Le sieur d'Hervoil, leur résident dans le comté, leur était allé au devant avec deux ou trois de Neuchâtel. M. de Lully, gouverneur, les avait suivis de près avec quelques Le gouverneur officiers et autres de Neuchâtel, au nombre de vingt-quatre chevaux, rencontre les entre lesquels il y avait six députés du conseil de ville, qui rencontrèrent les princes à la Clusette. Les milices des Verrières leur avaient déjà fait la salve en passant, aussi bien que celles du Valde-Travers; et c'est ce que firent aussi celles qui étaient en la plaine de Peseux.

princes à la Clusette.

Neuchâtel.

Les princes et leur cortège étant passés plus outre, rencontrèrent Arrivée des les troupes de la ville, au nombre de 500 hommes, commandés par princes près de le capitaine Frédéric Rollin, qui leur firent de même la salve par plusieurs décharges de mousqueterie. Ensuite le banneret Jean-Jacques Merveilleux, couvert d'une cuirasse, présenta le drapeau au Compliment du duc de Longueville et lui adressa ces paroles:

Monseigneur, voici le drapeau de votre ville de Neuchâtel que je vous présente en signe d'hommage, vous suppliant de nous conserver dans nos franchises et libertés, comme ont fait vos très illustres prédécesseurs, et de notre côté nous ne manquerons pas de rendre à V. A. tous les devoirs de bons, fidèles et obéissants bourgeois et sujets.

Le prince répondit :

Il est en bonnes mains, je vous le confie.

banneret J.-J. Merveilleux.

Réponse du

prince.

Les troupes ayant encore fait quelques décharges, les princes continuant à marcher du côté de la ville, ils se séparèrent auprès Les princes se du Pont du Vaux-Seyon; et comme environ trente cavaliers des séparent au principaux de l'Etat étaient allés au devant des princes jusqu'à la Seyon. Clusette, ils furent aussi obligés de se séparer.

Pont du Vaux

château et

Le gouverneur de Lully accompagna le duc de Longueville par L'un entre par le chemin qui conduit à la Porte du château, ce prince voulant par la Porte du là éviter le bruit du grand monde; les autres suivirent le comte de l'autre par celle St-Pol, qui prit le chemin du Parc, avec deux gentilshommes, MM. de l'hôpital. de Fontenay, qui était le gouverneur du comte, et Henri-David, qui

1668

Le maîtrebourgeois Perrot présente les

était le contrôleur des princes, et qui leur servait de maître d'hôtel, et que les princes avaient amenés avec eux, n'ayant en tout qu'une suite de huit personnes.

Le comte de St-Pol entra dans la ville par la Porte de l'hôpital, où le maître-bourgeois Antoine Perrot lui présenta les clefs et clefs de la ville le complimenta de la part de la ville. Le comte monta ensuite au château, où son frère était déjà arrivé, et où le conseil de ville en corps et les pasteurs de la ville les allèrent complimenter.

au comte de

St-Pol.

Équipage différent des deux

princes.

Les milices du
Locle et de la

Ces deux princes arrivèrent à Neuchâtel dans un équipage fort différent. Le duc de Longueville, qui était l'aîné, mais qui se vouait à l'église, arriva en litière, n'ayant qu'un habit de droguet couleur de musc. Mais le comte de St-Pol entra monté sur un superbe cheval blanc, et habillé en velours bleu brodé d'or.

Le lundi 9/19 mars, les milices du Locle et de la Chaux-de-fonds, Chaux-de-fonds qui n'avaient pas pu se rencontrer à Peseux le jour précédent, descendent à descendirent à Neuchâtel et firent quelques décharges sur la terNeuchâtel. rasse à côté du château, d'où elles s'en retournèrent. Il y eut aussi Compagnie de une compagnie de jeunes garçons de la ville, commandée par Jean jeunes garçons Martinet, qui, quoiqu'ils fussent tous au dessous de l'âge de quinze admirée par le ans, ne laissaient pas que de manier les armes aussi bien que des hommes faits. C'est ce que le comte admira, et plus qu'il n'avait fait pour les autres troupes qu'il avait vues.

de la ville très

comte.

Remise du comté par le duc de Longue

Le duc de Longueville, qui s'était rendu à Neuchâtel principalement pour remettre à son frère la souveraineté de Neuchâtel et ville au comte Valangin, lui en passa un acte authentique le mercredi 11/21 mars entre les mains des notaires Jonas Martinet et Nicolas Huguenaud, tous deux bourgeois de Neuchâtel. Il est dit dans cet acte:

de St-Pol.

Acte de remise.

Pour ces causes et autres considérations à ce mouvant, de sa libre et franche volonté, a fait et fait don, par ces présentes, par donation entre vifs, pure, simple et irrévocable, en la meilleure forme que donation de cette qualité se puisse faire et être faite, à mon dit seigneur le comte de St-Pol son frère à ce présent et acceptant pour lui, ses hoirs, successeurs et ayants cause, étant aussi présent au château de Neufchâtel, de tous et tels droits de souveraineté, de propriété et autres qui appartiennent et qui sont acquis à mon dit seigneur, donateur en la susdite qualité de principal héritier aux dites souverainetés de Neufchâtel et Valangin, leurs appartenances, dépendances et annexes, sans aucune chose en excepter, retenir ni réserver en quelque sorte et manière que ce soit; au moyen de quoi les dites souverainetés et principautés de Neufchâtel et Valangin appartiendront pour le tout à mon dit seigneur le comte de StPol, qui entrera dès à présent en possession et jouissance actuelle des choses à eux appartenantes en pleine propriété, sous cette condition toutefois acceptée par Monseigneur le comte de St-Pol, qu'arrivant son décès sans enfants ou celui de ses enfants sans enfants, mon dit seigneur donateur étant encore vivant, en ce cas et non autrement les dites choses retourneront de plein droit à mon dit seigneur donateur.

A ces fins mon dit seigneur le duc de Longueville s'est dévêtu et se devêt

des susdites choses données à mon dit seigneur le comte de St-Pol pour lui, 1668 ses hoirs, successeurs et ayants cause.

Les témoins nommés dans l'acte sont Urs de Stavay, seigneur Témoins nomde Lully, gouverneur; François-Louis-Blaise de Stavay, seigneur de més dans l'acte. Mollondin, lieutenant de gouverneur; François-Louis d'Affry, capitaine au régiment des Gardes-Suisses de S. M. T. C.; Guillaume Tribolet, châtelain de Thielle; Pierre Chambrier, maire de Neuchâtel; Simon Merveilleux, seigneur de Bellevaux, maire de Rochefort; George de Montmollin, chancelier; Jean-Frédéric Brun, seigneur d'Oleyres, procureur-général, et David Merveilleux, châtelain de Boudry, tous conseillers d'Etat, qui signèrent l'acte tous en qualité de témoins. Il fut aussi signé par les deux seigneurs donateur et donataire et par les deux notaires susnommés.

duc avait exercé

quelques droits

de souve

raineté.

Avant que de passer cet acte, le duc de Longueville exerça seul Avant l'acte le plusieurs droits de souverain (il avait déjà donné audience à M' l'évêque de Lausanne), il donna des dispenses de mariage en présence du comte de St-Pol, son frère, il accorda des lettres de légitimation et rappel de ban, el il fit assembler son conseil pour le faire entériner ce qui avait eu lieu avant-midi. Après-midi il passa à son frère l'acte ci-dessus.

Le jeudi 12 mars, la Compagnie des pasteurs, au nombre de vingt- La compagnie huit, vint complimenter LL. AA.

des pasteurs complimente les princes.

St-Pol à Colombier.

Le même jour le comte de St-Pol alla à Colombier pour voir le Le comte de château et les allées. A son retour, ceux d'Auvernier et de Colombier le suivirent sur des bateaux, avec leurs armes, faisant des décharges continuelles. Il y avait encore trois bateaux, sur lesquels étaient les nobles de Neuchâtel et plusieurs de Soleure et d'Estavayer.

solennité du

comte de

St-Pol.

Le vendredi 13/23 mars, le prince fit assembler les Trois-Etats Cérémonie et dans le grand Poile du château, où assistèrent la Compagnie des transport de la pasteurs, tous les nobles du pays, vassaux et autres, tous les con- souveraineté au seillers d'Etat, châtelains, maires, receveurs, les Quatre-Ministraux et le conseil de ville, les députés de toutes les justices et communautés, et en un mot, toutes les personnes de qualité. Les deux princes étaient assis au haut du Poile ayant une table devant eux, le duc de Longueville à la droite, tenant le sceptre devant lui. Il commença la cérémonie du transport de la souveraineté, en s'exprimant ainsi :

Messieurs, j'ai eu depuis longtemps le dessein de donner ces souverainetés à M. mon frère; mais l'occasion ne s'étant pas rencontrée propre pour nous trouver ici jusques à maintenant, aussi je me déclare en votre présence que je lui en ai fait une remise absolue, et les lui donne par marque d'amitié, m'en dévêtissant pour moi et les miens à perpétuité. Mais mon chancelier vous le déclarera encore plus au long par le discours qu'il va faire.

Discours du

duc.

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