Page images
PDF
EPUB

avoit commandé au Tailleur un habit ma gnifique; quand on le lui rapporta, il de"manda fon mémoire. Je n'en ai point,

[ocr errors]

"

[ocr errors]

répondit le Tailleur, & n'en ferai point, "pour tout payement, je n'ai qu'une grâce » à vous demander. Je fais, continua t'il en » tremblant, que ce que je defire eft un » bien inestimable, c'eft un bien réservé à » des Monarques; mais puifque j'ai eu le bonheur de travailler pour un homme » dont on ne parle qu'avec enthousiasme je ne veux d'autre payement que de lui » entendre chanter un air.

رو

[ocr errors]
[ocr errors]

دو

» Farinelli tenta inutilement de lui faire » accepter de l'argent, le Tailleur ne voulut jamais y confentir; enfin après beaucoup de débats, Farinelli, vaincu par l'extrême defir que cet homme avoit de l'entendre, » & plus flatté peut être de la fingularité de » cette aventure, que de tous les applaudif"femens qu'il avoit reçus jufques là, s'en» ferma avec lui, chanta les morceaux les "plus brillans, & fe plut à déployer toute » la fupériorité de fes talens, Le Tailleur

étoit enivré de plaifir; plus il paroifloit » étonné ou attendti, plus Farinelli mettoit, d'énergie dans fon chant, plus il s'efforçoit de faire valoir toute la féduction & "toute la magie de fon art.

[ocr errors]

Quand il eut chanté, le Tailleur, hörs » de lui-même, lui faifoit des remercimens, » & le préparoit à fortir. Non, lui dit Farinelli, j'ai l'âme fenfible & fière, & ce

[ocr errors]

» n'eft même que par-là que j'ai acquis quelque avantage fur les autres Chanteurs. Je vous ai cédé, il est jufte que vous me » cédiez à votre tour. En même- remps il tira fa bourfe, & força le Tailleur de recevoir le double de ce que fon habit pou» voit valoir. »

Ce Recueil répond parfaitement à fon titre, qui ne promet que ce qu'on trouve en effet dans l'Ouvrage. C'eft réellement une Bibliothèque très inftructive, grès amufante, & qui peut tenir lieu de plufieurs rayons de livres, fur-tout à la campagne.

MEMOIRE Phyfique & Médicinal, &c. par M, Thouvenel. A Paris, chez Didot le jeune, Imprimeur de MONSIEUR, quai des Auguftins.

LA vérité éprouve fouvent de grandes difficul tés, & plus fouvent encore, mal accueillie par ceux auxquels on la préfente, elle languit dans l'obfcu rité. Les hommes tiennent à leurs opinions, à leurs préjugés, Renoncer à des idées qu'on avoit toujours cru vraies, en adopter de nouvelles qui contrarient celles là, font des chofes dont tout le inonde n'eft pas capable. L'hiftoire de l'efprit humain rous en préfente des exemples continuels. Combien d'opinions dont on reconnoît la faufferé, & auxe quelles on tient toujours! Combien d'autres dont la

rité eft démontrée, & qu'on refufe d'admettre! Un feul homme peut donc abfolument avoir raifon contre l'opinion publique; mais peu-à peu les bons efprits fe rangeront de fon côté, & il finira par entraîner tous les fuffrages.

Cette révolution toujours difficile & lente, lorf qu'il s'agit d'établir une vérité nouvelle, l'eft encore bien plus quand on veut en faire revivre une an cienne, avilie par le temps, rejetée des Savans de tous les âges, rangée par le Peuple même dans la claffe des préjugés les plus greffiersel kaa

Dans un Ouvrage que nous avons déjà annoncé & qui a pour but de prouver qu'il exifte des rapports évidens entre le phénomène des fourciers, ceux du magnétifme & de l'électricité, on a entrepris d'opérer cette double révolution. Non-feulement on y avance un fait univerfellement profcrit, mais on en affigne une caufe abfolument nouvelle non-feulement l'Auteur fe déclare, hautement le défenfeur de la Baguete divinatoire, comme phéno mène appartenant à l'animalité, mais il devient encore, pour ainfi dire, le garant du magnétifme animal, en rapportant l'un & l'autre de ces phénomènes à l'agent univerfel de l'électricité.

A l'autorité très-grave de M. Thouvenel, en faveur du fourcier Bleton, eft venu fe joindre le témoignage très impofant de bien d'autres Savans de tous les ordres, qui ont répété les mêmes expériences, tant à Paris que dans les Provinces, depuis la publicité de l'Ouvrage de M. Thouvenel en 1780. Nous ne pouvons être en aucune manière garant de ces expériences que d'autres Savans ont depuis conteftées; mais l'Ouvrage dont il s'agit contient d'ailleurs des chofes affez neuves & allez impor tantes pour le rendre recommandable. On y retrouve fans ceffe ce double objet, 1o, d'éclairer les hommes fur les rapports que l'Auteur annonce entre les phénomènes de la Bagnette divinatoire, du Magnétifme & de l'Électricité ; 2°. de ramener aux principes & aux loix de la vraie Phyfique, & fur-tout de la Médecine, bimmenfe perfpective de ces phé nomènes étonnans. Nous avons extrait de l'Ou

[ocr errors]

vrage même une grande quantité de paffages qui y étant épars & fouvent ifolés ne peuvent que perdre de leur prix. Cet Extrait fera tout entier de l'Auteur, & fera connoître à quoi peuvent fervir dans l'étude de la Médecine les connoiffances physiques & chymiques, & fur-tour le génie capable de les employer.

Après avoir rapporté les principaux faits qui annoncent une grande analogie entre le fluide électrique & l'agent des impreflions de fenfibilité de la part de l'eau fur le corps des fourciers, après avoir indiqué les expériences qui achèveront de dévoiler toute l'étendue de ce phénomène, M. Thouvenel ajoute: Ne trouvera-t'on pas de nouveaux rapports entre l'électricité fouterraine Pélectricité atmofphérique & l'électricité animales rapports dont la connoillance paroît fi importante d'après les principaux faits & les apperçus de ce Mémoire Les traînées d'eaux intérieures ne font-elles pas les conducteurs naturels de la première, comme les nuages dans l'air, comme les vaiffeaux fanguins dans les animaux ?.... D'après de rapprochement, & par la correfpondance univerfelle de l'électricité terreftre & atmosphérique qui le tranfmet aux corps organiques, tel homme ne feut-il pas l'eau fous terre comme beaucoup d'autres la fentent dans l'air, bien avant qu'elle ne s'annonce même au baromètre? comme un vaporeux fent l'orage, comme un goutteux fent la neige, &c. »>

L'état alternatif d'un fourcier placé on fur le filon d'une cau fouterraine & courante qui lui donne une convulfion plus ou moins forte, ou bien fur une eau vague, éparfe & ftagnante qui ne lui fait éprouver qu'un mal-aife général, de la laffitude, de la courbature, du mal à la tête, &c. n'eft-il pas comparable à l'état d'un autre homme qui, dans la fphèle d'action d'un foyer électrique concentré,

[ocr errors]

éprouve une commotion forte, un ébranlement confidérable, tandis que dans un atmosphère fimplemeut furchargé d'un fluide éparpillé, il ne reffent que des fymptômes analogues à ceux du fourcier dans la feconde pofition.... Le mouvement pareillement alternatif, celui de rotation directe de la baguette fut fon axe, indiquant le foyer & le trajet des fources, eu celui de rotation rétrograde dans l'éloignement de ces fources, indiquant leur profondeur, ne tient-il pas auffi à l'électricité terreftre pofitive & négative, ou plutôt à son action attractive & répulfive, qui fe communiquant met en jeu l'électricité animale?»

[ocr errors]
[ocr errors]

Au refte, qu'on ne croie pas que tout fe paffe de la même manière à l'égard des différens fourciers, & quant au mouvement de leur baguette & quant aux affections de leur corps.... il y a des contrées où cette espèce d'hommes paroît beaucoup plus commune que dans d'autres.... Peut-être trouvera-t-on, en fixant fur ce point l'attention des Obfervateurs, que les foibles nuances de la fenfibilité phyfique animale aux impreffions des eaux comme conductrices d'électricité, fe rencontrent dans beaucoup d'individus, quoiqu'il foit aflez, rare d'y trouver le degré de fufceptibilité éminente qui conftitue la race des fourciers.... On verra par les exemples connus & cités de quelques uns d'entre-eux, diftingués & favans, que les eaux fouterraines, à part ce qui concerne la baguette, font des impreffions bien différentes fur les différens individus de certe claffe d'hommes, & que les organes fur lesquels fe portent ces impreffions ne font pas non plus les mêmes. Ces divers effets de l'électricité terreftre paroîtront analogues & parfaitement relatifs à ceux que produit fur un grand nombre d'hommes l'électricité atmosphérique renforcée, concentrée par des nuages ou autrenient. Quelle prodigieufe variété de fenfa

« PreviousContinue »