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Elle fayoit la loi trop rigoureuse:
Par des Valets arrêtée, en prifon
On l'a conduite..... A cette image affreue,
Julie en pleurs ferre son cher Damon,
Et précipite, à travers la clairière,

Ses pas tremblans. Ainfi par un lion
Quand le chevreuil voit étrangler sa mère
Et déchirer les flancs qui l'ont porté,
Par l'épouvante & l'horreur emporté,
Loin des fentiers du bois qui l'a vu naître,
Il fuit le monftre áu carnage attaché ;
Et le pauvret dans fa gueule croit être
Dès qu'un arbufte en paffant l'a touché.

L'AURORE enfin par

fon éclat raffure

Nos voyageurs. Ayant long-temps marché,
On fe repose au bord d'une onde pure,
Dans un réduit tapissé de verdure,

De chevrefeuille, & que le Dieu du jour
Sait éclairer fans violer l'ombrage

Des chênes verds qui, croiffant à l'entour,
Ont fur l'enceinte étendu leur feuillage, &c.

Outre quelques Contes plaifans, tels que les Bains de mer, les deux Femmes, la Bijoutière, Irus ou les Souhaits, on doit encore diftinguer dans ce Recueil la Bonne Mère, ou la Lecon de Mariage.

Il faut lire dans l'Ouvrage même une foule de détails champêtres, de peintures

pleines de vérité & de la fimplicité la plus aimable. L'Auteur, fans imiter La Fontaine, paroît avoir plufieurs des qualités poétiques qui caractérisent ce Conteur charmant. Il femble s'être formé fur les mêmes modèles, & fur tout fur les Poëtes Italiens qui excellent dans l'art de raconter & de peindre. Il s'eft fait une manière à lui, & l'on ne peut trop l'engager à fuivre une carrière où il entre avec tant d'avantages.

SPECTACLE S.

CONCERT SPIRITUEL.

IL

Ly a eu Concert Spirituel le Jeudi 29 Mai, jour de l'Afcenfion, le Dimanche 8 Juin, jour de la Pentecôte, & le Jeudi 19, jour de la Fête Dieu. L'Affemblée fut trèsnombreuse ces trois jours, quoiqu'ils n'aient offert aucune nouveauté remarquable. Mlle Cécile a exécuté avec fuccès un Concerto de Forté Piano organifé le jour de l'Afcenfion; le Concert fuivant Mlle Gervais, cette célèbre Danfeufe qui fur le Théâtre de l'Opéra excite un fi jufte enthoufiafme, a touché du même Inftrument. On lui a fu gré d'unir un talent agréable à fes talens fupérieurs, & d'employer à cette étude fes momens de loifir. Ce même jour en a exécuté prefque en entier le Stabat de M. Hayden, qui n'avoit

pu l'être dans la quinzaine. Cet excellent morceau, dont la marche eft fi bien fentie, l'expreffion fi jufte, le feul qui ait pu fe foutenir à côté de celui de Pergolèse, a paru faire un nouveau plaifir. Il a été exécuté dans une grande perfection, ce qui eft une forte de preuve de fon mérite. Les bons Ouvrages infpirent les Exécutans, & fixent davantage leur attention. Au Concert du 19 Juin, Mile Méliancourt & M. Murgeon (tous deux du Théâtre Italien) ont chanté un nouveau Mo tet, Ave Verum, de M. Rigel. Ce Motet a paru agréable & d'une bonne harmonie. L'exécution a fait grand plaifir. La voix de Mlle Méliancourt eft brillante & fonore; elle a confirmé l'idée que nous en avons don née la première fois qu'elle a chanté. M. Murgeon a un goût de chant fage, & eft excellent Muficien. M. Duport, qui revient de Londres, où il a eu le plus brillant fuccès, a rappelé au Public des talens qui lui font bien chers. On a admiré la pureté de fes fons, le moelleux, le fini de fon jeu, fon à plomb, fa précision incroyable & la grâce de la compofition. Nous fommes, dit on, menacés de le perdre. Il n'est pas étonnant que les Étrangers nous envient un talent fi précieux; mais il l'eft peut être que parmi nos illuftres Amateurs aucun n'ait encore tenté de le fixer parmi nous. M. Viotti s'est fait entendre à ces trois Concerts, & a foutenu la réputation avec le même éclat. Mme Todi a autli chanté les trois jours; on

lui a fait au dernier les adieux les plus flatteurs. Elle les a bien mérités par la manière délicieufe dont elle a chanté, quoique fa fanté fût dans une fi mauvaise difpofition qu'elle s'eft trouvée mal immédiatement après fon premier air.

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En ofant tracer un parallèle entre Mme Todi & Mme Mara, nous avions bien prévu que nous ne pourrions fatisfaire leurs partifans refpectifs; & tandis que ces deux excellentes Virtuofes ont la modeftie de fe contenter de nos éloges, leurs amis exclutifs, moins juftes qu'elles, nous accufent d'avoir trop vanté la rivale de celle qu'ils préfèrent; ils voudroient fur-tout que nous euffens prononcé entre elles. Quand nous ne ferions pas perfuadés que le devoir d'un Journaliste eft de rendre compte des fenfations du Public & non des fiennes; quand nous aurions cu nous mêmes un fentiment de préférence pour l'une des deux, nous auroit-il convenu d'affliger un talent diftingué par un jugement offenfant, & de prononcer un arrêt que le Public lui même a cru devoir fufpendre. Nous le répétons ici: le Public de Paris jugé par lui-même fans l'autorité des Journaux. Nous écrivons pour les Amateurs de Province & ceux des Pays étrangers; nous leur devons compte de la fenfation la plus générale. Ce jugement n'est pas indifferent, même en Mufique, & Mme Todi elle-même en offre la preuve. C'eft fur la réputation qu'elle s'eft faite à fon pre

mier voyage en France qu'elle a été engagée pour première Actrice férieufe au Théâtre de Turin, & fon fecond engagement pour une autre année au même Théâtre en a été la confirmation.

VARIÉTÉS.

LETTRE fur les Mélanges tirés d'une grande Bibliothèque, ou de la lecture des Livres François, imprimés in- 8°. A Paris, chez Moutard, Imprimeur-Libraire de la Reine, de Madame & de Madame Comteffe d'Artois, rue des Mathurins, hôtel de Cluny. A Paris, 1779 & années fuivantes.

*

MONSIEU

ONSIEUR,

Vous connoiffeż mon goût pour la lecture des Livres amufans & inftructifs, & vous ne pouviez me fausfaire davantage à cet égard qu'en me procurant les Mélanges tirés d'une grande Bibliothèque.

Je vous avoue que le titre trop vague de cet Ouvrage ne m'avoit pas prévenu en fa faveur. Lorfque j'en ai vû de temps en temps quelques Volumes annoncés dans les Journaux, j'ai cru n'y trouver que des pièces difparates répandues fans ordre & fans liaison. Mais quel a été mon étonnement lorsque depuis le troifième Volume j'y ai

*Il a paru jufqu'à préfent (en Juin 1783) 37 Volumes de cet Ouvrage.

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