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Mes jours s'ufent dans la détreffe
Mon âme a perdu sa vigueus.
Autrefois je charmois ma vie
Par le commerce des Neuf Souts,
Ou je cherchois dans la Chimie
Des résultats fouvent trompeurs ;
Mais je méprifai la cabale,
Ses fecrets font peu merveilleux ;
Et la pierre philofophale

Eût été celui d'être heureux.

( Par J. M. R., Emp. à Laval. )

Explication de la Charade, de l'Enigme & du Logogryphe du Mercure précédent,

LE mot de la Charade eft Adieu; celui de l'Enigme eft Mercure; celui du Logogryphe eft Avenir, ou fe trouvent Vire, Eu, rave, Ave.

ENIG ME.

Pour les amans peine

fenfible,

Je fuis un remède à l'Amour.

Le temps, par qui tout naît & finit tour-à-tour,
Me rend à la fin moins pénible.

A l'Amitié je porte un coup plus lent;

Un peu moins vive, elle en eft plus conftante;
Mais fi quelquefois je l'augmente

Elle me cède plus fouvent, t
Sur ceux qui vous ont pu connoître,
Eglé, vous détruisez mes droits.

Pour ceux qui vivent fous vos loix

Je fuis an vrai tourment, qui fera long, peut être, Vous le pouvez abréger toutefois,

Pour le finir, vous n'avez qu'à paroître,

(Par M. Martineau. )

LOGOGRYPHE.

SANS le vouloir, je t'offre ici mon nom.

J'ai dix piés ; avec fept je t'indique un Oracle
Que l'on confulte avec raifon,

Et qui jour & nuit fans miracle,
Mais par l'effet d'un Art ingénieux,

Parlé aux oreilles comme aux yeux.
En moi l'on trouve encore une place au Spectacle ;
Le nom d'un métal précieux;

"

Celui d'un Maréchal de France;

Celui d'un monftre fabuleux,

Connu dans les récits dont on berce l'enfance;

Un germe, objet de fubfiftance;

Un inftrument harmonieux;
De tout aliment le paffage.

Pour ne te plus paroître obscur,

Lecteur, en faut-il davantage ?

Non: tu me vois, tu peux en être sûr.

(Par M. David.)

NOUVELLES LITTÉRAIRES.

RÉFLEXIONS de Machiavel fur la première Décade de Tite-Live, nouvelle Traduction, précédée d'un Difcours Préliminaire, par M. D. M. M. D. R. A Amfterdam, & fe trouve à Paris, chez Alex. Jombert jeune, Libraire, rue Dauphine, 1782. 2 Vol. in-8°.

UN grand mérite de cet Ouvrage eft d'avoir un objet, un objet fenfible & utile, & ce mérite fe trouve dans le travail du Traducteur, indépendamment même de l'original.

Cette nouvelle Traduction joint l'élégance à la fidélité; elle étoit néceffaire pour faire connoître Machiavel à ceux à qui la langue Italienne n'eft pas familière.

Un Difcours Préliminaire, plein d'éloquence & de raison, Ouvrage du feul Traducteur, a fon objet particulier, qui ajoute beaucoup à l'objet rempli par Machiavel.

Celui-ci, écrivant pour des Nations dégénérées qu'il vouloit réformer, s'efforce de les rappeler, finon à la vertu, du moins à l'énergie antique par l'exemple des Romains; mais c'eft principalement à des Républiques qu'il propofe cet exemple.

Le Traducteur examine jufqu'à quel point les vertus des Républiques peuvent s'adapter

aux Monarchies, & comment & en quoi nous pouvons & nous devons imiter les Romains dans des conftitutions toutes différentes des leurs: c'eft une des importantes queftions qui puiffent être traitées, & elle l'est ici d'une manière également folide & lumineuse.

Si l'Auteur veut nous donner les vertus des Romains, leurs qualités militaires, civiles, politiques & morales, leur valeur, leur difcipline, leur conftance, leur amour pour la patrie, leur fermeté dans la difgrâce, leur fageffe dans la profpérité, leur fagacité dans l'art de proportionner les moyens à la fin, il n'eft pas moins attentif à nous ga rantir des vices dont ce peuple fublime n'étoit pas exempt; il blâme hautement fa cruauté, fa perfidie, fon ambition, fon deffein manifefte & fuivi d'affervir l'Univers; & c'eft ce qui diftingue, autant que la diverfité du fujet, la morale politique du Traducteur de celle de Machiavel; la première eft toujours pure, équitable, vertueufe, amie du genre humain; on n'en peut pas toujours dire autant de celle de Machiavel, quoi qu'en dife le Traducteur, qui a dû être favorable à fon original. Le Philofophe Florentin eft en général trop indifférent au vice & à la vertu, au jufte & à l'injufte, à la tyrannie & au gouvernement modéré; il donne à tous indiftinctement des armes & des confeils ; il enfeigne à réuffir dans le mal comme dans le bien. Il lai importe peu qu'on foit

jufte & bon, tout ce qu'il veut, c'eft qu'on foit grand, c'est-à-dire, fort, & fur-tout que l'on foit habile; mais la force fans juftice excite l'indignation & pouffe à la révolte; la perfidie excite la défiance; & qu'eftce qu'une force contre laquelle tout le mon de eft révolté? qu'est-ce qu'une habileté dont tout le monde fe défie? Voilà le point fur lequel il falloit infifter, voilà ce que le beau génie de Machiavel devoit s'attacher à éclaircir, à développer, à rendre sensible, comme l'a fait le Traducteur; car fa doctrine eft le véritable antidote de celle de Machiavel; & les endroits qui nous font le plus de peine dans celui-ci, trouvent leur réfutation naturelle dans les principes établis par le Traducteur. Auffi fe fent-on toujours porté à refpecter ces principes. On en fent la vérité, on en aime la juftice, au lieu qu'on eft souvent tenté de difputer contre Machiavel. Comment le voir de fang froid prendre la défenfe du fratricide de Romulus, & affurer qu'il ne pouvoit pas s'en difpenfer, parce qu'il faut que le fondateur d'une République foit feul, & ne puiffe éprouver de contradiction? Comment regretter avec lui la rareté des fcélérats illuftres, des tyrans habiles, des factieux impunis, & le défaut d'énergie capable de produire de grands crimes? Comment partager fon indifférence fur le bien & fur le mal? « Voulez-vous, dit-il, qu'une ville étende au loin fa domination? >>>

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Non, je ne le veux pas, & c'est pour

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