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mieux traités dans le couvent que dans la so ciété. Ceux qui restent dans les couvens sont fidèles à leurs engagemens; il faut récompenser leur fidélité. Ils auront des frais de culte; il faut qu'ils puissent y satisfaire. Enfin, selon M. l'évê que de Clermont, l'assemblée nationale, qui souhaite d'un côté de libérer les couvens, doit faire de l'autre tout ce qu'elle pourra pour y retenir les moines.

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M. Voidel n'a pas été de cet avis. Il a conclu, au contraire, que les ecclésiastiques qui préféroient la vie monacale, montroient qu'ils avoient l'esprit de l'institution qui les rassemble, et que leurs besoins se rapprochoient d'avantage de la simplicité primitive. Les murmures excités par cette doctrine n'ont fait que ranimer son courage. Devois-je m'attendre à cette défaveur, at-il dit, quand je retrace les devoirs religieux dans une assemblée où il y a tant de prélats catholiques?

M. Buzot a appuyé M. Voidel; il a démontré qu'accorder une supériorité de traitement aux moines qui ne veulent pas profiter du bénéfice de la loi, c'est faire manquer à cette loi le but pour lequel elle a été faite.

De l'épargne des religieux, on est descendu dans leurs parcs, dans leurs enclos, dans leurs

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jardins. Un œil économique n'a pu s'y promener, sans trouver qu'il y avoit-là quelque amendement à faire.

L'article du comité accordoit aux religieux la jouissance de leurs enclos. M. Martineau a remarqué que le mot d'enclos étoit trop vague; qu'il ne falloit pas confondre les enclos avec les jardins, dont il seroit indécent de priver les moines; qu'il y avoit des enclos qui ne produisoient et d'autres qui rapportoient 20 mille livres de rente. Cela est faux, s'est-on écrié ; — mais le clos de Vougeot, si connu des gourmets, s'est présenté fort à propos, comme un mot sans replique, au souvenir de l'opinant; et aucun prélat n'a plus contesté le revenu précieux de certains enclos.

rien,

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On vouloit aussi que les religieux conservassent leurs jardins et potagers. Vain luxe territorial! Ces jardins ont sans doute représenté ceux de Sémiramis, et d'Alcinois, ou ces délicieuses retraites chantées par l'abbé Delille. On a enlevé la conjonction et, de cette manière, les jardins et potagers sont devenus des jardins potagers tout simplement ; et la possession s'est trouvée assortie à la modération ecclésiastique. Que ceux qui s'étonnent que la particule et ait pu faire tant de bruit dans l'assemblée, apprennent

qu'on a vu des virgules causer des schismes et des querelles beaucoup plus sérieuses.

Tout s'est appaisé enfin, pour en venir à un décret peu favorable à la dépopulation des cloîtres; puisqu'avec le méme revenu, la vie menée en communauté est susceptible de bien plus d'aisance que la vie séculière. Voici le décret:

Les religieux qui préféreront de se retirer dans les maisons qui leur seront indiquées, jouiront dans les villes des bâtimens à leur usage et des jardins potagers. Dans les campagnes, ils auront, en outre, l'enclos attenant à leurs maisons, lorsqu'ils n'excéderont pas six arpens, mesure de Paris; le tout à la charge des réparations locatives et des frais du culte divin, excepté pour les églises paroissiales.

Il sera, en outre, assigné auxdites maisons un traitement annuel, en raison du nombre des religieux qui y résideront. Le traitement ne sera pas le même pour les religieux mendians et pour les non mendians; il sera proportionné à l'âge des religieux, et en tout conforme au traitement décrété pour les religieux qui sortiront de leurs maisons.

L'assemblée nationale se réserve de déterminer l'époque et la manière dont les traitemens seront acquittés : la quête sera alors interdite à tous religieux.

N. B. Le mois de mars finit au No. CXXII.MM. tès abonnés dudit mois sont priés de s'adresser à M. SAY fils, directeur du bureau du Courier de Provence,

No. 16, rue de l'Echelle Saint-Honoré, pour renouveler leur abonnement, afin que l'envoi des numéros d'avril n'éprouve point de retard.

De l'Imprimerie du PATRIOTE FRANÇOIS, Place du Théâtre Italien.

COURIER DE PROVENCE,

Pour servir de suite aux Lettres du Cte DE MIRABEAU à ses Commettans.

DE

No. CXX.

Séances du Samedi 20 du 21 mars 1790.

.1:

E nouvelles réflexions amènent de nouvelles lumières. Ce n'est souvent qu'après avoir relu et examiné plus particuliérement des articles décrétés, qu'on s'apperçoit de ce qui est nécessaire à leur perfection. M. l'archevêque de Sens, cidevant premier ministre, n'avoit pas eu peine à obtenir du conseil du roi de faire une coupe de mille arpens dans son abbaye de Saint-Ouen : c'étoit un objet de 700,000 livres. Un arrêt du parlement de Rouen s'étoit opposé à cette coupe. Un second arrêt du conseil a cassé ce dernier arrêt, et levé toutes défenses. M. de Lanjuinais a fait ajouter à l'article 2 du dernier décret sur les bois et forêts, quelques mots qui arrêtent l'exploitation de ces bois. M. Martineau a observé. que l'arrêt du conseil, qui levoit les obstacles apportés à la coupe de ces bois, au bénéfice de l'archevêque de Sens, n'étoit que du 20 décembre dernier. Le contraste d'un tel arrêt avec la situation de l'état, qui a besoin de toutes ses ressources, a excité un mécontentement mêlé

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