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munes de dénoncer les contraventions aux tribunaux qui doivent en connoître.

9. Toutes les dispositions ci-dessus seront exécutées dans les provinces belgiques comme dans toutes les autres parties du royaume, et les officiers des maîtrises des eaux et forêts, et autres juges compétens de ces provinces, sont autorisés provisoirement à exercer sur les bois ecclésiastiques, par concurrence avec les juges ordinaires, la même jurisdiction que sur les bois domaniaux, sans préjudice des poursuites auxquelles les gens de main-morte desdites provinces pourroient être sujets pour ventes et abatis de bois non parvenus à maturité, qu'ils pourroient avoir ci-devant faits en contravention à la loi, qui leur ordonnoit d'exploiter leurs bois en bons pères de famille.

On regrette qu'avant de porter ce décret à la sanction, personne n'ait fait observer à M. Lanjuinais qu'il n'étoit pas honnête, en parlant des bois et forêts, de dire que la nation peut être dans le cas d'y rentrer. Sans doute il y a loin d'ici au temps où les François sont sortis des bois; mais il ne faut pas faire dire aux méchans, qu'on pense à les y faire rentrer, et que les décrets proposés par M. Lanjuinais tendent à leur en frayer doucement le chemin.

Du vendredi 19 mars.

L'HONNEUR fait par l'assemblée nationale à l'association de Londres, appellée la société de

la

la révolution, de lui adresser une lettre de remercîment, en réponse à celle que l'assemblée en avoit reçue, méritoit, de la part de cette société un nouveau témoignage de sensibilité et de respect. Elle y a satisfait par une lettre de mylord Stanhope, en sa qualité de président, accompagnée de deux ouvrages, dont la société fait hommage à l'assemblée; l'un, qui est un abrégé de l'histoire et des travaux de la société de la révolution; l'autre, la continuation des mémoires pour 1789, où se trouvent plusieurs choses honorables pour l'assemblée nationale.

Cette lettre de lord Stanhope respire les mêmes sentimens de philantropie que la première; sentimens qui semblent particuliers à ce siècle, et qui sont précieux entre deux nations, que des rapports de proximité et de commerce devroient lier étroitement pour leur prospérité

commune.

On aura remarqué sans doute, dans cette lettre, les voeux formés par la société de la révolution, pour que les principes de bienveillance universelle détruisent enfin par toute la terre l'oppression et l'esclavage; et l'on aura pu croire que la société faisoit ainsi une critique indirecte du décret de l'assemblée nationale sur les colonies, par lequel les Africains sont comme en

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chaînés de nouveau sous ce joug barbare. Mais en comparant la date du décret, et celle de l'envoi de Londres, on voit que la société n'a pu être animée par une semblable intention, puisqu'elle ne pouvoit encore avoir connoissance de ce décret. Il n'est pas douteux que la bienséance l'auroit engagée à ne point faire mention auprès de l'assemblée nationale de cette liberté générale, de cette bienveillance universelle, qui venoient de recevoir de si fortes atteintes ; et à supprimer toutes les expressions qui auroient pu contraster trop fortement avec le parti qu'a pris l'assemblée. C'étoit un hommage pur que lui adressoit la société de Londres; et l'on méconnoîtroit cette respectable société, si une inobservation de date travestissoit son hommage en une censure déguisée.

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L'on est revenu aux ordres religieux dans cette séance. Nos lecteurs se rappellent par quelle suite d'opérations, commencées le 5 février, l'assemblée nationale a fixé le sort de ces ordres. Le 19 dudit mois, elle décida que les religieux qui sortiroient de leurs couvens, n'en seroient pas moins incapables de toutes dispositions entre - vifs, et testamentaires; mais qu'ils pourroient recevoir des pensions ou rentes viagères. Aujourd'hui, M. Treilhard a proposé, de la part du comité, la

modification suivante, qui a été décrétée sans opposition:

Les religieux qui sortiront de leurs maisons, pourront disposer, par donations entre vifs et testamentaires, des biens meubles et immeubles acquis depuis la sortie de leurs cloîtres; et, à défaut de dispositions de leur part, lesdits biens passeront aux parens les plus proches.

Cette disposition part d'un principe de justice et d'humanité; elle porte les parens, les amis des religieux, à des égards dont ils pourront recueillir les fruits. M. Bouche, en rappellant cette maxime, que, sous un bon roi, la cause du fisc est toujours mauvaise, a proposé, en faveur des ecclésiastiques, cette nouvelle exception, qui a passé tout de suite en décret:

Lorsque les religieux se trouveront en concours avec le fisc, ils hériteront, dans ce cas, préférablement à lui,

Prenons maintenant en main les piquets, la toise, la planchette, tous les instrumens de l'arpentage, et transportons-nous, avec l'assemblée nationale, dans les enclos des religieux, pour faire la part de la nation et la leur ; pour régler l'étendue de terrein qui doit rester à ceux qui préféreront le séjour du cloître, sur ce qu'exigent leurs commodités et leur honnête nécessaire.

On avoit fixé ci-devant les pensions alimen

taires des religieux qui rentreroient dans la société; il falloit aussi régler celles des religieux qui n'y rentreroient pas. Circonscrire leurs revenus et leur domicile, voilà ce que M. Treilhard a proposé de faire dans un nouvel article.

Le projet de décret du comité a excité beaucoup de remarques minutieuses, et de petites controverses, Comme la critique ne mérite pas plus de souvenir que les expressions qui l'ont excitée, nous ne ferons mention que de quelques observations plus essentielles, et qui caractérisent les observateurs.

M. le curé de Vaux a demandé qu'on distinguât, dans les traitemens, les moines prêtres, d'avec ceux qui ne le sont pas. Parmi ceux-ci, a-t-il dit, il est beaucoup de jeunes gens qui ne demanderont pas mieux que de rester dans les cloîtres, et d'y mener une vie oisive, s'ils y sont aussi bien traités que les prêtres ; il faut donc les forcer, par un moindre salaire à se ren dre utiles à la société, dans l'espoir d'y améliorer leur sort.

M. l'evêque de Clermont, grand partisan des cloîtres, des grilles, des moines, de tout ce qui sépare l'homme de ce misérable monde, et lui donne plus de rapports avec l'éternité qu'avec cette vie, a opiné pour que les moines fuissent

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