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leurs armées une brigade des troupes britanniques. Le général Medows vint joindre la grande ar mée, le 24 mai, dans la plaine de Tritchinopoly,

Cet endroit , remarque notre auteur, fut rendu célebre par les victoires de Lawrence, & des héros de fon tems, quand les Myforéens ne compofoient qu'une vile peuplade, & que leur chef, Hyder-Ali, n'étoit qu'un foldat fans expérience. Mais telle eft l'incertitude des chofes humaines, qu'un de ces partis, confiftant en une poignée de troupes britanniques, & employé comine auxiliaire chez le nabob d'Arcot, devint, dans l'espace de quelques années, l'arbitre de l'empire de l'Inde ; & l'autre finit par être le plus invétéré, le plus déterminé de tous leurs ennemis. C'eft une réflexion défagréable, continue-il, qu'il y eût eu une néceffité d'augmenter progreffivement nos forces militaires dans l'Inde. Mais c'eft une conféquence néceffaire de toutes nos guerres, de faire de tous ceux, avec lefquels nous fommes en difpute, de bons foldats. Une armée de 7000 hommes a fuffi pour établir notre pouvoir; 27,000 ne font que le foutenir.

Quand le général vit la ligne fous les armes, il s'empreffa d'exprimer la fatisfaction qu'un tel fpectacle lui infpira. Auffi faut-il avouer que cetre armée, pour la force & la difpofition, étoit de beaucoup fupérieure à toutes celles qui s'étoient jufqu'ici mifes en compagne. Elle confiftoit en environ 14,000 hommes effectifs, & fa difcipline étoit portée au plus haut point qu'il fût poffible d'atteindre.

Le 26, les troupes britanniques quitterent la pleine de Trichinopoly vers le pays de Coimbettore, conduifant avec eux des provifions pour quarante-cinq jours; le 15 de juin ils entrerent fur les provinces de Tippoo, & s'emparerent du fort de Carroor, en s'arrêtant à la ville de Coim. bettore le 22 de Juillet. Cette place eft fituée aux pieds des Gauts du coté oriental, & paffe en général pour la capitale de tout le pays circonvoifin. Vers la fin d'Août, le colonel Floyd prit Damicotta & Sathimungalum; cette derniere place étoit en particulier, d'une très-grande importance, par rapport à sa fituation.

Tippoo, qui fembla enfin avoir conçu des alarmes, defcendit par le paffage de Gujelhetty, le 12 feptembre, & le jour fuivant fe mit à canoner le détachement du colonel Floyd, qui s'étoit pofté au fud du Bowanny; cet officier trouva à propos, pendant la nuit fuivante, de fe préparer à tomber fur Coimbettore. Dans cette retraite, qui femble avoir été conduite avec tout l'art poffible, les troupes, fous fon commandement, montrerent par-tout un courage invinci ble, & finirent enfin par arrêter la pourfuite de l'ennemi.

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Le général Medows, quelque tems après, quitta Vellady, & fit deux marches à l'eff, dans le deffein d'effrir bataille à Tippoo; mais le sultan s'étoit retiré à Sathimungalum. Pendant ce tems, l'armée britannique commença à fouffrir beaucoup du manque de provifions; on trouva donc néceflaire de retourner à Coimbettore, dans le double deffein de recevoir des fecours, & de cou

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vrir le fiege de Palicaudchery; malheureusement cette place s'étoit rendue la veille de leur arri. vée. Le 20 leptembre, la grande armée retourna encore une fois pour rechercher Tippoo & lui offrir bataille; mais il ne manqua pas, felon fa coutume de fe retirer à leur approche. Le 15 d'octobre, nous trouvons le général Medows encore à Coimbettore, & le 17 la garnison de Daraporum arriva au camp, efcortée par les troupes de l'ennemi, felon qu'il en étoit convenu par les termes de la capitulation. Ils parlerent hautement du bon traitement qu'ils avoient reçu, & ne fe plaignoient que de la parole qu'on leur avoit en quelque forte arrachée, de ne plus fervir pendant la guerre actuelle. «

Il étoit évident, que vu la rapidité de Tip: poo, une armée comme la nôtre ne pouvoit jamais le forcer à un combat dans un pays ou vert; car il étoit dans fon pouvoir d'avancer, de fe retirer, pénétrer la ligne, entamer les traîneurs, & remplir avec impunité tous les procédés d'une guerre offenfive. A la fin, le géné ral Medows, qui venoit d'effectuer une jonction avec le colonel Maxwell, le 17 novembre, arriva à Varnée le 12 de janvier, & ainfi finit la premiere campagne.

Le 29 de janvier 1791, le comte Cornwallis joignit l'armée à Wallout. Le général Medows lui céda le commandement, & refta à cette armée comme commandant en fecond. C'eft au général Mufgrave qu'on confia l'adminiftration du Carnatic. L'armée, qu'on avoit fournic d'une partie du train d'artillerie, confiftant en douze

canons de dix-huit livres, huit mortiers, &c., marcha, en deux colonnes, vers Vellore le 5 février, & campa l'onze de ce mois, dans le voifinage de cette fortereffe, où elle fut renforcée par deux autres pieces de canons, de vingtquatre livres de halle.

En jugeant par la route que les Anglois avoient fuivie jufqu'ici dans cette marche, on ne doutoit pas que le lord Cornwallis n'eût l'intention de pénétrer dans le pays de Myfore, par la vallée Barramaul Tippoo même en étoit fi perfuadé, que toute fon attention fe porta aux défilés de ce côté-là. Auffi les troupes britanniques ne trou. verent-elles aucun efpece d'obftacle, pendant les cinq jours que dura leur marche, depuis Velbore jufqu'à Muglie.

Le 20 février, l'armée gagna le fommet du défilé, & campa un peu au-delà de Palamnaire. On décrit enfuite ce défilé de la maniere suivante.

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» Plufieurs parties en fent roides & efcarpées, particuliérement la feconde montée, qui en eft en même tems la plus étendue, & la plus dif ficile à gravir: elle s'étend environ quinze cent pieds d'Angleterre en longueur, & au fommet, elle préfente à gauche une fortie très-difficile. Le chemin en étoit nouvellement conftruit, & bien fait, fans être raboteux ni pierreux; fans ôter donc les jougs aux bœufs de trait, & avec la feule affistance des troupes, qui fe prêterent gaiement à trainer l'artillerie, que les éléphans poufferent par derriere, on réuffit, en peu d'heures, à placer l'artillerie fur le faite de la montagne.

On rencontra dans le refte de ce défilé, plufieurs autres élévations considérables, aufsi-bien que des defcentes effrayantes, dans l'étendue de deux lienes qu'a ce défilé. Il eft certain, ajoute notre auteur, que celui-ci, dans fa totalité, eft le plus court & le plus aifé de tous les défilés, qui menent au faîte oriental. On doit donc conclure, combien la préfence d'un ennemi alerte & courageux, maître d'ailleurs de tous les paffages au fud, auroit pu nous arrêter & nous inquiéter dans notre marche.

La grande rangée de montées qu'on appelle les Gauts, & qui forme un rempart étonnant du côté du Carnatic, & une terraffe immense vers le Myfore, eft tellement élevée, qu'elle a une influence confidérable, tant fur les températures, que fur les opérations militaires, dans ces deux pays. Le niveau de cette terraffe, appuyée fur les Gauts, doit néceffairement s'élever à mesure qu'elle approche du fud, puifque toutes les rivieres découlent de ce côté. Le bord donc du têtrein, qui fe trouve vis-à-vis du côté de Malabar, doit être plus haut de quelques centaines de pieds, que celui qui eft au côté oppofé; auffi a-t-il un talus affez peu fenfible, pour lui faire donner le nom, qu'il porte ordinairement, de muraille.

C'eft cette étendue de pays élevé qui a servi de théatre à la campagne du comte Cornwallis, pendant 1791.

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Le 22 février, on diftribua l'ordre de bataille, & l'on paffa en revue les bœufs, dont on frouva 27,000 en état de fervir; 80 éléphans

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