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faveur du rit romain, il fut nommé contrôleur général des finances le 13 janvier 1720. Mais après s'être élevé à un pofte fi envié, il devint enfin lui-même victime de la jaloufie des autres miniftres, qui profitant de la crainte du régent, l'induifirent à porter un arrêt le 21 mai 1720, qui contre la faine police, & même au préjudice des engagemens les plus folemnels, réduifit les billets de banque de la compagnie à la moitié de leur valeur, & fixoit leurs actions à 5000 livres. Par cette fatale démarche, qui paroît avoir été faite malgré l'opinion & l'avis du contrôleur-général, toute la fabrication du papier fut détruite, & cette immenfe fpéculation s'évanouit comme une boule d'air crevée par le vent. Le peuple confterné devint furieux, ce qui obligea de difpofer des troupes dans la capitale, pour prévenir le défordre; & ce papier-monnoie, jadis fi recherché, fi vanté, tomba dans un tel difcrédit qu'on en donnoit cent livres pour un louis d'or en efpeces.

La fureur de la populace, au-lieu de fe pora ter contre le gouvernement qui, par l'arrêt, avoit caufé tout le mal, fe dirigea entiérement contre la tête dévouée de l'auteur du projet, qui s'appercevant de la néceffité de quitter la France, demanda une audience du régent, à qui il tint ce difcours Monfeigneur, j'ai commis de grandes fautes, je l'avoue, & je les ai commises, parce que je ne fuis qu'un homme, & que tout homme eft fujet à l'erreur mais ni la malice ni la friponnerie n'y ont aucune part. Vous ne trou verez rien de pareil daus ma conduite. S'étant

retiré le dix décembre 1720, dans une terre aux environs de Paris, il parvint, aux moyens d'un paffe port du duc d'Orléans, & de la chaife de pofte de Mme. St. Prie, fous l'efcorte d'un détachement de gardes à cheval du duc de Bourbon, non cependant fans difficulté, à s'évader à Bruxelles. Son frere fut bientôt après envoyé à la Bastille. Ses immenfes propriétés furent faities & confifquées par le gouvernement. C'eft ainfi que le contrôleur-général, du faîte de la fplendeur & de l'opulence où il venoit de régner, fut précipité dans un état d'indigence en comparaison, fans autre reffource pour vivre que l'appointement de fa charge qu'il conferva par l'amitié du duc d'Orléans.

Après avoir féjourné quelque tems dans la capitale des Pays-Bas Autrichiens, dans l'attente d'être rappellé en France, il partit pour Rome, où il rendit fes devoirs au perfonnage, généra lément connu fous le nom du vieux prétendant: de-là il vint à Venife, d'où, après avoir traverfé l'Allemagne, il arriva à Copenhague, enfuite d'une invitation du miniftre britannique: il sý embarqua fur l'èfcadre de la Baltique, commandée par le chevalier Jean Norris, & arriva comme paffager, dans le propre vaiffeau amiral, fe 20 octobre 1721. Aufli-tôt qu'il fut débarqué én Angleterre, il fe rendit dans la capitale, & fut préfenté à George I: après cela il loua une maifon dans Conduit-Street, Hanover Square, où il reçut journellement les vifites des gens de la premiere diftinction.

Son arrivée ayant occafionné beaucoup de ja

loufie parmi les partifans des Whigs, le comte Coningsby, après avoir représenté à la chambre de pairs le danger qui réfulteroit de la réfidence en Angleterre d'une perfonne qui avoit fait tant de mal à un pays voifin, qui manquant à la fidélité qu'il devoit à fon fouverain naturel, avoit en fecret favorifé les amis du prétendant, & ce qui étoit pis encore,» avoit renié fon dieu pour fe faire catholique-romain, « proposa à la chambre de s'informer fi le chevalier Jean Norris avoit reçu des ordres pour amener M. Law en Angleterre.

Cette affaire n'eut pas de fuites, & le 28 novembre fuivant, M. Law parut à la barre du banc du roi, accompagné par le duc d'Argyle, le comte de Hay & plufieurs autres de fes amis & y fit valoir le pardon accordé par fa majefté, pour le meurtre de M. Wilfon, qu'il avoit tué en duel en 1694.

En 1722, M. Law repaffa fur le continent, & vint terminer le cours inconftant de sa vie à Venife, en mars 1729, dans la 58e. année de fon âge.

T

Nous fommes entrés dans quelque détail concernant la partie de l'hiftoire de cet homme fin. gulier qui avoit rapport à la fcience des finances, inumément mêlée avec les événemens d'un royaume voifin. L'ouvrage que nous avons fous les yeux, eft digne à beaucoup d'égards de la curiofité du public, dans un tems où le papiermonnoie femble être adopté comme un moyen de circulation, prefque par tous les royaumes de l'Europe. Il ne forme qu'une partie d'un grand ouvrage, intitulé: Defcription topographique de la

paroiffe

paroiffe de Cramond, que nous espérons voir fortir bientôt de la preffe. Nous prendrons auffi la liberté d'obferver que le recueil qu'a fait l'auteur des anecdotes relatives au général Dalzell de Bina, Bernard Steward, vice-roi de Naples, & du célebre comte de Stair, ne peut manquer, dans ce fiecle de biographie, d'être lu avec emprelfement & avidité.

( Analytical review.)

THE marches of the british armies, &c. Les mar. ches des armées britanniques dans la presqu'ile de l'Inde, pendant les campagnes de 1790 & 1791, ornées & expliquées par une carte, dressée fur dés docu→ mens authentiques, tranfmis de l'Inde par le comte CORNWALLIS ; par le major RENNEL. In 8vo. 114 pp. 7 sh. 6. Deuxieme édition. Nicol.

1792.

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Le long séjour qu'a fait le major Rennel dans

l'Inde, fes grandes connoiffances reconnues dans la géographic afiarique, le rendent très-propre à réuffir dans une pareille entreprife. Le fujet qu'il s'eft choifi eft très-intéreffant, & comme l'article préfent contient la feule relation réguliere & dé taillée, qu'on a publiée des opérations des forces britanniques dans l'Inde, nous nous empreffons d'en rendre compte.

Dès qu'il fut enfin réfolu de déclarer la guerre, au foudan de Myfore, la grande armée du Car; Tome IX.

C

natic s'affeinbla dans les provinces méridionales, en mai 1790. Le grand objet de la campagne étoit de réduire le pays Coïmbettore, & les auires provinces voifines, au-deffous des Gauts, & de s'avancer enfuite, par le paffage de Gujelhelty', pour faire le fiege de Seringapatam. Pendant que la grande armée s'occupoit de cette entreprife, qui auroit non-feulement affuré des provifions pour la campagne au-deffus des Gauts mais privé le foudan d'une de fes principales reffources, les troupes du département de Bombay, fous le général Abercrombie, devoient s'emparer de tout le pays à l'oueft des Gauts, & enfuite travailler de concert avec le général Medows, felon que les circonftances viendroient à l'exiger Qu à le permettre. Pendant ce tems, on avoit pourvu à la fûreté du Carnatic, par une force, qu'on appelloir, à raifon de fa fituation, l'armée du centre, que commandoit le colonel Kelly : elle étoit flationnée dans la ligne entre Madras & les paffages qui menent à Myfore, & devoit être renforcée par un grand détachement de Bengal fous le commandement du colonel Cockrell.

Telle étoit la difpofition des troupes britanni ques, qu'on le propofoit de faire agir pendant Cette guerre! Quant à nos alliés, les Mahrattes Poonah & les Nifam, leur département refpectif confiftoit à attaquer les provinces de l'ennemi, dans les cantons qui fe trouveroient le plus à portée' de leurs propres pays, & de pénétrer enfuite jufqu'à Seringapatam, comme à un centre commun. Pour les mettre plus en état d'exécuter ce projet, on réunit à chacune de

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