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• En effet, dit M. le chevalier de La Marck, que l'on porte un inflant fon attention fur l'énorme quantité des végétaux, dont prefque > toutes les parties de la terre font couvertes, » & qui fans doute pourroient, par leurs qua

lités propres, fervir à nos befoins, ou mul> tiplier les agrémens de la vie, fi nous connoiffions mieux tout le parti que nous en pouvons tirer & qu'enfuite l'on jette un coupd'œil particulier fur les points de vue touchans & gracieux que cette multitude d'êtres organifés offre fans ceffe à notre obfervation; > alors on ne pourra qu'être vraiment frappé d'admiration à la vue de tant d'objets inté > reffans qui naiffent de tous côtés fous nos pas, & en même-tems faifis d'un défir ardent de les connoître. «

Cependant, il faut l'avouer, ce vif intérêt qui nous doit porter à rechercher la connoiffance des plantes, n'a pas toujours été fuffifamment fenti; & l'empreffement de jouir > ayant malheureufement précédé trop long-tems > l'envie de bien connoître, a apporté beaucoup ⚫ d'obstacles aux avantages réels qu'on auroit pu retirer de cette jouiffance. <<

Je ne balance pas à le dire, continue M. le chevalier de La Marck, les fervices innombrables que les plantes peuvent rendre à l'homme dans tous les cas poffibles, ne réfulteront ja ♦ mais de la feule recherche de leurs vertus & de leurs qualités particulieres; on ne pourra fe flatter de les obtenir qu'autant que l'on fera → marcher comme de front cette même recherche

avec l'étude fuivie des caracteres qui diftinguent les plantes, & qui font le feul moyen d'en per » pétuer la connoissance. «<<

> On trouve une preuve bien convaincante » de cette vérité, lorsqu'on remonte aux tems > les plus reculés, pour y envisager l'état où

étoit alors la botanique; dans ces tems où > cette belle fcience étoit à peine naiffante, les > hommes s'occupant uniquement de fon uti>lité, ne prenoient aucune précaution pour affurer les propriétés des plantes que l'expérience ⚫ ou d'heureux hafards leur avoient fait découvrir; ils négligeoient entiérement le moyen de per» pétuer leurs découvertes par la diftinction & > l'exacte description des plantes qui en étoient l'objet, & par cela feul, leurs fuccès n'eurent qu'une utilité momentanée & paffagere. « > Les noms dès-lors furent tous donnés fans jugement & fans principes; ils fe multiplierent diversement pour les mêmes chofes, pré> parerent d'avance tous les inconvéniens inféparables des efforts qu'il a fallu faire dans la fuite pour réparer cette nomenclature défectueufe; & dès ce tems occafionnerent par> tout la confufion par les applications erronées » que cette cause rendit inévitables.

» Alors la botanique n'étoit vraiment qu'ema pyrique; on ne connoiffoit les plantes que par > une fimple tradition; & l'on ne le rappelloit

celles que l'ufage & la tradition avoient ainfi > fait connoître, que par une habitude qu'on > acquéroit d'envifager leur figure particuliere; fans entrer dans aucun détail de ce qui les

diftingue effentiellement; enfin, comme on fe > bornoit à la connoiffance des plantes qui étoient > utiles, & dont on décrivoit feulement les ufages, les premieres méthodes ne furent que des arrangemens fondés fur la confidération des > vertus & des qualités de ces mêmes plantes. > Auffi, à proprement parler, ce n'étoit point des méthodes, mais feulement des divifions ⚫ convenables à cette partie de la matiere médicale, à laquelle, dans ces tems, se réduifoit toute la connoiffance qu'on avoit des › végétaux. «

De pareilles divifions, loin d'éclairer la bo tanique, la jetterent dans le chaos le plus > obfcur, parce qu'elles rapprochoient les chofes > les plus difparates, fouvent même fous des dé> nominations analogues ; & que leur auteurs, > engagés dans cette fauffe route, féparoient > en même tems les objets les plus reffemblans, > ce qui multiplioit fans ceffe les idées fauffes, » & n'en rectifioit aucune. On fent affez que > ces mêmes divifions ne pouvoient être de

quelque commodité, qu'autant que les plantes > elles-mêmes euffent été parfaitement connues; > car il eft clair qu'elles ne conduifent nulle>ment à les faire connoître, qu'elles fuppo> fent tout, & n'apprennent rien. <

Ce qu'il y a de bien fingulier, c'est que > les anciens mettoient toute leur application ⚫ à la recherche des propriétés des plantes, & > négligeoient les moyens de connoître avec cer>titude les plantes mêmes dont ils fe fervoient; > tandis que les modernes, au contraire, s'ocę

cupent feulement du foin de diftinguer toutes les plantes qu'ils peuvent obferver, fans qu'au» cun d'eux, pour ainfi dire, daigne s'attacher » à indiquer l'ufage qu'on en peut faire. Ces > deux excès, également condamnables, nuifent > l'un & l'autre au vrai but que l'homme doit > toujours fe proposer dans fes travaux. «

L'on peut dire que d'après ces lignes préli→ minaires, M. le chevalier de La Marek donne dans fon dictionnaire tous les articles complets; la nomenclature y eft choifie, ainfi que la fynonymie, les defcriptions, les propriétés & usages de chaque plante; enfin tout y eft prévu. Le troifieme volume va jufqu'au commencement de la lettre M. L'ouvrage entier contiendra la defcription de dix-huit mille plantes. Linné n'en a décrit que fix mille, & on n'en trouve que fix cent dans la premiere ENCYCLOPÉDIE.

M. le chevalier de La Marck s'eft affocié depuis peu M. Defrouffeaux; cet excellent collaborateur nous a paru remplir parfaitement fon choix. Donnons quelques fragmens de cette riche collection lexique.

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1. MAÏS CULTIVÉ, OU BLED DE TURQUIE. (Zea Mays. L.) Très-belle plante de la famille des graminées, originaire de l'Amérique, où il paroît qu'elle étoit déja très-anciennement cultivée, lors de la découverte du nouveau-monde. Quoique beaucoup d'auteurs aient cru le maïs né des Indes-Orientales, on convient générale, ment aujourd'hui qu'il n'eft pas indigene de l'ancien monde, & même qu'on ne l'y poffede que depuis la découverte de l'Amérique, la véritable patrie :

patrie fi l'on confidere en effet qu'il n'eft défigné dans aucun des ouvrages qui précéderent la fin du quinzieme fiecle, que les paffages dont, on s'autorifoit dans les anciens pour le croire une production de notre continent, étoient plus raisonnablement applicables à d'autres graminées, qu'enfin les Européens, qui pénétrerent les premiers aux Antilles, dans le Mexique, au Pérou, le trouverent par-tout formant la base de la nourriture chez les habitans de ces contrées, on ne pourra difconvenir que ce ne foit immédiatement après la découverte du nouvel hémisphere qu'il faille placer l'époque où ce graminée inté reffant fut introduit, connu & cultivé dans les autres parties du globe.

Les hiftoriens nous apprennent que c'étoit au Chili qu'on trouvoit autrefois, dans les jardins des incas, les plus beaux maïs du monde; que c'étoit avec le fruit de plante que la main

des vierges choifies putee pain des facri

fices, & que l'on compofoit une boiffon vineufe pour les jours confacrés à l'allégreffe publique. Ce grain précieux fervoit encore de monnoie dans le commerce, & fa récolte étoit célébrée. par des fêtes folemnelles, tant dans les ifles que dans le continent du nouveau-monde.

Le maïs eft, fans contredit, après le riz & le froment, le plus utile des graminées, comme auffi le plus univerfellement cultivé. Une grande partie des peuples d'Afie, d'Afrique & d'Amé¬ que en font leur nourriture. Sa culture eft également étendue dans plufieurs contrées de l'Europe; mais il y eft en général moins employé à Tome IX. B

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