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10. Courte relation du commerce en Arrackan, en 1761; par M. Guillaume Turner.

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11. Quelques détails relatifs à Tippoo-Sultan fes revenus, l'établissement de fes troupes, &c. &c. enfuite de l'information d'un de ses officiers.

12. Defcription des princes Nairs, fur la côte de Malabar.

M. Dalrymple fe trouve redevable de ces deux derniers articles au capitaine Cléments.

13. Relation de la Cochinchine; par M. Robert Kirfon, qui y fut en 1750.

Cette piece, comme M. Dalrymple obferve très-bien, outre fon grand mérite intrinfeque fournit un chaînon à la grande chaîne des connoiffances des européens avec ce pays.

14. Lifte de différentes efpeces de grains dans le Circar Chicakole; par Claude Ruffel, écuyer.

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La

Dans ce N°. on trouve les planches suivantes. —La riviere Ava; par le capitaine Baker. même, d'après un autre manufcrit. Plans de Darampury, & Tinghery Cotah. - Plan de Seringapatnam avec les fections. -Ei plan avec fes fec. tions, de Colar.

M. Dalrymple nous informe qu'il tient le plan de Seringapatnam, du gouverneur Hornby, tracé d'après le manufcrit original françois, & que le gouverneur Boddam lui en a communiqué un autre, évidemment copié de celui-ci, quoiqu'il contînt quelques différences.

Nous avons cru, qu'un extrait de quelques détails relatifs au Tippoo-Sultan, pourroit faire plaifir à nos lecteurs, dans ce moment de crise. Ils font datés du mois de décembre 1790.

Tome IX.

F

Il eft âgé d'environ quarante trois ans ; fes forces & fa fanté paroiffent fort altérées. Il a environ cinq pieds, huit ou neuf pouces, mefure d'Angleterre, de hauteur, & paroît prendre de l'embonpoint. Il a la figure fpirituelle, porte des mouftaches, mais point de barbe ; il eft d'une grande activité & fait fouvent de longues promenades. Il eft pere d'onze enfans, dont deux feulement font mariés. Il est enclin à la cruauté, naturellement porté à la colere & à la vengeance. Il a conftamment fuivi une politique ruineufe pour les revenus, & nuifible à fon gouvernement.

Il fe leve quelquefois à fept heures; mais plus fouvent à huit ou neuf. Les jours de halte, il fe lave & prend médecine. Le barbier le rafe, & pendant cette opération, le nouvellifte arrive lui préfente les lettres arrivées par les tappauls, & lui raconté les nouvelles des différens pays, dans le même ordre qu'il les a reçues. Celui-ci eft fuivi par l'officier commandant de ses gardes, qui fait fon rapport, & lui préfente enfuite les adjudans des différents corps, qui font le rapport de leurs corps refpectifs. Vers midi, il fe met à table, où il refte environ une heure. Il tient alors fon turbar, & expédie toutes les affaires, civiles & militaires, jufqu'à environ cinq heures. Il donne alors le mot de l'ordre, qu'il prend ordinairement dans les planetes ou dans-les fignes du zodiaqué; il l'écrit lui-même dans un livre qu'il dépofe dans les mains de fes gardes, d'où les généraux-adjudans viennent le prendre. Il fe repofe alors, & dort pendant environ une heure,

fe leve & vient prendre fon fecond repas. On fait alors affembler fes fecrétaires, qui lui lifent les lettres reçues pendant la journée, & reçoivent fes ordres pour les réponses qu'ils doivent y faire. Quand tout ceci eft fini, & que les let tres fe trouvent prêtes à partir, il se retire pour reposer vers les deux ou trois heures du matin. Les jours de marche, & où il n'y a rien qui exige une célérité extraordinaire, l'armée se mes rarement en chemin avant huit heures, tems auquel le fultan a achevé fon déjeûné. Il fe fert, pendant les marches, de fon palanquin, mais dans le moment de quelque événement extraordinaire, il monte à cheval. «

Comme ces pays éloignés inspirent aujourd'hui la plus grande curiofité, le public, fans doute, attendra avec impatience la continuation de cet ouvrage intéreffant, principalement, auffi longtems qu'il continuera d'être dirigé par un compilateur auffi inftruit, que M. Dalrymple prouve P'être dans le début de fon entreprise.

(Analytical review.)

FICTIONS morales; par M. MERCIER. La mere en prefcrita la lecture à fa fille.

III tomes. In 8vo. A Paris, chez les directeurs de l'imprimerie du Cercle focial, rue du Théatre François, No. 4, & chez les principaux libraires de l'Európe. 1792.

LES romans qui font le plus d'impreffion fur

une ame honnête & fenfible, font ceux qui réuniffent le fentiment à l'inftruction & parlent à notre efprit en attendriffant notre cœur. De pareils romans font, pour la majeure partie des hommes, d'une plus grande utilité que l'hiftoire. Ils font penser ; & tant de gens ont besoin de ce fecours. Le romancier, maître des fituations, les difpofe de maniere à les rendre plus inftructives & plus intéreffantes, & à faire reffortir davantage fes caracteres ; c'est ce que ne peut faire l'hiftorien, même dans l'hiftoire particuliere. Obligé de fuivre l'ordre & la vérité des faits, il ne peut guere décrire de fon héros que les actions de l'homme public. Enfin, l'on peut dire du roman qu'il nous développe avec art & avec intérêt, tout ce qui peut avoir rapport à la connoiffance intérieure de l'individu, & que l'hiftoire nous met à même d'appliquer ces connoiffances à tous les individus. La lecture du roman doit donc précéder celle de l'hiftoire.

On croit généralement qu'il eft dangereux de permettre la lecture des romans aux jeunes gens, de laiffer croître dans leurs cœur le germe de la fenfibilité. Ce préjugé contre les romans ne doit porter que fur ceux qui ont le caractere de la dépravation, de la frivolité, d'une galanterie fade & infipide; & malheureusement c'eft le plus grand nombre. Ce n'eft que depuis un certain nombre d'années qu'on a vu éclore de bons ouvrages en ce genre; genre qu'on peut rendre de la plus grande utilité pour la jeuneffe. Des préceptes dénués d'intérêt ne feront jamais fur de jeunes cœurs le même effet que la morale mise en action. Qu'on ne s'en prenne pas au genre; s'il exifte tant de romans dangereux, mais au mauvais goût des auteurs, au peu de foin qu'ils ont pris d'inftruire, de corriger les hommes par la peinture de leurs vertus & de leurs défauts. Contents de préfenter une fuite de faits incroya bles, peu intéreffans, & fouvent licencieux, ils ont décrédité un genre qui offroit la plus vafte carriere au fentiment.

Tous les romans de M. Mercier ont un but moral bien caractérisé; tout ý refpire l'amour de la vertu & l'horreur du vice. On y trouve l'éloquence de l'ame, de la force, de la chaleur, de la philofophie, & une peinture des bonnes mœurs. Il ne s'eft point rendu imitateur, & l'on peut dire que fon genre lui appartient.

M. Marmontel eft l'auteur qui s'eft le plus diftingué dans les contes en profe, & qui a le plus contribué à mettre ce genre en vogue. Ce genre exige de la précision, une vue fine & profonde,

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