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tirer fur moi les regards, fi, pour obéir fervilement aux conventions établies entre les diverfes vanités; je fecondois par mon indifférence la politique des méchans & le triomphe des ingrais.

> Comment ne croirois-je pas à l'affiftance de la vertu? C'est par elle que deux fois je me fais relevé des oppreffons de l'intrigue & des difgraces qu'on éprouve à la cour des rois; c'eft par elle que j'ai remarqué fans inquiétude les progrès de la calomnie, & c'eft par elle que, forcé de me défendre aujourd'hui contre un nou veau genre d'injuftice, je ne me fens impofé ni par aucune puiffance, ni par aucune grandeur. <

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Quant à la conduite de l'affemblée nationale envers M. Necker, après tout ce qu'il avoit fait pour la convocation des états généraux, & pour cette réunion des trois ordres, qui fait la bafe de l'autorité de l'affemblée, il croit pouvoir s'ap: pliquer ce vers célebre de Racine:

» Voilà tous mes forfaits; en voici le falaire,

SVEA rikes Râds-længd, &c. Suite des fénateurs de Suede, depuis les tems les plus reculés ; par M. UGGLA, chambellan, & membre de l'académie des fciences de Stockholm. Chez Carlbohm; 1791, gr. in-410. 1ere, & 2e. parties.

Mr.

R. l'affeffeur Gioerwell, éditeur de cet ouvrage biographique & généalogique, a cru devoir le faire précéder par une histoire générale du fénat de Suede, & a engagé M. le baron de Rosenhane, de l'académie des infcriptions & belles-lettres, 3 tracer cette éfquiffe; il ne pouvoit affurément mieux s'adreffer qu'au favant auteur de la fuite des rois de Suede. On retrouve dans le préfent ouvrage le même ftyle concis, & la même érendue de connoiffances hiftoriques. Il fait remonter l'origine du fénat fuédois jufqu'au regne d'O din, vers l'époque de l'ere chrétienne, & l'on trouve en effet que l'emploi des douze druides ou juges (Drottar) inftitués par lui, confiftoit partager les fonctions de la royauté. Le roi les choifit dans la claffe des cultivateurs propriétaires, qui faifoit alors le feul ordre des états, & dans l'affemblée duquel réfidoit la fouveraineté nationale. Dans l'intervalle de ces affemblées, le peuple étoit, en quelque forte, représenté par les douze druides, qui jouiffoient par cette con. fidération d'une grande prééminence fur les autres particuliers; avantage qui, perpétué dans

leurs defcendans, a probablement donné lieu aux premieres diftinctions de la naiffance, & peut être regardé comme l'origine de l'ancienne nobleffe du pays. Comme les prérogatives des premiers rois de Suede fe bornoient au culte, & à la diftribution de la juftice, l'autorité du fénat fe tenoit long-tems dans les mêmes limites. L'introduction du chriftianifme les ayant déchargés du foin des facrifices, il ne leur refloit que celui des loix, & leur titre de drott fut changé en celui de confeiller ou fénateur du royaume. La fouveraineté fe maintint toujours dans le peuple, qui voyoit avec jalonfie toute autre puiffance que la fienne acquérir quelque prérogative nouvelle. Depuis les tems les plus reculés, il jouiffoit du droit d'élire fes juges provinciaux (Lagman) qui, dans les affemblées des états, portoient la parole pour les payfans de leurs provinces, & fe virent toujours foutenus par les fuffrages de la multitude. Ces officiers devinrent peu-à-peu trop entreprenans; le roi & le fénat furent obligés de fe fervir mutuellement d'apppui, & même de chercher des moyens pour rétablir l'équilibre trop dérangé par la prépondérance de la démocratie. La puiffance spirituelle étoit déja devenue affez confidérable pour fervir de contre-poids. On reçut les évêques dans le fénat, & on s'affara ainfi de toute l'influence que la religion a fi fouvent exercée fur la politique. Il ne faut pourtant pas faire honneur aux lumieres du tems de la découverte de ce moyen; elle étoit plutôt due à la profonde ignorance qui régnoit alors parmi les grands: il falloit avoir

dans le fénat quelqu'un qui fût en état de figner pour le roi; & comme il ne s'en trouvoit point parmi les laïcs, on avoit créé pour l'évêque de Linkoeping, Charles Folkunge une charge de chancelier, & ce fut dans cette qualité qu'il prit place au fénat en 1219. Peu-à-peu l'on s'apperçut de l'avantage qu'on trouveroit à s'affocier de même les autres évêques, d'autant plus que comme membres du fénat, ils dépendroient en quelque façon du roi, au-lieu que, comme évêques, ils dépendoient uniquement de la cour de Rome. On en fit de même avec les doyens & les chanoines métropolitains, & le roi Magnus Ladulâs trouva la méthode fi bonne, qu'il invita auffi les juges provinciaux à fiéger dans le fénat; & depuis ce tems ils cefferent de porter la parole pour leurs provinces: avec la même autorité fur le peuple, ils ne veilloient plus à fes intérêts, & le gouvernement devint auffi ariftocratique qu'il avoit été démocratique auparavant. Le fénat ainfi compofé fe regarda comme le repréfentant perpétuel de la nation, & s'appropria toute l'autorité législative, de même que conjointement avec le roi il étoit revêtu de l'autorité judiciaire & du pouvoir exécutif. Il ne fut plus queftion des états du royaume, & il ne ref toit plus qu'à fe débarraffer auffi des entraves que donnoit encore l'autorité royale. Sous un prince auffi vigilant & auffi ferme que l'étoit Magnus Ladulas, il ne falloit pas y penser ; mais la foibleffe de fon fucceffeur & les méfintelligences qui divifoient la famille royale, fournirent uné occafion dont le fénat ne manqua pas de

profiter en 1322, il fe forma une ligue de 35 lénateurs, tant évêques que laïcs, qui s'appropria toute l'autorité légiflative & exécutrice, & le permit même de lever de nouveaux impôts fans le confentement du peuple. L'oppofition que cette ligue entreprenante éprouvoit encore de tems en tems de la part du roi, ne faifoit qu'irriter les defpotes fans pouvoir empêcher leurs démarches; & dans la violence de leurs reffentimens, ils facrifierent l'indépendance du royaume à leur vengeance, ou plutôt à leur foif de régner. Pour s'emparer des rênes du gouvernement fous un roi étranger & réfidant hors du pays, ils chafferent leur fouverain légitime; & foumirent le royaume aux rois de Danemarck par l'union de Calmar, fource de tant de malheurs pour la Suede. Les grands étoient pen tou chés des vexations fous lefquelles gémiffoit un peuple accablé de nouveaux impôts, pourvu que les receveurs étrangers refpectaffent les poffeffions des fénateurs & de leurs protégés. La dignité fématoriale devint héréditaire, & le nombre des perfonnes qui en étoient revêtues, s'accrut avec les familles. Les rois ne voyoient pas toujours paziemment l'audace de cette ligue oligarchique mais dès qu'ils s'aviloient de vouloir y mettre ordre, on trouvoit moyen d'engager le peuple dans la querelle, & les rois étoient détrônes & rétablis felon que l'intérêt du fénat l'exigeoit. En 1512, ce corps mit le comble à fes ufurpations, en s'arrogeant le droit de gouverner felon fon bon plaifir, & en déclarant traître à la patrie quiconque s'oppoferoit aux ordres du

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