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LES

LOIS PÉNALES

DE LA FRANCE

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IMPRIMERIE ET LIBRAIRIE GÉNÉRALE DE JURISPRUDENCE.
COSSE, MARCHAL ET C, IMPRIMEURS-ÉDITEURS,

LIBRAIRES DE LA COUR DE CASSATION,

PLACE DAUPHINE, 27.

JAN 1 1921

LES

LOIS PÉNALES DE LA FRANCE

LIVRE HUITIÈME.

LA PENSÉE.

De la pensée. Après avoir vu la loi pénale protéger l'homme dans son existence, dans ses besoins, dans ses affections; lui donner la justice; le défendre à la fois de l'anarchie et de l'oppression; organiser enfin dans tous ses détails l'immense atelier du travail humain, il semble que le tableau de la vie soit achevé et que le regard n'y puisse plus découvrir d'autres horizons.

Et cependant si tout se bornait là, naître, vivre, travailler et mourir serait toute la vie. Sans doute une société pourrait vivre dans ces conditions, prospérer même, comme a prospéré la république de Sparte, comme a prospéré le Paraguay : en supprimant les idées; mais de telles sociétés périssent inévitablement au contact des peuples civilisés, et le souvenir du régime sous lequel elles ont vécu reste dans l'histoire comme un exemple du châtiment réservé aux peuples qui livrent leur âme.

Non, tout n'est pas dit pour l'espèce humaine quand chacun, renfermé dans sa maison comme dans une forteresse, vivant pour soi, songeant à soi, peut savourer paisiblement, sous la protection de lois barbares, l'épouvantable sécurité de l'égoïste; non, car vivre ainsi, c'est insulter à la nature humaine en abdiquant le plus noble de ses priviléges, la pensée.

Vivre, ce n'est pas respirer, c'est sentir, ce n'est pas voir, c'est comprendre; ce n'est pas croire, c'est savoir; ce n'est pas prendre, c'est donner; ce n'est pas jouir, c'est aimer ! Des ailes! des ailes! voilà ce qu'il faut à l'âme humaine, ou elle meurt. Elle meurt, s'il lui faut demeurer captive dans le cercle de fer de l'égoïsme; elle meurt, si elle ne peut s'élancer dans le grand courant de la vie extérieure, pour y boire à longs traits la lumière et la vérité, dont elle a toujours soif; elle meurt, s'il lui faut refouler dans son cœur tous les élans qui l'entraînent vers cette grande âme collective qui s'appelle l'humanité.

S'il leur fallait vivre ainsi, les hommes ne formeraient qu'un peuple d'ombres

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