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DE LA

RÉVOLUTION

FRANÇAISE,

OU

JOURNAL DES ASSEMBLÉES NATIONALES,

DEPUIS 1789 JUSQU'EN 1815,

CONTENANT

La Narration des événemens; les Débats des Assemblées; les Discussions des
principales Sociétés populaires, et particulièrement de la Société des Jaco-
bins; les procès-verbaux de la commune de Paris; les Séances du Tribunal
révolutionnaire; le Compte-rendu des principaux procès politiques; le
Détail des budgets annuels; le Tableau du mouvement moral extrait des
journaux de chaque époque, etc.; précédée, d'une Introduction sur l'his-
toire de France jusqu'à la convocation des États-généraux,

PAR B.-J.-B. BUCHEZ ET P.-C. ROUX. Laver.

TOME PREMIER.

PARIS.

PAULIN, LIBRAIRE,

PLACE DE LA BOURSE, No 31.

-

M DCCC XXXIV.

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DE LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE.

INTRODUCTION.

HISTOIRE ABRÉGÉE DES FRANCAIS.

PREFACE.

La révolution française est la conséquence dernière et la plus avancée de la civilisation moderne, et la civilisation moderne est sortie tout entière de l'Évangile. C'est un fait irrécusable, si l'on consulte l'histoire, et particulièrement celle de notre pays, en y étudiant non pas seulement les événemens, mais aussi les idées motrices de ces événemens. C'est encore un fait incontestable, si l'on examine et si l'on compare à la doctrine de Jésus, tous les principes que la révolution inscrivit sur ses drapeaux et dans ses Codes; ces mots d'égalité et de fraternité qu'elle mit en tête de tous ses actes, et avec lesquels elle justifia toutes ses œuvres.

Lorsque, il y a quelques années, cette pensée fut émise pour la première fois, elle fit scandale; mais depuis elle s'est fait adopter par beaucoup d'esprits, et le jour n'est pas éloigné peutêtre, où elle deviendra populaire. Nous devons cependant compte au public des motifs qui nous ont déterminés à poser, dès le début de cette introduction, et sans préparation aucune, une opinion

T. I.

I

qui est de nature à choquer des habitudes intellectuelles profondément établies, et qui sont encore celles du plus grand nombre.

En politique, la valeur d'un fait réside tout entière dans sa raison morale ; c'est là qu'il faut le juger. En effet, les circonstances au milieu desquelles il se produit sont presque toujours de telle nature, qu'il lui est impossible de paraître pur de violence, et, par suite, exempt de reproches ou de calomnies.

Aussi, est-ce un principe admis dans les usages les plus ordinaires de la justice humaine, d'apprécier les actes principalement par leur cause.

Or, jusqu'à ce jour, comment fut présentée notre révolution? Les uns, c'est-à-dire le plus grand nombre, y montrent un accident qui produisit un peu de bien et beaucoup de mal, accident dont on cherche l'origine dans quelques petits événemens occasionnels, dans des embarras de finance, des maladresses du pouvoir, des insolences de gentilshommes, des scandales de famille, et, moins que cela encore, dans le mécontentement ou l'ambition de quelques personnages. Et ce n'est pas seulement de nos jours que de telles erreurs ont été avancées, soutenues et propagées; ce n'est pas seulement dans notre siècle que l'on a osé considérer un mouvement qui a bouleversé le monde, comme un accident dont il faut se consoler, en pensant que le crime fut pour les pères, et le bien pour les enfans; les écrivains modernes n'ont fait que répéter une opinion qui eut cours au commencement de la révolution. Certes, ce n'est pas en se fondant sur de semblables motifs, que l'on peut établir le droit révolutionnaire, ou en imposer le devoir. Cette misérable explication qui suppose qu'il n'y a dans les événemens sociaux autre chose que des hasards et des passions', cette ignorance profonde du but de l'humanité, fut, suivant nous, la cause de tous les malheurs qui accompagnèrent la révolution, comme elle est encore aujourd'hui celle de toutes les résistances

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