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ce qu'elles appellent des innovations alarmantes. Nous nous rappelons à ce sujet une anecdote qui ne sauroit être mieux placée.

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Un baron allemand avoit fait la guerre contre la France, sous le règne de Louis XIV: il vivoit encore lorsque, environ cinquante ans après, une nouvelle guerre éclata. Dès qu'il en est informé, le voilà qui rassemble ses vassaux, équipe son régiment, et va se poster précisément sur le même terrain où s'étoit livrée, un demi-siècle auparavant, la dernière bataille. Que faites-vous là, monsieur le baron ? demande un officier. Vous êtes bien simple, j'attends l'ennemi. Comment l'ennemi ? mais il est à cent lieues d'ici ! Vous n'êtes qu'un impertinent, qui n'y entendez rien. Croyez-vous en savoir plus que le prince Eugène et tant d'autres illustres généraux, qui ont livré bataille au lieu même où nous sommes ? N'est-ce pas ici que j'ai enfoncé la cavalerie de l'ennemi, à la tête de mon régiment? Ne voyez-vous pas ce plateau où j'ai détruit son artillerie ? C'est ici qu'on s'est battu; c'est donc ici qu'on doit se battre encore et j'y reste.

On se rappelle de quels vers sangtants la muse satirique de Gilbert fouettoit les philanthropes du dix-huitième. siècle :

Comme l'humanité règne dans tous les cœurs !
Vous ne lisez donc pas le Mercure de France?

Il cite au moins, par mois, un trait de bienfaisance !

Nous voyons avec peine que les feuilles périodiques, organes des sociétés philanthropiques de nos jours, sont en reste avec l'ancien Mercure de France. Jusqu'ici les plus vastes plans ont été déroulés : l'humanité de nos philosophes est à l'étroit dans cet hémisphère il ne s'agit de rien de moins que de la perfection morale de l'espèce humaine blanche et noire. Mais nous en sommes toujours à voir ces beaux plans se réaliser.

Toutefois prenons patience : une de ces sociétés va incessamment dresser l'inventaire général et publier la statistique de tout ce qui aura été fait par elle dans les intérêts de l'humanité. Cette même société promet en outre de mettre à exécution un projet dont l'idée est vraiment lumineuse. Comme la bienfaisance, dit-elle, est un art qui a ses règles ainsi que tous les autres, une association va étre organisée, où la jeunesse sera exercée par les faits aux procédés de la philanthropie.

Quel style ! En vérité, plus d'un bon chrétien seroit tenté de prendre tous ces grands mots pour des termes de chimie. Au reste, il est bien simple que dans ce siècle de lumières, où tout doit passer par les épreuves de l'analyse, la philanthropie, qui est le matérialisme de la charité, distille la bienfaisance, comme la philosophie sécrète la pensée.

*** Un médecin protestant d'Angleterre a constaté dans un rapport scientifique, dont nous aurons occasion de parler, un fait très remarquable. En Irlande, le nombre des fous est beaucoup plus considérable parmi les protestants que parmi les catholiques, dans la proportion des deux populations. Encore quelques faits analogues, vérifiés chez les différents peuples, et ajoutés à ceux que l'on connoît déjà, et une grande loi morale sera mise en pleine évidence.

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NOTA. Les Bulletins ne commenceront qu'à ta deuxième livraison, le petit nombre de faits qui se sont passés depuis le 1er janvier jusqu'à ce jour ne fournissant pas des matériaux suffisants pour en publier dans celle-ci.

ANNONCES BIBLIOGRAPHIQUES.

SAINTE BIBLE, traduite d'après le texte sacré, avec la Yulgate, par M. Eugène de GENOUDE, maître des requêtes au conseil d'état, chevalier de Saint-Maurice et de Saint-Lazare, 23 vol. in-18, 130 fr.

Le volume des tables, qui sera publié sous peu, va terminer le grand travail entrepris sur les saintes Écritures par M. de Genoude. Nous aimerons à payer, dans le premier numéro, notre tribut d'éloges au jeune écrivain dont la plume facile s'est essayée avec succès dans divers genres de littérature, et qui a commencé la réputation dont il jouit par une entreprise littéraire qui sembloit devoir être le terme des travaux d'une longue vie. Cette traduction n'a cependant pas besoin de notre suffrage; des suffrages plus augustes ont été, il y a peu de jours, une bien douce récompense des plus pénibles travaux. Les bornes d'une simple annonce bibliographique ne nous permettent pas de nous étendre sur le mérite de cette traduction et sur le caractère particulier de simplicité et d'élégance qui la distingue de toutes les autres; et nous pouvons encore moins faire ressortir ces beautés de détail et ces nombreuses locutions qui rendent si bien ce charme des paroles divines auquel notre langue sembloit se refuser. Nous félicitons M. de Genoude d'avoir eu l'heureuse pensée de publier, en français seulement, une seconde édition de sa traduction de la Bible; elle fera oublier des traductions anciennes, peu propres à donner des idées justes et grandes des saintes Ecritures.

LE FIDÈLE AU PIED DE LA CROIX, ou Méditations en forme de prière sur les principaux sujets de piété, par le prince Alex. de Hohenlohe, ouvrage traduit du latin, par M***, 1 vol. in-12. Faris, 1823, chez Potey, libraire, rue du Bac.

Un ouvrage de piété, fait par un prince dont les prodiges tiennent tant d'esprits en suspens, vient de paroître. Composé en latin, sous le titre de Sacerdos catholicus in oratione et contemplatione positus, il a été traduit en français et mis à l'usage des fidèles, par le retranchement des passages qui ne regardoiènt que les ecclésiastiques. Les sujets de méditation dont se compose l'ouvrage sont pris dans les noms donnés à Jésus-Christ par la sainte Ecriture, dans les principales circonstances de la vie de ce divin Sauveur et dans ses vertus. Les vices, les passions, les principales vertus du chrétien, la connoissance de Dieu et de soimême, forment aussi divers exercices de méditations courtes et

aflectueuses. On nous dispensera sans doute, pouvons-nous dire avec plus de raison que l'estimable traducteur, de faire ressortir le mérite de cet ouvrage; le nom de son auteur est la meilleure recommandation; le lecteur aimera à voir comment parle au Seigneur cet homme dépositaire de sa puissance et de sa charité. Plus il est grand devant Dieu et devant les hommes, plus il s'abaisse et s'anéantit en présence de celui de qui vient tout don parfait. Cependant, malgré la simplicité de son langage, on découvre, outre une connoissance approfondie des saintes Écritures, une grande richesse de pensées, une fécondité de sentiments qui ne peut avoir sa source que dans une tendre piété. Mais un morceau pris au hasard au milieu de ces pieuses méditations, donnera une plus juste idée de l'auteur et des talents du jeune traducteur, qu'une modestie trop craintive et un anonyme inviolable dérobent presque aux applaudissements de ses amis : « Que sont auprès de vous, ô mon Dieu! toutes les beautés que l'œil admire? Foible rayon de votre lumière, les traits de beauté épars sur toutes les créatures suffisent pour ravir le cœur de l'homme. Que sera-ce donc, ô beauté éternelle! quand il nous sera donné de vous contempler face à face? Ici-bas, la beauté brille et se flétrit; la main du temps l'efface et la détruit. Pour vous ô mon Dieu! vous êtes toujours le même; vos années éternelles n'affoiblissent en rien votre immuable beauté. Ombre vaine," image trompeuse, le beauté terrestre nous séduit et nous égare, loin du bonheur et de notre fin dernière; pour vous, ô divine beauté ! vous rassasiez les saints désirs de l'âme qui soupire après vous. Vous désirer est sagesse; vous aimer et vous chercher est tout le bonheur de la terre; jouir de vous sans crainte de vous perdre est la félicité des cieux. Q Dieu de gloire et de beauté, détournez mes yeux, de peur qu'ils ne s'arrêtent sur le mensonge et la vanité; absorbez mes pensées, ma mémoire, mon imagination, mon esprit et mon cœur. O combien mon cœur et ma chair tressaillent à votre souvenir! Quand me sera-t-il donné de voir face à face celui que les anges désirent sans cesse de contempler? Hélas! que mon exil est prolongé ! que fais-je ici-bas avec mes désirs et mon cœur ? J'ai soif de vous, ô mon Dieu, et sans vous tout me lasse, m'inquiète et m'agite. » Nous bornons là nos citations, convaincus qu'il n'en faut pas davantage pour faire connaître le charme d'une élocution facile et la douce onction d'une tendre piété qu'on ressent à chaque page, qui, du cœur embrasé de l'auteur, passe dans ses paroles et remplit l'âme d'une délicieuse suavité. Cet ouvrage, qui ne fait que de paroître, n'a pas encore été annoncé; mais le nom de son auteur, le mérite du traducteur, qu'on estimera sans le connoître, l'auront bientôt ré

pandu, et il servira à entretenir les plus doux sentiments de piété dans le cœur des personnes qui sauront l'apprécier.

LETTRE DE M. LAVAL, ci-devant ministre à Condé-sur-Noireau, à ses anciens co-religionnaires, in-8. A Paris, chez Lesage, Prix, 50 cent.

Cet écrit, dont nous parlerons à l'occasion de la réponse qu'un ministre vient d'y faire, a été justement apprécié par uu écrivain dont nous aimerons à citer souvent le jugement. Voyez l'Ami de la Religion et du Roi.

HISTOIRE DE L'ÉTABLISSEMENT DU CHRISTIANISME, tirée des seuls auteurs juifs et païens, par M. Bullet, professeur de théologie et doyen de l'université de Besançon. A Paris, chez Méquignon junior, libraire, rue des Grands-Augustins, n° 9. Prix, 7 fr.

Il n'est point de calomnies si grossières que les incrédules modernes n'aient mises en œuvre pour attaquer la vérité du christianisme. Les faits les plus évidents ont été niés ou dénaturés. On a voulu environner de nuages épais le berceau de notre religion, et n'attribuer qu'au hasard sa céleste origine. Un Dupuis et un Volney ont poussé l'impudeur jusqu'à mettre en problème` l'existence même de Jésus-Christ. M. Bullet a rassemblé dans son livre les témoignages les moins suspects contre de pareilles erreurs. C'est de la bouche des juifs et des païens qu'il recueille la preuve non seulement de l'existence même de Jésus-Christ à l'époque où nous croyons qu'il vécut, mais aussi celle de ses miracles et de la propagation merveilleuse de son Évangile. Nous reviendrons dans un autre article sur cet ouvrage, dont le mérite est déjà connu. On ne sauroit trop faire valoir, dans notre siècle, le genre de preuves qu'il renferme.

LETTRE SUR LA TOLERANCE DE GENEVE, par M. Nachon, curé de Divonne, in-8. Paris, chez Méquignon junior.

Nous avons eu déjà occasion de citer cet écrit remarquable par sa modération et par les faits nombreux qui démasquent la politique de Genève et l'intolérance de l'erreur contre la vérité. Aux documents de toute espèce que nous possédions déjà sur la conduite des protestants à l'égard des catholiques, cette lettre et ce qui se passe autour de nous ajoutent beaucoup d'actes et de faits qu'il est nécessaire de recueillir. La mauvaise foi échappe aux raisonnements; la certitude et la multiplicité des faits ont plus, de force pour convaincre. Cet écrit ne servira pas peu à montrer la réforme sous son véritable jour.

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