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» et de discorde, entre des hommes appelés à ne former qu'une » même famille...»

Puissions-nous le voir réalisé, le vœu sincère de ces dignes ministres de Jésus-Christ! puissent-ils obtenir enfin le libre exercice de leurs fonctions sacrées! Mais si le vice ne toléra jamais la vertu, dont la vue seule l'importune, peut-on espérer que l'erreur tolère la vérité? La charité, sans laquelle il ne peut y avoir de véritable tolérance, émane, dit l'Apôtre, d'un cœur pur, d'une bonne conscience, et d'une foi sincère. Pour tolérer il faut donc être calme, il faut que la présence de la personne ou de l'objet que l'on tolère ne trouble ni la paix du cœur ni celle de l'esprit ; autrement la tolérance ne repose que sur des intérêts politiques, que l'on sacrifie tôt ou tard au ressentiment et à la haine. Or, s'il en est ainsi, la tolérance religieuse peut-elle exister ailleurs que dans l'église catholique ? N'est-ce pas seulement dans le sein de cette église, qui ne s'est séparée d'aucune autre, que le fidèle, resté en communion avec tous les siècles, vit sans inquiétudes sur la vérité de ses croyances? Qui d'entre nous éprouva jamais le besoin de calmer les agitations de sa conscience à la vue d'un temple calviniste sans autel et sans sacrifices? Quel autre sentiment que celui d'une douleur profonde vient assiéger notre âme quand nous rencontrons ceux qui entretiennent un schisme déplorable dans l'église de JésusChrist? Oseroient-ils en dire autant de leur côté, ces hommes si prodigues, contre nous, d'injures et de calomnies ? et à ne juger les ministres de Genève que par la fureur et l'emportement qui signalent leurs écrits, ou plutôt leurs diatribes, ne seroit-on pas tenté de croire qu'ils ont plus d'un remords à étouffer? Pourquoi cette obstination à désigner nos églises comme des temples d'idoles? s'ils sont de bonne foi, pourquoi tant d'aigreur ? pourquoi ces regards furieux lancés sur le lieu saint? ne diroit-on pas que chacune des pierres de l'é

glise de St.-Germain, rendue sous leurs yeux à son culte primitif, leur reproche l'apostasie dans laquelle ils vivent? Est-ce donc pour eux un besoin irrésistible de flétrir sans cesse ces catholiques dont le crime est d'avoir conservé la religion de leurs ancêtres ?......... Ils fournissent, sans le vouloir, par ces injustes persécutions, un caractère de plus à la vérité catholique. Jésus-Christ, envoyant ses apôtres prêcher l'Évangile, leur prédit qu'ils seront haïs de tous les hommes à cause de son nom; et, depuis l'établissement du christianisme, l'église catholique seule a recueilli cet héritage de haine que le Sauveur a légué aux siens sur la terre. On vit dans les premiers siècles les ariens s'unir aux juifs et aux païens pour persécu ter les catholiques: de nos jours l'impiété, armée contre Dieu et contre son Christ, n'a fait tomber sous ses coups que les prêtres catholiques. Si l'hérésie, en prêchant lá tolérance, ouvre les bras au philosophisme et au déisme, si elle fraternise même avec la synagogue, nous sommes les seuls qui ne pouvons trouver grâce à ses yeux; et, dans l'espoir de nous accabler, elle s'unit à tout ce qui proteste contre nous. Elle nous persécute partout où nous ne sommes ni les plus nombreux ni les plus forts. Malheur à ceux de ses membres qui, dociles à la voix de la conscience, rentrent dans le sein de l'église mère ! elle les flétrit ignominieusemsnt; elle leur pardonneroit plutôt d'embrasser la religion de Mahomet. M. de Haller siégeroit peutêtre encore dans le conseil de Berne, si, au lieu d'embrasser la foi de ses aïeux, il n'eût fait qu'échanger l'Évangile contre l'Alcoran (1). Chaque jour nous avons à gémir sur des exemples d'intolérance monstrueuse, et que l'on a peine à croire dans notre siècle. Au moment de terminer cet article, nous apprenons que les catholiques de deux villages du can

(1) M. P. B., ministre du saint Évangile à Genève, disóit: « J'aimerois mieux me faire mahométan que catholique; » c'est-à-dire, j'aimerois mieux renier Jésus-Christ, que de l'adorer avec le plus grand nombre des chrétiens.

ton de Vaud n'ont pas même obtenu tout récemment la permission de faire célébrer le saint sacrifice dans un oratoire particulier!! et nous avons des temples publics à Constantinople !....

En vertu d'un décret du tribunal de l'inquisition évangélique, tous ceux du canton de Berne qui, sous le régime de la liberté de conscience, imiteront Luther et Calvin, en changeant de religion, perdront le droit de bourgeoisie, et seront forcés de quitter la terre classique de la liberté.

Ce n'est pas seulement en Suisse que le libéralisme religieux exerce son despotisme contre la religion catholique : les petits princes protestants d'Allemagne suivent le même système. Il y a quelques jours, le Constitutionnel nous a fait connoître la loi du grand-duc de Weimar, relative aux catholiques du duché. Ce souverain interdit les processions et les pèlerinages; il défend aussi les conversions, et soumet en conséquence le prosélytisme à une enquête. De pareils coups d'état font pitié: une cause est bien mauvaise quand on est réduit à la soutenir. par des tracasseries et des vexations aussi odieuses.

Nous ne dirons rien de la situation des catholiques en Angleterre. Jusqu'à présent ils y sont privés des droits accordés à toutes les sectes: mais cette grande injustice touche à sa fin; l'opinion publique la désavoue, et bientôt elle disparoîtra du milieu de cette nation qui donna, il y a trente ans, aux victimes ́de l'impiété et de l'anarchie, tant et de si belles preuves de générosité.

Faisons, en attendant, les vœux les plus sincères pour que la Providence nous préserve à jamais de la tolérance des philosophes et de ces doucereux évangélistes dont la conduite est si opposée à la doctrine de l'Évangile. Les faits que nous avons rapportés sont publics; nous pourrions en citer d'autres encore; et certes, tous sont de nature à détromper, ou du moins à réduire au silence cette foule de gens qui, soit ignorance, soit

mauvaise foi, ne cessent de nous vanter comme des modèles de tolérance les sectateurs de Luther et de Calvin.

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DES SOCIÉTÉS SECRÈTES.

(Premier article.)

On a souvent considéré les sociétés secrètes sous un point de vue trop étroit pour se former une juste idée de ce qu'elles sont dans le monde. On les a envisagées seulement comme des institutions particulières, que des circonstances font naître que d'autres cironstances détruisent; tandis qu'au fond elles ont une cause perpétuellement subsistante, et ne sont point des accidents, mais des résultats nécessaires, Depuis l'origine, y a toujours eu dans le monde deux principes, dont le combat perpétuel est la raison première de tous les événements qui composent l'histoire du genre humain. La vérité et l'erreur, c'est-à-dire le bien et le mal, se disputent l'empire de la terre ; et ces deux principes sont dans la nature de la société humaine, parcequ'il y a dans l'homme deux natures, l'une bonne, l'autre mauvaise. Lorsque l'un de ces deux principes domine dans là société publique, l'autre se retranche dans des sociétés secrètes, pour y réorganiser ses forces, et reconquérir la puissance; et même il peut arriver que l'un et l'autre aient recours en même temps à ce moyen, lorsqu'à de certaines époques ils luttent, avec un pouvoir à peu près égal, dans la société publique.

Comme il existe deux sociétés, la société religieuse et la société politique, les associations secrètes ont un but relatif à l'une et à l'autre, et presque toujours à toutes les deux, å cause de la liaison nécessaire de l'ordre religieux et politique. Toutefois, certains hommes, qui ont des intérêts et des besoins communs, ont pu s'unir par les liens d'une associa

tion secrète, pour se reconnoître et se rendre des services mutuels: mais, en général, ces sortes d'associations ne tardent pas á être conduites par les sociétés qui s'occupent de religion et de politique, et finissent presque toujours par y ren

trer.

Comme nous nous proposons de donner une suite d'articles sur les sociétés secrètes, nous devons indiquer d'abord le plan général de ce travail.

L'histoire de ces sociétés se divise en trois grandes époques : les associations mystérieuses de l'antiquité, celles du moyen age, et enfin celles des temps modernes.

Quoique les sociétés secrètes de l'antiquité ne soient plus pour nous qu'un objet d'érudition, nous leur consacrerons cependant quelques recherches, parcequ'on peut en tirer des lumières utiles sur l'organisation et l'influence des associations occultes; et nous puiserons nos renseignements dans des ouvrages peu connus, et dont plusieurs méritent de l'être. En général, les érudits de la frånc-maçonnerie et de l'illuminisme se sont beaucoup occupés des mystères d'Égypte, d'Éleusis et de Samotrhace; des initiations des brachmanes dans l'Inde, et des druides dans les Gaules; mais leurs ouvrages renferment deux parties bien distinctes: l'une, réellement historique, se compose de documents pris dans les historiens de l'antiquité, et dont la réunion ne laisse pas que de jeter du jour sur ces mystérieuses ténèbres; l'autre, presque entièrement systématique, tend à prouver que les associations modernes remontent directement jusqu'aux initiations de l'antiquité, qui se seroient perpétuées sous différentes formes dans la suite des siècles. Les systèmes que ces chefs de la franc-maçonnerie se sont toujours efforcés d'accréditer ont leur but. En persuadant aux adeptes de bonne foi que les associations actuelles ont toujours existé chez tous les peuples, il est plus facile de leur faire croire qu'elles ne sauroient être le foyer d'une conspiration contre les institutions de

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