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qualifié écuyer et seigneur des Croix, héritier principal et noble duquel de son mariage avec dame Bertranne de la Chapelle, fille de la Rochegiffart, issut seul enfent François Champion qualifié noble homme messire et chevalier de l'ordre du Roy, seigneur de Cicé et des Croix; duquel et de dame Françoise de la Chapelle aussy fille de la Maison de la Rochegiffart, issut René Champion qualifié messire, chevalier de l'ordre du Roy, seigneur baron de Cicé et des Croix et Guy Champion seigneur evesque de Tréguier, Georges Champion, aussy chevalier de l'ordre, et damoiselle Margueritte Champion ses puisnés; du mariage dudit René Champion aisné avec dame Charlotte Cornulier fille de Messire Pierre Cornulier, Conseiller du Roy et Trésorier de France issut ledit messire Charles Champion Conseiller, en la Cour cy-devant doyen des conseillers d'icelle, seigneur baron de Cicé; duquel et de son mariage avec dame Judith Thévin, sont issus lesdits messires François Champion, aussi Conseiller en ladite Cour, fils aisné héritier présomptift principal et noble, Jan Champion lieutenant pour le Roy dans l'un de ses vaisseaux de son armée navalle, autre Jan Champion enseigne audit vaisseau, et Louis Champion juveigneurs. Au chef de laquelle arbre généalogique est l'écusson des armes desdits Champion.

Induction d'acte et pièces dudit messire Charles Champion, chevalier, baron de Cicé, Conseiller en la Cour, et cy-devant doyen des Conseiller d'icelle, faisant tant pour luy que pour Messire François Champion, aussi conseiller en la dite Cour, son fils aisné et présommtif héritier principal et noble, et Jan Champion, Lieutenant pour le Roy dans l'un des vaisseaux de son armée navale, autre Jan enseigne dans le mesme vaisseau et Louis Champion, ses enfants de son mariage avec dame Judith Thévin, sa compagne, deffendeurs, fournie au Procureur Général du Roy le 29° Novembre 1668, tendante en les conclusions y prises, à ce qu'il plust à la dite Chambre, faisant droit sur l'instance, déclarer les dits Champions nobles et issus d'extraction noble, et comme tels leur permettre, et à leurs descendants en mariage légitimes de prendre les qualités d'écuyer et de chevalier, comme issus d'antienne chevalerie et les maintenir aux droits d'avoir armes et escussons timbrés appartenants à leurs qualités, et à jouir de tous droits, franchises, immunités et privilèges attribués aux véritables nobles de cette province, et ordonner que leurs noms seront employés au rolle et catalogue du ressort du présidial de Rennes ; conclusions dudit Procureur Général du Roy, et tout ce que par devers la dite Chambre a été par les dits Champion mis et induit, aux fins de laditte induction, muerement considéré ;

TOME XIII. - DOCUMENTS. - XIII ANNÉE, 4° LIV.

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La Chambre, faisant droit sur l'instance, a déclaré et déclare les dits Charles, François, Jan et autre Jan et Louis Champion nobles et issus d'antienne extraction noble et comme tels leur a permis et à leurs descendants en mariage légitime de prendre savoir : lesdits Charles et François Champion les qualitéz d'écuyer et chevalier; et lesdits Jan, autre Jan et Louis Champion celle d'écuyer et les a maintenus aux droits d'avoir armes et écussons timbrés appartenants à leurs qualités et à jouir de tous droits, franchises, examptions, immunités, préminences et privilèges attribués aux nobles de cette province, ordonne que leurs noms seront employés au rolle et catalogue des nobles de la Sénéchaussée de Rennes.

Fait en laditte Chambre à Rennes le troisiesme de Novembre mille six cent soixante-huit.

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(Original sur parchemin aux archives du V" DE LA BINTINAYE, à Rennes).

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La maison du Breil de Pontbriand a le culte de ses ancêtres et des services qu'ils ont rendus à la patrie. Elle en recueille les souvenirs avec soin, tantôt défendant contre un inintelligent abandon leurs remarquables tombeaux de Saint-Lunaire, tantôt aidant à publier les vertus d'une grande dame qui a saintement consacré sa vie aux pauvres, ou enfin réunissant en bloc toute l'histoire de cette vaillante race.

M. le vicomte du Breil de Pontbriand, qui a déjà écrit cette magistrale généalogie de sa famille, publie aujourd'hui, avec le même respect filial, les Mémoires de son grand-oncle, Toussaint du Breil, vicomte de Pontbriand, né en 1776, colonel à vingt-trois ans, l'un des plus briliants chefs de partisans de la Haute-Bretagne, mort en 1844, après une vie toute d'honneur et de vertus. Ces manuscrits ont été souvent consultés : Crétineau-Joly, Théodore Muret et d'autres en ont profité, parfois sans le dire. Mais jusqu'ici le texte intégral était resté inconnu et M. du Breil a bien fait de publier cette œuvre de bonne foi, écrite avec tant de conscience et une si noble simplicité. Rédigée d'après des notes journalières, cette narration, sauf de petites erreurs de détail et quelques confusions de dates très explicables, rétablit dans toute leur exactitude des faits trop souvent altérés par la mauvaise foi, et récemment encore dénaturés dans un livre qui, au reste, est le plus ennuyeux du monde.

M. le vicomte de Pontbriand a enrichi le texte de notes critiques

et biographiques où l'on retrouve la sagacité, l'érudition et le soin scrupuleux qu'il met dans toutes ses publications.

J'avoue qu'en ouvrant ces Mémoires, je me défiais un peu de l'écrivain. Jeté à dix-neuf ans dans une lutte de chaque heure, il me paraissait difficile, malgré les brillantes qualités dont on le savait doué, que son récit ne fût pas diffus, ou lourd, ou embrouillé, et s'il savait bien se battre, je craignais qu'il ne sût pas aussi bien écrire. J'ai été complètement détrompé et M. de Pontbriand est trop sévère pour son héros. On ne peut trouver dans ce livre un tableau d'ensemble et une histoire proprement dite; c'est une série de petits faits de guerre ardente, implacable, simplement racontés. Comme la jolie affaire de la Chapelle-Erbrée par exemple, celle de Saint-Georges-de-Reintembault et celle de Piré, où Couesbouc, seul dans le cimetière entouré d'ennemis, seul contre tous, se défendait le sourire aux lèvres, avec un si chevaleresque sang-froid. On se pa sionne à ces alertes récits d'une si parfaite clarté, on les vérifie sur la carte, comme si on était attiré pas à pas à la suite de ces braves soldats, si durs au mal, si intrépides au combat, d'une foi si simple et si ardente, rentrant tous les buit jours dans leurs foyers pour changer de linge et revoir leur famille, puis revenant à leur poste, à la mort souvent, avec une si noble fidélité !

Sans habits, sans armes, sans cartouches, ils ont fini par avoir tout cela à force de bravoure et d'audace, et Pontbriand trouve pour le dire un mot d'une naïveté héroïque : Chaque soldat n'avait que deux ou trois cartouches; il fallait donc chercher l'ennemi pour s'en procurer. Ce n'était pas plus difficile que cela ; et cela explique les doléances d'un républicain du gros bourg de X.. ,qui,après avoir, avec ses amis, pillé le château du lieu, se plaignait naïvement qu'en représailles, les chouans, avec des bâtons, avaient pris tous les fusils du village et en guenilles avaient emporté toutes les culottes de velours des gros bonnets de l'endroient, qui n'avaient pas su les défendre.

Le récit de Pontbriand est calme et sans passion: le calme de la force, l'absence de passion du chrétien. Aussi apporte-t-il des renforts sérieux aux jugements que l'histoire a portés sur certaines figures historiques de cette guerre. Le rôle de Cormatin,et surtout celui de Puisaye, par exemple. Il fait un tableau complet de l'existence de celui-ci pendant tout le temps qu'il a passé en Bretagne, et ses assertions loyales ont l'autorité d'un témoin. Plusieurs traits de perfidie de Hoche sont encore à retenir pour montrer ce que sont les héros auxquels, par bravade, on élève aujourd'hui des

statues dans les lieux mêmes où ils ont failli à l'honneur. Ce que Pontbriand aurait pu ajouter, c'est que, continuant en détail ce qu'il venait de faire en grand à Quiberon, Hoche donnait l'ordre d'arrêter et de fusiller un jeune officier chouan venu chez lui en parlementaire, muni d'un sauf-conduit, et qu'il avait invité à un bal. Prévenu à temps, ce jeune homme s'échappa entre deux quadrilles, et j'ai eu jadis l'honneur de saluer sa verte vieillesse.

Si, par une modestie rarement imitée, Pontbriand ne parle jamais de lui qu'à la troisième personne, en revanche il prend soin de nous donner d'admirables portraits de ses compagnons d'armes. Ces braves Saint-Gilles, si dignes d'ajouter à leur vieux nom celui de du Guesclin; les Boisguy, ses parents, si jeunes, si intrépides, et commençants de si bonne heure, comme les autres, cette vie terrible où l'on ne se couchait jamais sans la perspective d'être surpris et fusillé le lendemain. A défaut d'expérience, leur instinct guerrier leur inspira l'habileté stratégique qui a fait de la guerre des chouans un type à jamais mémorable, et qui a transformé ces enfants de vingt ans en géants, selon la parole de celui qui s'y connaissait bien.

Après leurs exploits, ceux qui échappèrent aux balles des républicains retournèrent, comme Pontbriand, vieillir paisibles et ignorés dans leurs manoirs dévastés.

C'est là que j'ai été assez heureux pour retrouver beaucoup de leurs portraits, qui viennent d'être réunis dans la nouvelle et superbe édition de la Vendée Militaire, publiée par le R. P. Drochon, des PP. Augustins de l'Assomption. Les nouveaux et faciles procé dés de la gravure ont permis de grouper une dernière fois et à jamais cette vaillante compagnie de héros Pontbriand est là avec sa bonne, douce et calme figure; Le Mintier, l'échappé de Hoche; Cintré, Saint-Hilaire,. Apuril, le chevalier de Bonteville en son curieux costume de paysan breton, la Fruglaye et tant d'autres.

Cette nouvelle édition contient en outre nombre de documents inédits, tirés des archives du duc de la Trémoille, des listes de combattants, des notes sur leurs services, enfin la reproduction de portraits inconnus d'une foule de paysans vendéens, compagnons d'armes de Mme de la Rochejacquelein qui, dans ses vieux jours, aimait à s'entourer de ces braves et les faisait portraicturer par sa fille. Son habile pinceau a reproduit ces indomptables figures avec leurs grands chapeaux vendéens et leurs traits énergiques, et la noble brigande ajoutait au bas des notes humoristiques. parfois malignes, qui lui rappelaient quelque trait de la vie de ses vieux amis d'autrefois. Châtelains et paysans sont réunis là dans cette in

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