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On croit que Richard I de Vauloger mourut avant 1272'. De sa femme, dont le nom reste ignoré, il laissait comme on va en avoir la preuve, quatre enfants au moins, savoir : — 1o Monseigneur GUILLAUME DE VAULOGER, auquel nous reviendrons tout à l'heure; - 2o Monseigneur RICHARD DE VAULOGER DE SENTILLI, qui va suivre, 3° MABILE DE VAULOGER?, femme de GUILLAUME DE VIEUXPONT, chevalier: 4° ADÉLIDA DE VAULOGER, femme de PIERRE LE PRÉVOST, chevalier. Ces deux dames nous occuperont après leur frère Richard.

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Monseigneur RICHARD DE VAULOGER, dit généralement DE SENTILLI, Seigneur séculier de Raveton en Sentilli, entra dans

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Ces documents sont aussi mentionnés dans le Dictionnaire historique du département de l'Eure, loca citata. Enfin, d'après une obligeante communication de M. le vicomte O. de Poli, ces indications se trouvent encore dans un manuscrit latin déposé à la Bibliothèque Nationale, dans la collection Gaignières, et coté sous le n° 54302. (Voir p. 18).

'Car il ne paraît pas sur le grand rôle des gentilshommes de Normandie qui prirent part, en i272, aux guerres du roi Philippe III le Hardi, rôle où figure son fils Guillaume (Voir ci-après). Peut-être aussi Richard I de Vauloger était-il alors parvenu à un trop grand áge pour pouvoir servir encore? Il n'est pas certain, comme on le verra, que Mabile de Vauloger ait été l'aînée de sa sœur Adelida.

DE VIEUXPONT une des maisons les plus distinguées de Normandie, représentée à la conquête d'Angleterre et aux Croisades, et alliée aux maisons de Vendôme, d'Harcourt, de Bauffremont, d'Estouteville, de Créquy, de Rieux, de Poix, de Melun, etc. Elle s'est éteinte au XVIIIe siècle. Armes : d'argent à 10 annelets de gueules, 3, 3, 3 et 1.

LE PRÉVOST: famille de bonne noblesse, qui se prétend issue d'un fils naturel de Guillaume le Conquérant; la branche des seigneurs de Fourches subsiste encore. Armes; d'azur au lion d'argent armé et lampassé de gueules, tenant une hache d'armes d'or.

C'était alors un usage fort répandu que, pour se distinguer de leurs aînés, les cadets de race noble s'attribuâssent, à l'exclusion de tout autre nom, celui de terres possédées et habitées par leurs familles. C'est ainsi que l'on a vu, en Normandie, des maisons de dénominations très différentes remonter à une même origine. Les Mahéas, les de Vassy, les Payen et les de la Rivière, par exemple, avaient un commun auteur et étaient quatre branches issues d'un seul tronc. Tels sont encore aujourd'hui les Reviers de Mauny et les d'Orglandes (Consulter les Etudes sur le principe aristocratique, par M. Gaston Le Hardy; Caen, Le Blanc Hardel; p. 55 et 56). L'habitude de changer les noms de famille contre des noms de fiefs se main. tint durant tout le moyen âge et commença à être enrayée, au XVI° siècle seulement, par l'ordonnance d'Amboise, qu'Henri II rendit le 26 mars 1555.

les ordres. En 1290, il était chanoine de l'église de Sées, et, par une charte rédigée en la paroisse de Sentilli, il aumônait à l'abbaye de Silly ou de Sainte-Marie en Gouffern, pour le salut de son âme et de celles de ses ancêtres, et du consentement de GUILLAUME, fils de RICHARD DE VAULOGER, chevalier, son frère et seigneur, une rente de dix deniers de monnaie usuelle à percevoir chaque année, sur son fief de Raveton en Sentilli. Voici le texte de cette charte :

Omnibus presentibus et futuris presentem cartam inspecturis Ricardus de Centilleio, Dei gratiâ Sagiensis ecclesie canonicus, æternam in Domino salutem. Noveritis me pro salute anime mee et antecessorum meorum omnino concessisse et hoc scripto confirmasse Deo et abbacie sancte Marie de Goferno1, in puram, liberam et quietam elemosinam et pleno assensu Willelmi, filii Ricardi de Valoger, militis, fratris et domini mei, decem denarios usualis monete annuatim percipiendos ubicumque sit de totis possessionibus meis de feodo de Rafeton in parrochiâ de Centileio. Volo igitur et concedo ut predicta abbatia hunc redditum et istam eleemosinam habeat, teneatque et possideat bene, quiete et integre et in plenâ pace et libertate. Quod ut nec a me nec a nemine in futurum valeat revocari, presenti cartâ et sigilli mei appositione confirmavi et probavi. Datum anno ab Incarnatione Domini millesimo ducentesimo nonagesimo coram parocchiâ de Centill.

Sceau détruit”.

De chanoine, Richard de Sentilli devint prieur de Sées, l'an 1295, en remplacement de Philippe Le Boulanger, élu évêque

D'après une note conservée par la famille, Richard de Sentilli portait pour armes aux 1 et 4 d'argent à deux bandes de gueules accompagnées de six tourteaux d'azur, trois en chef et trois en pointe, aux 2 et 3 de Vauloger, avec les chevrons de gueules. Les armes des 1er et 4° cantons appartenaient peut-être à la famille de la mère de Richard de Sentilli, famille restée inconnue.

L'abbaye de Silly ou de Sainte-Marie-en-Gouffern fut fondée vers l'an 1151, dans la forêt de Gouffern par un chevalier nommé Dreux qui s'y fit moine et y mourut.

2 Charte déposée aux archives départementales de l'Orne, fonds de l'abbaye de Silly ou de Sainte-Marie-en-Gouffern.

du même diocèse'. Celui-ci étant décédé en 1315, le mérite et les vertus de Richard le firent promouvoir à ce siège épiscopal. Mais il ne l'occupa que peu d'années et mourut le dix des calendes de novembre 1319. Il avait été le quarante-neuvième évêque de Sées, et fut inhumé dans sa cathédrale, où son tombeau se voyait encore, paraît-il, au siècle dernier.

Quant à Mabile de Vauloger, femme de Guillaume de Vieuxpont, chevalier, elle était morte en 1280, comme on le constate par une charte émanée d'Adélida de Vauloger et de Pierre Le Prévost, chevalier, sa sœur et son beau-frère, qui firent don conjointement, cette année-là, à l'abbaye de SaintAndré de Gouffern, pour le salut de leurs âmes et de celle de la défunte, d'un herbage sis dans la paroisse de Vieuxpont, près de leur fief, et libre de toute rente. Adélida est qualifiée fille de Richard de Vauloger dans cette charte dont le texte suit :

Universis Christi fidelibus tam presentibus quam futuris ad quos hoc scriptum pervenerit, notum sit quod ego Petrus Le Prévost, miles, et ego Adelida, filia Ricardi de Valoger, uxor ejusdem Petri, pro salute animarum nostrarum et anime Mabilis Valogerie, sororis nostre, quondam uxoris Willelmi de Veteriponte, militis, dedimus et presenti carta confirmavimus abbati et monachis sancti Andree de Goffer, in puram et quietam et perpetuam eleemosynam hebergagium quod situm est in parrochiâ de Veteriponte, juxta ecclesiam et feodum nostrum, de omni redditu plenarie liberum. Actum est hoc anno gratie millesimo ducentesimo et octogesimo. Quod ut ratum et stabile teneatur presenti scripto et sigillis nostris roboravimus. Sceaux détruits3.

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et Voir le Gallia Christiana, t. x1 (Paris, 1759), Ecclesia Sagiensis, colonnes 708 et 696. Consulter aussi l'Histoire du diocèse de Sees, par Maurey d'Orville Dans ces deux ouvrages, Richard de Vauloger-Sentilli est appelé simplement Richard de Sentilly ou Lentilly. Un portrait de cet évêque existe dans une des salles du palais épiscopal de Sées, mais il a été fait, d'imagination, au XVIIe siècle, croit-on.

' VIEUXPONT: cette paroisse, berceau de la maison de ce nom, est auourd'hui une commune du département de l'Orne, dans l'arrondissement d'Argentan et dans le canton d'Ecouché: 560 habitants. Il semble que le fief possédé en ce lieu par Pierre Le Prévost et par sa femme leur venait de Mabile de Vauloger et de Guillaume de Vieuxpont.

La connaissance de cette charte est due aux recherches faites en 1888 par M. Gérard Devèze, paléographe. Elle se trouve à Paris, aux Archives Nationales (carton S. 3223, chartes des abbayes de St-André de Gouffern, et de Silly).

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Monseigneur GUILLAUME DE VAULOGER, chevalier, seigneur de Vauloger, seigneur patron et haut justicier de Sentilli, seigneur en partie de Loucé et de Montgaroult, fils aîné de Richard I de Vauloger, vécut sous les règnes de Saint-Louis, de Philippe III le Hardi et de Philippe IV le Bel.

Il figurait en 1272, avec la qualification de Monseigneur (Magister)', parmi les chevaliers de la vicomté de Falaise qui, dans la quinzaine de Pâques, furent convoqués à Tours avec armes et chevaux (in armis et equis), par le roi Philippe le Hardi, pour le suivre dans la guerre qu'il entreprenait contre le comte de Foix révolté. Guillaume de Vauloger prit donc part à la conquête des États de ce prince, et des villes et château de Foix, conquête terminée dès cette année 1272.

On voit, par un titre du Cartulaire de l'abbaye de SaintAndré de Gouffern que le 1er août 1281, le sire de Sentilli, agissant eu son nom et en celui de ses hoirs, prit à fieffe3 des religieux et de l'abbé de ce monastère le droit de pêche dans leur partie de rivière et l'usage de cette partie depuis la fontaine Islot, dans l'aulnaie, jusqu'à l'écluse du moulin possédé par les moines à Montgaroult selon qu'il était expliqué en détail dans un titre de date antérieure. Cette fieffe ne devait pas empêcher les religieux d'exercer la haute justice

'Le glossaire de Ducauge donne à cette expression un sens équivalent à celui de l'expression Dominus, appliquée à Richard I de Vauloger.

Voir le Traité du ban et de l'arrière-ban, par André de la Roque, chevalier, seigneur de la Lontière (Rouen, Le Boucher et Jore, 1734, p. 83). A la table onomastique qui le termine, le nom Valle ogerii est traduit d'une manière assez bizarre, et sans doute par suite d'une transposition de lettres arrivée au cours de l'impression, Vallegor >> au lieu de « Valloger » - Ce rôle qui a une importance extrême pour la noblesse normande dont il donne une liste à peu près complète pour le XIIIe siècle, a été également publiée dans le Nobiliaire universel de Saint-Allais (Paris, 1819; t. VI). Voir encore le Recueil des historiens des Gaules et de la France, publié par MM. de Wailly, Deslisle et Jourdain, membres de l'Institut: Paris, Imprimerie Nationale, t. XXIII, p. 737.

Cette expression, qui ne s'employait guère qu'en Normandie, désignait un bail de fief ou d'héritage fait sous la condition d'une rente foncière. Ce titre est à présent perdu.

sur lesdites pêche et rivière chaque fois que cela pourrait leur être utile, ni de recueillir en ce lieu tout le roseau qui y croissait avant la fête de la Naissance de saint Jean-Baptiste et même plus tard s'ils trouvaient que la chose fût à leur avantage. Guillaume de Vauloger et après lui, ses héritiers étaient tenus de payer aux moines, pour cette concession faite sous garantie contre toute éviction, une rente d'onze sols manceaux dont cinq et demi leur serait remis le jour de la fête de Sainte-Marguerite, et le reste le jour de Noël. C'est ce qu'établit la charte suivante :

Noverint universi quod ego Guillelmus dictus Valogerius, armiger, et heredes mei tenemur reddere viris religiosis, abbati et conventui sancti Andreæ de Gofferno undecim solidos turonenses annui redditus in hiis terminis persolvendos, videlicet ad Nativitatem Domini quinque solidos turonenses et dimidium, et ad festam sancte Margarite quinque solidos et dimidium, ratione piscarie et riparie sue, quas mihi et heredibus meis tradiderunt per predictum redditum hereditarie possidendas ad usus piscandi a doeto (?) quod descendit a ffonte Ysoti in alnerâ usque ad caput escluse molendini sui de Montgar, prout in cartâ quam super hoc habemus a dictis religiosis plenius continetur. Et poterunt dicti religiosi facere plenariam justiciam super predictas piscariam et ripariam quociencumque ubi viderint expedire, et arundinem crescentem ibidem colligere ante nativitatem beati Johannis Baptisti et vel post si sibi visum fuerit expedire. Et tenentur mihi et heredibus dictis piscariam et ripariam garantizare et deffendere in omnibus tanquam ipsis. Quod ut sit firmum et stabile presentem cartam sigillo meo sigillavi. Actum anno Domini millesimo CC octogesimo primo, mense augusti. Sceau détruit1.

1 Cette charte était déposée originairement aux archives départementales du Calvados, fonds de l'abbaye de Saint-André de Gouffern, comme le prouve une note écrite de la main de Léchaudé d'Anisy. Aux mois d'août 1885, cette note se trouvait dans la liasse renfermant les n° 760 à 770 et portait que le titre relatif à Guillaume de Vauloger avait été marqué sous le cote M, 101°. Mais il avait disparu. Depuis, en 1888, il a été retrouvé, grâce aux recherches de M. Gérard Devèze, paléographe, aux Archives Nationales, dans le carton S, 3222, qui contient des chartes relatives au monastère de Saint-André de Gouffern. Dans le même carton, se trouve un vidimus dudit acte daté du 24 mai 1381. Ce contrat de fieffe est encore constaté par un vieux titre en langue française conservé dans le carton S, 3223 du même dépôt.

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