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religieux à Machecoul, il y avait quatre pères et un frère, à l'Hermitage, cinq pères et deux frères ; le couvent de la Fosse contenant treize pères, deux clercs et sept frères'.

Quoique peu nombreux, les capucins du Croisic rendaient encore de grands services aux habitants non seulement de la ville, mais encore des paroisses voisines. Aussi le décret des 13-19 février 1790 supprimant les ordres religieux fut-il mal accueilli par la population. Des requêtes et des protestations furent adressées aux autorités; et, comme, d'après la loi, des couvents devaient être conservés pour les religieux voulant continuer la vie commune, les municipalités demandèrent, en invoquant de nombreux motifs, que celui du Croisic fut désigné à cet effet. Les pièces relatives à la conservation »> du couvent des Capucins sont nombreuses : nous n'hésitons pas cependant à les publier; car leur nombre montre l'attachement des habitants pour ces dignes religieux.

Voici d'abord une délibération de la municipalité du Croisic2:

«Du jeudy treize may mil sept cent quatre vingt dix, la municipalité et notables assemblés à deux heures de l'après-midy, à l'hôtel de ville après les formalités usitées. - Présens MM. Millon, maire, Brouard, Frogier-Kermadec, Gaudin et Du Bochet de Drézeux, officiers municipaux, ainsi que MM. Orveno ainé, Pellu, Ruzé, Bellinger, Gallerand, Tronçon, Thébaud, Letorzec jeune, Cadié, Le Bel et Langevin de Langle, notables.

Le procureur de la commune ayant déposé sur le bureau une requête signée de la plus grande partie des habitans de cette ville, par laquelle ils prient la municipalité de solliciter auprès du département la conservation du couvent des R. P. capucins; il a conclu

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Voir les pièces indiquées à l'avant-dernière note et le P. Flavien de Blois Statistique des franciscains dans la Loire-Inférieure à l'époque de la Révolution, p. 12 et s. D'après M. Lallié (Le diocèse de Nantes pendant la Révolution, I, p. 202), le couvent du Croisic contenait huit religieux; ce chiffre me semble inexact: ce fut en mai ou juin 1791 seulement que le nombre des religieux fut de huit, comme l'indique une lettre de la municipalité citée plus loin.

Arch. comm. du Croisic. BB. 18. Registre des délibérations de la municipalité (1786-1791). Voir aussi Arch. dép. L 223. Clergé régulier. Personnel des religieux. Pensions.

à ce qu'il fut fait droit à cette requête et a signé. G. GIRAUD DES

LANDREAUX.

La municipalité, faisant droit aux conclusions du procureur de la commune, a arrêté qu'aussitôt après la formation du département, il lui serait adressé la requête dont suit la teneur :

Messieurs.

La municipalité du Croisic, toujours animée du désir d'entretenir la bonne intelligence parmi ses concitoyens, croit devoir céder dans ce moment aux instances d'un grand nombre d'eux pour solliciter auprès de vous la conservation du couvent des R. P. Capucins de cette ville, afin de servir de retraite à ceux (de cet ordre) qui voudrons s'y voüer; cette demande ne nous semblant pas s'écarter de l'intention de l'Assemblée nationale qui a en vue d'alieuner les terreins qui, par leur vente pourraient laisser les plus grandes espérences; or, celui-ci n'est pas dans ce cas, et nous n'imaginons pas qu'elle put aller au delà de 8 à 9000 1. Ces raisons pourront peut-être vous entrainer à nous octroyer cette demande. Au reste, MM., quoi qu'il arrive, pleins de respect et de soumission pour les décrets de l'Assemblée nationale et prêts à obéir aux ordres émanés des pouvoirs qu'elle vous a transmis, nous n'en murmurerons jamais, et sommes toujours prêts à tous les sacrifices qu'exigera le bien-être commun. >

La municipalité de Batz adressa directement à l'Assemblée nationale la requête suivante1 :

« A nos seigneurs, nos seigneurs de l'Assemblée nationale. Supplient et requièrent humblement les officiers et notables de la municipalité de Batz, tant pour eux que pour la commune sur ses représentations, disants:

<< 1° Que la communauté des capucins du Croisic, fondée par Jean de Rieux, marquis du même nom, en mil six cent dix neuf, toujours chère aux citoyens et habitants de Batz, dont Le Croisic est un dénombrement depuis mil sept cent soixante trois, excite leurs justes allarmes que ces religieux depuis leur établissement pleins de zèle en tous les tems pour le salut des âmes, ne se montrants pas moins ardents dans touttes les pratiques de la plus soigneuse charité envers tous sans distinction, out gravés dans le cœur d'un chacun des traits d'amour et de reconnoissance qu'il paroit impossible de pouvoir jamais effacer.

'Arch. dép. L. 223.

« Pleins de zèle pour le salut des âmes, ils sont non seulement pour ce canton, mais encore pour tout le district de Guerrande une source inépuisable de soins pour soulager au besoin les prêtres dans leurs fonctions auxquels ils ne se refusent jamais.

« Aussi zélés pour les pauvres, ils versent dans le sein des familles infortunées qui n'oseroient pas découvrir leurs indigences à d'autres mille aumônes abondantes qu'ils se procurent auprès des riches; ce qui sans doute cesseroit bientôt, s'ils sortoient du Croisic.

2' Que cette communauté et son enclos qui a été donné par divers particuliers ne peuvent être ensemble vendus plus de deux mille écus, faible ressource pour l'Etat; que cette maison reculée dans Le Croisic ne pourra jamais former que des magasins incommodes pour leur éloignement du port, et déjas, au Croisic, il y a plus. de maisons que d'habitants; que cette maison peut réunir un grand nombre de religieux, qui moins nécessaires ailleurs rendroient icy de vrais services, surtout dans la division actuelle des paroisses, et dont les maisons placées en des lieux plus commerçants, tels que Nantes, pourraient aussi par leur vente, être d'un beaucoup plus grand avantage pour l'Etat.

« Qu'il vous plaise, nos seigneurs, par ces considérations laisser subsister la communauté des capucins du Croisic. C'est ce dont vous supplient très instamment,

Nos Seigneurs,

Vos très humbles et obéissants serviteurs, les maire, officiers, notables et procureur de la commune de la municipalité de Batz pour toute la paroisse.

CAVALEN, maire; Pierre CAVALLEN, Jean-Marie BATAILLE, Mathurin LACROIX, René LE HUÉDÉ, Pierre NICOL, François LEHUÉDÉ, René LEHUÉDÉ, René ANEZO, Pierre LEDUC, Jean MAROT, Louis LEDÉUDÉ, Jean NICOL, Raoul PAN, François LEQUITTE, François PIQUET, François CAVALEN, Michel DEN EL, Pierre BELLAMY, Charles LEHUEDÉ, Pierre MOUILLEREN, Pierre LEHUÉDÉ, CHABRUT, GUIARD, prr de la

commune. >>>

Le comité ecclésiastique de l'Assemblée nationale renvoya cette pétition au directoire du département, et celui-ci, comme la question intéressait avant tout la commune du Croisic, décida de demander avis à sa municipalité1 :

Arch. dép. L. Directoire du département de la Loire-Inférieure. Délibérations et arrêtés. Registre 1, fo 80.

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<< Du 31 juillet 1790. Vu la requête des officiers municipaux de la paroisse de Batz tendante à obtenir la conservation de la communauté des capucins établie au Croisic, renvoyée le ving-trois de ce mois au département par le comité ecclésiastique de l'Assemblée nationale et la lettre du procureur de la commune du vingt-deux juin dernier.

«Le directoire, ouï le suppléant du procureur général sindic, arrête que la requête de la municipalité de Batz, ensemble la lettre du procureur de la commune et copie dûment certifiée de celle adressée le ving-trois juillet au département par le comité ecclésiastique, seront envoyées au directoire du district de Guérande pour être communiquées à la municipalité du Croisic qui donnera ses observations et sa réponse sur les faits assertiorés par la municipalité de Batz et indiquera particulièrement le nombre de religieux que la maison des Capucins du Croisic peut contenir, lesquelles observations et réponse seront ensuite rapportées au département avec l'avis du directoire du district de Guérande. »

La municipalité du Croisic répondit par la délibération suivante':

• Du quinze août mil sept cens quatre vingt dix, à deux heures après midy, assemblée tenue à l'hôtel de ville après les formalités usitées, où présidait Mr Brouard, premier officier municipal. Présens MM. Frogier, Augustin Dubochet et Orveno, officiers municipaux, ainsi que MM. Gallerand, Bellinger, Thebaud, Tronson, Le Bel, Cadié, Letorzec jeune.

« A été donné lecture d'une lettre du directoire de Nantes et une de celui de Guerrande par laquelle on demande des observations sur une requête présentée par les officiers municipaux et la commune de Batz au comité ecclésiastique de l'Assemblée nationale tendente à demander la conservation de la maison des capucins de cette ville; sur quoi, on prie la communauté de délibérer.

« L'assemblée délibérant a arrêté et charge Mr Brouard de faire au directoire de Guerrande la réponse suivante :

<< Que le 13 mai dernier la commune du Croisic a présenté à la municipalité une requête tendante aux mêmes fins que celle de MM. de la commune de Batz sur laquelle on avait arrêté qu'elle seroit

Arch. comm. du Croisic, BB. 18. Registre des délibérations. Arch. dép. L. 223.

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présentée au département après son organisation, dont on joint copie à la présente.

« On peut loger commodément dans la maison des capucins en y faisant quelques réparations dix-huit religieux; il faudrait de fortes réparations pour mettre vingt-deux autres chambres en état d'en loger davantage.

<< Cette maison estimée dans la requête de MM, les officiers de Batz à 6000 1., nous paraît portée à peu près à sa valeur ; écartée du port, elle ne peut être d'aucun usage pour les négociants, et sa distribution n'ayant été faite que pour loger des religieux, des particuliers ne pourroient l'habiter qu'en y faisant des changements considérables et très dispendieux. Cette maison seroit plus commode pour y établir une école de marine très nécessaire non-seulement pour cette ville, mais encore pour les paroisses circonvoisines dont la majeure partie des jeunes gens prennent l'état de marin.

« Le séjour des capucins pourroit aussi devenir utile si quelqu'un d'eux vouloit acquérir les lumières et les talens nécessaires pour instruire la jeunesse, n'y ayant icy aucune école ny maitre; quant au service divin, nous pensons que notre curé et ses vicaires suffisent pour en remplir les fonctions; mais un plus grand nombre de bons prêtres fourniront plus d'exemples de vertu. »

Les deux délibérations de la municipalité du Croisic étaient communiquées au directoire du district de Guérande, qui, à son tour, délibérait sur la question? :

<<< Du vingt-trois août mil sept cent quatre vingt-dix, assemblée du directoire du district de Guerrande où présidoit Monsieur Guyomart. Présents: Messieurs Chottard, Delamarque et Jan. sent Monsieur le procureur sindic.

Pré

Lecture faite de la requête présentée par la municipalité de Batz pour demander la conservation de la maison des capucins du Croisic, nous envoyée par le département pour la communiquer à la municipalité du Croisic afin qu'elle fasse ses observations, vu la délibération de la ville et communauté du Croisic du quinze août présent mois et celle du treize mai dernier, y joint la requête du département.

« Sur quoi le directeur délibérant, ouï le procureur sindic, après avoir examiné que la communauté des capucins du Croisic et son

2 Arch. dép. L. 223.

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