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navire est presque modeste pour dix-huit mois de campagne et un combat, surtout en pensant que la livre-argent de ce temps-là ne valait pas cinquante centimes du nôtre.

Cette quote-part (7041 1.), rapprochée de la somme considérable revenant aux cobourgeois (225,000 1.) et à l'armateur (337,000 1.), paraît justifier l'ensemble du calcul, en ce sens que si l'une est admissible, l'autre doit l'être aussi, les deux ayant été réglées d'après les ordonnances.

Quant au profit réellement important attribué aux propriétaires du navire et à l'armateur, il expliquerait le « bel équipage » de d'Esnambuc venu en poste à Paris, avec du Herteley et du Roissey, se présenter au cardinal. Il expliquerait de même l'empressement de Richelieu à les recevoir, et par suite, les soins qu'il mit à fonder une compagnie de commerce pour coloniser Saint-Christophe.

Ce qui reste inexpliqué, c'est ce qui revint à Levasseur auquel on devait le chargement de tabac d'où provenait le million. Quelques lueurs documentaires ne suffisent pas à éclairer ce point obscur. Eut-il raison de se plaindre ? En combinant ce qu'on apprend sur lui par Dutertre et par ailleurs, nous sommes tenté de pencher pour l'affirmative. De ce qu'il joua les autres, on peut inférer qu'il fut joué luimême. De ce qu'il acquit de grandes richesses, on peut inférer qu'il en fit acquérir à d'autres, etc... Mais finalement l'existence accidentée de cet intelligent flibustier se termina par un drame que nous verrons se dérouler.

(A suivre).

I. Guër.

ERRATA.

Livraison de Juin, p. 271, ligne 2, après le mot

vendre, prière d'ajouter, le 16 Juin 1614, et ligne 16, au lieu de (1599), de mettre (1614).

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Nous n'avons pas l'intention de faire dans cette étude une monographie complète du couvent des capucins du Croisic pendant la Révolution : ce serait présomptueux de notre part et bien au-dessus de nos forces. Nous voulons seulement utiliser quelques notes que nous avons prises aux archives communales du Croisic. Grâce à l'obligeance de M. Maître, nous avons pu les compléter aux archives départementales de la Loire-Inférieure; les archives communales de Nantes nous ont fourni aussi quelques renseignements. On ne doit donc pas chercher dans les pages qui vont suivre un travail personnel ce sera seulement une série de pièces et de documents officiels que nous nous efforcerons de coordonner entre

eux.

Cette étude nous a paru présenter un intérêt particulier. Le couvent du Croisic, en effet, fut désigné comme lieu de retraite pour les religieux qui voulaient continuer la vie commune et il subsista pendant un certain temps sous le régime des lois révolutionnaires.

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Au moment de la Révolution, l'ordre des frères mineurs capucins possédait dans l'étendue du département actuel de la Loire-Inférieure quatre couvents dépendant de leur province de Bretagne1. A Nantes, il y avait le couvent de la Fosse, dit des Grands Capucins, à l'emplacement actuel du cours Cambronne, et celui de l'Hermitage, dit des Petits Capucins, à l'emplacement actuel de l'escalier Sainte-Anne et de la caserne des douaniers; un autre couvent existait à Machecoul; le quatrième était celui du Croisic. Ce dernier eouvent avait été établi au commencement du XVIIe siècle; les historiens ne sont pas d'accord sur la date exacte de sa fondation : les uns la placent en 1618, les autres en 16192. Tous les documents émanant des religieux capucins eux-mêmes assignent, au

1 Les couvents dépendant de cette province n'étaient pas situés seulement en Bretagne; plusieurs étaient établis dans le Maine, l'Anjou et le Poitou; nous verrons même que le couvent de Lisbonne, en Portugal, était placé sous l'autorité du provincial de Bretagne. (Schematismus ordinis FF. MM. S. P. Francisci capuccinorum provinciæ Parisiensis. 1893, p. 39). La province de Bretagne avait été distraite de la province de Touraine en 1629 (Ibidem, p. 11).

Voici, en effet, l'opinion des divers auteurs: Travers, (Histoire civile, politique el religieuse de la ville de Nantes. Tome 1, ch. CVIII. II, p. 23). << Les capucins s'établirent au Croisic, l'an 1619; ils avaient pris à cet effet, le consentement du chapitre, le 10 août 1618, à défaut de celui de l'évêque de Nantes qui, n'ayant point de bulle, n'avait pu ni approuver leur établissement, ni y consentir. >> - P. Toussaint de Saint-Luc (Mémoire sur l'état du clergé et de la noblesse de Bretagne, MDCLXXVXI, ITM partie, p. 109): « Les RR. Pères Capucins ont dix-neuf couvents,... Croisic, évêché de Nantes, l'an 1619... ». Ogée (Dictionnaire de Bretagne, nouvelle édition, 1843, vo Le Croisic, I, p. 474) La croix des capucins fut plantée au Croisic le dimanche 19 août 1618; et, le 29 juillet 1619, le marquis d'Assé. ac posa la première pierre du couvent de ces religieux. Abbé Grégoire (Etat du diocèse de Nantes en 1790, p. 417): « La croix des capucins fut plantée au Croisic le 19 août 1618, et, le 29 juillet de l'année suivante, le marquis d'Assérac posa la première pierre de leur couvent. Le chapitre de Guérande avait consenti à l'établissement des religieux. » - Caillo (Notes sur le Croisic, p. 245). « Les capucins s'établirent au Croisic en 1618, et le 29 juillet 1619, le marquis d'Assérac posa la première pierre de leur couvent... ». Desmars (La presqu'ile Guérandaise, p. 104): « Le couvent des capucins, fondé en 1618 par le marquis d'Assérac, n'existe plus »

«

contraire, la date de 1617. Ainsi, d'après un manuscrit du P. Balthasar de Bellesme écrit en 1662', la plantation de la croix du couvent du Croisic eut lieu« le 19 aoust 16172 » ; la Chronique des capucins3 confirme cette dernière date.

'Bibliothèque publique de Rennes. Mss, 275 (167), fo 12 verso. Le P. Emmanuel de Lanmodez a publié une analyse de ce curieux manuscrit (Paris, Chéronnet, 1895), qu'il qualifie à tort le manuscrit 776 de la Bibliothèque publique de la ville de Rennes. Le manuscrit porte bien intérieurement la cote 766 D; mais c'est la cote ancienne qu'il avait dans la bibliothèque du couvent des capucins de Rennes d'où il provient.

Voici le passage du manuscrit du P. Balthasar de Bellesme en ce qui concerne la fondation des couvents situés dans la Loire-Intérieure, fo 12 verso: « Plantemêts des croix & convents de la province de Bretagne érigée à Orléans le 15 may 1629.

Emanuel de Lorraine, duc de Mercœur & père de Madame de Vandosme fut celuy qui établit les capucins à Nantes par sa libéralité et dévotion & voulut avoir une chambre aux dits capucins.

1. Nantes. La croix du premier convent fut plantée au Marchy le 13 octobre 1593, les capucins y aïants estez reçuez le 22 septêbre & leur église fut dédiée le 29 may 1601 par Messire Charles de Bourgneuf évesque, mort à Chartres en odeur de sainteté.

La 1 pierre du convent de la Fosse fut mise par Ms Cospéau,evesque de Nantes, le 26 mars 1628 &, en 1632, le R. P. Raphaël de Nantes planta la croix de la Fosse après sa visite proviciale. .

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Voici le passage de cette Chronique, citée par M. Monnier (Le pays guérandais, II, p. 119): « L'an 1616, l'illustrissime Charles Bourgneuf de Cucé, évêque de Nantes, ayant envoyé le R. P. Michel-Ange d'Angers pour prêcher en cette ville du Croisic, les habitants du dit lieu se portèrent d'une si fervente affection et dévotion à l'ordre du séraphique saint François qu'ils désirèrent avoir un couvent de cet ordre dans leur ville. L'année suivante, le R. P. Raphaël d'Orléans, alors provincial, y envoya le R. P. Archange de Blain pour disposer les affaires, puis le R. P. Mansuet de Montargis pour prendre possession avec un certain nombre de religieux.

L'installation de la communauté au lieu dit encore le couvent des capuc ns se fit le 30 novembre, fête du saint André. Le 29 juillet 1618 fut posée la première pierre, dont la bénédiction fut faite par un insigne docteur de Paris, Jean Seguin, pour lors prévôt de la célèbre église Saint-Aubin de Guérande et official pour le révérendissime évêque de Nantes audit lieu; le seigneur marquis d'Assérac assistant avec la marquise sa femme et plusieurs autres seigneurs, dames et demoiselles, donne cent pistoles pour commencer les bâtiments; plusieurs dévôts et pieux bourgeois, habitants de la ville, donnèrent l'emplacement. »

Le Schematismus, (p. 39) donne aussi la date de 1617.

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LES CAPUCINS DU CROISIC PENDANT LA RÉVOLUTION

Quoi qu'il en soit, il est certain que le couvent existait depuis plus d'un siècle et demi, lorsqu'éclata la tourmente révolutionnaire et que des mesures législatives furent prises contre les congrégations et les ordres religieux.

Nous examinerons d'abord l'exécution de ces diverses mesures en ce qui concerne le couvent des capucins du Croisic; nous verrons ensuite quel fut, après sa suppression définitive, le sort des religieux qui le composaient et des biens qui en dépendaient.

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