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Pâques et de deux setiers de froment livrables à la Toussaint. En échange de cet abandon, ledit seigneur recevait une somme de trente sols dont il donnait quittance. Le texte de cet accord suit:

Universis Christi fidelibus presentem paginam inspecturis Johannes de Valogier, miles, salutem. Vestra noverit universitas quod ego abbacie sancte Marie de Sill. dimidium reditus vendidi quem Petrus Le Sens mihi facit pro feodò suo de parrochià de Loceio, scilicet octavo solidos ad Pasch. solvendos et duos frumenti sextarios in festa omnium sanctorum reddendos, et quod ego predictus Johannes, pro istâ concessione, triginta solidos a jam dictâ abbaciâ recepi de quibus omnino me teneo pro pagato, tali modo quod nunquam a me nec ab heredibus meis per nullam controversiam presens escambium revocari possit. Quod ut perpetue firmitatis teneat firmamentum presentem paginam sigillo meo confirmavi. Datum anno Domini M° CCC trigesimo primo, mense septembris.

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Sceau détruit'.

Ce fut sans doute quelques années plus tard que Jean II de Vauloger devint Chambellan de Monseigneur Charles de Valois, comte d'Alençon et du Perche, Il du nom, frère du roi Philippe VI 3. Il suivit donc son prince aux guerres où l'on sait que celui-ci figura, et notamment à la guerre contre les Anglais, où le sire de Sentilli trouva la mort en 13463. Cette année-là fut celle où la France subit le désastre de Crécy (24 août), et tous les historiens, particulièrement Froissart, racontent que le comte d'Alençon, suivi de ses chevaliers, se jeta au plus avant dans la mêlée et y fit avec eux des prodiges de valeur qui lui coûtèrent la vie. Il est ainsi bien probable que c'est à ses côtés que son chambellan fut tué.

1 Charte déposée aux Archives Nationales dans le carton S, 3223, et retrouvée par M. Gérard Devèze.

Les charges de Chambellan, près du roi ou près de princes du sang furent toujours très recherchées de la noblesse. Elles consistaient pour celui qui en était pourvu principalement à surveiller le service de la chambre royale ou princière.

3 Le fait que Jean II de Vauloger fut Chambellan du comte d'Alençon, celui qu'il mourut à la guerre et son mariage avec Philippa de la Rivière, sont établis pour la première charte qui va être analysée ci-après.

Jean II de Vauloger avait épousé, vers 1315, PHILIPPE DE LA RIVIÈRE, Sœur de Guillaume de la Rivière, chevalier, seigneur à Joué du Plain, paroisse dans laquelle cette dame semble avoir aussi possédé des biens. Elle était morte. également en 13463 ayant donné naissance à 1° RICHARD II DE VAULOGER, dont il sera question plus loin; 2° JEAN DE VAULOGER, dont il va être parlé ; et peut-être à 3° Vénérable et discrète personne messire OSMOND DE VAULOGER, chanoine à l'abbaye de Sainte-Marie de Belle-Etoile, et 4° ROBERT DE VAULOGER, chevalier de l'ordre de Rhodes, dit depuis, de Malte, cités, tous les deux comme témoins dans une charte de l'année 1380 qui sera reproduite à la fin du présent travail.

JEAN DE VAULOGER, écuyer, seigneur à Joué du Plain, et probablement de la vavassorie aux Prévôts à Cuigny, second

'DE LA RIVIÈRE: cette famille, d'après Orderic Vital, était issue de Robert, omte d'Evreux, puis archevêque de Rouen (fils de Richard 1 duc de Normandie), et d'Herlue, sa femme légitime. Elle avait donc une même origine avec les Mahéas, les de Vassy et les Payen. Les La Rivière, éteints croit-on, aujourd'hui, ont formé notamment les branches des marquis de la Rivière, admis, au siècle dernier, aux honneurs de la cour, des seigneurs de Missy, des seigneurs de Romilly. Ils ont donné beaucoup de personnages distingués et se sont alliées, entre autres aux d'Estouteville, de Montgommery, de Fervaques, de Clinchamp, de Fleury, de Cossé, etc. Armes d'argent à trois tourteaux (alias : annelets) de sable.

2 JOUE DU PLAIN. Dans cette paroisse se trouvait notamment l'extension du fief de Loucé, tenu de la baronnie de Cuy. On croirait assez que tel était celui dont étaient seigneurs les Vauloger possessionnés également à Loucé, on l'a vu. Joué du Plain est aujourd'hui une commune du département de l'Orne, dans l'arrondissemeut d'Argentan et dans le canton d'Ecouché : 615 habitants.

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3 Voir la première charte qui va être analysée ci-après.

Le monastère de Sainte-Marie ou de Cerisy Belle-Etoile fut fondé en 1216 pour des chanoines de l'Ordre des Prémontrés par Henri de Beaufay, dans la paroisse de Saint-Jean de Cerisy près de Vire. (Voir le Gallia Christiana, t. XI, col. 462).

5 Robert de Vauloger est cité égalemeut dans Catalogue des Chevaliers de Malte publié en appendice au Bulletin héraldique de France, années 1890 Voir colonne 268. Voir aussi l'Annuaire du Conseil héraldique de France pour 1895, p. 292.

1891.

CUIGNY (autrefois Quigny): paroisse aujourd'hui réunie à celle de MOULINS-SUR-ORNE, avec laquelle elle forme, sous ce dernier nom seul, une commune du département de l'Orne, arrondissement d'Argentan, canton d'Ecouché 350 habitants.

fils de Jean II de Vauloger et de Philippa de la Rivière, est connu uniquement par une charte du mois de décembre 1346 dans laquelle il figure avec son frère aîné. Cette charte sera reproduite un peu plus loin. D'une alliance inconnue il laissa au moins une fille;

JEANNE DE VAULOGER. dame aînée de la vavassorie aux Prévôts à Cuigny; on sait, par un aveu du jeudi 18 juillet 1387, qu'à cette époque Jean Angellier lui devait, pour ladite terre, six sols tournois de rente payables au terme de la Saint-Rémy, une géline » dix œufs et un denier, la géline à Noël, et les dix œufs au terme de Pâques1. Sans alliance

connue.

Monseigneur RICHARD II DE VAULOGER, chevalier, seigneur de Vauloger, seigneur patron et haut justicier de Sentilli, seigneur de Joué du Plain, puis de Cuigny et de Plainville, fils aîné de Jean II de Vauloger, vécut sous les règnes de Philippe VI le Long, Charles IV le Bel, Philippe VI de Valois, Jean le Bon, Charles V le Sage et Charles VI. On conjecture qu'il naquit vers 1320.

Au mois de décembre 1346, il donna à l'abbaye de SainteMarie ou de Silly en Gouffern, conjointement avec son frère Jean et pour le repos des âmes de Jean de Vauloger, chevalier, leur père, jadis chambellan du seigneur comte d'Alençon, tué dans l'armée du seigneur roi, et de Philippa leur mère un herbage sis en la paroisse de Joué du Plain, près du fief de Guillaume dela Rivière, frère de ladite Philippa, entre leur fief seigneurial et le petit bois appartenant au monastère. Voici, du reste, la charte qui nous l'apprend :

Universis Christi fidelibus presentibus et futuris notum sit quod ego Ricardus de Valogier, miles, et ego Johannes de Valogier, armiger, pro salute animarum nostrarum et pro salute Johannis de

Cet aveu, déposé aux Archives Nationales sous la cote P. 275. I (CCXIII), a été communiqué à l'auteur de ce travail par M. Gérard Devèze. La dame de la Vavassorie aux Prévôts y est qualifiée Jehanne, fille de Jehan de Vallogier.

Valogier, militis, quondam cambrerii Domini comitis de Alençonio, patris nostri, in exercitu Domini regis occisi, et Philippe, matris nostre, concessimus ac plenarie dimisimus abbati et conventui Sancte Marie de Cilley en Gofern et successoribus eorum herbegagium in parrochiâ de Joe de Plan situm, juxta feodum quod habet Guillelmus de Ripariâ, miles, frater predicte Phelippe matris...... 1....... ominicum nostrum et parvulum boscum predictorum abbatis et conventùs. Quod hebergagium concedimus eisdem....... ....teneant et in perpetuum possideant bene libere et........ .......is hanc donationem semper observari volumus. Quod ut ratum et stabile in posterum teneatur presenti scripto et sigillis nostris roboravimus. Dat um anno Domini M° CC° quadragesimo sexto in mense Decembris. Sceaux détruits.

Richard II de Vauloger épousa, vers 1350, à peu près, CATHERINE DE PLAINVILLE et, fille et probablement unique héritière du sire de Plainville, car elle apporte à son mari la seigneurie de son nom et, sans doute aussi celle de Cuigny.

Au mois de février de l'année 1380, les deux époux firent ensemble donation à l'abbaye de Sainte-Marie de Belle-Etoile de deux acres de terre à prendre dans leur fief de Plainville entre le chemin conduisant à leur château et la fontaine Bosq,

1 Mots effacés dans l'original ou enlevés par des trous.

• Charte déposée aux archives départementales de l'Orne, fonds de l'abbaye de Silly ou de Sainte-Marie-en-Gouffern.

3 Voir la charte suivante.

DE PLAINVILLE ( aliàs : Pelleinville, Pelleville), maison éteinte depuis longtemps et dont les membres siégeaient au XIIIe siècle, à l'Echiquier de Normandie. Armes de gueules à la bande d'or.

Originaire de la paroisse de PLAINVILLE (aujourd'hui commune du département de l'Eure, dans l'arrondissement et dans le canton de Bernay : 250 habitants), cette maison était divisée en plusieurs branches. L'une d'elles, dont la dame de Vauloger paraît avoir été la dernière héritière, s'était fixée aux environs d'Argentan et avait imposé son nom à un des domaines qu'elle y possédait. Il en sera dit, ci-après, quelques mots. Une note de famille apprend que ces Plainville avaient aussi conservé dans leur paroisse d'origine un fief que Catherine de Plainville apporta à son époux et qui prit de lui l'appellation de VAULOGER OU LE VAL AUGER encore usitée de nos jours.

5 PLAINVILLE cette seconde seigneurie de Plainville, quart de fief de chevalier relevant du roi sous Exmes, était sise en la paroisse de Cuigny. CUIGNY quart de fief de chevalier relevant du roi sous Exmes.

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et de deux sols tournois de rente à percevoir chaque année, à la saint Rémy, sur le même domaine, le tout à la condition. que les chanoines de Belle-Etoile célébreraient, au cours du même an, cinquante messes pour les donateurs, pour leurs ancêtres et pour leurs cinq enfants, à savoir: 1° CHARLES DE VAULOGER, chevalier; 2 et 3° JEAN ET DENYS DE V., écuyers; 4. MARIE DE V., femme d'ENGUERRAND DE PIERREFITTE1, écuyer, et 5o JEANNE DE V. femme de ROGER DE SAY, écuyer. Richard de Vauloger est qualifié noble seigneur (Nobilis vir) dans cette charte qui eut pour témoins: messire Osmond de Vauloger, chanoine de ladite abbaye, Robert de Vauloger, chevalier de l'ordre de Rhodes, Pierre de Villiers, Toustain de Courcy, Michel de la Haye, Valeran Tesson, Louis Le Fèvre, avec beaucoup d'autres. Voici le texte de ce document:

Omnibus tam presentibus quam futuris ad quorum notitiam hoc scriptum pervenerit ego nobilis vir Ricardus de Valoger et ego Katerina de Pelevillâ, uxor ejus, salutem. Sciatis nos merâ et liberâ voluntate concessisse et presenti carta confirmasse Deo et abbatie sancte Marie de Bella Stella et canonicis ibidem Deo servientibus, in puram, plenam et omnino quietam eleemosinam, pro salute animarum nostrarum et antecessorum nostrorum et Caroli, militis, et Johannis, et Dionisii, armigerorum, et Marie, uxoris Injorani de Petraficta et Johanne, uxoris Rogeri de Sacio, liberorum nostrorum, duas acras terre de feodo nostro de Pelevilla, sitas inter quaminum qui vadit ad manerium nostrum et fontem Bosq, et duos solidos annuatim redditûs in festo sancti Remigii habendos et percipiendos super totum ipsum feodum, sub ea conditione vero quod predicti canonici quinquaginta missas pro nobis et antecessoribus et liberis nostris per hunc annum dicent et celebrabunt. Quas concessiones ego Ricardus Valoger et heredes mei tenemur eisdem abbatie et canonicis vel successoribus eorum guarantizare et contra omnes

• De PierrefitTE: famille de bonne noblesse connue depuis le début du XII siècle et encore subsistante. Alliance avec les Rouxel de Médavy Grancey, de Mathan, de Clinchamp, de Tournebu, etc. Armes: d'argent à quatre cotices d'azur, à la bordure de gueules.

DE SAY: puissante famille, représentée à la conquête d'Angleterre et aux croisades, et éteinte en Angleterre et en France, depuis plusieurs siècles. Alliances avec les : de Grente, du Hommet. Armes : écartelé d'or et de gueules.

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